Nddl- ce que nous voulons pour le 9 janvier
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Zad
Lieux : NantesNotre-Dame-des-Landes
Nous sommes un groupe d’occupant-e-s de la ZAD qui participe aux assemblées d’organisation du 9 janvier. Ce texte a l’ambition d’énoncer, depuis notre position dans le mouvement, quelle dynamique on souhaite pour ce moment. Il s’agit à la fois de diffuser le consensus d’action élaboré dans les assemblées, et de partager des réflexions pour contribuer à se tenir ensemble ce jour là.
Le procès du 13 janvier est une attaque sans précédent contre les habitants et paysans résistants de la ZAD. Une attaque du même ordre que celle de l’automne 2012, même si elle ne prend pas cette fois ci la forme d’une intervention policière, du moins pour l’instant. AGO-VINCI veut à tout prix acculer les habitant-e-s au départ, en les menaçant d’expulsion sans délai, de saisie de leur bien et de leur cheptel et en réclamant qu’ils soient condamnés à des amendes journalières exorbitantes.
Le 9 janvier, nous voulons arracher l’abandon des procédures d’expulsions et d’expropriations à l’encontre des habitant-e-s dits historiques de la ZAD. Nous voulons reprendre l’initiative et l’offensive, face aux attaques répétées de ces derniers mois contre le mouvement : relance des procédures contre les habitant-e-s, nouveaux appels d’offres pour les travaux, campagne médiatique contre la ZAD… Le 9 Janvier est donc un jour décisif. Pourtant, nous ne l’envisageons pas comme un coup d’éclat sans lendemain mais plutôt comme le début d’une montée en puissance afin d’arracher l’abandon du projet dans les deux années qui viennent.
Pour la journée du 9 janvier, l’assemblée du mouvement a imaginé une forme spécifique qui n’a pas vocation à devenir une ligne figée. Le mouvement pourra en utiliser d’autres, que ce soit en cas d’attaque sur la zone ou de futures mobilisations. Ce 9 janvier, plusieurs convois de vélos et de tracteurs convergeront des 4 points de la région pour faire un grand banquet au pied du pont de Cheviré, ils seront rejoints par un manif piétonne au départ de Neustrie. Si les autorités cherchent à nous en empêcher, nous trouverons ensemble le moyen de nous déployer sur les axes de circulation de diverses autres manières, en divers points. Cette forme, est un pari audacieux. L’action conjointe, ce jour là, de différents convois, avec les paysans solidaires et les comités locaux, préfigurera le blocage décentralisé de la région en cas d’expulsion de la ZAD ou de démarrage des travaux. Ce 9 janvier est organisé dans la plus grande urgence, mais nous en ferons néanmoins une démonstration de force.
Dans ce contexte de menace renforcées, le blocage est – avec l’occupation – l’une des pratiques à même de dépasser les désaccords qui traversent régulièrement le mouvement autour des formes et objectifs des manifestations de rue. Tiraillé par ces divergences stratégiques, celui-ci a eu trop tendance à se replier sur ce qui se construit à l’intérieur de la ZAD. Ce qui s’y joue est passionnant et crucial pour l’avenir mais insuffisant pour obtenir en soit l’abandon du projet. Ces derniers mois, la volonté de mener de nouveau des actions unitaires à l’extérieur de la zone, facilitée par l’acharnement de Manuel Valls contre la ZAD et ses habitants, a permis à la lutte de reprendre progressivement du poil de la bête et de sortir de l’attente d’une intervention. Se sont succédés un rassemblement à Angers contre les naturalistes collabos du GECCO, un blocage de l’usine Nobelsport de Pont de Buis avec les comités de soutien du Finistère, un convoi « CAP sur la COP » qui a bravé l’état d’urgence jusqu’aux portes du palais de Versailles. Alors que l’État cherche à resserrer l’étau, il est vital d’amplifier cette dynamique.
Nous invitons donc, ce 9 janvier, toutes celles et ceux qui veulent renforcer cette lutte à faire preuve d’une attention particulière aux différentes composantes du mouvement : aux habitant-e-s concerné-es par ces procédures qui portent avec nous cette action mais dont la plupart ne souhaitent pas que ça tourne à l’émeute ; aux paysan-nes qui mettent leur outil de travail en jeu sur le periph ; mais encore à toutes celles et ceux qui seront à nos côtés ce jour là.
Avoir une attention particulière à se tenir ensemble, dans notre diversité, c’est par exemple ne pas chercher à déclencher un affrontement direct avec la police, ce qui serait absolument anti-stratégique ce jour là. Mais c’est aussi savoir faire bloc en cas de charge pour éviter les arrestations. C’est ne pas chasser les journalistes dont la présence est perçue comme nécessaire par nombre d’entre nous dans ce contexte. Mais c’est aussi ne pas harceler les personnes qui se masquent parce qu’elles ne veulent pas être prises en photos par la police. C’est être en capacité de dialoguer tout en gardant en tête les objectifs communs de la journée : que ce soit face à un automobiliste exaspéré, face à un citoyen qui entreprend de démontrer en quoi peindre un slogan sur la route serait une « action violente », ou face à quelqu’un qui se laisserait emporter par la colère qu’attisent les provocations policières. Le succès de cette action repose sur notre capacité à faire qu’au fil de la journée les diverses initiatives soient comprises et portées ensemble.
Ce qui fait notre force c’est de nous être mis d’accord en assemblée du mouvement sur l’objectif du 9 janvier et sur l’ambiance que nous y voulons. Ce jour-là, ce n’est qu’en faisant preuve d’une intelligence collective transversale aux différentes sensibilités qui font cette lutte, que nous parviendrons à constituer une puissance à même de faire plier le gouvernement.
Des occupant-e-s de la ZAD
Voilà qui a le mérite d’être clair: l’assemblée, qui décide d’une initiative qui a une connotation représentative de l’ensemble du mouvement a besoin de « toutes les forces, toutes les composantes » pour faire du nombre, mais un nombre bien discipliné, bien en rang, qui ne fasse pas de gestes « anti-stratégique »
Je suis sur-e qu’en cherchant un brin, on peut trouver des phrases de Lénine qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à cette façon de vouloir diriger la lutte;
alors gentils avec les citoyens, avec les journalistes (!!, c’est vrai ça peut être des alliés très utiles pour se construire une légitimité bien solide auprès de l' »opinion publique »); pas trop méchants avec les policiers, le Mouvement répliquera si la provocation est vraiment trop grosse (c’est à partir de quand une provocation trop grosse? un manifestant éborgné? ou deux, trois?…)
je m’arrête là.
c’est vrai que ce texte fait flipper… bonjour la langue de bois !
une « puissance », ou autre formule visant à faire peur au pouvoir (et/ou à se la raconter), ne se décrète pas. encore moins par des directives pacificatrices… et encore moins en temps d’offensive étatique.
« se tenir ensemble » ? ou tenir les (mauvaises) troupes ? à la baguette ?
lâchez du lest, soyez flex’,
SVP ne construisez pas de parti (pas même imaginaire).
la lutte a besoin de toutes les énergies, Y COMPRIS (surtout ?) de celles qui détestent la police.
marrant ces commentaires alors que c’est le SEUL texte d’appel emmanant de nddl pour samedi qui justement fasse pas l’impasse sur toutes les sensibilités du mouvement. bon certes il le fait peut-être pas assez clairement mais c’est aussi ce genre de choses qui permet à des COPAINS-paysans de se lacher un peu et faire un texte plus colèrique. pas sur qu’ils auraient participé aussi activment sans l’ententen certe precaire, mais réelle qu’a permis la tracto-velo precedente par exemple, sans ce genre de propos qui appelle au respect de tou-te-s… et c’est pas mal de pouvoir se dire qu’on va à une manif pour bloquer, mais pas « par principe » s’affronter au flics surtout s’ils sont peu présents, ce que permet aussi ce genre d’appels. laissons aux seuls flics le sale rôle de tout gâcher, ce sera plus facile de se rassembler pour faire front…
Ne pas faire l’impasse sur toutes les sensibilités n’est pas (ou ne devrait pas être) synonyme d’appel au calme.
On a les craintes qu’on veut bien avoir… Ce qui serait chouette, ce serait de voir des textes comme ça annonçant la couleur (manif = confrontation) tout en indiquant que toutes les techniques/ »stratégies »/manières de faire seront les bienvenues.
La complémentarité des tactiques, qu’ils disaient…
On ne nous dit pas pourquoi, mais « chercher à déclencher un affrontement direct avec la police (…) serait absolument anti-stratégique ce jour là »…
Pas sûr qu’il y ait « beaucoup de monde et de détermination » avec un appel aussi blouguiboulga. Pour autant, tintintin tsoin tsoin, « nous parviendrons à constituer une puissance à même de faire plier le gouvernement ».
Ce qui se passe sur la ZAD de NDDL depuis des années est assez exemplaire sur cette capacité à regrouper des gens aux sensibilités et pratiques parfois très différentes, mais bordel, c’est aussi là qu’on dit vouloir faire des copeaux ou de la sciure avec la langue de bois du pouvoir… Si ça continue, on va devoir en faire aussi avec la nôtre (de langue).
C’est toujours amusant aussi de voire que des gens pensent que certainEs affrontent la police « par principe » et imaginent pas que pas qu’on peut détester la police simplement pour ce qu’elle leur fait subir tous les jours. Ca dénote une position de classe moyenne ou petite bourgeoise qui a pas trop à subir les assauts des keufs…
Apparemment, la rencontre avec le prefet pour « annoncer » cette manif (et non pas négocier, voyez la langue de bois encore à l’oeuvre) s’est très bien passé, et celui-ci était très serviable.
Bien évidemment, une manif sur un périf, qui bloque la circulation, lui il est content, pas besoin de se casser la tête à gérer la sécurisation du centre-ville. Le business peut continuer, d’autant que dès 13H, la circulation pourra être réouverte puisque la manif sera coincées sous le pont de Cheviré, où personne la verra. Suffit de gérer un peu le flux des consommateurs, et ça roule.
Appeler ça une démonstration de force c’est un peu abusé, c’est surtout un aveux de faiblesse dès le départ. Ne nous racontons pas d’histoire, si l’enjeux est d’arriver à refaire des choses ensembles soit, mais de là à dire qu’il s’agit de poser un rapport de force, désolé, c’est raté.
Par contre quand l’ACIPA annonce comme elle l’aurait fait en AG qu’elle ne sera pas solidaire de quiquonque enfreint les lois de cette manif, et se ferait par exemple choper pour des tags. Rien de nouveau, c’est comme ça depuis le début et ça a au moins le mérite d’être honnète.
Mais c’est quand même toujours bien dégueulasse d’appeler les gens à se solidariser quand on a des problèmes, mais de se dissocier dès que ces gens ne suivent pas à la lettre la ligne du parti. Visiblement la solidarité va dans un sens. Mais c’est normal, parce qu’une lutte se construit avec des chefs et des moutons, qui n’ont certainement pas leur mot à dire. Ca montre une façon de concevoire de faire des choses ensemble un peu étrange…
Ce texte est certes maladroit, il est écrit dans l’urgence toutefois. J’étais à cette même reunion. 80% de gens qui choisissent de se faire confiance et 20% de caricatures du milieu militant qui jouent a super citoyen contre total radical. Les blancs contre les noirs. Pendant ce temps là heureusement le reste choisit d’avancer…
Pas mal comme méthode pour faire en sorte de nier les débats politiques que ce mouvement arrive pas à avoir. Vieille technique. Merci Lagren.