Jeudi et vendredi les audiences débuteront à 10h à la 16e chambre.

La pression est mise dès l’entrée du tribunal où les gendarmes commencent à fouiller les sacs en plus de les passer dans les rayons X, à la recherche de stickers, de tracts et de parapluies qu’ils ont ordre de confisquer. Ces mesures bloquent l’avancement de la file et de nombreuses personnes venues en soutien se retrouvent coincées à l’extérieur, ainsi que quatre des prévenu-e-s qui n’ont pas de convocation et n’accèdent finalement à la salle qu’à 13h50.

L’audience s’ouvre sur l’appel des prévenu-e-s et parties civiles et le rappel des chefs d’inculpation et des rôles attribués à chacun-e.
Ensuite plusieurs avocat-e-s plaident des conclusions au fin de nullité. Tout d’abord ceux des deux personnes encore incarcérées plaident l’irrégularité du maintien en détention au titre qu’aucune décision écrite n’a été rendue suite à l’audience relai du 17 juillet.
Un autre avocat dépose des conclusions à propos de l’irrecevabilité de la constitution en tant que partie civile du syndicat de police Alliance, sur la base de jurisprudences qui précisent les conditions dans lesquelles un syndicat professionnel peut ou non se constituer partie civile.
L’avocate d’Alliance répond en contestant la recevabilité des conclusions, arguant qu’Alliance est partie civile depuis le début et que ça aurait dû être contesté plus tôt.
Les deux procureurs répondent chacun sur l’un des points abordés : les conclusions sur Alliance ne sont pas recevables et les mandats de dépôt sont valables.
Après un dernier retour des avocat-e-s qui répondent aux arguments du procureur, la cour se retire pour une petite minute avant de revenir. Il est décidé que les « incidents seraient joints au fond », c’est à dire que les décisions par rapport aux conclusions de nullité ne seront rendues qu’au moment du rendu du procès.
Une dizaine de flics d’Alliance occupent deux rangées au fond de la salle et font des commentaires, comme « ils veulent même pas se lever ces connards » (en parlant des gens qui rechignent à se mettre debout quand la cour rentre dans la salle), à quoi il leur est rétorqué « ta gueule ».

Commence ensuite le résumé des faits par le juge. Lecture de témoignages de commerçants, projection de nombreuses vidéos et lecture de la déposition d’Allison Barthélémy, la flic passagère de la voiture brûlée, qui n’est pas présente.
Puis Kevin Philippy, le flic conducteur, est interrogé à la barre. Rires dans la salle lorsqu’il affirme que son adversaire le visait à la tête car il « voulait le mettre au sol pour l’achever ».
Le juge continue ensuite le résumé de l’enquête, cite les auditions de personnes interpellées le 18 mai qui ne sont pas mises en cause dans l’affaire, ainsi que le témoignage du flic anonyme qui charge quatre des inculpé-e-s. Un avocat soulève que la chronologie n’est pas bonne dans le récit du juge, vu qu’il n’a pas encore parler des interpellations alors que les gens ont été arrêtés avant que le témoignage soit produit. Le juge se justifie en disant que c’est « pour que ce soit plus clair ».

Une première inculpée est interrogée. Elle comparaît écrouée et est accusée d’avoir lancé un potelet sur le pare brise avant. Le juge cite ses auditions précédentes et commente les photographies dans le dossier, mais ça se termine assez vite face au refus de l’intéressée de s’exprimer.

Un deuxième inculpé est appelé à la barre. Il est accusé d’avoir frappé la voiture et un des flics avec une tige métallique. Il reconnaît les faits, les explique par la colère grandissante qu’il a ressenti en participant à des manifestations et en y constatant la disproportion de la violence policière, tout en les regrettant et s’excusant auprès du flic. Il est cuisiné pendant presque deux heures par le juge et le proc qui le confrontent avec d’autres vidéos de lui pendant cette manifestation (notamment celle de Thierry Vincent), pour essayer de démontrer qu’il s’est montré violent envers des flics à d’autres reprises.

Après une suspension d’audience, le juge fait un point sur le calendrier du procès. Il annonce que les débats commenceront à 10h jeudi et vendredi, et que le délibéré sera rendu vendredi 29.

Un troisième inculpé est ensuite appelé à la barre, accusé seulement d’avoir « participé au groupement ». Il est questionné sur des éléments trouvés lors de la perquisition de son domicile, notamment une collection de casques, sur le choix de la marque de son blouson, sur le déroulement de la manifestation et le fait qu’elle soit interdite. La question de savoir quand il a mis sa capuche semble tenir à coeur au juge, qui montre une photo où dans un brouilli de pixels on est sensé le voir en train de se capuchonner. La salle râle mais, selon la phrase préférée du juge, « chacun appréciera ». (on pensait que c’était plutôt son rôle d’apprécier si les preuves étaient correctes, mais bon..)

Le quatrième et dernier de la journée est appelé à son tour. Accusé des mêmes choses que le précédent, plus un refus de prélèvement adn. Un peu pareil, un objet est extrait des scellés afin de savoir si il s’agit d’une matraque ou d’un manche de pelle cassée, ça débat sur la présence de « gaz lacrymogènes » (on imagine qu’il s’agit d’une gazeuse) dans son domicile.
Réactions dans la salle par rapport à des photos qui sont sensées le représenter, il est flagrant que ce n’est pas lui d’autant que la personne sur la photo fume alors que lui-même est non fumeur. Son avocat s’insurge qu’il n’y a aucun élément objectif à charge. L’inculpé reconnaît sa présence à la manif mais pas à proximité de la voiture au moment de l’attaque, et pas masqué.

A 20h c’est fini, reprise demain à 10h pour les interrogatoires des quatre autres inculpés.

En parallèle deux personnes ont été interceptées par les flics à la sortie du tribunal puis embarquées dans une voiture banalisée vers une destination inconnue, peut-être pour avoir été vus sur les caméras en train de coller des stickers dans le tribunal.