Compte-rendu de discussions sur la loi travail
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Cette brochure est un récapitulatif de discussions publiques sur le mouvement dit de la « loi travail » qui a secoué la france de mars à juillet 2016 (sans oublier les soubresauts de septembre et octobre).
Elles se sont tenues dans un premier temps en décembre 2016 dans 4 villes d’allemagne : Magdeburg, Berlin, Dresden et Leipzig. Puis sous une forme différente en mars 2017 dans les villes de Buenos Aires, Valparaiso et Santiago du Chili. Elles ont été animées par des personnes ayant vécu le mouvement à lyon, marseille ou rennes.
La volonté était de faire part de quelques expériences du mouvement, qui sont forcément subjectives. Aucune prétention d’atteindre une vérité absolue sur ce qu’à été ce mouvement, mais juste de donner un point de vue.
La brochure est téléchargeable en cliquant ici
Voici le texte d’appel d’une de ces discussions :
« Témoignage, analyse et perspective anti-autoritaire sur le mouvement social de la loi travail en france ».
En france, au printemps 2016, 4 mois de blocage de l’économie, d’émeutes, d’occupations de bâtiments, de début de pénurie d’essence, d’actions directes, de grèves etc n’ont pas suffit à faire plier le gouvernement de gauche contre une loi libérale. Retour sur ce mouvement social qui a laissé des traces et permis à beaucoup de gens de se retrouver pour lutter. Il s’agira aussi de se demander comment lutter depuis l’allemagne où si les réalités politiques sont différentes, les conséquences du capitalisme sont finalement les mêmes.
Quelles solidarités mettre en place ? Comment lutter des deux cotés de la frontière ? Comment faire en sorte qu’une lutte dépasse le cadre d’un pays ? (En présence de personnes d’allemagne et de france ayant directement participer à cette lutte.)
La première question, c’est où les auteurs de ce texte ont bien pu voir leur « blocage de l’économie, émeutes, occupations de bâtiments, début de pénurie d’essence, grèves », parce que justement si le mouvement a échoué c’est que tout ça n’y était présent qu’à l’état embryonnaire, voire pas du tout ! Il n’y a jamais eu de mot d’ordre de grève chez les salariés ni de début de dynamique menant à une grève où que ce soit, à aucun moment il n’y a eu de véritable pénurie d’essence, les occupations de bâtiments ont été très peu nombreuses et n’ont pas duré longtemps, quant au blocage de l’économie n’en parlons même pas !
Tout ce qu’il y a eu, ce sont quelques échauffourées entre quelques manifestants et la police, et pour le reste nous avons assisté à une bonne grosse provocation du gouvernement qui a bien enfoncé le mot « défaite » dans la tête des salariés ! Le résultat n’a pas été la défaite d’un mouvement qui n’a même pas réussi à se définir, mais une victoire totale de l’Etat, de A à Z !
Alors il y a quelques évidences à réviser : la première est que se taper avec les flics ne sert à rien en tant que tel ; la seconde est que l’Etat a pu réactiver quelques vieilles lois sur l’interdiction de manifester ; la troisième est que sans les salariés – qui n’étaient nulle part dans les manifs, à l’exception de quelques syndiqués – il n’y a pas de mouvement ! La quatrième est que le rapport de force avec l’Etat ne se pose pas en termes économiques, comme le mouvement anti-loi CPE l’a montré, mais au niveau politique : il faut que le mouvement se comprenne comme un mouvement, comme une unité contre un adversaire commun. Ça n’a jamais été le cas dans celui-là.
Donc, on arrête les délires sur la soi-disant « lutte » contre la loi El-Khomri : elle n’a jamais dépassé un stade embryonnaire, et les leçons à en tirer pour la prochaine fois sont nulles !
VSGCI, plutôt que de donner des leçons qui ne servent à rien et critiquer inutilement le travail des autres, donne nous un point de vue constructif.(mas c’est plus dur que de critiquer c’est sur)
Des leçons qui ne servent à rien ? Ah bon ! J’aurais plutôt tendance à penser que toute leçon est bonne à prendre… Mais je constate qu’ici il n’y a pas de leçon, et j’enregistre que Smala ne conteste pas ce que j’ai écrit… J’attends de savoir au passage en quoi consiste exactement le « travail des autres », et en quoi le critiquer serait inutile. Rosa Luxemburg disait que la critique était le sang même du mouvement révolutionnaire, ou quelque chose comme ça…
Quant au « point de vue constructif », il commence justement par essayer de ne pas se faire avoir par la propagande de l’Etat, par comprendre dans quelles conditions se construit une lutte, et par examiner le rapport de force qui s’établit.
Qu’y a-t-il à retirer de la lutte contre la loi El Khomri ? C’est là que l’on sait que ça a été une provocation politique de l’Etat, c’est qu’il n’y a RIEN À EN SORTIR ! Rien, aucune leçon pour les luttes futures justement, exactement d’ailleurs comme le « mouvement » de décembre 1995. Alors le premier point constructif, c’est qu’il faut se baser sur d’autres luttes pour tirer des leçons : la lutte anti-CPE, les Indignados qui ont été un vrai mouvement spontané pour s’emparer de la rue, Occupy Wall Street, Occupy Tel Aviv qui n’ont pas été organisés par la Gauche, mais étaient des mouvements réellement partis d’un mécontentement partagé, d’une certaine volonté de discuter, de comprendre, de construire une solidarité, de se réunir pour être plus forts.
Pour l’instant toutes ces questions restent en suspens, jusqu’au prochain mouvement, qui partira on ne sait ni où ni quand. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne se servira aucunement du mouvement anti-El Khomri qui n’a rien à apporter de toute façon !