Publication suite à l’annonce de Nantes Métropole d’extension du jardin dans la carrière Misery:

Bien sûr, l’arbre aux hérons n’était pas un arbre et aucun vrai héron ne devait venir s’y poser. Mais avec l’annonce, sans débat ni concertation, d’extension du jardin extraordinaire en forme de « tropical center », Nantes métropole poursuit son urbanisme d’autorité, assorti de parti pris d’un tropicalisme fabriqué.

Car la mangrove construite sera évidemment une fausse mangrove, le lieu de « baignade » une pataugeoire de 40 cm de profondeur dont on ne sait pas vraiment comment sera assurée la propreté de l’eau, la Grande Aventure promise une promenade bien balisée et hautement sécurisée et rien n’indique qu’elle pourrait rester gratuite. Quant à la via-ferrata, pour les frissons très encadrés des touristes, elle annule toute promesses de repousse du lierre saccagé il y a 4 ans.

Et comment ne pas voir dans le jardin extraordinaire agrandi, avec sa cascade en toc, son exotisme de pacotille, ses végétaux importés, transplantés, son « ambiance végétale inspirée de Jules Verne », sa fausse rivière en cours de construction, et désormais son extension annoncée sous forme de jardin tropical, une sorte de retour récréatif d’un refoulé colonial nantais, la mise en loisirs d’une histoire occultée, non dite, non racontée ni jamais véritablement assumée d’implication dans le colonialisme conquérant d’hier, mais sans cesse réactivée. Le tourisme de masse, au jardin extraordinaire comme ailleurs, ne cherche jamais à savoir, encore moins à comprendre, il copie, il reconstitue, il aménage, il met en exploitation et nie ses inspirations. Son objet ici n’a aucune profondeur, ce n’est qu’un décor qui recouvre d’un voile pittoresque et attractif la réalité souvent brutale de l’histoire coloniale qui l’a inspirée.
Faisant suite à l’échec du parc d’attraction, le jardin élargi maintient le pricnipe d’une fausse nature fabriquée, dominée pour servir de décor à touriste. Est ce que c’est celle ville qui fait consensus?