Alain Lefevre et Dominique Meda, dans leur livre « Faut il brûler le modèle social français » affirment que ce dernier ne répond plus à ses objectifs d’origine, efficacité et équité.
Pour eux, la flexisécurité devrait combiner liberté d’embauche et de licenciement (la flexibilité) à une protection sociale des chômeurs, leur » activation » et un bon parcours professionnel. Le modèle danois serait donc la référence et aurait pour vocation à devenir le modèle social européen. Est-ce bien sûr?

Maintien à 90 % du revenu du demandeur d’emploi.Le salarié danois s’il désire une assurance chômage doit adhérer au syndicat LO: cette organisation gère le régime d’indemnisation. Les partisans du modèle danois mettent en avant cette couverture sociale, en apparence sécurisante.

AVANTAGES SEDUISANTS: Officiellement 180000 chômeurs, soit un taux de 6.2% (en France environ 10%). En 2003 le taux d’activité des danois est de 75.4 % contre 63.4% en France. Sauf que plus de 500000 danois se retrouvent chaque année en période « d’activation », soit 20% de la population active. Que la durée d’indemnisation des chômeurs est limitée à 4 ans sur toute la vie. Que 30% des salariés sont ,contraints de changer de travail chaque année et astreint à un parcours professionnel incertain et forcement perturbant. Que les contrats aidés par exemple ne permettent pas aux salariés de reconstituer ses droits chômage. Que les chômeurs qui ne sont plus indemnisés et hors statistique tombent dans l’assistanat sociale très précaire gérée par les municipalités.

POUR LES CAPITALISTES. Ce modèle a été mis en place par les sociaux-démocrates en 1995 (les amis politiques du PS en France).Ils ont commençés par des cessations anticipées d’activités des plus agés (départ en préretraite, etc…)Ce qui a permis de radier des statistiques une partie importante des chômeurs.
Mais le modèle repose sur 2 axes:
1-Déréglementation du travail: liberté de licenciement (un employeur danois qui licencie n’a aucune indemnité à verser si l’employé a moins de 12 ans d’ancienneté) et d’embauche; pas de salaire minimum légale du temps de travail.
2- Pression constante sur les chômeurs: contrôle très sévère, obligation de suivre une formation ou un stage, obligation de ne pas refuser plus de 2 offres d’emplois, sous peine de suppression des allocations. C’est cette période de forte contrainte sur le chômeur qui est dite »d’activation ».
Voilà l’esssentiel de la « Flexisécurité »: toute liberté à l’employeur, mais totale contrainte au travail, à la formation et au chômage.

MIRACLE DE SUR-EXPLOITATION…. Lorsque les gestionnaires capitalistes (à droite comme à gauche) prennent en exemple le fameux « miracle » danois, ils ne disent pas à quel prix pour les travailleurs, en terme de qualité de travail et de vie…Depuis 2001, le Danemark est gouverné par le libéral Anders Fogh Rasmussen, actuellement il mène une politique favorisant le développement de l’emploi à temps pârtiel. Ce qui qui signifie salaire partiel et nécessité de deux emplois pour vivre. Par ailleurs, le gouvernement cherche à diminuer la protection sociale des immigrants et il existe pour les handicapés, un marché du travail avec d’autres règles: des emplois subventionnés à temps partiel et à revenu moindre.

Cette politique vise toujours à abaisser le coût du travail en augmentant la productivité, en réduisant la redistribution sociale et les salaires.Avec pour résultat escompté l’augmentation du taux de profit.Malgré tout, chevillé au corps du capitalisme, le taux de chômage a recommençé à augmenter au Danemark, passant de 5% en 2002 à 6.2% en 2004.

FINANCE PAR LA COLLECTIVITE. Sur- exploité au travail, puis licencié, le chômeur sera indemnisé par une assurance gérée par le syndicat, grace aux cotisations versées par les salariés. Ensuite L’Etat prend éventuellement le relais, car le modèle social » aidé est financé principalement par l’impôt sur le revenu(représentant entre 30 et 50% des recettes fiscales contre 17% en France) et des taux « normaux » de TVA élevées(22à25%).
L’Etat social est donc finançé par les salariés. Le patronat encaissant les dividendes.

Cependant la recherche d’un modèle d’exploitation alliant flexibilité pour le patronat et sécurité pour le salarié a aussi un objectif politique: la soumission du Travail (salariés et chômeurs) à l’ordre social actuel. Le paradis serait-il l’absence de toutes contradictions? De toutes transformations
?? C’est le rêve de toutes les classes réactionnaires.