Antisionisme et philosémitisme d’État
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Catégorie : Global
Thèmes : Quartiers populairesRacisme
L’équipe d’animation de BDS Sydney, un groupe actif au sein de l’université de Sydney, m’a demandé de participer à une table ronde traitant de la question « Pourquoi il n’est pas antisémite de boycotter Israël » le 14 avril 2015. Vous trouverez ci-dessous le texte correspondant à ma courte intervention.
Hannah Arendt fut descendue en flammes pour avoir parlé de l’envers de l’antisémitisme : le philosémitisme.
Mais elle était consciente du fait que l’antisémitisme repose en réalité sur l’amour apparent des juifs. Autrement dit, le philosémitisme génère de l’antisémitisme.
Arendt prenait part à un débat historique sur les conditions qui avaient mené à l’holocauste, mais le philosémitisme est également un problème actuel dans le cadre du rôle que jouent les juifs vis-à-vis de l’ État d’Israël.
Il est indiscutablement antisémite de souhaiter que tous les juifs quittent la diaspora et vivent en Israël. Cela peut être une position prise par les partisans de l’État d’Israël (comme par exemple les Chrétiens sionistes) qui peuvent, au premier abord, apparaître comme tout sauf antisémites.
Pourtant, tout argument, quel qu’il soit, qui commence par « tous les gens appartenant au groupe x devraient » est ostensiblement raciste. Par exemple, « tous les demandeurs d’asile devraient attendre leur tour dans des camps de réfugiés » ou « tous les aborigènes devraient vivre en milieu urbain et non pas dans des communautés reculées ».
De la même façon, l’argument « tous les juifs devraient défendre/aimer Israël » semble dicter aux juifs ce qu’ils devraient tous faire et ne devrait pas être considéré autrement que comme les affirmations énoncées plus haut.
Si l’on adopte une position dénuée de racisme comme point de départ, ce qui revient à croire en une justice et en une liberté intrinsèques pour tous les êtres humains, on ne peut pas dans le même temps adopter comme point de départ une position qui dicte ce que tous les membres d’un groupe donné devraient penser, tout particulièrement si ce groupe a constamment été marginalisé et s’est vu refuser l’égalité des droits dans la société.
Actuellement, quand des juifs antisionistes (en Israël et à l’extérieur de ce pays) sont traités d’antisémites par des sionistes et/ou des coreligionnaires juifs, nous devons être en mesure d’affirmer que c’est antisémite en soi parce que c’est incompatible avec le principe de liberté et de justice pour tous et toutes.
En forçant tous les juifs à s’identifier au sionisme, une idéologie nationaliste, qui trouve son origine dans des idées racistes et d’exclusion qui sont apparues dans le contexte de l’Europe du XIXe siècle (l’âge d’or du racisme), on renforce l’idée qu’il n’y a qu’un seul lieu où il est acceptable que les juifs soient juifs, en d’autres termes, on soutient tacitement l’idée pleinement antisémite selon laquelle les juifs sont des étrangers dans le monde entier et que la seule solution à la « question juive » revient à les cloîtrer dans leur propre État.
C’est cette logique que la militante décoloniale Houria Bouteldja du Parti des indigènes de la république défend dans sa contribution récente intitulée « Racisme d’État et philosémitisme ».
Elle parle de la France mais je pense que les arguments qu’elle développe ne sont pas dénués d’intérêt en ce qui concerne l’Australie ou d’autres pays.
Elle démontre que malgré le philosémitisme officiel de l’État qui s’exprime par exemple dans le statut spécial accordé à l’holocauste, un statut qui n’est pas accordé aux autres génocides coloniaux, les juifs ne sont pas considérés comme des membres à part entière de la nation. Il existe encore une séparation entre les citoyens français et les juifs dans les discours officiels, même quand l’intention est d’adopter une attitude protectrice ou élogieuse à l’égard des juifs.
Cependant, la présence de juifs en France, ajoute Bouteldja, et le soutien de l’État à Israël, permettent à ce même État de semer la discorde entre les juifs et les autres groupes racialisés.
C’est quelque chose que j’ai souvent ressenti personnellement, en grandissant au sein de la diaspora. En tant que juif/ve, ou en effet en tant que musulman.e, qu’immigré.e, on n’est jamais un.e citoyen.ne à part entière, peu importe le niveau d’intégration qu’on a atteint.
Le philosémitisme provient clairement de la culpabilité que les Européens ressentent à propos de l’holocauste. Au lieu de le placer dans son contexte historique, en le reliant par exemple aux crimes du colonialisme et de l’impérialisme, ou à l’esclavage, qui furent tous commis contre les colonisé.es dans un premier temps avant de l’être contre les juifs dans les camps. Au lieu de parler de l’holocauste en tant que tel comme d’une politique cruelle d’annihilation qui a affecté non seulement les juifs mais aussi les rroms, les noirs, les musulmans et les homosexuels, on attribue aux juifs un statut spécifique de victimes les plus atteintes dans l’Histoire. Cela a pour effet de contraindre les juifs à adopter une position de supériorité (nous sommes l’élite des victimes) qui les met en rivalité avec ceux qui partagent leur condition de victimes. Quelle meilleure attitude à prendre pour un État, par exemple, la France, qui, dans les années 1960, torturait encore des Algériens, où l’ancien collaborateur Maurice Papon les faisait jeter dans la Seine, pour faire la preuve de son absence de racisme ?
Le philosémitisme d’État protège les États contre les accusations de racisme. En tant que juive, je ne veux pas cautionner ça.
En tant que juive, je ne veux pas être la victime chérie, la victime privilégiée. Je veux être aux côtés de ceux qui souffrent aujourd’hui et combattre avec eux.
En particulier dans le climat actuel, l’antisémitisme est caractérisé comme émanant de la population musulmane comme s’il s’agissait d’un phénomène récent illustré par des cas comme celui des meurtres à l’Hyper casher à Paris en janvier, sans qu’il n’y ait eu le moindre précédent historique. Ainsi, on oublie la complicité de l’État français avec les responsables de l’Holocauste, ou ici en Australie, le refus de l’État d’accueillir des réfugiés juifs d’Europe. On peut oublier l’exclusion des juifs de secteurs entiers du commerce ou de clubs de sport, et tant d’autres choses, objets d’une mémoire encore vivante, maintenant que les musulmans sont les uniques responsables de l’antisémitisme.
Selon Bouteldja, cela dispose les juifs à devenir des partenaires du gouvernement dans la mise en œuvre d’un racisme systémique contre la population musulmane.
Il est commode d’amalgamer l’antisionisme à de l’antisémitisme parce que cela a pour effet de relativiser ou même de faire disparaître l’antisémitisme propre à l’État, ce philosémitisme qui contraint tous les juifs à s’identifier à un État colonial raciste : Israël.
De mon côté, ce que je veux faire, c’est me servir de mon histoire, de l’héritage de mes grand-parents réfugiés (et, effectivement, sionistes) pour combattre le racisme sous toutes ses formes. Je ne laisserai pas un État raciste se servir de moi pour mener à bien ses objectifs contre les musulmans, qu’ils soient en Palestine, en Australie ou ailleurs.
Je ne me suis pas rendue dans le pays où je suis née depuis plus de dix ans car je refuse de soutenir la politique qui y est menée en mon nom. J’espère qu’un jour je pourrai emmener ma fille dans un pays gouverné par son peuple, le peuple qui vit là-bas, qui n’est pas considéré comme digne ou indigne sur la base d’un amalgame entre religion et nationalité, ce qui revient à une instrumentalisation de la Bible.
C’est seulement quand le sionisme aura été mis à bas que le combat contre le philosémitisme antisémite pourra commencer.
Traduction de l’anglais par Grégory Bekhtari.
C’est pas bientôt fini les spams fachos antisémites ?
Il ne me semble pas que l’extrême droite ait pignon sur rue ici, alors trouvez-vous un autre endroit pour étaler votre haine de l’autre !
Tous les arguments contradictoires pour et contre sont donnés dans le chapeau, pas la peine d’aller chercher plus loin.
Voir aussi :
Lettre ouverte de Rudolf Bkouche au premier ministre : « Votre déclaration « philosémite » n’est qu’une forme sournoise d’antisémitisme »
Monsieur le Premier Ministre.
Vous avez déclaré devant une assemblée de notables juifs : ( http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/09/18/valls-veut-relancer-le-plan-contre-le-racisme-et-l-antisemitisme-pas-a-la-hauteur_4490384_823448.html )
« Se dire antisioniste ou nier le droit à l’existence de l’Etat d’Israël en voulant éviter l’accusation d’antisémitisme n’est pas possible ».
Je me permets de vous dire qu’une telle déclaration « philosémite » n’est qu’une forme sournoise d’antisémitisme. Que dites-vous à ces notables, si ce n’est ce qu’ils veulent entendre, savoir que l’antisionisme est une forme d’antisémitisme et que vous le combattez. Peut-être même le croyez-vous ce qui montre votre peu de connaissance de la question.
« Je comprends que cette confusion vous rassure, en soutenant le sionisme et l’Etat d’Israël vous pensez défendre une grande cause, la lutte contre l’antisémitisme, oubliant combien votre antiracisme est sélectif. Vous pratiquez à l’égard des étrangers, en particulier des Sans-Papiers, la même politique que vos prédécesseurs pratiquaient à l’égard des Juifs, vos déclarations sur les Rroms valent bien les déclarations de certains de vos prédécesseurs sur les Juifs. Mais comme tout bon Européen qui veut se libérer d’un passé désagréable, vous préférez aujourd’hui manifester un amour des Juifs pour mieux assouvir votre détestation d’autres populations. Votre philosémitisme, pour peu qu’on gratte pour voir ce qu’il cache, est peu reluisant. Mais il est vrai que le philo-truc n’est qu’une forme qu’anti-truc, et cela l’homme politique que vous êtes a appris à le manier. Comme je l’ai dit, je ne mets pas en doute votre sincérité, je dis seulement que si cette sincérité est réelle, elle a un goût amer.
Vous avez déclaré devant cette même assemblée que votre gouvernement se devait de lutter contre « les candidats au djihad ». En un sens vous avez raison mais votre déclaration est biaisée parce que, pensant au djihad musulman, vous oubliez un autre djihad, le djihad juif, juif au sens sioniste du terme. Je suis d’accord avec vous lorsque vous voulez empêcher de jeunes français de rejoindre les massacreurs de l’Etat Islamique qui sèment la terreur aujourd’hui en Syrie et en Irak et peut-être ailleurs demain. Que leurs motivations soient religieuses ne les justifie en rien et vous avez raison de tenter de les empêcher de rejoindre une armée de tueurs. Mais pourquoi ne faites-vous pas la même chose contre ces jeunes qui, au nom du sionisme qu’ils confondent comme vous, avec le judaïsme, vont aider l’armée israélienne dans son œuvre meurtrière contre les Palestiniens. On entend même parler, à propos de ces jeunes français de soldats franco-israéliens, terme qui n’a aucun sens car il n’existe pas d’armée franco-israélienne, il existe tout au plus des Français qui se sont engagés dans l’armée israélienne et à ce titre sont des soldats israéliens. On n’a pas entendu parler de sanctions contre ces djihadistes juifs, comme on pourrait les appeler par une mauvaise métaphore mais qui à l’avantage de dire de quoi il s’agit. Et on sait que le gouvernement israélien envoie, via son Ambassade, des recruteurs pour enrôler ces jeunes djihadistes juifs, et ces recruteurs vont même prêcher dans les synagogues. Que dirait-on d’un recruteur qui viendrait dans les mosquées prêcher le djihad ?
Vous comprendrez pourquoi je considère que vos déclarations qui se veulent philosémites ne sont qu’une forme d’antisémitisme, quand bien même elles seraient sincères.
Vous comprendrez aussi pourquoi le juif antisioniste que je suis considère ces déclarations comme des injures envers les Juifs, même si certains croient y voir de la sympathie, mais de quelle sympathie s’agit-il ?
En confondant, comme vous le faites, antisémitisme et antisionisme, vous identifiez Juifs et sionistes. En cela vous avez la même démarche que les antisémites même si vous voulez en déduire des conclusions contraires.
Je vous prie de recevoir, Monsieur le Premier ministre, l’assurance du manque total de considération que m’inspirent vos déclarations. »
Rudolf Bkouche
Juif antisioniste
http://www.ujfp.org/spip.php?article3524&lang=fr
Avis aux trolls : tout commentaire critique qui ne sera pas un minimum ettayé politiquement sera viré. On laisse le premier pour vous montrer à quoi ça ressemble une critique non ettayée :p
Pour savoir si un texte « est étayé ou sérieusement argumenté », le mieux serait de le lire. Evidemment certains préfèrent aller à l’économie pour reposer leur cerveau fatigué, et effectivement le troll professionnel est plus facile à lire puisqu’il se réduit à quatre mots : « facho, antisémite, merde et raciste ». Après ces hautes considérations, l’intello peut doctement décréter que « le second vaut le premier ». Mais on n’a toujours aucune explication autre qu’une logorrhée condensée sous forme d’insultes pour expliquer en quoi ce texte dérange. Et pour cause, il faudrait pour ça arriver à trouver des arguments, et c’est pas donné à tout le monde.
« ‘Au milieu du concert de réactions aussi vindicatives qu’incompréhensives suscitées par les prises de position de Houria Bouteldja et du Parti des Indigènes de la République sur le « philosémitisme d’État », un texte me semble mériter une attention particulière. Son auteure, l’ancienne militante féministe Liliane Kandel, fait partie de celles qui, selon Christine Delphy, « sont féministes mais […] ont des préjugés anti-arabes et anti-musulmans. Préjugés qui viennent de la société mais qui viennent aussi de leurs propres opinions : elles soutiennent les politiques colonialistes de l’Etat d’Israël, qui s’appuient sur ce racisme et le suscitent. De plus Claudie Lesselier, Liliane Kandel, Catherine Deudon et Françoise Picq, mettent en concurrence l’oppression des femmes et l’oppression des Juifs – alors que personne ne leur demande de choisir » (Les Inrockuptibles, 6 mars 2015).
Toutefois, ce n’est pas le parcours de Kandel, ni ses prises de positions passées, qui m’intéressent, mais le billet qu’elle consacre au PIR. Il n’est pas d’un grand intérêt de répondre à ceux qui, peu imaginatifs, décrivent les Indigènes comme les héritiers des nazis ou des vichystes. Chaque texte émis par le parti suffirait à les contredire. Par contre, l’examen de l’intervention plus « audacieuse » de Kandel me semble à même d’éclairer l’opportunisme de ceux qui accusent aujourd’hui d’antisémitisme une parole qu’ils veulent voir disparaître, ainsi que les fondations théoriques de telles attaques. Penchons-nous donc sur cet ennemi dont je crois qu’il y a quelque chose à appendre.
Le propos de Kandel, dans son billet intitulé « Le contraire du “philosémitisme” » (elle semble d’ailleurs avoir créé son blog sur le Huffington Post pour l’occasion), est le suivant. Au terme d’un « rappel des faits » confus et laborieux mêlant, pour mieux perdre le lecteur, Charlie Hebdo, célébration de la supériorité morale des féministes blanches, et dénonciation de la lutte contre l’islamophobie, la bloggeuse finit par abattre ses cartes. Dans un premier temps, elle lance qu’en dénonçant le philosémitisme d’État, le PIR en appellerait virtuellement à renverser la vapeur, à proclamer que l’antisémitisme est le seul antidote possible. Écrire cela c’est oublier, ce qui est pourtant clair dès les premières lignes du texte de Houria Bouteldja, que le philosémitisme n’est pas l’autre ou le contraire de l’antisémitisme. Ç’en est une variation contemporaine, dictée par les impératifs politiques et géopolitiques de notre temps. Le philosémite, selon la boutade fameuse, c’est un antisémite qui aime les Juifs – mais qui, comme le rappellent les sorties de Barre, Chirac et Hollande citées en exergue du texte de Bouteldja, n’arrive toujours pas à se résoudre à les tenir pour pleinement français. […]
https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/180515/le-contraire-de-la-haine-de-la-shoah-sur-un-billet-de-liliane-kandel
C’est tout de même singulier (lol !) comme certains encensent les personnes étiquetées juives qui critiquent le judéité ou le sionisme, les personnes étiquetées femmes qui critiquent le féminisme – et qui ne peuvent selon la doxa néo-essentialiste pas « être ci », puisque « elles sont ça » (même genre d’argumentaire que « j’ai un ami ci… ») – et par contre agonisent des pires insultes les personnes étiquetées arabes qui portent une critique de l’islam (Sansal… Al Husseini…). Deux logiques deux mesures quoi… L’hyperlégitimité ici, la haine de soi là…
« philosémitisme officiel de l’État » = « statut spécial accordé à l’holocauste » ? ! ? c’est un peu court …
« Il existe encore une séparation entre les citoyens français et les juifs dans les discours officiels, même quand l’intention est d’adopter une attitude protectrice ou élogieuse à l’égard des juifs. »
Aucune preuve n’est avancée (on le voit dans cet extrait), ce n’est que généralité et ressenti essentialiste (après avoir avancé l’idée que dire tous les X est de l’essentialisme, elle écrit « les juifs » « les citoyens français » … ! ! paradoxe – contradiction – aporie
Il y a évidemment une grosse différence entre le racisme ordinaire et le racisme d’Etat. Comme personne ne peut plus nier l’islamophobie d’Etat ni le philosémitisme d’Etat, les « révolutionnaires » islamophobes nous ressortent de vieux clichés pour amalgamer le racisme d’Etat avec la lutte des féministes ou la lutte des « étiquetés arabes » [sic] contre la religion, ce qui n’a évidemment rien à voir.
Les antiracistes ont déjà répondu :
http://lmsi.net/Feministes-contre-l-islamophobie
http://lmsi.net/Islamophobie-au-nom-du-feminisme
http://lmsi.net/Quand-des-feministes-soutiennent
http://feministesentousgenres.blogs.nouvelobs.com/tag/islamophobie
http://www.crepegeorgette.com/2013/09/13/islam-feminisme/
Vous ne pouvez plus cacher votre racisme, alors arrêtez de vous faire passer pour des anti-religieux, vous êtes plus sectaires et plus réacs que les curés, et plus anti-féministes que Caroline Fourest ou Ornella Guyet !
Raphael Liogier sur RMC : « l’islamophobie est soutenue par l’Etat »
https://www.youtube.com/watch?v=Rig4dPanS2A
Ca c’est argumenté (les choses c’est ça, ça et encore ça, nous sommes les bons et vous êtes les mauvais), et pas du tout « liste de catéchismes de la bonne presse ».
Au passage, l’idéologie politicarde du Pir et consorts a totalement abandonné toute analyse du racisme en tant que rapport social, puisqu’il serait juste une injonction externe due à la méchanceté intrinsèque de l’état (et évidemment juste des méchants états « impérialistes », les autres étant « libérateurs »). Belle approche de droite, qui pose le politique en autonome et lui subordonne le social et l’économique. Et qui révèle le fond idéologique que vous défendez : la bonne vieille réaction organiciste, made in europe à l’époque des révolutions, et qui a trouvé ses héritiers dans les nationalismes et les racialismes revanchards, qui, au lieu de critiquer l’économie politique, protestent contre sa distribution injuste. Vous êtes les fossoyeurs de toute échappée sociale, il est vrai parfaitement à l’aise dans la crue actuelle du ressentiment universel, qui précipite les conséquences exterminatoires de la déroute du capitalisme au lieu de tenter d’autres modes d’orga. On ne vous défendra pas, vos idéologies bolcho, khmer-rougiennes et muystiques ont déjà fait assez de dégâts.
La construction étatique d’une hiérarchisation « des racismes », par Saïd Bouamama
« … L’annonce par le gouvernement d’un nouveau plan de « lutte contre le racisme » accompagné d’un budget de 100 millions d’euros sur trois ans a fait sourire bien des militantes et militants des luttes de l’immigration et des quartiers populaires. Le même premier ministre et le même gouvernement qui autorise la Rromophobie par sa thèse culturaliste sur « l’inintégrabilité des Rroms », prétend être antiraciste. Le même gouvernement qui dans son instrumentalisation du « Je suis Charlie » a autorisé allègrement l’islamophobie, voudrait nous faire croire qu’il est déterminé à lutter contre le racisme. Pourtant l’heure n’est pas au sourire.
Provocation
La négation et/ou la sous-estimation et/ou l’euphémisation de l’islamophobie et la construction d’une « exceptionnalité » de l’antisémitisme constituent les deux segments articulés d’une offensive poursuivie de longue date mais qui est dotée aujourd’hui de nouveaux moyens. On retrouve cette logique dans l’expression consacrée de « lutte contre le racisme et l’antisémitisme » qui s’est banalisée à force d’être assénée par les appareils idéologiques d’Etat. Comme le souligne justement la brigade antinégrophobie : « l’appellation même de lutte contre le racisme et l’antisémitisme crée une hiérarchie symbolique. D’un côté l’antisémitisme, de l’autre un ensemble où tout est mélangé… C’est une profonde négation de la spécificité des racismes. Soit on gomme les différences pour tous, soit on les reconnaît pour tout un chacun… »
http://patlotch.com/text/488b2cdb%28Patlotch2013%29-532.html
Amen.
C’est épatant comme le mouvement régressif-libéral rassemble la carpe et le lapin, des gens dont les uns boufferont les autres (les « alliés ») quand leur lumineux projet de société sera en cours (la révolution iranienne a quand même été un bel exemple…), mais qui aujourd’hui portent « spontex » et enthousiastes, partout dans le social et le politique, leurs textes sacrés et les vérités immanentes qui ne se discutent évidemment pas un instant, voyons. L’injonction morale et la surveillance intellectuelle réciproque font à la uber le travail qui était autrefois celui d’un parti bien hiérarchisé, avec une guépéou. C’est un progrès indéniable dans l’art de l’uniformisation et du noyautage à pas cher.
C’est gentil de se préoccuper de qui « bouffera » l’autre quand le « lumineux projet de société » sera réalisé, mais on ne se sent pas vraiment concernés.
Par contre, « l’injonction morale et la surveillance intellectuelle », aujourd’hui, semblent plutôt être le fait de vos amis du pouvoir et de la connivence entre antisémites et philosémites d’Etat pour empêcher toute pensée libre et criminaliser l’antiracisme et l’antisionisme.
http://www.aurdip.fr/graves-menaces-sur-la-liberte-de.html
Mais oui, mais oui, ça s’entend et ça se voit combien vous êtes de pauvres victimes baillonnées (lol !) et enchaînées. De qui vous foutez vous ? D’autres ont déjà fait le coup bien des fois de la pression compassionnelle et de la lamentation, pour finir par établir des despotismes où là on a su vraiment ce que c’est de devoir fermer sa gueule, et même de devoir crier plus fort que son voisin les slogans pour avoir le droit de vivre encore un peu. Ca sera bath votre utopie régressive. Il y en a beaucoup, ici et là, qui ont marché dans ce genre d’arnaque totalitaire et qui aujourd’hui donneraient cher, s’ils pouvaient (tiens, aucune de ces « libérations », n’a supprimé la richesse et les inégalités sociales et sexuées…) pour sortir de leurs conséquences. D’ailleurs, quand ils fuient, c’est souvent pour tenter d’aller se faire opprimer par les méchants impérialistes, direct.
http://philosemitismeblog.blogspot.fr/2012/11/le-crif-denonce-une-chanson-de-zebda.html
http://philosemitismeblog.blogspot.fr/2012/01/prets-tout-pour-taper-sur-le-crif.html
http://philosemitismeblog.blogspot.fr/2011/11/libye-dehors-les-juifs-quen-pense-bhl.html
http://philosemitismeblog.blogspot.fr/2014/03/idees-de-boycott-disrael-rony-brauman.html
etc…
En tous cas, l’obsession envers les juifs est, elle, bien d’actualité, chez certains en tous cas. Les vieux simplismes pour expliquer à pas cher et sur le dos de ces autres absolus et providentiels tous les malheurs du monde ont la peau dure. Et ramènent invariablement les mêmes conséquences.
Les personnes qui ont lu l’article et les commentaires se sont aperçues que le sujet ne concerne pas « les juifs », mais le sionisme, l’antisionisme et le philosémitisme. Mais il y a besoin pour ça de savoir lire, ou ne pas projeter ses propres obsessions sur les autres. Bien sûr, il est plus facile de tout mélanger pour alimenter son fonds de commerce et développer au maximum l’antisémitisme, condition essentielle de survie du sionisme.
« Nous vivons en pleine confusion. Juif, cela désigne des peuples qui ont une communauté de destin liée à la religion. Sioniste c’est une idéologie. Israélien, c’est une nationalité. Et israélite, c’est le nom (napoléonien) donné à la religion juive. À cause de ces confusions, le peuple palestinien paie depuis des décennies pour un crime qu’il n’a pas commis : l’antisémitisme et le génocide Nazi.
À cause de ces confusions, l’Etat d’Israël bénéficie d’une impunité totale malgré des violations incessantes du droit international. À cause de ces confusions, toute critique de la politique israélienne est instantanément qualifiée d’antisémite. Si elle émane de citoyens juifs, ceux-ci sont aussitôt qualifiés de traîtres ayant la haine de soi. Enfin, à cause de ces confusions, une nouvelle forme d’antisémitisme (ré)apparaît qui attribue à tous les Juifs les crimes commis par l’Etat Israélien… »
http://www.ujfp.org/spip.php?article1358
Cet ouvrage est une initiative de l’UJFP, Union juive française pour la paix.
Il s’adresse à un large public de jeunes, d’enseignants, d’éducateurs, de militants, qui souhaitent faire le point sur le racisme et entendre ce que des Juifs ont à dire sur la manière de le combattre avec tous.
C’est du racisme dont nous voulons parler, pas seulement de sa variante antisémite.
Nous voulons montrer ici comment la lutte contre le racisme est indivisible. Toutes les attitudes et toutes les politiques de rejet, d’exclusion, de persécution et d’épuration ethnique sont à combattre.
Bien sûr, l’histoire de beaucoup d’entre nous, le souvenir des persécutions et du génocide juif nous incitent à une vigilance particulière, nous enjoignent de ne jamais être du côté des bourreaux, quels qu’ils soient.
Nous avons certes dans le cœur cette blessure liée à l’antisémitisme et à Auschwitz, comme une écharde purulente. Mais nous vivons maintenant et nous devons constater que les principales victimes du racisme ne sont plus les Juifs.
Il faut en parler aujourd’hui, dans l’après-Charlie, dans l’après-Bataclan, quand l’islamophobie se déchaîne, quand la négrophobie perdure, dans la crise des migrants dont on sait qu’elle n’est pas éphémère, quand les discours violents d’exclusion se répandent.
Proposer notre parole juive contre le racisme aujourd’hui, c’est prendre le parti de l’universel, contre tous les nationalismes ; celui de la fraternité, contre tous les replis sur soi ; celui de l’action solidaire en faveur des réfugiés, des musulmans, des Noirs, des Rroms, des peuples en lutte contre l’oppression…
http://www.ujfp.org/spip.php?article4753