L’apartheid dans toute son horreur
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Par Amira Hass
Les interdictions de déplacement et les barrages ont réduit l’espace physique dont disposent les Palestiniens, divisé la Cisjordanie en enclaves cernées d’une continuité de colonies et augmenté les distances entre une zone et une autre, entre le village et la ville.
Les fermetures de routes garantissent que le trafic palestinien est maintenu à distance des axes principaux, empruntés surtout par des colons et d’autres Israéliens, et qu’il s’effectue essentiellement par d’étroites routes entre villages. Plusieurs routes principales et des routes conduisant à des colonies sont interdites au déplacement des Palestiniens (l’armée les appellent « stériles »). L’accès à beaucoup d’autres routes – utilisées par des colons et d’autres Israéliens – est barré sans qu’il soit explicitement interdit aux Palestiniens de s’y déplacer. Le trafic palestinien est canalisé pour être contrôlé, filtré, retardé dans plusieurs « goulots », checkpoints géants entre une zone et une autre.
Cette attaque en règle contre la liberté de mouvement a débuté en janvier 1991, quand a été abrogé le « permis général de sortie » que l’armée accordait aux Palestiniens, au début des années 70, et qui leur permettait de se déplacer librement entre Gaza et la Cisjordanie, et à l’intérieur d’Israël. A partir de janvier 1991, le déplacement de Gaza vers la Cisjordanie et inversement, ainsi qu’en Israël, n’a plus été autorisé qu’au moyen d’autorisations individuelles.
Avant cette abrogation, les Palestiniens jouissaient de leur droit à la liberté de mouvement dans les territoires occupés et en Israël, à l’exception de quelques catégories auxquelles une autorisation spéciale était imposée – personnes empêchées pour raisons sécuritaires et policières. La situation s’est retournée en 1991 : la liberté de mouvement a été retirée à tous les Palestiniens de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, sauf quelques catégories fixées par les autorités israéliennes responsables de la sécurité (par exemple : personnalités palestiniennes importantes, collaborateurs, marchands, travailleurs, employés de l’Autorité Palestinienne et d’organisations internationales et cas humanitaires). Les catégories et le nombre de personnes recevant une autorisation personnelle ont constamment changé depuis lors, mais le principe demeure – c’est une politique de bouclage.
Les barrages existent depuis le début de l’occupation. Avant l’abrogation du « permis général de sortie », les barrages étaient essentiellement destinés à contrôler, à surveiller et à permettre à la police et à la sécurité générale d’arrêter des gens. Après 1991, les barrages situés à proximité de la Ligne Verte se sont vus assigner une nouvelle fonction : imposer le bouclage. Dans ce but, une clôture a été installée autour de la Bande de Gaza. Après le début de la mise en œuvre des accords d’Oslo en 1994, les postes militaires et les barrages ont marqué la « frontière » entre d’un côté les Territoires A et B (transférés sous le contrôle civil et policier de l’Autorité Palestinienne) et de l’autre, les Territoires C (demeurés sous contrôle sécuritaire et civil israélien) et les colonies.
Avec l’éclatement de la seconde Intifada en 2000, le nombre de barrages s’est accru, avec pour visée de prévenir et de réduire le passage des Palestiniens vers les Territoires C (représentant environ 60% du territoire de Cisjordanie), les colonies et leur voisinage. C’est par exemple la fonction, aujourd’hui encore, des barrages de la Vallée du Jourdain qui empêchent l’accès de Palestiniens à un tiers du territoire de la Cisjordanie. Aux checkpoints permanents ou volants se sont ajoutés des centaines de barrages matériels mais non gardés.
La politique de bouclage a été étendue, à l’intérieur du territoire de la Cisjordanie, parallèlement à une conception qui considère les « Territoires C » comme étant dans les limites d’« Israël » tant qu’il n’en est pas décidé autrement dans un accord permanent. Autrement dit, de 1991 à 1994, le sens de la politique de bouclage était de séparer Gaza de la Cisjordanie, et de contrôler l’entrée en Israël. Après cela, ont été installées les bases d’une séparation potentielle à l’intérieur du territoire de la Cisjordanie – entre les territoires A, palestiniens, divisés par le territoire C. Cette séparation a été mise en œuvre après 2000.
Les demandes de permis de déplacement à l’intérieur d’Israël, pour se rendre de Gaza vers la Cisjordanie et inversement, ou à l’intérieur de la Cisjordanie sont adressées à l’administration civile. Ces demandes sont soumises aux bonnes grâces d’une bureaucratie lourde, à l’ingérence de la Sécurité générale [Shabak], à la tradition de l’attente prolongée et des lenteurs administratives, et tout particulièrement à l’absence de transparence dans la fixation des critères et dans le rejet des demandes. La difficulté de l’obtention des permis, les checkpoints et les fermetures de routes, la longueur des trajets, le temps perdu et l’humiliation attachée à l’obtention d’un permis pour rendre visite à un proche, tout cela dissuade bien des gens qui préfèrent renoncer à se déplacer en Cisjordanie, comme le reflètent clairement les routes désertes.
Elle a demandé à pouvoir sortir de Cisjordanie pour se rendre à des funérailles à Gaza. L’armée lui a suggéré de passer par la Jordanie.
A. N. est originaire de Gaza et est mariée à un habitant de Qalqiliya. Le 13 janvier, son père est décédé à Gaza et elle a demandé à pouvoir y retourner pour assister aux funérailles. Le 15 janvier, elle a introduit, via l’Administration de Coordination et de Liaison, à Qalqiliya, une demande pour obtenir une autorisation d’entrer en Israël afin de pouvoir entrer à Gaza. Le 16 janvier, les soldats de l’Administration de Coordination et de Liaison lui ont, par voie orale, notifié le rejet de sa demande.
A. N. s’est adressée au « Centre pour la Protection de l’Individu » [HaMoked] qui s’est adressé le jour même au département d’enregistrement de la population du cabinet du conseiller juridique de l’armée israélienne en Cisjordanie. La réponse reçue le lendemain par le Centre était qu’il n’y avait « pas d’enregistrement d’une demande appropriée qui aurait été introduite auprès de l’Administration de Coordination et de Liaison avant cette requête déposée en nos bureaux ». L’époux de A. N. a introduit une nouvelle demande pour elle à l’Administration de Coordination et de Liaison. Mais, selon lui, l’Administration de Coordination et de Liaison à Qalqiliya a fait savoir que la demande était rejetée.
Une officier du cabinet du conseiller juridique a dit à la représentante de « HaMoked » que la précédente demande d’autorisation d’entrer à Gaza via Israël introduite par A. N., au mois d’octobre, avait été refusée. Cette officier a proposé que A. N. fasse le voyage via la Jordanie. « HaMoked » a représenté combien la chose était illogique et impossible, que le Centre attendrait une réponse du conseiller juridique jusqu’au jeudi 18 janvier et qu’à défaut, il s’adresserait à la Cour suprême. « Haaretz » a téléphoné, avant-hier dans la soirée, au porte-parole de l’administration civile, qui a fait savoir qu’il n’était pas correct que l’Administration de Coordination et de Liaison rejette la demande et que l’autorisation serait accordée et remise à A. N. jeudi matin.
Amira Hass
Interdiction aux Palestiniens habitant à Gaza de demeurer en Cisjordanie
Interdiction aux Palestiniens d’entrer dans Jérusalem-Est
Interdit aux Palestiniens habitant en Cisjordanie d’entrer dans la Bande de Gaza par le barrage d’Erez
Interdiction aux Palestiniens d’entrer dans la Vallée du Jourdain (excepté ses habitants)
Interdiction aux Palestiniens d’entrer dans les villages, sur les terres, dans les villes et les quartiers dans la zone de la « ligne de couture », entre la clôture et la Ligne Verte (environ 10% du territoire de la Cisjordanie – dont Bartaa Israkiya et des villages comme Azoun, Atamah et Jabara)
Interdiction aux Palestiniens d’entrer dans les villages de Beit Fourik et Beit Dajan, dans la région de Naplouse, et de Ramadin au sud du mont Hébron (sauf leurs habitants)
Interdiction aux Palestiniens d’entrer sur le territoire des colonies (y compris ceux dont les terres se trouvent à l’intérieur du territoire bâti de la colonie)
L’entrée à Naplouse en voiture est interdite
Interdiction aux Palestiniens habitant Jérusalem d’entrer en territoire « A » (villes palestiniennes de Cisjordanie)
Interdiction aux habitants de Gaza d’entrer en Cisjordanie par le passage d’Allenby
Interdiction aux Palestiniens de voyager par l’aéroport Ben Gourion
Interdiction aux enfants en dessous de 16 ans de sortir de Naplouse sans extrait d’acte de naissance original et sans accompagnement d’un des parents
Interdiction aux Palestiniens (détenteurs d’un permis d’entrer en Israël) de sortir en empruntant les routes et les passages utilisés par des Israéliens et des touristes
Interdiction aux personnes originaires de Gaza et aux habitants de Gaza d’établir leur lieu de résidence en Cisjordanie
Interdiction aux habitants de Cisjordanie d’établir leur lieu de résidence dans la Vallée du Jourdain, dans les localités de la « ligne de couture » et dans les villages de Beit Fourik et de Beit Dajan
Interdiction de transporter des marchandises et chargements via des barrages intérieurs à la Cisjordanie par où passent des voitures particulières et des piétons
Isolement : interdiction aux habitants d’une région donnée de Cisjordanie de se rendre dans les autres régions de Cisjordanie
Interdiction à un groupe d’âge déterminé, essentiellement des hommes (âgés de 16 à 30 ou 40 ans) de sortir d’une région déterminée pour se rendre dans les autres régions (généralement, de Naplouse et d’autres villes pour se rendre dans le sud de la Cisjordanie)
Passage interdit pour les voitures particulières au barrage de Swahara / Abou Diss (séparant le nord du sud de la Cisjordanie). Cette interdiction a été supprimée pour la première fois, il y a deux semaines, dans le cadre des allègements.
Une carte magnétique (destinée à l’entrée en Israël, mais elle facilite aussi le passage aux checkpoints à l’intérieur de la Cisjordanie)
Autorisation pour des soins médicaux en Israël et dans des hôpitaux palestiniens de Jérusalem-Est – pour obtenir l’autorisation, il faut pouvoir donner une invitation de l’hôpital, une information médicale complète et la preuve qu’il n’est pas possible de recevoir ces soins dans les Territoires
Permis de déplacement entre des checkpoints intérieurs (vers la Vallée du Jourdain et Naplouse)
Permis pour se rendre de Gaza en Cisjordanie, via Israël
Permis de marchand pour transférer des marchandises
Permis pour travailler des terres agricoles dans « l’espace de couture » (accordé seulement aux propriétaires des terres et à leurs proches au premier degré)
Permis d’entrer dans les enclaves de la « ligne de couture » (auquel ont droit des proches, des équipes médicales, des ouvriers travaillant aux infrastructures etc) – avec obligation d’entrer et de sortir par le même point de passage, même s’il est éloigné ou qu’il ferme tôt.
Permis de travail en Israël (l’employeur est tenu de se rendre personnellement auprès de l’Administration de Coordination et de Liaison pour introduire la demande de permis)
Certificat de naissance pour les enfants de moins de 16 ans
Certificat de « résident permanent » dans les enclaves de la « ligne de couture »
Checkpoints et routes barrées en Cisjordanie
75 checkpoints gardés par des soldats à l’intérieur de la Cisjordanie (sans compter les 7 checkpoints / points de passage sur la Ligne Verte elle-même). Un nombre appréciable d’entre eux sont ouverts à 6 heures du matin et ferment le soir. (Ceci à la date du 9 janvier 2007)
Une moyenne hebdomadaire de quelque 150 barrages mobiles (septembre 2006)
446 obstacles en tous genres placés entre routes et villages : blocs de béton, monceaux de terre ; 88 portes métalliques aux sorties des villages vers les routes principales ; 74 km de clôtures le long des routes principales (routes nos 317, 505, 5, 443, 60, dans le sud)
83 portes métalliques le long de la clôture de séparation qui sépare les terres de leurs propriétaires – seules 25 de ces portes s’ouvrent régulièrement.
Accès interdits :Routes principales interdites aux Palestiniens
Route n° 90 (axe routier traversant la Vallée du Jourdain dans sa longueur)
Route n° 60, dans sa partie nord (à partir du camp militaire de Shavei Shomron, à l’ouest de Naplouse)
Route n° 585, le long des colonies de Hermesh et de Dotan
Route n° 557, à l’ouest : dans la région de Tulkarem. A l’est : de l’embranchement de Hawara jusqu’à la colonie d’Elon Moreh.
Route n° 505, depuis l’embranchement de Tapouah et plus à l’est.
Les tronçons des routes nos 445, 446 et 463, dans la région des colonies situées à l’ouest de Ramallah
Route 443, depuis Macchabim-reout jusquà Givat Ze’ev.
Route 60, depuis la colonie d’Outniel et plus au sud.
Route 317, dans la région des colonies du sud du mont Hébron.
Durée comparée de parcours avant 2000 et aujourd’hui (en comptant des barrages « légers »)
Tulkarem – Naplouse : avant 2000 : une demi-heure maximum ; aujourd’hui : au moins une heure
Tulkarem – Ramallah : avant 2000 : moins d’une heure ; aujourd’hui : deux heures
Beit Our – Ramallah : avant 2000 : 10 minutes ; aujourd’hui : 40 à 50 minutes
Katana – Ramallah : avant 2000 : 15 minutes ; aujourd’hui : une heure à une heure et demie
Bir Naballah – Jérusalem : avant 2000 : 7 minutes ; aujourd’hui : 1 heure
Katana – Jérusalem : avant 2000 : 5 minutes ; aujourd’hui : « on ne va plus à Jérusalem »
(Traduction de l’hébreu : Michel Ghys)
http://www.france-palestine.org/article5621.html
apartheid spécifique envers les femmes palestiniennes
[…]Rarement évoquée, la situation des femmes de Palestine, opprimées non seulement par les troupes d’occupation et le racisme, mais aussi par les lois sexistes, les traditions patriarcales et les groupes fascistes comme le Hamas, se doit d’être connue, dénoncée et combattue.
Nous considérons en effet que le progrès de l’humanité se mesure au degrès de liberté des femmes. Or, en plus des souffrances liées à l’occupation coloniale, être femme en Palestine signifie :
* Courrir le risque d’être assassinée si on est soupçonnée d’avoir “enfreint l’honneur de la famille”.
* Ne pas avoir le droit de se marier sans le consentement du père, y compris après 18 ans. Et, le mariage laïque n’existant pas, ne pas pouvoir se marier avec l’homme de son choix si ce dernier est d’une “autre religion”. Si la liberté de pouvoir se marier “avec qui l’on veut” est loin d’être garantie, les mariages forcées, par contre, sont fréquents. Traditionnellement, le mariage reste plus une transaction entre deux familles que l’aboutissement d’une histoire d’amour entre deux personnes.
* Une fois mariée, il reste très difficile pour une femme de divorcer sans le consentement de l’époux. L’époux, lui, a le droit à la polygynie (polygammie réservée exclusivement aux hommes).
* Subir de nombreuses lois discriminatoires dans la vie de tous les jours. Ce n’est que depuis 1996 que les femmes palestiniennes peuvent obtenir un passeport sans l’accord de leur père ou mari par exemple. La loi sur le statut personnel fait de la femme une éternelle mineure.
* Ne pas pouvoir papoter, sortir, rencontrer un ami masculin comme on le désire.
* Etre victime de violences conjugales (selon des camarades féministes 70% des femmes palestiniennes en sont victimes).
* Etre sous le contrôle et le pouvoir permanents des hommes.
* Subir la pression de groupes réactionnaires comme le Hamas, ne pas pouvoir aller où l’on veut si on refuse de s’enfermer derrière le tchador,
* Etc, etc, etc…
Et les mêmes raisons qui nous poussent à lutter contre le racisme de l’Etat d’Israël nous obligent de combattre le sexisme de la société palestinienne. Partisans de l’égalité entre tous les êtres humains, qu’ils soient juifs ou arabes, blancs ou noirs, hommes ou femmes, nous affirmons notre solidarité avec les femmes de Palestine et leur lutte qui est un des éléments de la lutte générale pour l’émancipation de l’humanité.
Nurit Peled est israélienne. C’est une opposante dont la fille de 14 ans est morte il y a plusieurs années dans un attentat kamikaze. Nurit Peled a fondé l’association des familles israéliennes et palestiniennes victimes de violences. Ses deux fils sont refuzniks. Invitée le 8 mars dernier à s’exprimer devant le Parlement européen, à l’occasion de la Journée des Femmes, voici ce qu’elle a déclaré. (extraits)
http://agircontrelaguerre.free.fr/article.php3?id_article=286
Merci de m’avoir invitée à cette journée. C’est toujours un honneur et un plaisir d’être ici, parmi vous.
Cependant, je dois admettre que je crois que vous devriez avoir invité une femme palestinienne à ma place, parce que les femmes qui souffrent le plus de la violence dans mon pays sont les femmes palestiniennes.
La douleur est locale, l’humiliation, les abus sexuels, la torture et la mort sont tous très locaux, de même que les cicatrices.
Il est malheureusement vrai que la violence locale infligée aux femmes palestiniennes par le gouvernement d’Israël et l’armée israélienne s’est étendue sur toute la planète. En fait la violence d’Etat et la violence de l’armée, la violence individuelle et collective, sont le lot des femmes musulmanes aujourd’hui, pas seulement en Palestine mais partout où le monde occidental éclairé pose son grand pied impérialiste. C’est une violence qui n’est presque jamais abordée et que la plupart des gens en Europe et aux Etats-Unis excusent du bout des lèvres. C’est ainsi parce que le soi-disant monde libre a peur de l’utérus musulman.
La grande France de la liberté, l’égalité et la fraternité [en Français dans le texte] est effrayée par des petites filles avec des foulards sur la tête, le Grand Israël juif a peur de l’utérus musulman que ses ministres qualifient de menace démographique.
L’Amérique toute-puissante et la Grande-Bretagne contaminent leurs citoyens respectifs avec une crainte aveugle des Musulmans, qui sont dépeints comme vils, primitifs et assoiffés de sang – en plus d’être non démocratiques, chauvins/machistes et des producteurs en masse de futurs terroristes. Cela en dépit du fait que les gens qui détruisent le monde aujourd’hui ne sont pas musulmans. L’un d’entre eux est un chrétien dévot, l’un est anglican et l’autre est un juif non pieux.
Je n’ai jamais vécu la souffrance que les femmes palestiniennes subissent tous les jours, toutes les heures, je ne connais pas le genre de violence qui fait de la vie d’une femme un enfer constant. Cette torture physique et mentale quotidienne des femmes qui sont privées de leurs droits humains fondamentaux et de leurs besoins fondamentaux d’une vie privée et de dignité, des femmes dont on entre par effraction dans la maison à toute heure du jour et de la nuit, à qui on ordonne sous la menace d’une arme de se mettre nue en se déshabillant devant des étrangers et devant leurs propres enfants, dont les maisons sont détruites, qui sont privées de leurs moyens d’existence et de toute vie de famille normale. Ceci ne fait pas partie de mon épreuve personnelle. Mais je suis une victime de la violence contre les femmes dans la mesure où la violence contre les enfants est en fait une violence contre les femmes. Les femmes palestiniennes, irakiennes, afghanes sont mes sœurs parce que nous sommes toutes prises dans l’étreinte des mêmes criminels sans scrupules qui se désignent comme les dirigeants du monde éclairé libre et qui, au nom de cette liberté et de ces lumières, nous volent nos enfants.
De plus, les mères israéliennes, américaines, italiennes et britanniques ont été, pour la plupart, violemment aveuglées et décervelées à un point tel qu’elles ne peuvent pas se rendre compte que leurs seules soeurs, leurs seules alliées dans le monde sont les mères musulmanes palestiniennes, irakiennes ou afghanes dont les enfants sont tués par nos enfants ou qui se font exploser en morceaux avec nos fils et nos filles. Elles sont toutes infectées par les mêmes virus engendrés par les politiciens. Et les virus, bien qu’ils puissent avoir divers noms illustres comme Démocratie, Patriotisme, Dieu, Patrie, sont tous les mêmes. Ils font tous partie d’idéologies fausses et truquées qui ont pour intention d’enrichir les riches et de donner du pouvoir aux puissants.
Nous sommes toutes les victimes de la violence mentale, psychologique et culturelle qui fait de nous un seul groupe homogène de mères endeuillées ou potentiellement endeuillées.
Je suis une victime de la violence d’Etat. Mes droits naturels et civils en tant que mère ont été violés et sont violés parce que j’ai à craindre le jour où mon fils atteindra son 18ème anniversaire et me sera enlevé pour être l’instrument du jeu de criminels tels que Sharon, Bush, Blair et leur clan de généraux assoiffés de sang, assoiffés de pétrole, assoiffés de terre.
Vivant dans le monde dans lequel je vis, dans l’Etat dans lequel je vis, dans le régime dans lequel je vis, je n’ose pas offrir aux femmes musulmanes quelque idée que ce soit sur la manière de changer leurs vies.
Je veux leur dire que nous sommes toutes liées par la même douleur, nous sommes toutes les victimes des mêmes sortes de violences même si elles souffrent bien davantage, parce que ce sont elles qui sont maltraitées par mon gouvernement et son armée, avec l’aide de mes impôts. […]