Seulement n’ayant pas les moyens de payer l’ « opération » (« je suis allée voir plusieurs médecins pour qu’ils me sortent le bébé. Je leur disait que j’avais été violée mais tous me voulaient faire payer 300 pesos (70 euros) ») et par peur de la réaction de ses parents, elle a alors caché sa grossesse. Elle a finit par accoucher seule dans sa salle de bain et, suite au stress post-traumatique elle a blessé mortellement le nouveau-né (« je sais qu’il n’avait rien à voir mais s’il avait vécu, je l’aurais également refusé. J’étais en état de choc. Dans la salle de bain, son image [du violeur] m’est apparue (…) ») Après deux ans de prison « préventive », son procès a eu lieu en juin 2005. Elle a été condamnée à 14 ans de prison. Le tribunal n’a pas tenu compte des conditions de l’ « assassinat » (terme employé par la justice) ni du fait qu’elle ait été violée. D’ailleurs son violeur, Eduardo Vargas, est en liberté.

UN CAS EMBLEMATIQUE

L’histoire et la situation de Romina est emblématique de ce qui se passe en Argentine (et ailleurs) au niveau de l’oppression et de l’absence des droits des femmes :

– Banalisation des violences faites aux femmes et impunité. Les violeurs sont rarement condamnés (que dire donc des autres violences) et les femmes qui portent plainte se retrouvent en général en situation d’accusées (d’où absence de dénonciations) ;
– Pénalisation de l’avortement. De ce fait, les femmes ont recours aux avortement clandestins (on estime leur nombre à 300 000 par an). Alors que les femmes « riches » ont les moyens d’y avoir recours dans des conditions d’hygiène et de sécurité convenables, les femmes « pauvres » en meurent fréquemment (il est très difficile d’avoir des chiffres, on parle de deux morts par jour ou plus). C’est l’une des premières causes de mortalité maternelle.
– Absence d’éducation sexuelle et difficulté d’accès aux moyens de contraception. A noter d’ailleurs pour le dernier point une tendance au « boycott » de certains médecins.

« IGLESIA BASURA VOS SOS LA DICTADURA » (Eglise ordure, tu es la dictature)

L’un des premiers responsables de cette situation est l’Eglise catholique argentine (et le Vatican). En Argentine, il n’y a pas de séparation de l’Eglise et de l’Etat, et le catholicisme est religion d’Etat. L’Eglise est fermement opposée à la dépénalisation de l’avortement, à l’éducation sexuelle à l’école, à la distribution de contraceptifs. A l’image de ce qui se passe dans beaucoup de pays du monde, de nombreux scandales de prêtres accusés de violences sexuelles sur mineurs ont éclaté. Un « groupe de choc », dénommé Christ Roi, toléré par l’épiscopat catholique, réalise fréquemment des actions visant à menacer, à censurer et à agresser toutes celles et ceux qui revendiquent le droit à l’avortement. En février 2005, à la suite d’une prise de position personnelle du ministre de la Santé en faveur de la dépénalisation de l’avortement pour des raisons sanitaires, l’évêque aux armées, Antonio Baseotto, a déclaré que les auteurs de tels positions « mériteraient qu’on leur attache une pierre autour du cou et qu’ils soient jeté à la mer ». Cette déclaration a suscité de fortes indignations, dont celles des Mères de la Place de Mai car cette formule n’est pas sans rappeler les « vols de la mort » de la dernière dictature militaire où des personnes étaient jetées depuis des avions dans le Rio de La Plata. Mais la pastorale sociale du Vatican a alors écrit à Baseotto en exprimant son admiration pour ceux qui ne « taisent pas » leur opposition à l’avortement et à la distribution de préservatifs avec des paroles « vaillantes et contondantes », ce qui a mit l’Eglise catholique argentine dans une situation embarrasante.

UN COLLECTIF DE SOUTIEN ?

L’objectif de la création d’un collectif de soutien (ou de toute forme de regroupement) serait de rendre public la situation de Romina, de la dénoncer et plus largement de faire pression sur les autorités argentines pour sa mise en liberté. Il est également important de dénoncer la pénalisation de l’avortement et les morts qu’elle entraîne.

Il nous semble important également d’être en contact avec les organisations et les groupes qui soutiennent Romina et la dépénalisation de l’avortement en Argentine, afin d’échanger des informations et d’essayer de coordonner des actions dans un cadre plus large.

Dans l’objectif d’avoir un impact et pour faire « d’une pierre deux coups », il nous paraît judicieux par exemple de diffuser l’information et de dénoncer la position de l’Eglise catholique argentine (et du Vatican) devant des églises, ce qui pourrait être l’occasion d’exiger des prises de position de l’épiscopat français par rapport à Romina et aux femmes qui meurent par avortement clandestin.

Il va de soi que toutes ces propositions ne sont que des propositions à discuter. Nous invitons donc toutes celles et ceux qui souhaitent avoir plus d’informations et commencer à s’organiser à nous contacter.

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Rennes, le 10 juillet 2005.

santelmo@no-log.org 06 12 92 61 78