Lorsque, en 1789, une partie de la bourgeoisie française se servit du peuple, essentiellement parisien, pour renverser la monarchie, elle n’eut jamais l’intention de partager le pouvoir avec quiconque. Et surtout pas avec le peuple. Elle avait instigué cette révolution pour ravir le pouvoir à la noblesse et ce n’était sûrement pas pour le donner à un peuple qui, plus est, ne demandait rien. Le peuple était l’outil de la conquête et, la victoire assurée, l’outil pouvait retourner dans sa caisse. D’autres révolutions se servirent du même outil… avec le même résultat. C’est le paysan qui profite du lait, pas la vache.
De république en république, la caste politique, finit, après bien des réticences, par appliquer un semblant de démocratie. En 1848 l’instauration du suffrage universel fut saluée comme une grande avancée démocratique. Bizarrement, bien que du genre féminin, la démocratie fut réservée aux hommes. En 1945, avec le droit de vote accordé aux femmes, le peuple eut le droit de choisir ses dirigeants. Enfin… eut le droit de choisir parmi les dirigeants proposés par la caste politique. Ce n’est pas parce que le mouton choisit son gardien qu’il devient berger.
Puisqu’il en avait la possibilité, le peuple essaya d’élire des dirigeants qui répartiraient équitablement, sur toutes les épaules, le poids de l’État. Il tenta un coup à droite puis un coup à gauche. Comme ça ne marchait pas, encore à droite, puis encore à gauche. Mais, chose étrange, plus les dirigeants changeaient, plus c’étaient les mêmes. Seuls, restaient les problèmes. Le fardeau pesait toujours aussi lourd sur les épaules du peuple. Les moutons portent souvent de la laine mais jamais de pull.
Alors le peuple en eut assez. Il finit par refuser le droit qu’on lui avait octroyé et préféra la pêche à la ligne aux urnes démocratiques. La caste politique s’en inquiéta, puis s’en accommoda, pensant avec sagesse : « Qu’importe la participation populaire pourvu qu’on garde le pouvoir ». De temps en temps, parce que ça coïncide avec ses intérêts, elle rappelle à grands renforts de menaces, les dangers de l’abstention. Parle de devoirs, elle qui ne connaît que ses privilèges. Promet de graves périls, elle qui est toujours là. Crie au loup. Mais quand le troupeau sait que son berger mange de la viande pourquoi aurait-il peur du loup ?
Alors, la démocratie est-elle soluble dans le peuple ? Pas celle que nous connaissons aujourd’hui. En fait, quand on regarde bien, le plus grand handicap de la démocratie actuelle, c’est le peuple !
Dans le système clérocratique…