Larzac : quelle suite ? eviter les écueils habituels
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Larzac : quelle suite ? Eviter les écueils habituels
Les participantEs au Larzac ont promis qu’ils-elles ne s’arrêteraient pas là, que ce n’était que le début. Super, mais que va t-il se passer au juste ? Les mêmes « solutions » que d’habitude : grèves plus ou moins générales, manifestations plus ou moins unitaires, votes plus ou moins protestataire aux prochaines élections… ?, ou d’autres voies ?
Il serait intéressant que les personnes qui sont vraiment dégoûtées par les systèmes actuels ou qui se posent sérieusement des questions ne tombent pas dans les culs de sac habituels. Le capitalisme, les Etats, les multinationales se contrefoutent des manifestations, fussent-elles de masse, qu’elles soient violentes ou pas. De plus, il n’est pas possible de changer vraiment de société par le processus électoral et les partis (ça se saurait). Il ne faut plus seulement manifester et se regrouper pour dénoncer tel ou tel aspect du système et se défendre contre telle ou telle aggravation de la gravité de la situation, il est temps de trouver d’autres voies et de les mettre en pratique, il est plus que temps de trouver des convergences et de dépasser les clivages et les peurs mutuelles.
Quand les révoltés ne croiront plus aux partis ni aux syndicats, quand ils auront compris qu’ils ne vivent pas dans des démocraties, et que ces démocratures plus ou moins totalitaires ne peuvent pas évoluer progressivement, alors peut-être qu’un début de révolution non-violente sera possible, un début de construction d’une vraie alternative. Surtout s’ils ont compris qu’ils doivent évoluer profondément dans leurs mentalités mêmes, la révolution est d’abord intérieure et personnelle avant de pouvoir transformer les choses collectivement dans le sens de la justice et de la fraternité. Il ne faut plus se contenter de lutter contre, se limiter aux paroles justes et enflammées, aux zones autonomes trop temporaires. Il est grand temps, si on veut changer le monde, de passer à la pratique, et tous les jours, pas quelques jours par an dans une ambiance plus ou moins festive. La réflexion lucide, le partage, l’expérimentation, la rupture avec le système (capitalisme, sexisme, spécisme, racisme, esprit de compétition et de domination, propriété partout, égoïsmes, peurs, violences…), la liberté, l’ouverture… devraient être les lignes directrices de toute personne qui veut sincèrement changer les choses. Et en conséquence, il faudrait rechercher et pratiquer des formes de réseaux permanents, d’entraides, de systèmes d’échanges sur tous les plans qui aillent plus loin que les SELS ou des communications virtuelles, différentes sortes de communautés (petites ou grandes), des coopératives autogérées (salaire égal pour tous, démocratie dans les décisions…), multiplier les réunions, petites ou grandes, dans les rues ou dans les champs, etc… Plus les gens s’engageront en permanence, plus les choses pourront aller loin. Après il peut s’envisager des systèmes économiques parallèles, de plus en plus en rupture avec le capitalisme, des quartiers ou des villages qui font « sécession » et pratiquent le partage et la démocratie directe… Et puis il faudrait évidemment tisser des liens avec des mouvements similaires sur les autres pays et continents. La stimulation et l’action devraient être permanentes, sinon chacun reste dans son coin et retourne à ses affaires, et se retrouve complètement prisonnier du système existant et de ses diverses injonctions et contraintes, isolé et cerné par la violence, la laideur et le désespoir. Il faut privilégier cette sorte d’action révolutionnaire permanente au lieu de se contenter de tenter de faire face aux innombrables urgences et horreurs qui découlent du système actuel. Dans le réformisme et les luttes partielles, sectorielles, on est vite submergé. Tout est lié, si chaque personne change et vit différemment avec d’autres alors tout change, ce qui fait que le système compte moins d’adeptes et que les urgences et horreurs diminuent.
Le problème n’est pas les excès du capitalisme, mais le capitalisme lui-même, ses violences et son aberration fondamentale. Le problème n’est pas les dérives ou les manques de nos « sociétés » que l’on nomme « démocraties », mais le fait qu’il ne s’agit que de fausses démocraties, des totalitarismes plus ou moins softs qui se donnent des apparences trompeuses et jouent sur le fait que c’est souvent bien pire ailleurs. La démocratie reste à faire, une démocratie directe qui commencerait à l’échelle locale. La société reste à faire, une vraie société, pas une barbarie qui se ment et se cache sous divers masques.
Il faut absolument poursuivre les prises de conscience pour que les cris de rage ne soient pas que des feux de paille, ne pas s’arrêter en route sous le poids de la vie et les promesses douceâtres des gouvernants, et se contenter de réformes plus ou moins subversives (qui sont de toute façon refusées ou édulcorées par le système). Il faudrait s’auto-organiser à la base, construire cette fois « hors » du système existant (c’est à dire hors des mentalités et pratiques de pouvoirs, de violences, de domination et de compétition), hors de cette mondialisation libérale meurtrière et fondamentalement injuste.
Altermondialisation veut dire d’inventer enfin d’autres vies ensemble, MAINTENANT, et de les mettre en pratique MAINTENANT et manière PERMANENTE, pas quelques jours de ci de là, quand il fait beau et qu’il y a des concerts sympas.
Quelques idées pour commencer :
instaurer des réseaux de solidarités et de construction d’un autre monde entre des personnes qui ne vivent pas forcément ensemble (apparts différents, maisons isolées de campagne…). Des groupes entre 10 et 50 personnes qui échangent leurs savoirs, leurs biens, leurs forces, s’entraident dans tous les domaines…
Pour celles-ceux qui le sentent, multiplier les sortes de lieux de vies collectifs, de manière à vivre le partage, le respect, l’action commune et la démocratie directe. Il ne sert à rien de rêver d’un autre monde si on n’est pas capable de l’ébaucher à 10 ou à 20 de manière permanente.
Mener des actions de rues fréquentes et non-violentes de manière à interpeller les passants. Par exemple bloquer une rue et décréter une zone « libérée » (non-marchande, liberté d’expression, partage…). Décider que tel lieu ou bout de trottoir est un espace de liberté d’expresion, et l’occuper en permanence par des tas d’activités, de documents, de prises de parole…
Organiser des réunions publiques périodiques sur le thème de la révolution et de changer le monde. Inviter sur le thème du jour les personnes des groupes les plus militants dans ces domaines afin qu’ils livrent leurs expériences et idées.
Créer des coopératives égalitaires. Etablir des SELS avec tous les producteurs, de manière à obtenir tous les objets et produits hors du système marchand.
Pratiquer la construction et la rénovation d’habitats de manière collective, inviter les plus pauvres et les mal-logés à y habiter
Créer des jardins collectifs en ville et à la campagne
Organiser des transports en commun gratuits ou à prix libres en comptant sur ceux qui peuvent payer, ou mieux, intégrer ce service dans les SELS
Bref, inventer tous les moyens pour se passer du système, pour vivre de manière solidaire, libre et égalitaire, pour commencer à édifier un autre monde sans rien attendre des pouvoirs et des gens d’en haut. Même si on est prisonnier du capitalisme, c’est possible dans une large mesure, il existe des tas de failles, et nos esprits ne sont toujours pas enfermés.
par: anonymous ( Gabriella )
mercredi 13 août 2003
C’est drôle, un article (intéressant, cependant) qui invite à donner suite au Larzac 2003 en « dépassant tous les écueils habituels » et qui, finalement, ne s’éloigne pas suffisamment de certains de ces écueils, à considérer les débuts de solution proposés.
Certes, il est toujours possible de chercher à mieux vivre en étendant les zones de solidarité et d’échange non-marchand. Mais cette pratique, toujours bancale dès lors que le capitalisme rôde autour, n’a aucune chance de mener au renversement de la logique marchande, si l’on ne mène pas dans le même temps une lutte au niveau des idées.
Et cette lutte est faible aujourd’hui, face aux idées fausses, ou partielles, répandues par des associations comme Attac, et autres groupements à vocation intégratrice. Tout se passe d’ailleurs comme si la fameuse « pensée unique » qui était l’apanage des idéologues du capitalisme avait généré une contre-pensée, « unique » elle aussi, dans laquelle étaient sommés de se reconnaître les tenants de « l’altermondialisme ». Encore quelques années, et cette idéologie alter-mondialiste en cours de formation se dressera devant nous comme un mur de béton, aussi épais que l’espérance social-démocrate dans les années 70.
Que l’on me comprenne bien : il ne s’agit pas de considérer les « attaciens-bovistes » comme des ennemis, bien au contraire ; il faut profiter justement de la brèche ouverte dans la pensée dominante par ces groupements pour retrouver la cohérence profonde d’un combat ouvert depuis longtemps. Ce combat est ceratinement plus chargé de potentiel subversif. Nous voulons abolir la marchandise, et non la gouverner. C’est aussi un gros travail intellectuel qui nous attend.
Von Clausewitz
Pour éviter les éceuils après le Larzac, il aurait été intélligent, quoique je ne pense pas que ce soit le bon terme mais je n’en ai pas trouvé d’autres, de faire en sorete que le Larzac ne soit pas un éceuil! Quand on me demande ce qu’étaient Millau 2000 ou 2003, je répond simplement mais surement: des supermarchés! Certe du militantisme mais des supermarchés quand même! Combien de zone à prix libre? au moins pour la bouche, car c’est vrai que beaucoup d’assocs n’ont que ce genre de choses pour ce financer (dont la mienne!!!!!) mais la bouffe!!!!! Une autre cuisine est possible!!!!
Quels sont les écueils??? Eh bien, les visions absolutiste (totalitaire) ou relativement absolutiste (autoritaire) du monde politique, économique, social, culturel, philosophique, religieux, scientifique…
Comment éviter ces écueils??? Eh bien, en prenant conscience de la vision absolument relativiste (libertaire) du monde politique, scientifique, religieux… 555 (un libertaire libertiste et non un libertaire totalitariste ou autoritariste)
C’est vrai que l’Altermondialisme peut devenir rapidement une simple mode consensuelle et sans aucune portée révolutionnaire (déjà qu’il y en a guère…).
Evidemment qu’il faut aussi réfléchir en profondeur au capitalisme, et au delà aux racines individuelles du monde atroce et injuste dans lequel on survit. Mais je crois que les actes valent plus que les discours et les idées, même justes. C’est aux actes qu’on voit si les personnes veulent vraiment un autre monde, si elles sont capables de se remettre en cause quand elles se rendent compte que leurs mentalités sont celles du capitalisme (égoïsme, propriété, domination, exclusion, consommation…) et qu’elles ne sont pas capables de poser des actes (partage, entente, projet commun, amour, respect…) en rupture avec le système. Tant que l’objectif des contestataires ne sera pas de construire une autre société MAINTENANT, les gens ne pourront pas changer et donc rien ne pourra changer. Tant qu’on n’essaie pas réellement de mettre en PRATIQUE ses idées, on peut toujours se faire illusion, attendre des autres, d’une pseudo-révolution plus ou moins violente faite par des minorités éclairées, mijoter passivement dans son petit cocon militant sans aucune portée, attendre les élections ou le parti miracle qui va prendre les soi-disant bonnes mesures, etc…