C’était il y a deux ans : l’opération antiterroriste du 8 décembre.

On s’en souvient comme si c’était hier. Neuf camarades aux idéaux anarchistes et communistes se faisaient violemment arrêter par des polices militaires (GAO, GIGN) sous ordres de la DGSI. Un squat fréquenté par des centaines de personnes pris d’assaut, l’intimité des familles violée dans des perquisitions qui durèrent des heures, les camarades inculpé.es embarqués avec un sac sur la tête, des flics sur-armés, viseurs laser et doigts sur la gâchette, la terreur policière.

Après presque 4 jours de GAV à Levallois-Perret, 7 étaient mis.es en examen pour « association de malfaiteurs terroristes », les discours policiers fuitaient dans les médias proches du Parquet National Anti-Terroriste (PNAT) : Le Point, Valeurs Actuelles, Le Figaro.

Sous le choc, des proches et des camarades se sont spontanément montés en groupes de soutien, à Toulouse, en région francilienne, à Amiens, à Rennes… Nos potes des terroristes ? C’est quoi ce délire ?

RELIRE : Lettre d’Ami.es depuis Toulouse

Cinq d’entre elleux étaient envoyés en prison, sous statut DPS (Détenus Particulièrement Signalés). Traité en dangereux sanguinaire, un était mi en Quartier d’Isolement, la prison dans la prison. Libre Flot, après avoir pourtant combattu Daesh et protégé les français.es du terrorisme en participant à la libération de Raqqa, était traité comme « ses petits amis de Daesh » comme le dira Jean-Marc Herbaut, juge d’instruction à charge de l’affaire.

Les « faits » reprochés ? Avoir essayé de fabriquer une petite quantité d’explosif en regardant un tuto sur internet et avoir fait quelques fois de l’Airsoft pendant le confinement. Détenir pour certains de vieilles armes, légalement, et pour un autre, un fusil à canon scié trouvé en vide grenier.

REVOIR : 30 JANVIER : Prise de Parole – Rassemblement contre les lois liberticides

A ces faits, qui devraient relever du droit commun, s’ajoute donc la dimension intentionnelle. Et c’est là qu’entre en jeux dans le droit français le crime d’opinion, le crime d’être révolutionnaire. Des paroles de rap, des débats enivrés, des lectures, un style de vie, deviennent les « preuves » absolues qu’il y a un « projet d’action violente ». Quelle cible ? Où ? Quand ? Comment ? On ne saura jamais, puisque la suspicion fait preuve dans un régime fasciste.

Il faut dire que le scénario est parfait pour les imaginaires policiers. Un « revenant » du Rojava leader charismatique, son ami de jeunesse un punk artificier qui est passionné par sa profession, son copain squatteur qui est parti quelques mois en Colombie, et sa compagne aux « compétences informatiques »…

RELIRE : Récit d’une mise en examen pour association de malfaiteurs terroristes.

Plusieurs dizaines de fonctionnaires, grassement payés et profondément anti-gauchistes, passent ainsi des mois à ficeler ce récit, en additionnant des éléments de la vie privée des personnes, sans tenir compte ni des contextes, ni de la chronologie, ni des projets réels mis en œuvre dans la vie réelle des personnes.

Tout ce récit est faux. Il n’y a ni groupe ni projet. Mais nous ne sommes plus dans le mensonge grossier et crapuleux comme à l’époque de Tarnac, les « services » apprennent de leurs erreurs, et l’islamophobie de la Justice fRançaise a permis de rendre bien flous les contours de « l’association de malfaiteurs » sur le dos de la communauté musulmane.

Nous avons affaire à une production minutieuse d’un récit implacable, face auquel il a été difficile de se défendre. La parole des inculpé.es a été systématiquement méprisée. L’isolement carcéral (et les souffrances psychiques qu’il cause) a permis à Jean-Marc Herbaut de mener des interrogatoires iniques, à tel point que le camarade devait demander à avoir les questions sur papier afin d’y comprendre quelque chose. Et si Libre Flot n’avait pas entamé une grève de la faim, qui durera 36 jours, il serait toujours entrain de s’observer décrépir dans ces lieux de torture que sont les Quartiers d’Isolement, sans accès à son dossier.

REVOIR : Journée Internationale de Soutien à Libre Flot (4 avril 2021)

La parole de la Défense a été balayée tandis que celle du PNAT est en roue libre. Dans ses réquisitions rendues le 23 novembre dernier, les magistrats enivrés de patriotisme se permettent même à verser dans le conspirationnisme le plus éhonté et la diffamation.

Une nouvelle entorse au « secret d’instruction » par des magistrats à conduit dernièrement à un article sur Le Figaro tellement mensonger qu’il a été modifié le jour même sous peine de poursuites. Il y était affirmé que le camarade Libre Flot était en fait… André Hébert, militant internationaliste et auteur du livre « Jusqu’à Raqqa ». Encore une dinguerie.

Aux camarades et ami.es qui nous lisent, nous savons que ces attaques ne cesseront pas et vont reprendre de plus belle à l’approche du procès, qui devrait arriver d’ici quelques mois. Soyons prêt.es et solidaires.

En ce 8 décembre 2022, nous souhaitons rappeler à touxtes que l’outil antiterroriste est une avant-garde de la militarisation de la société. Qu’il permet l’extension du non-droit par la création d’ennemis intérieurs, dans notre cas : « l’ultragauche », qui ne se résume pas à quelques « fanatiques idéologisés » mais au contraire touche une immense partie du mouvement social, de l’écologie aux luttes antiracistes et décoloniales. Accepter que sept d’entre nous soient assimilés à des meurtriers en masse c’est accepter qu’on le soit touxtes dans le futur. C’est un pas de plus dans la fascisation du régime.

Solidarité internationaliste à toutes les victimes d’État, de leurs geôles, leurs milices armées, leurs frontières. Nous savons touxtes qui terrorise qui.

Soutien812.

RÉÉCOUTER : Radio Pikez – Antiterrorisme et Désinformation

Pour soutenir financièrement les inculpé.es et leurs proches, il est possible de participer aux frais d’avocat.es ici : https://solidaritytodecember8.wordpress.com/

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source : https://soutien812.blackblogs.org/2022/12/08/cetait-il-y-a-deux-ans-loperation-antiterroriste-du-8-decembre/