– Fin du XIXe siècle : un bâtiment est érigé pour les « Postes et télégraphes ». L’hôtel des Postes, service public en plein cœur de la ville, donne sur le fleuve. A l’époque, la Loire coule juste devant la Place du Commerce, et l’allée Brancas est un quai.

– Années 1970, période d’aménagement brutal. Nantes se reconstruit suite aux bombardements. C’est l’époque où apparaît la Tour Bretagne, sensée incarner la puissance de la ville. Les autorités démolissent l’hôtel des Postes. Le bâtiment avait pourtant survécu aux bombardements et servi de base à la résistance nantaise durant l’occupation. La nouvelle Poste est implantée Place Bretagne, dans des bâtiments sans vie, à l’architecture carcérale.

– A la place du bâtiment détruit, un petit square est aménagé, on y plante des arbres, une fontaine est installée. Le square Fleuriot est une petite respiration entre les Places Royale et Commerce, et la circulation dense de l’artère juste devant.

– Années 2000, le square est laissé à l’abandon par la mairie. Les autorités le maintiennent dans un état lamentable qui servira à justifier sa future destruction. Malgré tout, c’est un espace de circulation non marchande, égayé par des vendeurs de tissus africains.

–  2017, les magnolias sont coupés. La mairie PS qui vante une « métropole verte » détruit le square pour en faire un centre commercial de plus. Nantes comporte pourtant déjà trop de surfaces marchandes, dont plusieurs milliers de mètres carrés qui restent vides dans le centre, ne trouvant même pas d’entreprises intéressées. Des vestiges médiévaux sont découverts sous le square, mais cela n’arrête pas les travaux.

– 2020 : le bâtiment qui ressemble à un préfabriqué ouvre. Après quelques semaines de retard pour cause de confinement, la firme Uniqlo pourra y vendre ses produits standardisés.

Derrière l’histoire de ce petit morceau de ville, d’abord service public, puis espace vert, et enfin commerce mondialisé, c’est la trajectoire d’une métropole qui s’enlaidit et se marchandise inexorablement qui est dessinée.