Courant alternatif 250 – mai 2015 est sorti
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : FrontexMédiasRacismeResistancesZad
SOMMAIRE
édito page 3 politicaillerie
page 4 Le peuple ne vote plus ! Dissolvons-le !
antiracisme
page 5 A propos du racisme et de l’antiracisme
répression
page 9 Permis de tuer : une chronique de l’impunité policière mobilisation
page 13 Zyed zet Bouna, octobre 2005, appel à mobilisation
page 13 Aujourd’hui dans la rue, demain on continue ?
l’économie en brèves page 14
luttes
page 15 La grève à Radio France Pays Basque
page 21 Morvan : la ZAD qui gagne, le projet ERSCIA dégommé !
analyse
page 18 La loi santé, une loi qui peut rapporter gros
big brother pages 22, 23
société policière
pages 24 Projet de loi sur le renseignement
L’mouv’ment
pages 27 Disparitions -rencontres libertaires Palestine
pages 28 Jerusalem : du mythe au nettoyage ethnique
bouquins
pages 30 S. Federici « Caliban et la sorcière » : voilà qui fait débat(tre) Kristin Ross, l’Imaginaire de la commune Editions Acratie : nouveautés
EDITO
Des milliers de migrants meurent chaque année en Méditerranée et le processus s’accélère. 1500 morts en 2011, 3419 en 2014, environ 1600 à ce jour depuis le début de l’année 2015. Et ces chiffres ne concernent que les drames qui ont pu être constatés et évalués.
Face à cette catastrophe, Matteo Renzi, chef du gouvernement italien a déclaré : « Nous demandons à ne pas être abandonnés ». Pour autant, ce ne sont pas les autorités italiennes qui sont abandonnées par leurs pairs, ce sont d’abord les migrants. En 2005 a été créée l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne plus connu sous son acronyme de FRONTEX. Cette agence bénéficie d’une autonomie importante, renforcée en 2011 et est autorisée à posséder son propre matériel militaire. Les moyens financiers mis à disposition de FRONTEX sont en augmentation constante : 19 millions d’euros en 2006 et 88 millions d’euros en 2011, 110 millions en 2015 (prévus pour l’instant, mais des rallonges sont évoquées).
Bien sûr les migrants sont victimes des passeurs qui les exploitent et les mènent souvent à la mort, mais ils sont aussi victimes de la guerre que leur mène l’Europe avec FRONTEX. Ce ne sont pas des moyens humanitaires qui sont développés pour les secourir mais des moyens militaires pour les refouler. Matteo Renzi remarque à juste titre que les missions de recherche et de sauvetage en mer ne suffisent pas, à elles seules, à sauver la vie des migrants mais pense que problème ne pourra être résolu qu’en empêchant les passeurs de se livrer à leur activité et en faisant en sorte que leurs bateaux ne quittent plus les côtes libyennes. Ce dirigeant issu du Parti Démocrate (centre gauche), ira-t-il jusqu’à prôner de couler les bateaux avant qu’ils ne prennent la mer comme l’a proposé la fasciste Daniela Santanchè.
La Coordination Migrants (de Bologne et sa région) – mouvement des migrant-e-s contre le racisme et l’exploitation) analyse cela avec justesse : « Si les indiscrétions qui parlent d’un blocus naval dans la Méditerranée devaient être confirmées, le résultat serait que nous migrants finirions par devenir les pions jetables d’un jeu entre des gendarmes et des voleurs, entre les ?forces de bien” de la démocratique UE et les ?agents du mal” représentés par des passeurs. Des équipes différentes mais toutes les deux effectivement sans scrupules. »
Lorsqu’une personne a fui un pays en guerre civile, le joug d’une dictature (qu’elle soit islamiste ou dirigée par un affairiste pro-occidental) ou une misère invivable et qu’elle a traversé dans des conditions difficiles la moitié de l’Afrique, il est normal qu’elle ne se résigne pas à rester bloquée en Libye ou au Maroc et soit prête à n’importe quel prix à tenter de traverser la Méditerranée Bien sûr, la situation catastrophique de la Libye (Courant Alternatif N°243 d’octobre 2014) ne simplifie pas la situation mais contrairement à Renzi qui pense que « La seule solution est la paix et la stabilité des institutions libyennes », nous pensons qu’il faut voir les vraies causes dans l’aggravation de l’exploitation capitaliste de l’Afrique. Bien sûr, la Libye est dans un état extrêmement grave, suite à l’intervention des occidentaux (Sarkozy en tête) pour la débarrasser d’un dictateur à qui l’on faisait des courbettes peu de temps auparavant. Mais c’est surtout l’exploitation économique de l’Afrique par les grands groupes occidentaux -exploitation renforcée par les accords de partenariat économique (APE)- et le maintien de dictatures qui font que tant d’africains fuient la misère.
Et quelle situation trouvent ces immigrés en arrivant en Europe ? « Avec beaucoup d’autres nous luttons chaque jour pour faire valoir nos droits contre le racisme institutionnel qui voudrait nous réduire au silence, comme des bras à exploiter sans voix. Avec les assemblées, les rassemblements, les grèves et les manifestations, nous nous organisons pour revendiquer la liberté de tous face à l’exploitation, à la précarité et aux lois racistes comme les lois Bossi-Fini. Nous sommes ici et nous nous battons ici. Mais nous savons que notre condition découle d’avoir traversé une frontière, et que cela continue à nous poursuivre dans le permis de séjour que nous portons dans notre poche ou dans les papiers qu’ils ne nous veulent pas nous donner, dans le racisme que nous devons affronter. » explique la Coordination Migrants de Bologne.
En France aussi, il y a des personnes qui restent des années – voire des dizaines d’années – sans papiers, tout en étant exploitées comme une main d’œuvre corvéable à merci. Et même lorsqu’ils obtiennent le droit de séjourner régulièrement et de travailler, même lorsqu’ils sont installés depuis longtemps ils sont victimes du racisme et de l’exploitation. Les enfants et petits-enfants de ces immigrés sont eux aussi victimes de discriminations sociales, de ségrégation spatiale, de surveillance et de violences policières. Heureusement, de plus en plus souvent, les immigrants, les travailleurs sans-papiers, les jeunes dits « issus de l’immigration » s’organisent pour défendre leurs droits face à l’exploitation, au racisme, à l’injustice ou aux violences policières.
Et même lorsque l’on n’est pas immigré, il est nécessaire de lutter pour défendre ses droits de salariés comme viennent de le faire les salariés de Radio France, ses droits sociaux, et en particulier le droit à la santé face aux réformes inégalitaires. Et il faut plus que jamais lutter contre « l’instauration d’une société de surveillance » (comme l’exprimait à juste titre le Parti Socialiste en 2009 dans son livre La France en libertés surveillées), à l’heure où ce même PS veut maintenant aller plus loin que la droite en matière de contrôles à travers la loi sur le renseignement.
« Face aux crimes politiques dont se rendent coupables les gouvernements de tous les rivages de la Méditerranée, nous revendiquons le droit de nous déplacer et de traverser les frontières par n’importe quel moyen sans mourir. » nous disent encore les camarades de la Coordination Migrants de Bologne. Nous ajouterons seulement qu’en plus de la liberté de circulation, il est nécessaire de lutter pour l’abolition de l’exploitation capitaliste et du contrôle étatique sur nos vies.
Limoges, 26 avril 2015
Pour une analyse plus fouillée des causes de l’accroissement du nombre de migrants africains et de la gestion de cette situation par l’Europe, vous pouvez consulter l’intéressant article de Saïd Bouamama Le mur meurtrier de la Méditerranée sur son blog :https://bouamamas.wordpress.com ; il a été repris sur « Paroles libres » : http://www.paroleslibres.lautre.net et sur notre site : http://oclibertaire.free.fr .
http://oclibertaire.free.fr
Loin de moi l idée d etre polémique,mais je voulais savoir si l impression du journal se faisait toujours dans un pays de l est afin de réduire les couts.
Je ne tiens pas a l image d un produit fait en france genre localisme banal, rien a battre du national.
En fait j essaie de comprendre l écart entre le « radicalisme » discursif et la pratique.
« On » a été consterné en lisant cet article du dernier «Courant alternatif» :
A propos du racisme et de l’antiracisme
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1691
Ce n’est pas tout de reconnaître qu’il y a un racisme d’Etat, encore faudrait-il pour le combattre ne pas tomber dans la confusion qu’entretient cet Etat dans la définition du racisme.
« Mais un phénomène nouveau a fait son apparition à partir du début des années 80, et dont on peut remercier la gauche d’ailleurs : c’est l’ethnicisation de la lutte sociale […]. Ces catégories construites par le pouvoir sont maintenant reprises par tous, et brandies comme des identités naturelles. On ne parle plus de racisme mais d’islamophobie alors même que ce racisme concerne tous les ex-colonisés d’Afrique, musulmans pour certains mais chrétiens pour d’autres. »
L’OCL a de bien piètres analystes. C’est qui, ce « on » ? Les antiracistes parlent de racisme ET d’islamophobie, puisque l’islamophobie EST un racisme, et ils donnent des définitions des deux. C’est le pouvoir et l’OCL qui ne veulent pas qu’on emploie le mot islamophobie, pour des raisons peut-être différentes, mais qui se rejoignent pour faire le jeu des islamophobes.
« On ne parle plus de lutte sociale, mais on se demande plutôt qui souffre le plus. »
Encore ce « on » ! Contrairement à ce que pense l’OCL, les anti-islamophobes PARLENT des luttes sociales, mais ça ne leur fait pas oublier le racisme qu’ils subissent EN PLUS de l’oppression sociale que subissent tous les exploités. Ils sont capables de comprendre que les 4 millions de personnes qui ont manifesté le 11 janvier et qu’on n’avait jamais vues avant dans aucune manifestation contre le racisme ou pour la liberté d’expression n’étaient pas descendues dans la rue pour les soutenir, mais au contraire pour se déculpabiliser à bon compte et faire passer pour de l’antiracisme un racisme caché dirigé contre une partie de la population.
Ce n’est pas ces gens-là que dénonce l’OCL, mais au contraire ceux qui ont le courage d’aller contre la majorité silencieuse.
« En se cachant derrière l’islamophobie, le racisme désigne tous les ex-colonisés comme musulmans, quelles que soient leurs croyances. C’est bien le propre du racisme que d’enfermer des populations dans des catégories qui ne sont pas les leurs. Mais en réponse, en refusant d’utiliser le terme de racisme pour désigner ce phénomène en le remplaçant par celui d’islamophobie (de la même façon d’ailleurs que le terme de capitalisme a disparu au profit de celui de libéralisme), on renforce cet enfermement, on dénonce à juste titre les discriminations dont l’islam est victime, mais on participe du même processus d’enfermement que notre adversaire. »
Là, l’OCL se fout carrément de notre gueule ! Le racisme ne se cache pas derrière l’islamophobie, c’est le pouvoir et la classe politique qui veulent qu’on n’emploie NI le mot raciste, NI le mot islamophobe, et l’OCL fait leur jeu en donnant des leçons aux anti-islamophobes au lieu de protester contre la manif du 11 janvier.
« En accréditant l’idée que c’est une religion qui est pourchassée, on contribue à nier la dimension sociale du phénomène, sa dimension de classe. »
Toujours le foutage de gueule ! QUI accrédite l’idée que c’est une religion qui est pourchassée ? Bien au contraire, les libertaires que l’OCL a soigneusement évité de lire expliquent très bien pourquoi il faut lutter sans concessions contre l’islamophobie et comment le pouvoir essaie d’amalgamer racisme et religion. C’est ça qu’il aurait fallu publier sur «Courant alternatif», tout y est expliqué bien plus clairement et sans recherche du politiquement correct :
https://quartierslibres.wordpress.com/2014/07/25/pas-dislamophobie-au-nom-des-idees-libertaires/
http://www.bboykonsian.com/Libertaires-et-sans-concessions-contre-l-islamophobie-_a2635.html
Et heureusement, il n’y a pas QUE les libertaires qui ont une analyse sérieuse de l’islamophobie sans tomber dans la facilité consensuelle :
féministes contre l’islamophobie
http://lmsi.net/Feministes-contre-l-islamophobie
Laïcité oui / Islamophobie non
http://philum.info/65521
à propos de l’islamophobie
http://lmsi.net/A-propos-de-l-islamophobie
Rassemblement contre l’islamophobie
http://www.ujfp.org/spip.php?article3780
Une juive et une musulmane contre l’islamophobie
http://www.ujfp.org/spip.php?article3703
L’islamophobie, axe fondamental de la contre-révolution coloniale
http://indigenes-republique.fr/lislamophobie-axe-fondamental-de-la-contre-revolution-coloniale/
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/11/GRESH/8182
Dans ce texte, l’OCL utilise pas moins de 9 fois le terme « de classe ». On voit qu’ils sont fortement influencés par Yves Coleman, un des plus ardents pourfendeurs avec Manuel Valls de l’utilisation du mot « islamophobie » comme racisme, pour ces derniers le seul racisme étant l’antisémitisme.
https://nantes.indymedia.org/articles/31382
https://nantes.indymedia.org/articles/31495
http://www.mondialisme.org/spip.php?article2311
Pourtant, cet usage immodéré du terme « de classe » par le gourou de « Ni patrie ni frontières » a été justement dénoncé :
De l’usage réactionnaire de la notion d’« antiracisme de classe » par Yves Coleman
« Antiracisme de classe » ou lutte de classes des racialisés ? identitaires ou identifiés ?
Décidément, Yves Coleman est bien pratique, avec ses gros sabots :
« Acquérir une vision claire des différentes formes de racisme et de leurs rôles. Et réfléchir à ce que pourrait être un antiracisme de classe »
Bien pratique pour des considérations dépassant sa personne et son militantisme spécialisé dans la dénonciation, non de l’Etat et du capital, mais des militants d’extrême-gauche.
Tout l’article est construit avec l’idée que le racisme est… une idée. Il s’agirait de s’en faire la bonne pour élaborer le bon «antiracisme», de préférence de gauche ou d’extrême gauche, en prenant en compte des « analyses de sociologues, historiens et spécialistes de sciences sociales, universitaires, économistes… ». Notons au passage que pour Yves Coleman, F. Fanon, Malcolm X, Stockely Carmichael, Huey Newton, Angela Davis sont des « identitaires », un qualificatif qui trouverait grâce à lui une valeur rétro-active pour tous ceux qui ont mené depuis des siècles leurs luttes contre leur esclavage, leur colonisation ou leur ségrégation institutionnelle en France… Le Noir sur-exploité qui se bat le fait parce qu’il est exploité, pas parce qu’il est noir, mais s’il est plus sur-exploitable, c’est parce qu’il est noir.
Il ne vient pas à l’idée d’Yves Coleman que les premiers concernés par le racisme sont les « victimes » du racisme, et qu’eux ne se définissent pas comme « antiracistes ». L’antiracisme vient d’une extériorité compassionnelle au problème de classe et de race. À l’inverse, c’est toujours partant de leur situation concrète, de leur situation sociale, économique ou de leur confrontation à la répression policière, que ces populations racialisées entrent en luttes, des luttes qui ne se caractérisent pas par des revendications «identitaires», mais plutôt à visée dés-identitaires. Au fond, ils ne demandent pas un soutien « antiraciste de classe » à leur luttes. Une telle posture finalement morale n’est bonne qu’à soulager la conscience militante blanche… ou assimilée […]
« Penser l’histoire et le présent des identités dans leurs rapport aux classes sociales et à leurs antagonismes »
Vouloir définir un « antiracisme de classe », c’est vouloir donner des leçons de classe aux racialisés. C’est oublier que le racisme réel est un rapport social, et comme tout rapport social dans le capitalisme, une rapport de classe en lui-même de par son intérêt pour le capital, non par une quelconque prise de conscience apportée par une posture militante qui ne mange pas de pain… noir. D’autant quand on passe son temps, comme Yves Coleman, à flinguer tous ceux qui justement sont pris dans la tourmente et les tourments d’être, non pas «identitaires», mais identifiés par leurs couleurs de peau.
http://patlotch.com/text/488b2cdb(Patlotch2013)-608.html
extrait de l entretien avec tarik kawtari, militant du mib, lisible sur ce meme site.
Cela répond aux diverses diatribes mélant « verbalisme radical »,insultes et insinuations diffamatoires lu ces derniers temps.
Ni victime, ni héros : responsable c’est tout ! »
Je ne m’inquiète pas sur le long terme. C’est une idée qui fera son chemin et qui existera sous une forme ou une autre. Peut-être qu’on est un peu idéaliste, mais il faut l’être un petit peu si on veut avancer. Si tu charges trop la barque en prétendant constituer un mouvement politique, beaucoup plient sous le poids. Mais si tu fédères des initiatives, avec des actions collectives qui s’enchaînent, tout cela paraîtra évident. Alors il vaut mieux ne pas en parler et le faire. Au départ c’était cela le projet du MIB.
On a tenté des alliances en tapant du poing sur la table pour essayer de formaliser un peu les choses. Vu les mouvements aujourd’hui, il n’y a pas eu beaucoup mieux. Les Indigènes de la République ? C’est un décalage entre les discours et la réalité. Il n’y a pas de confrontation au terrain. Les discours tenus dans un salon parisien ou à la télévision, ça peut séduire et faire illusion. Comme s’il n’y avait pas besoin de créer un rapport de force ! Tout cela n’est pas très politique. C’est comme une affirmation réitérée, un caprice qui aurait vingt-cinq ans de retard. La marche de 1983, elle a déjà permis cette affirmation : « On est ici chez nous ! ». Ça veut dire qu’on a le droit à un traitement égal. C’est cela l’essentiel, avec la question de la responsabilité. Ni victime, ni héros : responsable c’est tout ! Pas de victimisation, pas d’héroïsme. Tant qu’on n’arrivera pas à lier les deux aspects, la question de la responsabilité avec ce qui se passe dans nos quartiers, c’est encore le règne du laisser-aller qui l’emportera !
On a trouvé dans le site de l’OCL ce tract distribué à la manif contre le racisme et l’islamophobie de Paris
Ensemble contre le racisme
Dans le fumet nauséabond qui se dégageait déjà bien avant le 7 janvier, cette manifestation est bienvenue. Il est bienvenu de rappeler que nous sommes opposé-e-s à tous les racismes. Nous sommes opposé-e-s à ce racisme colonial, qui non content de pourchasser les immigré-e-s, se refuse toujours à considérer les jeunes des quartiers populaires comme français-es égaux-égales en droits à tou-te-s les autres citoyen-ne-s. Nous sommes opposé-e-s à cette vieille tradition nationale d’antisémitisme, tradition honteuse maintenant et qui ne se proclame plus ouvertement dans la bonne bourgeoisie, mais tradition sur laquelle surfe l’extrême-droite pour tenter de récupérer des supporters dans les quartiers populaires. Nous ne supportons pas cette chasse aux rroms qui semblent avoir l’aval tacite de tous. Nous ne croyons pas au « choc des civilisations ». Comment l’occident après la traite négrière, après les massacres coloniaux, après la destruction de l’Irak, après ses nombreuses interventions meurtrières à travers toute la planète peut-il prétendre lutter contre la barbarie ? Nous n’oublions pas comment les « manifs pour tous » ont redonné vigueur aux vieux relents homophobes, ni le sexisme éhonté de ceux et celles qui ont réussi à travers leur « journée de retrait de l’école » à enrayer les timides tentatives de l’éducation nationale pour promouvoir l’égalité hommes-femmes.
Bref, nous sommes opposé-e-s à tous les racismes. Et nous ne le sommes pas seulement pour des raisons morales. « Diviser pour mieux régner » a toujours été la doctrine constante de tous les pouvoirs. Nous sommes pour l’émancipation sociale. Et nous savons bien que le racisme a toujours été le meilleur moyen d’opposer les exploité-e-s entre eux et elles. C’est la tactique aussi vieille que le pouvoir du bouc émissaire. Le racisme agit aussi de façon plus subtile. Il se traduit par des conditions d’exploitation différentes, ce qui permet d’isoler les un-e-s des autres lors de la défense (légitime) d’avantages acquis qui ne sont pas généralisés à tou-te-s, les un-e-s étant stigmatisé-e-s comme privilégié-e-s, les autres désigné-e-s comme jaunes potentiel-le-s. Nous savons bien pourtant que le capitalisme s’est toujours appuyé sur l’existence de populations dominées pour aggraver l’exploitation de tous, noirs contre syndicalistes blancs aux Etats-Unis, hommes contre femmes la première moitié du 20ème siècle en France, français-es contre immigré-e-s et sans-papiers aujourd’hui et depuis toujours. Nous savons bien que ce n’est qu’en intégrant l’ensemble des situations de domination que nous pourrons gagner notre émancipation.
Et c’est là que nous sommes gêné-e-s par certaines évolutions de la lutte antiraciste. Le racisme divise la population, nous divise, en de multiples catégories. Ces catégories ne sont pas fondées sur ce que nous faisons, si nous vivons de l’exploitation des autres ou non, sur le rôle que nous jouons, si nous participons volontairement à la domination ou non, mais sur ce que nous sommes, nos origines raciales ou ethniques, nos orientations sexuelles, notre sexe, nos croyances… Il nous enferme dans des identités qu’il a fabriquées lui-même. Chacun de ces groupes subit des discriminations spécifiques qui sont mises en concurrence les unes avec les autres. Le combat antiraciste glisse alors d’un projet émancipateur, la libération de l’humanité de toutes les exploitations et de toutes les dominations, à une concurrence malsaine : qui souffre le plus ? Quel antiracisme spécifique est le plus légitime ? Nous nous égarons alors dans des listes de l’ensemble des discriminations en tâchant de n’en oublier aucune, et pourtant nous en oublierons toujours tant la liste est extensive. Certes, l’émancipation ne peut être l’oeuvre que des travailleurs eux-mêmes. Certes, la lutte contre le racisme passe par chacun des groupes qui en sont victimes, et qui lutte contre son oppression spécifique. Mais si nous reprenons systématiquement les catégories de nos ennemis, si nous nous égarons dans des discussions sans fin sur la question de savoir lequel parmi les racismes est le plus virulent, le plus urgent à combattre, notre lutte sera perdue d’avance. Le pouvoir pourra toujours trouver des catégories délaissées à surexploiter, des groupes discriminés à opposer contre les autres.
Tous les racismes sont solidaires. Derrière le racisme anti-arabe et anti-noir, l’antisémitisme et le sexisme ne sont jamais loin. Ne l’oublions pas, et restons solidaires contre tous les racismes.
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1657
« Et c’est là que nous sommes gêné-e-s par certaines évolutions de la lutte antiraciste. Le racisme divise la population, nous divise, en de multiples catégories. »
Merci pour la leçon ! Après l’énorme escroquerie du 11 janvier, prétexte pour 4 millions de manifestants qui n’avaient jamais lu Charlie, qui n’avaient jamais manifesté contre un racisme autre que l’antisémitisme ni pour la liberté d’expression, d’exprimer une islamophobie cachée, il était urgent pour les victimes de cette islamophobie, décuplée depuis ces événements, de pouvoir exprimer leur antiracisme et dénoncer les discriminations dont ils sont l’objet.
Au lieu de cela, des militants libertaires viennent leur dire qu’il ne faut pas prononcer le mot islamophobie et qu’il faut dissoudre leur révolte dans un antiracisme générique qui a peur de dénoncer le racisme d’Etat qu’ils subissent quotidiennement – et pas seulement dans des épisodes tragiques ! Pire, ils les mettent en compétition avec l’antisémitisme dans la liste des racismes (ce dont se délectent le pouvoir et les lobbies sionistes), tout en évitant soigneusement de parler du philosémitisme d’Etat, qui est pourtant la clé de l’attitude du pouvoir et des médias dans leurs manipulations. Ils n’ont pas dû lire « Du philosémitisme d’Etat », par Rudolf Bkouche ( http://la-feuille-de-chou.fr/archives/79865 ).
Ainsi, non seulement il nous faudrait obéir aux injonctions de l’Etat et des médias qui voudraient nous obliger à inclure prioritairement l’antisémitisme dès qu’on dénonce le racisme, mais en plus éviter le mot islamophobie, comme si c’était un mot honteux et que le prononcer nous rendait suspects d’être antisémites ou de défendre la religion.
« Le combat antiraciste glisse alors d’un projet émancipateur […] à une concurrence malsaine : qui souffre le plus ? »
« Mais si nous reprenons systématiquement les catégories de nos ennemis, si nous nous égarons dans des discussions sans fin sur la question de savoir lequel parmi les racismes est le plus virulent, le plus urgent à combattre, notre lutte sera perdue d’avance. »
Arrêtez de nous donner des leçons, nous ne sommes pas des débiles qui ont besoin qu’on leur explique tout, tous ces arguments on les connaît et on y a répondu des centaines de fois, même si vous faites semblant de ne pas les avoir lus. C’est particulièrement méprisant pour les idées libertaires de poursuivre un monologue sans tenir compte des autres, de ne jamais débattre mais au contraire de donner une position figée élaborée en interne et qui ne doit jamais être remise en cause. Surtout pour sortir des énormités comme :
« Tous les racismes sont solidaires. Derrière le racisme anti-arabe et anti-noir, l’antisémitisme et le sexisme ne sont jamais loin. »
C’est un pur effet de style qui ne veut rien dire. Pourquoi rétorquer sexisme et antisémitisme à des gens qui manifestent contre l’islamophobie ? Qu’est-ce que ça vient faire là ? En plus, c’est totalement faux : tous les racismes ne sont pas solidaires. On ne va pas accuser Caroline Fourest d’être sexiste, ni Finkielkraut d’être antisémite, et ce sont pourtant de bons exemples d’islamophobie, même s’ils récusent le mot.
On n’oblige personne à venir manifester avec nous pour ce qui nous semble important, mais au moins qu’on ne vienne pas nous expliquer ce qu’on doit penser.
Petite question aux moralistes : Les musulman-e-s qui ont manifesté le 11 janvier 2015 sont illes des musulman-e-s islamophobes conscient-e-s ou inconscient-e-s ?
Dans son article « A propos du racisme et de l’antiracisme » de ce numéro de « Courant alternatif », l’OCL enfonce encore le clou :
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1691
« Le problème avec l’utilisation de cette notion « d’islamophobie », censée se comprendre à la fois comme une aversion et une peur face à la religion musulmane, c’est qu’elle assigne de facto une intention religieuse à des populations entières pour signifier le racisme et la xénophobie. »
Le problème avec l’OCL, c’est qu’ils « assignent de facto une intention religieuse » à toute critique de l’islamophobie. Et par là ils exonèrent des racistes comme Fourest ou Charlie Hebdo de tout racisme dans la mesure où ces derniers se cachent derrière le droit au blasphème et peuvent stigmatiser des populations entières en les enfermant dans leur religion. L’OCL va-t-elle nous soutenir que les caricatures de Charlie n’étaient pas racistes ? Et que les propos de ce pamphlet ne sont pas racistes ?
http://www.autrefutur.net/Protestation-devant-les
« ils sont quelques-uns depuis un certain temps à gauche, par calcul et/ou opportunisme, qui ne rechignent pas à signer aux côtés de membres de la droite religieuse, de groupe aux logiques ethnodifférentialistes. »
Là encore, pourquoi ne pas faire preuve d’un peu de courage et au lieu d’accusations vagues dire clairement de quoi il s’agit : d’un rassemblement contre l’islamophobie regroupant diverses organisations antiracistes mais dont une n’a pas plu aux gardiens de la morale laïque. D’où la réaction disproportionnée dans le contexte islamophobe actuel :
http://confusionnisme.info/2015/02/27/pourquoi-je-nirai-pas-au-rassemblement-contre-lislamophobie-aux-cotes-de-luoif/
Ce qui a permis à Ornella Guyet, virée d’Acrimed et de CQFD, et après la disparition d’Indymedia Paris, de poursuivre sa carrière d’épuratrice du milieu alter dans son nouveau site « anticonfusionniste ». Naturellement repris par la FA :
http://www.monde-libertaire.fr/antifascisme/17636-pourquoi-je-nirai-pas-au-rassemblement-contre-lislamophobie-aux-cotes-de-luoif
Ces gens ont le prétexte facile pour ne pas participer aux manifestations antiracistes. On se rappellera dans la même logique l’article honteux du Monde libertaire à propos des manifestations contre les massacres de Gaza et la réponse d’Alternative libertaire :
A Gaza sans dieux ni Etat
https://nantes.indymedia.org/articles/15912
voir aussi : https://lille.indymedia.org/spip.php?article14685
Bientôt, les puristes libertaires n’iront dans les manifestations antiracistes et antifascistes que s’ils sont sûrs de ne trouver que des gens qui pensent exactement comme eux. Ça ne fera pas beaucoup de monde. En attendant, les antiracistes, eux, se sont mobilisés, et les absents ne nous ont pas beaucoup manqué. Voir la liste des signataires :
http://www.ujfp.org/spip.php?article3907
« […] Nous ne savons pas s’il y aura un « avant » et un « après » ce 7 janvier, mais il est vital que s’ouvre un débat sur l’avenir commun que nous voulons.
Celui-ci a commencé, mais il s’engage dans une voie dangereuse, celle d’accuser les critiques de Charlie Hebdo d’être, plus ou moins directement, responsables des morts du 7 janvier. Ecoutons Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’Etat sous la présidence de Nicolas Sarkozy : « A force de les pointer du doigt, de dire qu’à Charlie Hebdo ils sont des islamophobes, qu’ils détestent l’islam (…). Je pense aux Y’a bon awards et aux Indigènes de la République, bien sûr qu’ils sont coupables. Je le dis et j’assume mes propos. »
Ce type d’argument est régulièrement développé par l’essayiste Caroline Fourest. Il a été repris dans une tribune du Monde (9 janvier) par Christophe Ramaux, qui insiste sur la responsabilité des organisateurs et des participants – du Parti des indigènes de la République à Politis, en passant par Edwy Plenel et Attac – à un colloque, le 13 décembre 2014, contre l’islamophobie (auquel Ramaux n’a visiblement pas assisté).
Ces attaques cherchent à nous enfermer tous dans des choix binaires (pour Charlie Hebdo ou pour les terroristes), à criminaliser ceux qui se mobilisent contre l’islamophobie, ceux qui ont critiqué l’hebdomadaire satirique, en les traitant de complices des assassins. Elles reviennent à refuser le droit à la critique, ce qui est pour le moins paradoxal venant de ceux qui s’érigent en défenseurs de la liberté d’expression, sans limites ni frontières. Ainsi nous serions responsables des morts de ce mois de janvier ? Que faut-il dire alors des intellectuels et des journaux qui ont soutenu l’intervention américaine de 2003 en Irak, qui a provoqué des dizaines de milliers de morts ?
Au-delà de ces polémiques s’ouvrent deux types de questions qui méritent une discussion approfondie. D’abord, existe-t-il un rapport entre la politique que mènent les pays occidentaux et la montée de groupes extrémistes et fanatiques ? Ensuite, quelle est la réalité de l’islamophobie en France et pourquoi faut-il la combattre ? […]
Plus que jamais, il faut combattre l’islamophobie
http://www.ujfp.org/spip.php?article3773
Les lumières du voile laïc intégral
Laïcité, religions, blasphème, et communisme
La laïcité est un compromis avec la religion opium du peuple, elle vaut promotion républicaine de la paix sociale entre classes. Ni la laïcité ni l’athéisme militant ne combattent dans la religion ce en quoi elle empêche la lutte de classes, comme anti-douleur aliénant. La laïcité est une religion d’Etat, lieu sacré de l’économie politique, religion du capital. La lutte communiste dépasse le principe de laïcité, parce que sous la religion, elle s’intéresse aux individus prolétaires, à l’exploitation plus qu’à aliénation, aux conditions sociales plus qu’aux idées. C’est pourquoi la caricature du prophète n’est pas une vraie critique de l’Islam, elle est un manque de respect aux personnes de culture musulmane, croyantes ou non, et au-delà. En ceci la caricature du prophète, en mettant un voile mis sur l’essence sociale de la religion, enraye le combat communiste. Le communisme n’est pas une idée, mais un combat, auquel croire en dieu n’interdit pas de participer. Les communistes athées intégristes sont à contre-courant des combats concrets requérant l’unité des prolétaires par-delà leurs croyances et origines. Il suffit de vérifier l’intérêt que portent les pourfendeurs d’un supposé « islamo-marxisme » aux questions sociales, critère ultime pour ‘déconstruire’ les discours d’où qu’ils viennent.
Pour en finir avec l’islamalgame
Ces nouveaux croisés de l’athéisme laïcard font mine de croire que les marxistes se seraient ramollis, face aux religions. Que nenni. Cette tricherie tire d’un Marx lu à l’envers une religio-phobie, à priorité anti-«musulmans», c’est-à-dire alimentant la chasse aux mauvais arabes d’en-bas, dans une paranoïa prétendant combattre l’antisémitisme. Le cercle vicieux s’alimente en boucle dans la sphère médiatico-militante, faisant écran à la question sociale, parfois de part et d’autre, jusqu’à considérer comme raciste et antisémite le Parti des Indigènes mis dans le même sac que Dieudonné.
Cette radicalité anti-religieuse ne prend pas les choses à la racine, les rapports sociaux, qui est le sens du texte de Marx «la religion opium du peuple». Le concept d’islamo-gauchisme sert ainsi de paravent aux questions sociales et à la lutte des classes dans ses déterminations racialisées. Ils en rajoutent à l’idéologie, aux politiques et aux mesures liberticides du capital telles qu’elles produisent concrètement la segmentation racialisée du prolétariat.
Comment Marx est revu pour fonder l’islamophobie, Quentin Vanbaelen, Interview de Pierre Tevanian («La haine de la religion») suivie d’une discussion. On y trouve démontée l’argumentation du «marxiste» Germinal Pinalie, dont Yves Coleman recommande le blog. En mai 2013, dans un texte vidé de toute critique sociale, le soldat Coleman lumineux écrit : « Pierre Tevanian se trompe totalement de cible en attaquant et calomniant l’athéisme et les Lumières ». La boucle est bouclée : Coleman Charlie avant Charlie. Je les invite à une discussion-débat dans un «quartier sensible», je veux bien m’occuper de la sono mais pas du service d’ordre.
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http://patlotch.com/text/488b2cdb(Patlotch2013)-663.html
Nous, militantes, membres du conseil d’administration et l’intégralité du groupe d’organisation de l’association Osez le féminisme 69 ! démissionnons collectivement de nos fonctions. Cette démission sera effective à compter du 18 juin, date à laquelle se tiendra notre Assemblée Générale Extraordinaire.
D’une part, cette décision résulte de désaccords fondamentaux concernant le fonctionnement de l’association Osez le féminisme ! et ce particulièrement dans ses relations avec les antennes locales. D’autre part, nous ne pouvons plus militer au sein d’une association qui refuse de se positionner sur certains sujets, laissant ainsi l’islamophobie gangréner la société alors que les femmes en sont les premières victimes.
Tout d’abord, le fonctionnement pyramidal, parisianiste et centralisé, reflet d’une société inégalitaire et d’un ordre établi, n’est plus supportable. Preuve en est, l’impossibilité de mener des débats sur des sujets cruciaux malgré des demandes répétées de la part des antennes locales d’ouvrir une réflexion sur ces thématiques.
De plus, dans un contexte de montée de l’islamophobie et du racisme, rester silencieuses sur des lois qui discriminent et stigmatisent une population, toujours la même, c’est laisser la possibilité au racisme de s’exprimer en récupérant insidieusement les arguments féministes.
Or, en tant que militantes, nous souhaitons nous inscrire dans un féminisme qui croise toutes les oppressions et qui donc en déconstruit toutes les facettes.
Enfin, nous nous désolidarisons des interventions médiatiques récentes, tant sur la forme que sur la teneur des propos, que nous considérons comme injurieux et excluants. Nous ne souhaitons pas être complices de paroles honteuses et irrespectueuses envers les femmes voilées, d’autant que nous n’avons pas été consultées au préalable de ces interventions et que l’antenne locale en subit les conséquences (difficulté de créer des partenariats, absence de crédibilité, de pertinence sur le terrain).
Nous souhaitons nous solidariser avec TOUTES les femmes et ne plus être complices de la reproduction des oppressions raciales, sexistes et classistes que le fonctionnement d’Osez le féminisme perpétue. Pour nous, le féminisme se doit d’être inclusif, c’est pourquoi nous appelons à la création d’un espace d’échanges et de partage dont les contours restent à définir.
Par ailleurs, nous tenons à vous informer que nous ne sommes plus administratrices de la page facebook d’OLF69, depuis le 27/05/2015 à 14H20 l’accès à la page nous a été retiré, sans préavis et avant même notre démission. De plus, nous avons été rejetées de la liste du CA National.
https://osezlefeminisme69.wordpress.com/2015/05/27/communique-de-presse-demission-des-membres-du-conseil-dadministration-et-du-comite-dorganisation-dosez-le-feminisme-69/
« A fortiori lorsqu’en guise de réponse au racisme d’Etat, certain-es s’associent à des discours pour le moins équivoques comme la requalification en vogue dans certains milieux du racisme anti-maghrébin et anti-arabe en « islamophobie ». »
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1667
Ou :
« La situation est grave. En se cachant derrière l’islamophobie, le racisme désigne tous les ex-colonisés comme musulmans, quelles que soient leurs croyances. »
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article1691
Ça fait des années que des libertaires, mais pas seulement, dénoncent l’islamophobie, et ce n’est pas parce que l’OCL a pris le contre-pied de cette position que nous sommes plus équivoques qu’elle, bien au contraire, je trouve qu’il est très équivoque de critiquer systématiquement les antiracistes et leur dire ce qu’ils doivent faire.
Il était prévu depuis longtemps de manifester contre l’islamophobie, qui devenait chaque jour plus insupportable en Europe, mais les attentats de janvier ont fait que, par un renversement de la situation, non seulement elle s’est encore aggravée, mais en plus des moralisateurs viennent nous expliquer que pour ne pas passer pour des islamistes ou des antisémites il faut absolument modifier nos mots d’ordre et nos slogans pour y inclure l’antisémitisme ! Que le pouvoir, les médias et les lobbies sionistes fassent ça, rien d’étonnant, c’est leur rôle, mais l’OCL… !
On sait très bien qui fait les statistiques sur la montée « exponentielle » de l’antisémitisme, et ça ne nous impressionne pas. Lire plutôt l’article d’Uri Avnery :
Anti quoi ?
http://www.france-palestine.org/Anti-quoi
Il se trouve que quand nous allons manifester contre l’islamophobie nous savons parfaitement ce que nous faisons, contrairement à ce qu’insinue l’OCL. Ça ne veut pas dire que nous faisons une hiérarchie entre les racismes, mais que l’actualité est celle-là. C’est à la manif du 11 janvier qu’il aurait fallu aller donner des leçons d’antiracisme, mais il est plus difficile d’affronter l’union nationale…
Ne pas oublier : « Le fait que l’islamophobie joue aujourd’hui le rôle qu’a longtemps joué l’antisémitisme comme ciment de toutes les idéologies d’exclusion est une évidence. »
– L’islamophobie est un racisme, au même titre que l’antisémitisme ou le sionisme, et nous savons très bien faire la différence entre blasphème et racisme, on ne nous aura pas avec ce genre d’hypocrisie.
– Nous ne sommes ni islamistes, ni musulmans, ni même croyants, mais nous n’imposons pas nos idées libertaires par la force, à la manière des colons imbus de leur supériorité occidentale. Nous lutterons toujours contre l’obscurantisme, religieux ou laïque, mais nous ne méprisons pas ceux qui n’ont pas eu la chance comme nous d’avoir accès à un milieu permissif.
– Nous sommes partie prenante de tous les combats contre la discrimination et l’asservissement des femmes, musulmanes et non musulmanes, mais nous ne prendrons pas prétexte de leur situation pour leur imposer notre mode de vie et nos coutumes, vestimentaires et autres, pour nous croire supérieurs et nous autoriser des attitudes sexistes et paternalistes ; et dans tous les cas nous refuserons toutes les lois discriminatoires. Ces bonnes âmes qui rêvent de déshabiller les femmes musulmanes nous rappellent trop les résistants de la dernière heure qui tondaient par patriotisme les femmes coupables de « collaboration horizontale » avec l’ennemi.
– Nous dénoncerons tous les crimes, et pas seulement ceux qui nous arrangent. Nous refuserons toute hiérarchisation des victimes, la mort atroce d’enfants dans des attentats terroristes n’est pas pire que la mort de milliers d’enfants sous les balles ou les bombes des Etats.
– Nous continuerons notre lutte contre le racisme, le fascisme, l’impérialisme, le colonialisme, le sionisme, sans attendre que les populations qui demandent notre aide aient adhéré à nos convictions politiques ; notre solidarité contre les nettoyages ethniques et les crimes contre l’humanité ne sera pas conditionnée à une caution idéologique des victimes. Il est aussi indécent de demander aux Palestiniens de se justifier par rapport à la religion et au nationalisme avant de leur apporter notre aide qui si on avait demandé la même chose aux juifs pendant la période nazie.
– Nous refusons la liberté d’expression à deux vitesses, les tabous, le droit au blasphème pour certains et pas pour les autres. Nous ne nous laisserons pas insulter ni accuser de faire le jeu des antisémites et des terroristes parce que nous ne rentrons pas dans l’union nationale.
– Nous ne laisserons pas des gens qui ne viennent jamais manifester avec nous nous dire comment nous devons le faire et relayer les mensonges des médias du pouvoir qui nous accusent d’antisémitisme, comme cela s’est vu pour les manifs de solidarité avec Gaza.
– Nous ne sommes pas Charlie, nous sommes nous-mêmes. Nous avons été aux côtés de Charlie Hebdo dans les années 70, quand nous avions les mêmes ennemis et que nous partagions les mêmes valeurs, mais ça s’est arrêté quand ils sont passés dans l’autre camp. Ça fait plus de quinze ans que nous dénonçons la dérive de Charlie, son racisme, son sionisme, son ralliement aux valeurs de la République et à l’économie de marché, son atlantisme et son anticommunisme primaire, son soutien des guerres impérialistes, son sexisme et sa fausse impertinence, ses provocations islamophobes pour faire augmenter les ventes. Que des libertaires en aient fait le symbole de la « liberté d’expression » tout comme le pouvoir démontre l’abîme qui nous sépare… Nous ne sommes pas des girouettes, et aucun attentat ne peut nous faire changer de camp, surtout pour accéder à une respectabilité et une reconnaissance dont nous ne voulons pas…
https://nantes.indymedia.org/articles/31214
En défense d’Emmanuel Todd
Ainsi donc, M. Huertas, je serais coupable. Coupable d’être « resté les bras croisés », « calfeutré chez moi » le 11 janvier 2015. Ainsi donc, le démographe et historien Emmanuel Todd, serait, à vos yeux, également coupable. Coupable de « participer à la justification des attentats de janvier ». Coupable de « prêter main forte à un courant qui relativise à voix de plus en plus décomplexée les assassinats de janvier ». Il est triste de culpabiliser et de stigmatiser des gens qui pensent, qui réfléchissent, qui tentent de poser un regard critique aussi bien sur les assassinats de janvier que sur les manifestations populaires qui ont suivi. Et de les faire passer honteusement pour ce qu’ils ne sont évidemment pas.
Si je parle de stigmatisation, c’est que l’atmosphère depuis les événements de janvier est devenue irrespirable en France. Voici un pays qui, suite à un attentat inqualifiable, a sombré dans l’hystérie. Voici un pays qui classe désormais ses citoyens en 2 catégories : ceux qui sont Charlie et ceux qui ne le sont pas. Voici un pays où une journaliste du service public nous somme à une heure de grande écoute de traquer « ceux qui ne sont pas Charlie ». Voici un pays qui n’hésite pas à traîner des enfants de 8 ans dans des commissariats ou à poursuivre en justice un prof de philo parce qu’il tente de faire réfléchir ses élèves par eux-mêmes (ce qui est, jusqu’à preuve du contraire, le métier d’un prof de philo). Voici donc un pays qui sombre dans des pratiques dignes d’un pays totalitaire, pratiques cautionnées par les représentants de l’Etat et par la ministre de l’Education Nationale en particulier. Et voici désormais un pays qui, en réponse à ces attentats, s’apprête à adopter quatre mois plus tard, l’une des lois les plus liberticides de toute l’histoire de la Vème République. […]
http://blogs.mediapart.fr/blog/swank/020515/en-defense-demmanuel-todd
Voir aussi :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1367327-qui-est-charlie-5-raisons-de-defendre-emmanuel-todd.html
http://www.lesinrocks.com/inrocks.tv/emmanuel-todd-et-alain-badiou-debattent-de-lapres-charlie/
Contre l’islamophobie, contre le racisme
1757IslamophobieL’islamophobie est l’hostilité systématique à l’égard des musulmans. Ce n’est pas la « saine critique des religions ». Le terme existe depuis au moins 1910, mais il a surtout connu du succès ces dernières années. Aujourd’hui, le sens général et honnête qui lui est donné est : « haine ou attitude systématique à l’égard des personnes supposément ou réellement musulmanes ». C’est à peu près la définition donnée par Le Petit Robert, le Conseil de l’Europe et le Collectif contre l’islamophobie en France.
Le terme est aussi dévoyé par différentes personnes. D’une part par fascistes et racistes, qui se cachent derrière une prétendue critique de la religion pour en réalité attaquer les musulmans. D’autre part par des musulmans pour empêcher tout critique de leur religion.
L’islamophobie existe et est un racisme différent du racisme anti-Arabe. Rappelons, à toutes fins utiles, que tous les Arabes ne sont pas musulmans – et vice versa – et que les deux premiers pays en nombre de musulmans (l’Indonésie et le Pakistan) ne sont pas des pays arabes. Donc, il existe un racisme spécifique contre les musulmans qui ne vise pas les Arabes et inversement. En effet, il n’y a qu’à voir les déclarations de dirigeants du Front national, par exemple, qui n’ont rien contre les Arabes (du moins c’est ce qu’ils disent), mais qui trouvent que les « prières de rue musulmanes sont une occupation » ou des organisations comme Riposte laïque (qui, malgré son nom, n’est pas laïque, mais ouvertement islamophobe) qui détestent les Blancs convertis à l’islam et adorent les Arabes non musulmans. Ou encore quand tout un tas de groupuscules néofascistes et néonazis organisent des manifestations pour les chrétiens d’Orient, qui ne sont pas blancs pour un sou. À l’inverse, nombre de racistes détestent les Arabes, peu importe leur religion.
Il y a plusieurs raisons qui font que nous devons employer le terme « islamophobie » pour parler du racisme spécifique que subissent les musulmans. Et ce, même si, de prime aborde, il peut ne pas sembler très bon. La première est que c’est le terme qui s’est imposé parmi les musulmans eux-mêmes pour parler du racisme spécifique qu’ils subissent. Et, si nous sommes du côté des opprimés, alors nous devons employer leur vocabulaire. Par exemple, le terme « antisémitisme » n’est pas juste au sens strict non plus (vu que tous les sémites ne sont pas juifs et que tous les juifs ne sont pas sémites), mais c’est le terme qui s’est imposé et qui est utilisé par l’immense majorité des juifs pour parler du racisme spécifique qu’ils subissent. En outre, ce n’est pas parce que ce terme est galvaudé et manipulé qu’il ne faut plus l’employer. Pour revenir sur l’exemple des juifs, nombre de défenseurs de l’État d’Israël assimilent toute critique de sa politique à de l’antisémitisme, pour autant nous ne devons pas cesser d’employer le terme antisémitisme et combattre les amalgames.
Ensuite, cette « phobie » existe vraiment, quand on se balade sur le site de Riposte laïque, on voit bien qu’on a affaire à quelque chose qui relève plus de la pathologie, de la peur irrationnelle que de l’opinion politique.
Enfin, il faut faire attention à notre façon de traiter la religion musulmane. Il serait stupide, ou malhonnête, de ne pas voir que l’islam n’a pas la même place dans la société française que le christianisme, par exemple. Et qu’une critique envers une religion n’a pas le même sens ni les mêmes effets quand elle émane d’un (ex ou non) membre de cette religion (ou assimilé comme tel) que de quelqu’un ouvertement extérieur.
Ce serait une grande victoire des islamophobes que de voir que nous sommes tombés dans leur piège. En effet, depuis quelque temps, les islamophobes de différentes chapelles tentent de dissimuler le fait qu’ils ne sont ni plus ni moins que des racistes et font passer leur haine pour des idées progressistes, comme le féminisme ou la laïcité. Ce serait leur faire trop plaisir que de tomber dans leur piège grossier. Nous savons que les Le Pen, identitaires et compagnies n’ont rien à foutre des droits des femmes et que leur laïcité est très chrétienne. Nous sommes anarchistes et révolutionnaires, nous serons toujours du côté des opprimés. Pour paraphraser Malatesta, nous, anarchistes, ne voulons pas émanciper les opprimés, nous voulons que les opprimés se libèrent eux-mêmes.
Bali
Groupe Regard noir de la FA
http://www.monde-libertaire.fr/antifascisme/17421-contre-lislamophobie-contre-le-racisme