Le 18 juin 2003, contre toute attente, la mairie de Saint-Martin-d’Hères fait expulser le squat de la Charade !

La Charade était depuis le début du mois d’octobre 2002 un squat autogéré avec un projet de vie collective et de nombreuses activités publiques (débats, projections-vidéos, espace féministe non-mixte, zone de gratuité, bibliothèque, salle de jeux pour enfants, etc.). Dès le début, la mairie « communiste propriétaire » n’a exprimé qu’un seul et unique désir : se débarrasser de ces trouble-fête qui ne trouvent rien de mieux à faire que de s’emparer d’un lieu abandonné depuis de longues années pour en faire un lieu de vie ouvert à la population de Saint-Martin-d’Hères et d’ailleurs. Avoir l’étiquette « communiste » tout en réprimant les rares expériences concrètement communistes comme l’appropriation collective d’un bâtiment inutilisé, c’est une ironie du sort qui n’étonne plus grand monde au regard des expériences étatiques dites « communistes » qui ont eu lieu à travers le monde au XXème siècle.

Malgré une hostilité affichée dès le départ, les autorités municipales n’ont cessé de nous tenir un double discours qui se voulait à la fois intransigeant (« vous êtes des squatteur-euse-s donc vous devez partir, l’illégalité c’est mal ») et rassurant (« ne vous inquiétez pas, nous n’enverrons pas les flics vous expulser, ce n’est pas notre genre », « nous trouverons des solutions pour vous aider, vous reloger »). Après nous avoir dès le mois d’octobre envoyé des gros bras et un serrurier pour tenter de nous expulser en douce, la mairie a demandé au Tribunal de Grande Instance l’expulsion immédiate de la Charade (ceci à la veille de l’hiver). Ayant eu des délais nous menant légalement jusqu’au 18 mai, continuant quoi qu’il en soit nos activités, nous avons essayé de rencontrer à plusieurs reprises les responsables « hiérarchiques » aptes à nous informer quant à leurs projets d’expulsion. Signalons au passage que les seules raisons invoquées par la mairie autres que le simple droit de propriété sont les questions de écurité (quel danger, au final, à part celui de se prendre des coups de matraque le jour de l’expulsion ?) et le fait que la mairie a un projet flou et lointain de réhabilitation / reconstruction sur l’ensemble du quartier (projet qui nécessite l’expropriation des propriétaires alentours et le relogement de nos voisin-e-s locataires, ce qui n’est pas vraiment d’actualité aux dires de ces mêmes locataires). Même le journal de la municipalité martinéroise (SMH Mensuel n°252 de juin 2003) précise que la démolition de « l’ex-hôtel du Chamois, avenue Ambroise Croizat » aura lieu « à moyen terme ». Moyen terme… pour la démolition. Et « pour la bonne cause » (terme employé dans le même journal pour justifier l’expulsion à l’avance…) ? Dans combien de temps ce fameux projet de « 58 logements » verra-t-il le jour ? Cela nécessitait-il notre expulsion en ce doux mois de juin 2003 (sans aucune proposition de relogement) ? Et y’a-t-il vraiment de « bonnes » expulsions ?

Ce qui est sûr, c’est que nous avons été bien naïfs/naïves de prendre en considération leurs propos à notre égard. Après plusieurs rencontres avec José Arias (adjoint au maire, numéro 1 bis…) et Jean-Louis Millet (directeur général adjoint en charge de l’habitat), nous avions leur parole qu’il n’y aurait pas d’expulsion avant la fin juillet 2003 (plus précisément « pas avant le 20 juillet » avions-nous appris de la bouche de ces deux hauts responsables de la mairie). Toutefois méfiant-e-s sur ces promesses dignes de n’importe quel-le politicien-ne de l’UMP, nous voulions une garantie écrite formelle de ces promesses. Garantie que nous n’avons jamais eue, et pour cause. Pourtant, les larges sourires de monsieur Millet et même de monsieur Arias, leur façon de nous assurer avec une sérénité apaisante « ne-vous-in-quié-tez-pas », la façon qu’avait monsieur Proby de nous saluer chaleureusement pendant les manifs contre la guerre en Irak comme si nous étions parmi ses meilleur-e-s ami-e-s, tout cela nous donne la nausée. Messieurs, vous êtes des menteurs ! Des politiciens dans la plus pure espèce. Quelle différence de méthode y’a-t-il entre vos promesses non tenues et celles de Chirac après son élection en mai 2002 ? Le refus de la municipalité de prendre en compte notre existence nous rappelle bien évidemment le refus du gouvernement Raffarin de prendre en compte l’existence des travailleur-euse-s en lutte actuellement. Squatteur-euse-s et travailleur-euse-s sont tout bonnement méprisé-e-s et « pris-es pour des con-ne-s ».

Lors de l’expulsion du 18 juin, seuls les flics en faction semblaient trouver « normal » de faire ce travail. Plusieurs déménageurs et ouvriers ont rechigné à la tâche et nous ont fait part de leur soutien, exprimant le dégoût d’une telle demande de la part de la mairie de Saint-Martin-d’Hères. Aucun-e élu-e n’était sur place le matin de l’expulsion, signalons-le. Pas facile d’assumer l’expulsion d’un squat qui renouvelle une certaine résistance dont le bâtiment était un des repaires lors de la seconde guerre mondiale, semble-t-il…

Nous tenons ici à remercier nos voisin-e-s ainsi que les nombreuses et nombreux Martinérois-es qui nous ont soutenu pendant huit mois et demi et plus particulièrement lors de ces difficiles dernières heures. Mais nous n’oublions pas que notre sort était entre les mains de la mairie « communiste » qui s’est unie sans problèmes au nouveau préfet « de gauche » (plutôt chevènementiste) et à la sarkozienne police nationale. Tou-te-s uni-e-s contre la mise en pratique des idées révolutionnaires, c’est ça ?

Nous réinvestirons des lieux vides et nous continuerons à manifester jusqu’à ce qu’un bouleversement social s’ensuive.

Les ex-habitant-e-s de la Charade et des individu-e-s solidaires

, le 19 juin 2003

charade@squat.net

pour se souvenir -> http://charade.squat.net

La mairie de (Saint-)Martin-d’Hères n’a pas fini d’entendre parler de la Charade…

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Pour joindre les ex-habitant-e-s de la Charade, appelez au squat des 400 couverts (0476864412) ou sur le portable d’Hélène (06 88 98 36 54).

Vous pouvez aussi faire connaître votre mécontentement à la mairie propriétaire à majorité PCF ainsi qu’à la préfecture par les moyens qui sembleront les plus appropriés. Si vous optez (entre autres ?) pour le téléphone ou le courrier postal ou l’e-mail, voici les coordonnées de ces bureaucrates peu recommandables :

M. Proby, Maire de SMH
111, av. Ambroise Croizat
38400 (Saint-)Martin-d’Hères
Accueil (essayez de demander Proby ou Arias…) : 04 76 60 73 73
Service Habitat (M. Millet) : 04 76 6073 58

Préfecture de l’Isère
12, place Verdun
38000 Grenoble
04 76 60 34 00

La résistance continue !