Vers 18h je me suis fait interpeler, fouiller et ai été contraint de vider mes images par un policier qui ne voulait pas que je le filme. Pour cause, il était en train d’interpeler violemment un manifestant. Deux choses :
1) Ça a beau être illégal de me demander de supprimer mes images, on peut essayer de comprendre le pourquoi : « tu crois que ça me fait rire de retrouver ma gueule sur internet et de savoir qu’après je risque ma vie en allant au Leclerc faire mes courses ? » Donc s’il vous plaît, stop aux messages haineux envers ce type. Il faut aussi écouter ce qu’il dit et comprendre.
2) Le problème, c’est que l’unique raison pour laquelle je le filmais, c’est parce qu’il s’acharnait salement sur l’autre type interpelé. Là, ça cloche

Ensuite, je voudrais revenir sur les messages qui m’ont été envoyés « soutien » etc… C’est très gentil, mais je n’ai absolument rien subi (à ce moment là), et n’ai pas été emmené en GAV puisque j’ai accepté de supprimer mes images. Pourquoi ?
1) Parce que je savais que je les récupérerai.
2) Parce que 4 photographes étaient témoins de la scène. C’est arrivé au moins une fois à chaque photographe de se faire supprimer ses images, mais les preuves sont plus rares. Pour une fois, c’est indéniable.
3) Parce que jouer au malin « je connais mes droits » avec un flic énervé ça ne sert à rien, ça se finit au comico (où bien sûr on finit par avoir raison) et que je n’avais pas le temps, à 350km de chez moi avec un covoit le lendemain et un taf le lundi.

Maintenant, je veux parler d’un détail qui, pour la police (voir twitter et Fr3) semble important. Je suis étudiant en journalisme. Évidemment que je n’ai pas de carte de presse, mais quoi qu’il en soit, tout citoyen a le droit de filmer la police dans ses agissements. J’ignorais que la carte de presse délivrait aussi le statut de « Citoyen ».
En tout cas, si ça veut dire que je n’ai pas le droit de filmer ou photographier de manifs tant que je n’ai pas la carte, eh bien tant pis, on se retrouvera au poste chers camarades.

Enfin, je voudrais revenir sur les déclarations de la police :

« Il était d’abord question de fonctionnaires qui avaient effacé des images. Ensuite des fonctionnaires qui avaient demandé que des images soient effacées. On a quelque chose qui n’est absolument pas clair dans le témoignage. »
Messieurs, en école de journalisme, on apprend à vérifier ses sources (apparemment, en école de police on apprend la communication. Mais jolie technique d’évitement, par ailleurs.) J’ai toujours affirmé que l’on m’avait demandé de supprimer mes images. La vidéo de Taranis News, prise sur le lieu, une minute après l’interpellation en atteste, ainsi que tous les articles de presse qui en parlent. En revanche, vous avez peut-être lu le live tweet de Louis Witter qui, sur le moment, a dit ce qu’il voyait avant de rectifier son propos dans les tweets suivants.

« Il n’a pas été en mesure de produire une carte professionnelle de journaliste »
Sans rire les gars, je reviens pas là-dessus hein ?

« La manière dont il était vêtu laissait à penser qu’il était plus manifestant que journaliste ».
Heu, là je vous emmerde. Non, sans rire, un peu de respect les gars, je parle pas de vos uniformes moi. Et plus sérieusement, je suis heureux d’apprendre qu’il y a un code vestimentaire journalistique. Déjà qu’on a un code déontologique à respecter, on va pas non plus se faire chier avec un uniforme. L’uniforme, c’est ce qui différencie la liberté d’être indépendant et la liberté d’aller là où on te le demande, penses-y camarade.

Et pour être vraiment sérieux, je comprends qu’on se prenne des coups de matraque dans les charges (et encore, on va dire je tolère, ça me réveille), mais là c’était une interpellation calme, choisie, réfléchie. Ils m’ont vu avec un appareil, je n’avais commis aucun délit et ils ne pouvaient pas me confondre (j’ai d’ailleurs présenté une carte d’étudiant en journalisme. Bien que ce ne soit pas un papier officiel, ça donne un indice sur la raison de ma présence sur cette manif). D’ailleurs, j’attends encore le motif officiel d’interpellation, si dans cette ô combien foutue démocratie, la police est obligée d’en avoir un pour intervenir.