Petit condensé de ce qui nous afflige

Tout d’abord le 19 août 2019, on arrête notre ami comme un malfrat, un terroriste, un grand bandit ; on l’emprisonne à Rennes sous la pression de deux mandats d’arrêt italiens dont l’un s’avérera nul et l’autre à peine rempli et donc non conforme. La confiance mutuelle entre pays est ainsi bafouée, notre justice est trompée, cela ne nous réjouit pas !

On se réjouit à Rennes car la demande de notre ami n’a pas été transmise par le procureur à l’Italie, ce droit, essentiel, on s’en doute, et prévu sous peine de nullité. C’est un vice de forme donc, on le relâche ! On est content mais on déchante. Le jugement est cassé sur l’argutie délirante du procureur selon laquelle il, notre ami, ne voulait un avocat italien que s’il était remis à l’Italie « si, si, c’est bête mais c’est comme ça ! » Sans la moindre preuve, il faudrait ainsi croire l’accusation sur parole. C’est incroyable !

Incroyable, les preuves à charge contre notre ami sont des photos et vidéos qui ne montrent absolument rien de véritablement répréhensible et l’une d’elles, de plus, se révèle ne pas concerner l’affaire. La condamnation sans preuve et l’usage de faux devaient être considérés comme irrecevables et, cependant on s’en est servi pour condamner notre ami ! C’est intolérable !

Intolérable et malveillant car les fautes, s’il y en a, sont bénignes mais on veut les sanctionner par douze années de réclusion. La cour d’Appel d’Angers sauve notre ami en montrant qu’il n’y a en France aucun crime de l’ordre de ce «dévastation et pillage» et qu’en conséquence, on ne doit s’occuper que des délits, on en retient deux passibles de peine. C’est un jugement subtil, il faut bien faire des concessions, il paraît équitable ! On est assez content ! Mais…

Mais équitable le Procureur ne l’est pas, il soutient qu’en considérant que notre ami a participé non à une manifestation mais à une action visant à détruire l’État, il mériterait chez nous de huit à quinze années. En quelque sorte il s’en tire bien, notre ami ! Logique imparable qui transforme ainsi un délit en crime, tour de passe-passe qui de notre ami fait un terroriste dangereux « portant atteinte à la sûreté de l’État » C’est époustouflant !

Époustouflant le temps que ça prend, nous nous démenons, nous alertons, nous pétitionnons et notre ami souffre d’attendre, d’attendre encore, d’attendre toujours ! C’est pénible et regrettable !

Regrettable ces deux ans d’attente mais ça avance, c’est à Paris qu’on se trouve, et à la Capitale on considère que la cour d’Angers a jugé de manière recevable. Cependant pour plus de sûreté on va demander conseil à l’Europe. On n’ose pas juger seul, c’est lamentable !

Lamentable, l’Europe qui fait attendre encore, se réveille, fait peu de cas de la défense mais écoute et suit l’accusation. Impensable cette dernière n’y va de main morte : foin de toutes ces simagrées de défense, il faut appliquer le mandat et ne pas y regarder de si près pour savoir si nous condamnons les mêmes crimes ou délits, si les peines sont proportionnelles, si, si… Il n’y a qu’à renvoyer l’Italien à l’Italie qui est notre amie et le demande ! L’argumentation vaut son pesant de malhonnêteté puisque les Mandats d’arrêt européens comportent justement ces garde-fous pour éviter les erreurs et les abus de pouvoir. Qu’on ne se conforme pas à la loi cadre des mandats n’est pas répréhensible, «on a le droit, c’est comme ça, on le décide! » C’est malhonnête, c’est gonflé, c’est pendable !

Pendable et gonflé d’introduire ainsi une jurisprudence qui permet l’entrée d’une loi limitant considérablement le droit de manifester dans l’arsenal répressif des contestations. Ainsi celui qui défile est considéré comme complice de toutes les dévastations et pillages commis durant la manifestation. C’est redoutable !

Redoutable, quand on apprend que ce conseil est pernicieux puisque la Cour de Paris se doit d’en tenir compte, ce qui veut dire qu’elle doit le suivre, qu’elle y est obligée. Qu’un conseil se transforme en ordre la Cour parisienne devait le savoir; a-t-elle donc cherché l’entourloupe, le faux-fuyant, la manœuvre ? C’est détestable !

Détestable, la condamnation à 12 années de prison de notre ami pour avoir participé aux contre-manifestations de Gènes, avoir volé une canette de bière et ne parvenant pas même à faire flamber un pneu ? Détestable le renvoi de l’affaire à une autre Cour d’appel parce que la décision (ledit conseil!) de la Cour européenne l’empêche, elle, la plus haute Cour de justice, d’exercer sa compétence! Voyez-vous ça: elle ne peut plus juger ! C’est inouï, extravagant, renversant, et c’est pitoyable !

Pitoyable et détestable car avec les fêtes, il faudra certainement attendre encore un peu puis recommencer à zéro ou presque puisqu’on a ainsi perdu le droit d’invoquer les garde-fous des mandats d’arrêt européens. Il faudra en rabattre : est-ce que ça n’a pas duré trop longtemps, les délais ne sont-ils pas dépassés; et la présomption d’innocence, n’y a-t-il pas moyen par là de… Notre ami vit-il correctement ? A-t-il une vie de famille stable ?… Sera-t-il bien traité ? … C’est tout simplement dégradant, odieux et infâme !

Infâme et pervers que la Cour de Cassation conseille à la Cour d’appel de Lyon de tenir compte du conseil de la Cour européenne, c’est dire qu’il vaudrait mieux … On n’ose l’écrire !

Mais si ça ne marche pas, on se pourvoira, et si ça marche, le procureur se pourvoira, et nous rrr-irons en cassation… Ainsi tourne la marotte judiciaire quand s’en mêle le politique qui balaie les jugements longuement mûris au profit de dogmes irréfléchis et dangereux !

En résumé,
Nous sommes affligés, irrités, heurtés, choqués, outrés, indignés, scandalisés, alarmés, révoltés par :

L’arrestation de notre ami et le préjudice porté contre lui !
La souffrance infligée par son séjour pénitencier !
La malhonnêteté des informations et mandats fournis par l’Italie !
Le peu de considération et de respect de nos Cours de justice !
La contestation par le procureur du jugement justifié de Rennes !
Les affirmations pernicieuses du procureur sur le vice de forme !
L’absence de preuve pour soutenir la condamnation !
Le contestation du jugement pourtant équilibré d’Angers !
Les arguments déplacés et malhonnêtes du procureur !
L’accusation induite pour notre ami d’être un terroriste !
L’attente considérable des jugements et les souffrances qui en découlent !
L’indécision de la Cour de cassation, son appel au conseil, trompeur !
L’absence de plaidoirie de la défense à la Cour européenne !
La volonté affichée de sauver le dogme MAE plutôt que la justice !
Le rejet des garanties de double incrimination et de proportion des peines !
L’injonction faite à la Cour de Paris en guise de conseil !
Le manque de courage, l’incertitude, la crainte de la Cour de cassation!
L’entrée subreptice d’une loi qui limite, suspecte, voire interdit le droit de Manifester !
L’impunité des accusateurs, des trompeurs et des menteurs !
L’impunité des policiers coupables des violences de Gênes !
L’horreur des répressions perpétrées contre les manifestants !
Le total mépris des volontés de construire une société moins productiviste et plus attentives au climat !
Les plus de trois ans (40 mois au 19/12/2022) de revirements, d’espoirs trompés, de procédure alambiquées !
La contradiction des procureurs, c’est à dire de l’État, à faire fonctionner «quoi qu’il en coûte» les MAE en dépit des limites mises en places par ces États-mêmes !
L’angoisse infligée à notre ami et l’inquiétude permanente de son comité !

Pour finir cet acharnement inexplicable force chacun à devenir suspicieux, mettre en doute la probité de la justice et celle plus douteuse encore de l’exécutif qui veut la gouverner, ce qui n’a rien d’agréable pour nous qui restons démocrates !

Mais déplorons, blâmons, contestons, dénonçons ces tours et contours juridiques qui défendent le fonctionnement de la machine plutôt que la véritable justice.

https://www.comite-soutien-vincenzo.org/

contre l’application d’une loi fasciste