Caen : capitalisme, citoyen relais et potager occupé
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : CollaborationCollectifEcologieJardin
Lieux : Caen
salut,
Nous, un jardinier et une jardinière, enthousiastes pour aller arroser le jardin par ces temps de canicule, chargeons nos arrosoirs et autres bidons pour assouvir la soif de nos petits plants mis en terre la veille. Nous arrivons donc gaiement à l’entrée de notre jardin réapproprié quand nous croisons une dame d’âge mûr sortir rapidement.
Ma camarade jardinière l’interpelle gentiment pour lui demander ce qu’elle était venue faire sur nos terres. La dame, le regard fuyant, lui répond qu’elle « surveille ». Surveille quoi? réponse : » le jardin, voir s’il n’y a pas de bordel, que c’est privé, qu’on a rien à faire ici et qu’elle surveille ». Ma camarade lui rétorque qu’elle ne comprend pas sa démarche et qu’elle peut peut-être s’expliquer un peu. La dame lui répond que c’est privé , qu’on à rien à faire ici et que de toute façon elle appellera du monde si c’est nécessaire…
Je lui répond qu’on a peut-être rien à faire ici si c’est privé et qu’elle non plus dans ce cas n’a rien à faire ici.
L’échange verbal a été très bref et la dame est partie d’un pas allègre, téléphone portable en main, tout en continuant de grogner contre nous et en s’éloignant. Je n’ai pu m’empêcher de lui héler qu’on se croyait revenu en 1942. Elle m’a répondu qu’elle n’était pas née à cette époque.
Très inquièt,e,s, ma camarade et moi pénétrons sur notre jardin et ahuri,e,s constatons les dégâts :
Tous les plants arrachés et enlevés (rien dans les haies), la paille qui avait été mise sur la terre dispersée. Même nos petits radis, qui poussaient tranquillement, ont été arrachés.
Il reste juste le plan de fraisiers paillé au fond du jardin. Les 2 bottes de pailles ficelées sont toujours là contre le mur. Les patates aussi qui sortent timidement ont survécu au génocide.
Bref une razzia destructrice.
Ma camarade et moi sommes resté,e s abasourdi,e,s face à cet affreux spectacle.
Entre tristesse et rage, et voyant 2 autres dames et un monsieur discutant visiblement de notre jardin sur le trottoir d’en face nous les saluons pour engager la conversation. D’autres « voisins vigilants »?
Eh bien non! Bonne surprise, une des 2 dames se dirige immédiatement vers nous en nous disant que c’est une honte ce qu’ils ont fait, que nous ne faisons pas de mal en occupant le terrain pour jardiner et qu’on a bien raison de l’occuper pour jardiner.
Ouf!, une potentielle amie dans le quartier. N’ayant plus besoin d’arroser et se dégageant ainsi du temps, nous engageons la conversation avec cette brave dame. Et elle en sait des choses sur nos ennemis :
« Ils sont venus ce lundi 11 mai au matin vers 10H30/11H pour arracher tout ce que nous avions planté.
Ils, ce sont CALVADOS HABITAT, avec la POLICE MUNICIPALE et MONSIEUR LEMOIGNE, le fameux président de l’association du quartier de Saint Jean Eudes. Tous, main dans la main (ou dans la terre) y sont allés gaiement pour détruire des heures de labeur.
Et LEMOIGNE, elle peut nous en parler cette brave dame, un vrai « connard » celui là. Il se prend pour le chef celui là dans le quartier.
Et « méfiez-vous en de celui là, il est cul et chemise avec calvados habitat et la police municipale. » « C’est certain, c’est lui qui appelle calvados habitat et les flics pour vous embêter ».
Nous avons ensuite invité, notre nouvelle alliée, pour venir constater les dégâts. Comme nous , elle était outrée, nous lui avons montré les quelques radis restés orphelins car leurs grands frères avaient été déportés.
Elle nous a ensuite expliqué la politique de délogement de Calvados habitat pour vider les maisonnettes, un jeune couple avec enfant a été obligé de quitter les lieux, car la maman qui louait la maison est décédée (c’est elle qui louait la maison).
Elle nous a dit aussi que les méchants avaient peur que nous occupions la ou les maisons.
Et « c’est honteux de laisser des logements vides pendant que des gens dorment dehors ».
Après quelques minutes de conversation, nous avons compris que les relations sont tendues entre voisin,e,s et que le quartier est loin de l’harmonie sociale.
Bien remonté,e,s, nous sommes reparti,e,s déposer nos arrosoirs et décidons de vous alerter via ce mail pensant qu’une AG EXTRAORDINAIRE dès 15H au jardin au 7 rue de la prévoyance est nécessaire pour discuter de la situation et préparer la contre attaque!!
NOUS NE DEVONS PAS LES LAISSER FAIRE ET IL EST TEMPS DE MONTRER LES DENTS!!
POUR LE DROIT à LA TERRE ARABLE en VILLE et SURTOUT CONTRE LA SPÉCULATION IMMOBILIÈRE et le BÉTONNAGE ORCHESTRÉ par CALVADOS HABITAT ET CONSORTS !!
ENFIN CONTRE LA FASCISATION DES ESPRITS ET LA COLLABORATION QUI EST BIEN ANCRÉE DANS CERTAINES TÊTES!!
TIERRA Y LIBERTAD!! NO PASARAN!!!
Un jardinier enragé.
PS : faites tourner l’info car la solidarité est notre arme.
« sont bien contents que Calvados habitat est une nouvelle épine dans le pied »
s’écrit « sont bien contents que Calvados habitat *ait* une nouvelle épine dans le pied »
Ce n’est pas bien grave mais ça rend la phrase moins compréhensible.
Bise