En mai 68, il y eut 99% de reçus aux examens !
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Mars 2005
«
Vive la Révolution ! »
Les bénéfices de long terme
de 1968
Eric Maurin & Sandra McNally
http://mai68.org/ag/946.htm
http://kalachnikov.org/ag/946.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/946.htm
http://www.monhebergement.fr/do/ag/946.htm
Lien
originel : http://www.repid.com/article.php3?id_article=344
Présentation
par Thierry Pech de l’étude d’Eric Maurin & Sandra McNally
(Téléchargez en base de page le
PDF de l’étude d’Eric Maurin & Sandra McNally)
Il
semble que tout ait été dit à propos des événements
de 68 et que l’on soit condamné au ressassement des mêmes
querelles entre ceux qui font profession de défendre « l’esprit
de Mai » et ceux qui en fustigent systématiquement les excès,
le laxisme moral ou l’hédonisme irresponsable. Pourtant, certains aspects
du « joli mois de mai » restent régulièrement
ignorés. On se chamaille volontiers sur les éléments sociétaux,
idéologiques et culturels de 68, mais plus rarement sur ses effets
économiques. Mieux, ce qui fut à l’origine du mouvement disparaît
progressivement des discours et des disputes : la place et le rôle
de l’université dans la société française. Ces deux
dimensions du « problème 68 » sont pourtant
étroitement liées. C’est ce que démontre l’étude
que l’on va lire.
En
effet, par un singulier accident de l’histoire (les choses ne se seraient sans
doute pas déroulées de la sorte si le mouvement s’était
produit au mois de décembre ou au mois de janvier…), la simplification
du baccalauréat et la désorganisation des examens universitaires
cette année-là permirent à un grand nombre de lycéens
et d’étudiants d’éviter une élimination précoce
et de prolonger leurs études. Ce fut singulièrement le cas pour
ceux d’entre eux qui étaient issus des classes moyennes et qui, candidats
au bac, avaient en moyenne 19 ans en 1968, soit un an de retard environ.
Sur
le long terme, ces individus dont le mérite principal est de s’être
trouvés au bon endroit au bon moment, connurent des destins économiques
et sociaux nettement plus favorables que ceux de leurs aînés et
de leurs cadets qui, issus des mêmes milieux, passèrent leur bac
en 1967 ou 1969, et n’eurent pas la « chance »
de réviser dans l’ambiance perturbée des manifestations, des grèves
et des affrontements avec les forces de l’ordre. Sur un terme encore plus long,
il apparaît que les enfants de ces « élus de Mai »
connurent une réussite scolaire supérieure à celle des
enfants des étudiants qui au moment des évènements ne se
trouvaient pas à un moment particulièrement sélectif de
leur scolarité et dont le destin scolaire ne fut pas affecté par
la désorganisation.
Si
cette histoire commence par un fait assez accidentel, la succession d’événements
favorables qu’elle a occasionnée au fil de deux générations
ne doit, elle, rien au hasard. C’est ce que suggère l’intuition commune,
mais encore fallait-il le démontrer. S. McNally et E. Maurin
s’y emploient : le supplément de réussite dont témoignent
les parcours des « élus de Mai » et ceux de leurs
enfants, peut être imputé au supplément de formation supérieure
qui leur échut voici bientôt 37 ans.
Certains
verront là la confirmation de leurs hypothèses sur la confiscation
des positions sociales les plus avantageuses par la « génération 68 »,
et puiseront dans ces pages de nouveaux arguments pour instruire le procès
à charge de certaines élites. La vérité est que
cette histoire ne concerne pas majoritairement ceux que l’on retrouve aujourd’hui
aux commandes des médias, des partis politiques ou des entreprises :
pour beaucoup d’entre eux, le scénario aurait été à
peu près le même sans aucun relâchement du système
sélectif. Ce relâchement a réellement bénéficié,
non à la « génération 68 » en
général, mais à certaines cohortes particulières
et, à l’intérieur de ces cohortes, aux lycéens les moins
prédisposés à accéder à l’enseignement supérieur.
D’ailleurs, si leurs trajectoires sociales sont spectaculaires au regard de
ce qu’elles auraient pu être, elles restent la plupart du temps moins
éclatantes que celles des individus accusés par certains d’avoir
« confisqué » les positions de pouvoir.
En
réalité, il est plus intéressant de suivre le fil de la
démonstration que proposent ici Sandra McNally et Eric Maurin :
68 est pour eux une expérience « grandeur nature »
des effets que l’on pourrait attendre aujourd’hui d’une ouverture accrue de
l’enseignement supérieur à l’ensemble des catégories sociales,
à fortiori de celles qui restent le plus souvent à sa porte.
Une telle politique pourrait aider à déverrouiller un certain
nombre de destins sociaux et, à long terme, à augmenter le capital
de formation disponible sur le marché du travail, c’est du moins ce que
suggère une lecture rigoureuse de l’expérience des enfants nés
en 1949, qui étaient en terminale au moment des évènements
et qui ne réussirent leur bac qu’à la faveur de la complète
désorganisation de l’examen. Cet enseignement concerne tout autant la
recherche de la justice sociale que celle de la performance économique.
Au
fond, une des leçons les moins repérées de Mai 68
se trouverait dans la réussite aussi formidable qu’accidentelle d’une
émancipation par la formation supérieure. L’histoire sociale des
« élus de Mai » donnerait ainsi raison à
tous ceux qui, révolutionnaires alors, pensaient que l’université
ne devait pas s’adapter à la société, mais la transformer.
Ceux-là auront été, pour une part, les cobayes heureux
de leurs propres idées.
Thierry
Pech
Secrétaire
général de la République des Idées
Eric Maurin
est économiste au centre Paris-Jourdan Sciences Economiques (PSE), Unité
Mixte de Recherche CNRS – EHESS – ENPC – ENS. Il a notamment publié le
Ghetto français. Enquête sur le séparatisme social (La République
des Idées / Seuil, 2004).
Sandra McNally
est économiste au Centre for Economic Performance et Centre for Economics
of Education à la London School of Economics (Londres).
L’étude
de Eric Maurin & Sandra McNally est ici :
http://www.repid.com/IMG/pdf/doc-95.pdf
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REMARQUE de
do :
En
mai 68, il y eut 99% de reçus aux examens ; par conséquent,
les étudiants et les lycéens ne doivent jamais avoir peur de faire
de vraies grèves, même quand la période des examens s’approche.
C’est un excellent argument à utiliser en AG étudiante ou lycéenne
pour faire voter la grève parce qu’il est parfaitement véridique.
Cet article intitulé « Vive la Révolution ! Les
bénéfices de long terme de 1968 » montre à quel
point les examens obtenus en 1968 ont profité à l’ensemble des
contestataires de cette heureuse époque et à leur descendance.
Celles et ceux qui ont fait mai 68 ont eu des avantages énormes !
Faisons comme eux !
Bien
à vous,
do
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