Je découvre la chose, et ne suis pas sûr d’avoir tout compris, mais ce qui est clair, c’est qu’aux termes de cette nouvelle loi dont l’intention est de compléter l’article 113 de la Loppsi que nous avons dénoncé, il ne s’agirait plus seulement de volontariat, mais que le premier ministre pourrait, par décret, mobiliser autant de citoyens que nécessaire.

Ceux-ci quitteraient leurs entreprises pour une période de trente jours éventuellement extensible par un nouveau décret, tout en conservant leur emploi, bien sûr.

Le projet de loi prévoit y compris que les réservistes ainsi mobilisés conservent leurs salaires…

Les entreprises contribueraient ainsi à l’effort patriotique – et la mobilisation ainsi opérée ne coûterait rien au budget de l’État.

Était prévu un dispositif comparable au mécénat, permettant aux entreprises de défiscaliser les salaires ainsi versés. Mais une “nouvelle taxe” serait à élaborer dans la loi des finances pour que le budget de l’État ne souffre pas de ce manque à gagner fiscal…

Les sénateurs ont annulés ces dernières dispositions, considérons qu’elles sont trop complexes, et prenant en compte le fait que le Medef objecte. Ils ont renvoyé l’examen de ces questions à la discussion sur la loi des finances et proposent de ne voter pour le moment que le premier volet de la loi qui autorise la mobilisation par décret.

À noter que cette proposition de loi est déposée conjointement par un sénateur socialiste et une sénatrice UMP, et que les discussions ne semblent avoir suscité aucune d’opposition sérieuse pour le moment.

Il est toujours possible que l’Assemblée reprenne le texte dans sa version d’origine, avec ses dispositions financières, mais on peut spéculer qu’au contraire le Parlement choisisse la version “prudente” proposée par le Sénat qui verrait cette disposition adoptée en deux temps, renvoyant à la loi des finances de rendre possible que ce dispositif soit gratuit pour le budget de l’État, et se mette en œuvre par la mobilisation “patriotique” des entreprises. On comprend que le Medef discute les modalités de ce qui serait en fait un nouvel impôt à charge des entreprises, et qu’il veuille négocier éventuellement des compensations. Il est peu vraisemblable par contre que le patronat s’oppose réellement à ce qui semble bien une intention très sérieuse, destinée à faire face à toute éventualité – y compris à des troubles politiques “majeurs”.

Mon avis est que la coordination antiloppsi devrait absolument se remobiliser pour dénoncer l’ambition de l’État de se doter de moyens extraordinaires, particulièrement sophistiqués, qui parachèvent le projet d’État milicien que nous avons déjà dénoncé, et qui sont rigoureusement contraires à tout contrat démocratique.

Est-il nécessaire de souligner ici combien ces mesures sont signifiantes à l’heure où l’on voit nombre d’États recourir à des systèmes miliciens pour réprimer la volonté populaire ?

Michel Sitbon

Collectif contre la xénophobie

http://www.senat.fr/leg/ppl10-194.html

http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/utilisati…e.asp

« Art. L. 2171-1. – En cas de survenance, sur tout ou partie du territoire national, d’une crise majeure dont l’ampleur met en péril la continuité des services de l’État, la sécurité de la population ou la capacité de survie de la Nation, le Premier ministre peut recourir au dispositif de réserve de sécurité nationale par décret.

« Des entreprises employant des réservistes », l’extension aux réservistes des dispositions relatives au mécénat, afin de permettre que les entreprises, qui maintiennent les salaires des réservistes pendant leur activité au titre de la réserve, puissent déclarer ces sommes au titre du mécénat.