Le système démocratique actuel énonce deux affirmations : tout citoyen peut être élu et tout élu peut être sanctionné par les citoyens si ceux-ci estiment qu’il ne remplit pas correctement son mandat.

Pourtant, comme tout un chacun peut le constater, il s’est formé une caste politique composée de professionnels, que l’on retrouvent à tous les échelons, surtout les plus hauts, de la vie politique. Et, arrivé à un certain poste, un élu revient constamment dans le jeu politique.

De plus, il est patent que, contrairement aux affirmations du système actuel, le pouvoir politique n’est accessible qu’à certains citoyens. La longévité des carrières et le milieu d’origine des élus bloquent l’accession aux postes de pouvoir à la grande majorité du peuple. Il n’est plus un secret pour personne que le pouvoir exécutif est quasi exclusivement réservé aux énarques. De même que le pouvoir législatif compte en son sein moins de 5 % d’artisans, d’employés et d’ouvriers, alors qu’ils représentent l’immense majorité de nos concitoyens.

Contrairement aux même affirmations du système démocratique, le peuple n’a pas la possibilité de sanctionner ses dirigeants. Car, telle l’oscillation d’un pendule, une majorité chasse l’autre qui la remplacera à son tour lors de prochaines élections en un mouvement sans fin. La caste politique a organisé une alternance en son propre sein, pour garder, quelques soient les circonstances, le pouvoir et les hommes qui lui sont attachés.

Pourtant, et c’est là que réside le paradoxe, est-il possible de confier le pouvoir à une personne non préparée, non formée ? Donc à un non-professionnel. Ce serait aberrant dans n’importe quelle activité et il n’y a aucune raison de croire que la politique échappe à cette règle. La science (politique) infuse n’existe qu’au café du commerce !
Et même, en admettant que par souci d’égalité n’importe quel citoyen puisse obtenir le pouvoir un temps donné, nous aurions alors des élus totalement désarmés, obligés de se fier aveuglément aux directives et recommandations des professionnels que sont les hauts fonctionnaires. On en reviendrait en fait au système actuel !

La clérocratie permet de résoudre ce paradoxe. Dans le système clérocratique les élus sont formés en partant de la base. Ils apprennent leur métier progressivement, comme le fait tout un chacun dans la vie active. S’ils s’appuient sur la compétence de la fonction publique, ils n’y sont pas soumis car, par l’apprentissage progressif du pouvoir, ils sont capables d’avoir des jugements de spécialistes, de personnes formées à leur mission. Dans un tel système, la fonction publique retrouve sa juste place d’aide à la décision et non, comme actuellement, d’unique décisionnaire.

Cependant, en clérocratie, les élus ne peuvent créer une caste comme aujourd’hui car ils ne sauront jamais, tirage au sort oblige, s’ils accéderont à un échelon supérieur. Ils n’ont qu’un but : remplir la mission qui leur a été confiée. On ne trouvera pas non plus une représentation aberrante dans les fonctions de pouvoir comme aujourd’hui, puisque la clérocratie permet une parité réelle basée sur la véritable représentativité de la nation. En pourcentage d’hommes et de femmes bien sûr, mais aussi en pourcentage d’ouvriers, d’employés, d’artisans, de professions libérales.

Enfin, le pouvoir sera réellement entre les mains du peuple car c’est lui qui fixera, par référendums réguliers, les missions de ses représentants. Alors qu’actuellement, c’est la caste politique qui définit son propre programme, plus fabriqué pour la circonstance et par opportunisme électoraliste, que pour répondre aux attentes de la nation.

La complexité du monde actuel impose qu’un pays se dote de dirigeants véritablement professionnels. Le problème de la démocratie, c’est que cette professionnalisation dérive inexorablement vers un système aristocratique. Et, si l’on veut arrêter cette dérive, la clérocratie est la meilleure méthode.