Rien de tel qu’un terroriste pour combattre la crise ?
Discussion ouverte sur la crise, les stratégies et opérations médiatico-policière pour la gérer, et les possibilités de lutte.

Tout le monde s’accorde à voir dans la crise actuelle un événement considérable. Les économistes nous disent même qu’après un tel événement, rien ne se sera plus comme avant. Pourtant, nos gouvernants et leurs médias s’empressent de nous rassurer : « ce n’est pas le capitalisme en tant que tel qui est en crise, nous disent-ils, mais tout au plus l’une de ses formes ; il suffit de revenir à des bases assainies pour que se réinstalle une dynamique de croissance ». Mais il n’est pas sûr que nous devions prêter foi à ces discours, ni adhérer à la perspective qu’ils supposent et que chacun est censé appeler de ses vœux.
D’une part, il est fort possible que ce soit bien le capitalisme en tant que tel qui est entré en crise. L’insistance avec laquelle on nous explique le contraire peut très légitimement nous faire soupçonner que l’on veut nous faire oublier quelque chose, ou que l’on veut nous empêcher de nous en tenir à ce qui pourtant est de l’ordre du constat : le capitalisme n’est pas un destin inéluctable, mais une construction politique. Et c’est une construction excessivement coûteuse.
Mais l’État dispose d’un moyen à la fois usé et toujours efficace (du moins parie-t-il encore sur cette efficacité) pour nous faire oublier ce qui pourtant s’étale devant nos yeux : la fabrication d’un ennemi ad hoc, d’un ennemi sur mesure. La réincarcération de Rouillan, le spectacle médiatique autour des présumés saboteurs de la SNCF, ou le retournement dans l’affaire du Mc Do de Quévert qui permet de refaire passer en jugement des personnes qui avaient pourtant été acquittées n’interviennent pas par hasard. Cette stratégie permet tout d’abord de détourner les regards pour que l’on ne s’intéresse pas de trop près par exemple aux chiffres qui annoncent une montée du chômage sans précédent. Mais elle permet aussi de cimenter un consensus politique autour du rejet de la figure du « terroriste ».
Et quand il s’agit du terrorisme, l’État peut tout se permettre. Peu importe pour lui que dans le cas des inculpés de l’affaire Quévert, ou dans celui des supposés saboteurs, il n’existe aucune preuve juridique défendable. Il s’agit avant tout de fabriquer une figure-repoussoir qui a pour fonction d’ancrer dans les esprits l’idée que les actes politiques qui sortent des voies convenues ne seront plus tolérés. L’effet attendu est de diffuser la peur, et de faire en sorte que les esprits réticents soient dissuadés d’agir pour exprimer leur mécontentement s’ils estiment que les voies convenues ne suffisent pas.

Il nous semble qu’il y a alors au moins deux questions à poser. La première est de savoir si nous devons nous soumettre à ce climat de peur installé par l’État. Mais cette question en contient d’autres : comment pouvons-nous faire l’analyse de la construction médiatico-policière de « l’ennemi commun » ? Sous quel angle pouvons-nous en faire la critique ? Comment devons-nous répondre à cette construction ?
La seconde est de savoir ce que nous devons faire de la situation de crise elle-même. La situation actuelle n’est-elle pas définie par la fragilité du capitalisme, par une fragilité nouvelle ? Ne nous revient-il pas de faire quelque chose de ce moment de fragilité – au lieu d’attendre que le capitalisme s’effondre gentiment « de lui-même » ?
Autrement dit et pour résumer l’ensemble de ces questions : sommes-nous prêts pour organiser une contre-attaque ?

Lundi 24 novembre à 19h00, Chez Ramon et Pedro, 45 rue Duhamel, Rennes – Metro Gare