Se servir du hasard pour désigner le personnel politique d’un pays est une méthode qui a fait les preuves de son efficacité. Les exemples abondent dans l’Histoire. Athènes, où la démocratie n’était concevable que par le tirage au sort des dirigeants bien sûr, les grandes cités italiennes comme Venise, Gênes, Naples pour ne nommer que les plus importantes. Mais, même sans aller chercher loin dans l’Histoire, rappelons qu’il existe en France, actuellement, un organisme syndical représentant plus d’un million de personnes et dont tous les membres sont élus par le sort.

Cependant, pour corriger les effets néfastes du hasard et ses aberrations prévisibles, il est indispensable de mettre en place des « filtres ». Il serait, par exemple, parfaitement injuste que par les « hasards du sort » une catégorie socioprofessionnelle soit sur-représentée au niveau de la direction de notre pays… comme cela se passe aujourd’hui où la fonction publique confisque la quasi totalité des pouvoirs. Ou encore, parfaitement anormal que les aléas d’une élection sous le mode clérocratique donnent la quasi totalité du pouvoir aux seuls hommes… ce qui est pourtant une habitude dans le monde démocratique.

En clérocratie, les filtres sont là pour permettre une véritable représentativité populaire et non une parodie de représentativité comme actuellement. Pour reprendre un exemple connu, les femmes, qui composent la moitié de la population, devraient donc, en toute justice, être présentes dans la moitié des postes politiques. Chacun sait ce qu’il en est ! Tout comme les ouvriers, les employés, les salariés qui constituent la grande majorité des Français, devraient donc, en toute égalité, être présents dans la majorité des instances politiques. Pourtant, pour ne prendre que le Sénat et la Chambre des députés, ils ne sont que 2 %.

Les filtres, en clérocratie, ont aussi pour but de sélectionner les personnes les plus aptes à remplir un fonction supérieure. En effet, un groupe qui a travaillé ensemble depuis plusieurs années est capable de choisir en son sein les personnes les plus capables de remplir une autre mission. Mais, pour éviter les « arrangements entre copains » et autres renvois d’ascenseur, parmi ces personnes choisies par le groupe, seules quelques-unes désignées par le sort se verront confier une nouvelle mission.

Enfin, pour ceux qui craindraient l’arrivée d’un dictateur porté au pouvoir par le hasard, il faut savoir que seul, un dictateur est impuissant. Il faut la complicité, active ou passive, de tout un peuple pour créer une dictature. L’extrémisme a besoin du pouvoir et, si possible, du pouvoir absolu. Ce qui est totalement impossible en clérocratie où le pouvoir n’est qu’un mandat confié à une personne pour une durée déterminée et non renouvelable.

Les filtres, en clérocratie, ont donc à la fois une fonction égalitaire, une fonction de justice sociale et une de justice politique. Termes qui semblent totalement inconnus du dictionnaire de la démocratie.