L’indigente nouvelle droite
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L’indigente Nouvelle Droite
Réflexions sur les morts-vivants et le commerce de cadavres.
L’offensive menée par la Nouvelle Droite depuis 68 et dont les polémologues en chambre, portes plume journaleuses sont le plus souvent le fruit du déclassement de la petite bourgeoisie, n’ont finalement pas été d’une grande originalité. Au delà d’un travail de camouflage de concepts, ils demeurent l’aile pourrie nationale/européenne/régionale socialiste crétine la plus magnifiquement inerte de notre temps.
En petits entrepreneurs de leurs pensées, qu’ils monnaient misérablement d’allégeances dans des fanzines sur papier glacé (quel gâchis pour le papier), Ils sont toujours prompts à montrer leurs caboches de jeunes vieux sur internet pour y asséner un sous-verbiage radicalement superfétatoire, mâtiné le plus souvent d’un empirisme à faire se dissoudre le reliquat d’ossements du seigneur de La Palice.
Leurs attitudes simiesques ont tout de la récupération et du parangonnage intellectuel, démarches typiques des entreprises capitalistes et des techniques marketing.
Mais pour être plus précis, il faut souligner que la conceptualisation de cette “stratégie” historique n’est que le fruit honteux et peureux d’une infécondité congénitale propre à la Nouvelle Droite.
Produit du ressentiment et du réactif, c’est la signature d’une impossibilité créative, le propre de l’esprit réifié et peine à jouir. Un trait typique du conservatisme qu’ils tentent de déguiser en “subversion”, concept qui ne dit surtout rien de la remise en cause des pouvoirs et des hiérarchies, tant ils adorent faire les toutous des Rex, chefs et individus qui moulinent du bras, ceci tout en travestissant leur servilité en machiavélisme… de bidet.
Finalement on pourrait même pousser notre analyse en affirmant la défaite historique de ce courant enfermé dans son obsession morbide des origines, son culte débile des racines, sa névrose des essences, ceci parce que rien n’émerge de clair et de franc et que nul horizon ne peut se dégager un seul instant d’un nez collé au cul de la matrice ou des effluves issues de la décomposition placentaire dont ils aiment disserter jusqu’à la nausée.
Toujours en retard d’une récupération ils furent guévaristes après la mort du faussaire communiste Guevara, tiers-mondiste après que la caravane ne soit passée, et s’encanaillent toujours de proudhonneries quand même les anarchistes intelligents hésitent à s’en revendiquer tant sa critique du capitalisme (à autogérer) fait maintenant bien rire dans les chaumières.
Les tentatives d’annexion par la Nouvelle Droite de différents courants qui se trouvent du coté, quoi que l’on en dise, d’un certain universalisme progressiste, c’est à dire d’une espérance dans une certaine perfectibilité sociale et humaine, restent toujours conditionnées à la fois par les limites intrinsèques de leur philosophie politique, et comme nous le disions aussi par la posture d’un corps (physique et doctrinal) qui s’évertue systématiquement à regarder du coté de son nombril, voire même de son anus pour savoir si, Oh ! malheur, ils n’auraient pas été déféqué. (Il suffit de voir à ce sujet les délires et l’importance qu’a pris le débat sur l’inexistante théorie de genre ou le mariage homosexuel)
Toujours conditionnée par cette compulsion de classement héritée d’un certain aristotélisme usé, la psychopathologie de l’esprit réifié ne fait qu’alimenter une conception du monde toujours ouvertement élitiste et hiérarchique ou la “nature humaine” flotterait au dessus de la sombre et indécrottable, et noire caverne humaine. Ceci aux seules fins de promouvoir une certaine défiance/haine de l’autre, ontologiquement inférieur et susceptible de souiller une pureté originaire source de toute les réconciliations communautaires et holistique, il va sans dire.
L’espace humain (la géographie / la planète) de la Nouvelle Droite se trouve alors pétrifié selon les mêmes modalités intellectuelles ou le mythe a remplacé l’histoire. Quand l’approche se fait pseudo-historienne elle fait appel, ou aux grands hommes ou à des catégories hypostasies et mono-causales. Alimentées par une métaphysique de la chute et de l’impure, toujours sauvées in fine par le “génie” national ou l’esprit de la région-nation, voire l’Europe pour ceux qui se croient les moins crétins.
Les clins d’œil de mère maquerelle de la Nouvelle droite aux courants libertaires, dans l’acception la plus large, plus que déstabilisateurs et porteurs d’une stratégie de la confusion (il ne s’agit pas ici de baisser la garde sur les ponts, passerelles et lianes), doivent plus être vus comme leur propre confusion stratégique et marquent définitivement la Nouvelle Droite du sceau de l’infertilité génétique.
Ou par exemple, l’intérêt de la Nouvelle Droite pour l’anti-utilitarisme certainement alimenté parce ce que porte en lui ce courant, à savoir une sorte de troisième voie (si chère aux Nationaux Révolutionnaires Socialistes) mais aussi sa critique de l’utilitarisme ….”marxiste”. Autre obsession historique de la Nouvelle Droite.
On pourra aussi penser particulièrement ici au cas de J-C Michea comme bourricot de Troie soit disant “libertaire” (1) dissertant au nom de l’anti-utilitarisme sur l’aménagement possible d’espaces marchands dans un monde “communiste” et à ses dissertations dont les interminables scolies xénophobes s’articulent de références sibyllines ou plus franches à l’univers des néo-droitiers.
Il en est de même pour Castoriadis ou plutôt du Castoriadisme post Socialisme ou Barbarie, ceci pour sa critique du marxisme et de la conception matérialiste de l’histoire, qui a développé à la fin de sa vie une logorrhée autour de la psychanalyse des mythes si chère aux néo-droitistes.
Si la Nouvelle Droite regarde ces dernières années du coté des Décroissants, aidée en cela par quelques regards bienveillants, c’est que ces derniers viennent alimenter des thématiques historiques de ce courant, comme une critique du “matérialisme” (compris comme critique minimale et romantique de l’argent, des banques) , un ascétisme expiatoire et sacrificiel “volontaire” propre au judéo-christianisme sécularisé, au nom d’un bricolage spiritualiste hérité de curés défroqués mais toujours religieux. Pour un dépassement de l’ici bas par un retour à l’ici et maintenant, forme achevée et paradoxale de dépolitisation. Mais aussi un néo-malthusianisme pour les Autres, qui cache mal (pour la Nouvelle Droite) son éthno-differencialisme, c’est à dire son racisme new-look.
La possible annexion de positions politiques se révèle bien facile, aidés qu’ils sont d’ailleurs par les thématiques agitées généreusement, mais sans fond, (d’un point de vue de l’économie politique qu’ils n’arrivent pas à structurer par rapport à une fin) par le discours de la re-localisation des échanges et de la dé-mondialisation, du cénobitisme hygiéniste et esthétisé, et par le culte des relations “authentiques” avec les “vrais gens”. Bien sûr tous cela sent le roquefort rance, l’esprit de cloché, et la “terre qui ne ment jamais”.
Les drapeaux et les frontières de l’Europe blanche gréco-romaine (pour les plus païens), revivifiés de valeurs viriles et guerrières ne sont jamais très loin, surtout à pieds, puisque vous avez banni la voiture et les technologies corruptrices de votre quotidien augmenté.
En lecteurs honteux de Marx, ils alimentent aussi leurs critiques des courants les plus pessimistes de l’hétérodoxie marxiste qui furent les plus violemment anti-marxistes au sens idéologique, et paradoxalement les plus nihilistes comme les qualifiait déjà Lukács.
Un certain regard porté par la Nouvelle Droite, par exemple du coté de la théorie critique de la valeur et ses théoriciens est, comme toujours, alimentée par les dénégations systématiques des classes et de leur conscience, des luttes prolétaires “ces racailles, barbares, narcissiques qui creusent l’abîme et qui ne souhaitent que consommer” (pour la transformation du réel et l’abolition de la société de classes) mais aussi par un pessimisme que le courant de la critique de la valeur porte de manière immanente de par son approche catastrophiste élitiste-intellectualiste de la critique du capital.
Qui peut-être très aisément interprétée comme décadence par extension, comme un signe de décadence “civilisationnelle”. Une aubaine pour les apôtres de la restauration.
Certains théoriciens de la valeur s’autorisent d’ailleurs depuis quelques temps à un retour au psychanalysme freudien, dont les références vont de R-D Dufour jusqu’à Ch. Lasch, avocats de l’idéologie Œdipienne et de la famille. Du pain bénit pour les “anti-mariage pour tous”.
Mais aussi vers des théoriciens d’une certaine ultra-gauche dont la déception et les attentes messianiques contrariées ce sont transformées en mépris et en xénophobie. Les artifices langagiers ni feront rien, entre la bêtise aristocrato-maximaliste et la pauvreté radical psalmodié, se cachent le plus souvent une vraie misère.
Que dire de la spirale entretenue par les petits profs de l’extrême-gauche-de-la-saloperie “identitaire” et “religieuse” qui se vantent de vouloir ré-injecter les mots “races”, “peuples” ou “nations” dans le lexique de l’émancipation ? (2)
L’abandon de l’optique prométhéenne du communisme a cédé le pas à un mécanisme théorique (3) que serait la loi de la valeur, une sorte de fatum qui, au-delà du jardinage théorique et de la traduction des signes des temps, réduit les portes de sorties au chat de l’aiguille des épiciers.
La déconnexion évidente des milieux “théoriciens” de ces courants d’avec le réel n’est certainement pas étrangère à cette petite affaire, dont se fout d’ailleurs l’ouvrier chinois en grève ou l’exploitée angolaise.
Il faudra un jour analyser plus précisément si certains marxistes “non-traditionnels” ou qui se veulent “critiques” des aliénations (mais pas des leurs !), à force d’avoir côtoyé de trop prêt leur objet d’étude, n’ont pas fusionnés avec celui-ci, au point de ne devenir que de vulgaires chroniqueurs du capitalisme, c’est à dire des économistes sous payés du business de l’éternelle parousie en cours. Plus certainement les promoteurs d’une auto-entreprise bien comprise.
Toujours est-il que la Nouvelle Droite se trouve confrontée à une boucle qu’elle est incapable de boucler. Sa critique de la valeur ne va pas jusqu’au bout de la critique du fétichisme de la marchandise. Toujours empêtrés qu’ils sont dans une pathétique dénonciation de la “financiarisation” et de ” la loi de l’argent” ou de “l’oligarchie trans-nationale” comme de vulgaires frontdegauchistes ou ce con de Georges Valois. Il leur est impossible de concevoir la dissolution de tous les fétiches surtout de ceux qu’ils agitent frénétiquement (Race, Frontières, Nations-Régions, Europe, Peuples, État, Sang, Pureté, Force, Origines etc…).
Cette impossible compréhension est le fruit du culturalisme et de l’idéalisme, déguisé en concept fumeux et déjà ringard de méta-politique. Cette stratégie aux petit pieds, reste avant tout au service de la production de demi-boucles-plus-value monnayables sur le marché des marchandises intellectuelles pour névropathes. (Mais il est toujours très difficile de nettoyer le tas de fumier sur lequel on est embourbé)
Elle accompagne surtout sa conception bourgeoise et avant-gardiste de l’activité politique pensée comme juxtaposition d’individualités, c’est à dire des vulgaires lobbyistes du moi-je.
Cette incapacité théorico-pratique est bien sûr le signe d’une pensée-chose anti-dialectique où le mouvement du réel reste dans tout les cas bien plus révolutionnaire que toutes les abstractions fossilisées mise au service d’un petit commerce symbolique. Il est nécessaire de souligner à ce sujet que le néo-droitiste excelle dans le sous-commentaire de commentaires sans fins, aussi bien celui de l’actualité politicienne que sociétale. C’est à croire que le commerce du commentaire se révèle plus juteux qu’il n’y parait.
La compréhension de la plasticité du réel n’est pas acceptation sans faille de celui-ci ni un opportunisme. Elle n’a pas à être mise au rencart d’une dialectique ascendante ou réconciliatrice mais doit accompagner la certitude que rien n’est posé ad vitam, que ce soit le capitalisme ou les catégories morbides qui l’accompagnent et participent de sa reproduction.
Il n’est pas tant question finalement ici de disserter sur l’indigence de la Nouvelle Droite que de réaffirmer la perspective communiste anti-hierarchique et anti-autoritaire. Celle de l’abolition de toutes les classes pour la communauté humaine Universelle, contre les récits et les médiations pré- ou pseudo-historiques
Face aux morts-vivants de la Nouvelle Droite, il est toujours possible d’utiliser quelque lance flamme théorique. Ainsi ne rien lâcher sur le concept d’Égalité, sur l’abolition de toutes les frontières pays et nations, ou patries républicaines. Combattre toutes les racisations, éthnicisations, biologisations, de la question économique et sociale. Combattre toutes les formes d’élitismes, d’aristocratismes. Les fables mythiques et téléologiques, les théories décadentistes ou de l’âge d’or.
Mais aussi par une critique réel-total du capitalisme qui ne pourra jamais être aménagé, taxé, amendé, humanisé, autogéré, ou qui devrait être moins financier, dans un seul pays ou continent La question n’est pas non plus de revenir à des formes paternalistes industrielles ou pré-capitaliste, pas plus qu’au fumeux communisme primitif.
Aussi il nous faut toujours tenir plus solidement encore l’analyse des classes, de classe, pour mieux analyser ses fractions, les recompositions de celles-ci, sans sombrer dans un sociologisme du ressentiment sans perspectives, mais qui peut nous permettre de nourrir des pratiques auto-émanciaptrices et chasser de nos rangs ceux qui s’autorisent à parler à notre place à partir de différents lieux de pouvoir.
Et s’il arrive à la Nouvelle Droite d’utiliser des trompes-l’œil comme celui de la démocratie directe par exemple, c’est pour mieux enfoncer le clou de la démagogie des foules atomisées haineuses et son projet séparatiste qui s’accorde si merveilleusement bien avec le capitalisme. La séparation étant la condition de la reproduction du capital.
Affirmer que la destruction du monde marchand doit être totale et qu’elle doit comprendre la disparition de tous les fétiches et médiations agitées par les commerçants de la pensée pourrait suffire à clore le débat sur cette ancienne nouvelle droite.
Mais l’on ne dit finalement rien des bâtons que certains “gauchistes” “révolutionnaires”, “alter” “spécialistes radicaux” et autres “critiques du système” tendent pour qu’ils soient pris et pour qu’ils se fassent taper dessus avec un plaisir masochiste suspect. C’est peut-être finalement la question la plus importante qui doit être méditée au regard des positions que nous ne devons pas lâcher.
Notes
(1) Tout aussi “libertaire” que Michel Onfray Voir d’ailleurs le tas d’immondices qu’il a balancé ces derniers jours dans un entretient au Figaro daté du 11 septembre 2015.
(2) Adorateurs des Chavez, Maduro, Correa et autres Bachar el-Assad. Défenseurs des éthnismes, sous couvert d’exotisme ou du “choix” d’être une “créature” voilée et “libertaire”.
(3) Par extension à des explications simples et pratiques ou réactives. La défense d’un pré carré ou de niches intellectuelles qui peuvent être facilement intégrables sans trop de conséquences dans le monde universitaire. En fonction des facs l’optique sera plus culturaliste ou plus économiciste. Ainsi on ne parlera jamais de révolution.
VOSSTANIE
SOURCE
« Mais aussi vers des théoriciens d’une certaine ultra-gauche dont la déception et les attentes messianiques contrariées ce sont transformées en mépris et en xénophobie. Les artifices langagiers ni feront rien, entre la bêtise aristocrato-maximaliste et la pauvreté radical psalmodié, se cachent le plus souvent une vraie misère. »
« Il faudra un jour analyser plus précisément si certains marxistes “non-traditionnels” ou qui se veulent “critiques” des aliénations (mais pas des leurs !), à force d’avoir côtoyé de trop prêt leur objet d’étude, n’ont pas fusionnés avec celui-ci, au point de ne devenir que de vulgaires chroniqueurs du capitalisme, c’est à dire des économistes sous payés du business de l’éternelle parousie en cours. Plus certainement les promoteurs d’une auto-entreprise bien comprise. »
Ce sont là de belles paroles, mais réservées à quelques initiés dont je ne fais pas partie. Si Vosstanié voulait bien être plus clair, on saurait de qui il parle et ce qu’il reproche exactement auxdits « théoriciens » et « marxistes non-traditionnels », vu que d’une part la pratique implique une théorie et que sans théorie il n’y a pas de pratique (Lénine), et d’autre part que je ne comprends absolument pas ce qu’est un « marxiste non-traditionnel » : en ce qui me concerne, on est marxiste ou on ne l’est pas, point-barre !
Cela permettra également, je pense, à l’auteur de ce texte de faire montre un peu lui aussi de clarté théorique, parce que le moins que l’on puisse dire de son texte, c’est qu’il privilégie le flou abscons à la clarté politique. Donc, encore un effort pour ne pas apparaître le principal sujet de ses propres écrits…