A lire ici pour les liens : http://citron-vert.info/article.php3?id_article=681

370 millions d’autochtones répartis dans quelque 70 pays, autant de traditions juridiques et de situations différentes. Le rapport 2005 du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme des populations autochtones à l’ONU, Rodolfo Stavenhagen, notait la chose suivante :

« 

Tout semble indiquer que le problème principal n’est pas l’absence de législation appropriée (encore qu’il reste beaucoup à faire dans ce domaine) mais plutôt sa

mise en oeuvre

, le fonctionnement des institutions et les procédures et mécanismes permettant leur pleine réalisation. Si les réformes juridiques en matière de droits de l’homme des peuples autochtones ne s’accompagnent pas de réformes institutionnelles, sociales et politiques offrant à ces derniers de nouvelles possibilités de véritable participation démocratique à la gestion des institutions, des mécanismes et des procédures dont le bon fonctionnement est essentiel au plein exercice de leurs droits fondamentaux, ces réformes n’atteindront pas leurs objectifs.

« 

Cette année, cette journée coïncide avec l’adoption au Conseil des Droits de l’Homme en juin dernier de la « 

Déclaration sur les droits des peuples autochtones

 » qui devrait être approuvée par l’Assemblée générale, avant la fin de l’année. La Déclaration est perçue par beaucoup comme un instrument essentiel de protection des droits des peuples autochtones, même si elle n’est

pas juridiquement contraignante

.

Ce texte reconnait par exemple que « 

les peuples autochtones ont subi des

injustices historiques

à cause, entre autres, de la colonisation et de la dépossession de leurs terres, territoires et ressources, ce qui les a empêchés d’exercer, notamment, leur droit au développement conformément à leurs propres besoins et intérêts

« .

Il déclare aussi que « 

les autochtones ont le droit, en tant que peuple et en tant qu’individus, de ne pas être soumis à l’assimilation forcée ou à la destruction de leur culture.

 » et demande le

respect des instances de décision

propres aux autochtones.

Au moins de juin, les ONG représentatives ont eu la déception de voir le Canada essayer de saboter le texte, depuis le changement de gouvernement au profit du très conservateur Harper (qui avait tenté par ailleurs de saboter les discussions sur l’Après-Kyoto). Le Canada a finalement voté contre ce texte que le pays avait mis une dizaine d’années à construire. Le seul autre pays à voter contre était la Russie, et les Etats-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, absentes du Conseil des Droits de l’Homme, n’étaient pas du tout favorables à ce texte.

Un autre texte snobé par la France

Un instrument juridique contraignant existe par ailleurs, c’est la Convention 169 de l'[!]le lien spip suivant n’a pas ete importe correctement dans oscailt: www.ilo.org [!] qui demandent aux états de

respecter les territoires

de ces peuples,

à commencer par leurs ressources naturelles

. Ratifiée que par 17 États (en Europe, les pays nordiques, sauf la Finlande).

Survival-France mène donc une campagne afin que la France ratifie ce texte, en contradiction avec la Constitution actuelle (vivement la VIe décidemment !). En effet, même si la France se proclame toujours en faveur de la diversité culturelle, les gouvernements n’aiment pas du tout prendre des mesures concrètes pour s’y adapter dès lors qu’on ne parle plus d’indigènes en France, notamment en Guyane.

Dans

Libération

, le directeur de l’ONG, Jean-Patrick Razon, pourfend cette attitude : « 

Reconnaître des droits spécifiques et collectifs est contraire à l’article 1 de la Constitution française sur l’égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d’origine, de race ou de religion. Mais on pourrait imaginer des aménagements, comme cela a été fait en Nouvelle-Calédonie, pour les

Kanaks

: les accords de Matignon et de Nouméa leur ont reconnu un statut et des droits particuliers.

« 

Le cas de la Colombie

Plus de 2,5 millions de personnes sont actuellement « déplacées internes » en Colombie, c’est-à-dire réfugiées dans une autre partie du pays. C’est la plus importante population relevant de la compétence de l’ONU dans le monde entier. Les minorités ethniques représentent une part relativement importante de la population (8 % d’indigènes et 18 % d’Afro-Colombiens) et elles sont gravement affectées par les

guerrillas

. Les conséquences pour les ethnies minoritaires ont d’autres conséquences lors de déplacements forcés que pour le reste de la population en raison de l’attachement aux terres et de leur importance culturelle.

L’UNHCR est inquiet quant à l’impact du conflit entre Uribe et le FARC par exemple sur les communautés indigènes colombiennes : « 

certains des plus petits groupes risque l’extinction à cause de leur déplacement dispersé loin de leurs terres ancestrales

« .

Deux départements colombiens de la Côte Pacifique sont particulièrement concernés : Chocó vers le nord près de la frontière avec le Panama et Nariño vers le sud près de la frontière avec l’Equateur, qui est l’une des régions les plus pauvres et les moins développées de Colombie.

Lors de récents évènements, plus de 1 700 Awas ont quitté leurs réserves de Nariño pour échapper aux combats entre un groupe armé clandestin et l’armée colombienne. Ils n’ont toujours pas pu rentrer chez eux.

En avril, plus de 1 500 indigènes Wounaan ont fui leurs terres ancestrales de Chocó, après l’assassinat de deux de leurs d’un groupe clandestin. La plupart sont maintenant rentrés dans leur communauté alors que la sécurité n’est pourtant pas prête de revenir…