La démocratie, nouvel opium du peuple ?
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Ce qui est merveilleux dans l’opium, disaient les vieux opiomanes, c’est sa faculté à susciter une espèce d’état léthargique qui permet, sinon d’oublier, du moins de gommer les problèmes du quotidien. D’arriver à la sérénité béate qui fait considérer les aberrations du monde comme de tranquilles évidences. En une phrase : d’accepter, avec philosophie, de prendre des vessies pour des lanternes. Et il en va ainsi des tenants de la démocratie actuelle.
Pourtant, à jeun, le démocrate sait bien que le système n’est qu’un écran de fumée. Les pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, qui sont sensés être entre les mains du peuple, lui ont été confisqués par une caste de privilégiés. Il sait que la nation toute entière est entre les mains d’un petit groupe de trafiquants de démocratie qui n’agit qu’en fonction de ses propres intérêts. Il sait que la démocratie n’est qu’une coquille vide, des mots qui ont perdu leur sens.
Pourtant, à jeun, le démocrate sait aussi que les fournisseurs de drogue démocratique lui font miroiter des paradis artificiels, des lendemains qui chantent, mais qu’en fait, ils n’agissent que pour leur propre compte. Qu’ils ne s’intéressent à lui que lorsqu’ils ont besoin de fourguer leur camelote, de lui faire croire, encore et encore, qu’ils feront mieux demain ce qu’ils ont été incapables de réaliser hier.
Pourtant, à jeun, le démocrate sait bien que dans ce jeu de dupes, ce n’est pas lui qui distribue les cartes. Il a compris que son bulletin de vote ne sert qu’à faire durer une stérile et incessante partie de ping-pong où, sous couvert de jouer pour lui, on joue sur son dos et à ses frais. Il sait que les joueurs trichent, mentent, exploitent d’une manière éhontée sa fausse crédulité, abusent de sa lassitude et se renvoient la balle pour mieux continuer une énième manche qui ne profite qu’à eux.
Pourtant, à jeun, tout ça il le sait. Et il en a pleinement conscience ! Et pourtant, combien sont-ils ces accros à la démocratie, qui bien que connaissant la perversité du système, ses failles, ses défauts, ses injustices et ses non-sens, ne peuvent s’empêcher d’y retourner encore et toujours, de défendre cette drogue dont ils dépendent, même s’ils savent que c’est pour leur plus grand malheur. C’est le propre des drogués que de préserver envers et contre tout ce qui cause leur perte. De refuser de voir, de s’accrocher.
Pourtant, à jeun, le démocrate sait bien qu’il devrait agir pour sortir de sa dépendance. Se prendre en main et dire non. Mais à jeun, il sait aussi que le trafic démocratique est tellement bien organisé, qu’il n’a quasiment aucune chance de sortir de sa dépendance. Ses fournisseurs, pour vivre sur son dos, continueront à lui mentir, à lui dire que sans la drogue démocratique le monde s’écroulerait. Mensonges de trafiquants !
C’est vrai qu’il est plus facile d’accepter cette évidence, même si elle rime avec déchéance. C’est vrai aussi que, pour beaucoup, il est préférable de ne pas lâcher la proie pour l’ombre, même si la proie n’est plus que l’ombre d’elle même. Tout cela, c’est vrai ! Et c’est la dessus que s’appuie la caste politique. Elle qui a réussi le tour de force de dégoûter le peuple de la politique pour mieux se la réserver. Qui a transformé la démocratie en l’art d’utiliser la nation à des fins de promotion personnelle.
C’est contre toutes ces aberrations que se battent les clérocrates. Vaste combat !
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