Besoin de soutien – expulsion de la grande ourse à angers
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Logement/squatRépression
Lieux : Angers
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Angers. Les forces de l’ordre font évacuer le squat de la Grande Ourse
Ce jeudi 21 janvier au petit matin, la police est en train de procéder à l’évacuation du squat dit de la Grande Ourse, à Angers, au bord de la Maine. L’ancien magasin de meubles est occupé illégalement depuis l’automne 2019.
Une disqueuse s’attaque à la porte. Les policiers et gendarmes mobiles sont arrivés discrètement jusque-là. Vingt minutes d’efforts et la police entre dans l’ancien magasin de meubles du quai Robert-Fèvre, à Angers, par la porte située côté place de la Rochefoucauld. Il est 6 h 24 du matin. Bah c’est pas trop tôt, avec tout le bazar qu’ils font ici, lance une dame qui passe sur le pont des Arts et Métiers.
Un important dispositif policier s’est mis en place ce jeudi 21 janvier dès 6 heures du matin, aux abords de ce lieu occupé depuis l’automne 2019 par plusieurs dizaines de sans-abri, SDF, étudiants, travailleurs pauvres, réfugiés et militants de l’ultra-gauche, réunis sous le nom de la Grande Ourse.
Sous les ordres du préfet de Maine-et-Loire, la Direction départementale de la sécurité publique met en œuvre la décision d’expulsion prise par la justice. Afin d’éviter toute résistance, depuis l’intérieur des locaux comme depuis l’extérieur, une demi-compagnie de CRS et un escadron de gendarmes mobiles, soit une petite centaine de personnels spécialisés dans le maintien de l’ordre, sont venus en appui des effectifs locaux de la police nationale.
Le magasin désaffecté présente plusieurs accès, autour du bloc d’immeubles, tant sur le quai Robert-Fèvre que du côté de la place de la Rochefoucauld ou du boulevard Arago. L’intervention policière prend aussi en compte la possibilité que des squatteurs décident de prendre la fuite par les toits.
Les policiers pénètrent dans le squat, alors que les occupants y sont encore endormis. Les forces de l’ordre vont contrôler les identités des personnes présentes.
Décision de justice
Le propriétaire de ces lieux occupés sans droit ni titre, Bertrand Baudaire, PDG de la chaîne de restaurants La Boucherie, a un projet immobilier pour le site, qui est à l’arrêt en raison de l’occupation illégale. En août 2020, le patron de la Boucherie expliquait qu’il avait un accord avec les occupants jusqu’en juin 2020, mais pas au-delà. Il a donc saisi la justice pour récupérer son bien.
Une décision d’expulsion a été prise en octobre 2020. Le 6 janvier 2021, la Cour d’appel d’Angers a rejeté l’idée de suspendre l’exécution provisoire d’expulsion prononcée en première instance. L’arrêt de la cour d’appel concernant l’expulsion en elle-même est fixé au 9 février 2021. Le préfet n’a donc pas souhaité attendre cette échéance.
Manifestations
L’ampleur du dispositif policier s’explique par le fait que plusieurs manifestations ont déjà eu lieu en soutien aux squatteurs depuis l’été dernier. Le 9 janvier dernier, ils étaient 150 à manifester, contre la décision de la Cour d’appel. Il avait été nécessaire de faire usage de gaz lacrymogène pour empêcher les manifestants de traverser la Maine et de venir manifester en centre-ville.
Une semaine plus tard, le 16 janvier, un groupe d’une centaine de sympathisants de la Grande Ourse avait décidé de prolonger la manifestation intersyndicale contre le projet de loi sécurité globale et avait dû être dispersé, là aussi, au gaz lacrymogène pour empêcher le blocage de la voie des Berges.
Présents depuis 15 mois
La Grande Ourse avait trouvé refuge ici en bord de Maine fin octobre 2019. Le magasin L’Ami Pem, institution créée à Angers en 1948, avait baissé le rideau définitivement le 20 mai 2017. Il y restait l’électricité et quelques meubles. Trois mois plus tôt, le même groupe, qui comptait alors 44 personnes, avait été délogé, le 31 juillet 2019, du boulevard Daviers, où il avait investi les anciens locaux de la CPAM depuis le 3 septembre 2018.
Les vrais savent que le squat de La Grande Ourse, expulsé était tout sauf le lieu que le Préfet du Maine et Loire décrit.
Certes, le toit y était de moins en moins étanche (mais il avait le mérite d’exister!), la vie n’y était pas toujours rose et personne n’y était trop fan de ménage ces derniers temps, mais est-ce que c’est ça qu’il faut en retenir ?
Durant plusieurs mois, de nombreuses tentatives pour un monde plus solidaire et fraternel y ont vu le jour :
Ce fut un refuge pour des dizaines de personnes de tout horizon,
le point de départ de maraudes offrant une soupe chaude, un sourire, une discussion (…),
Un lieu où venir chercher des légumes du RAARE , des habits gratuits , se faire coiffer pas cher (et bien!) , réparer son vélo ,
où venir faire de l’art, débattre sur les sujets qui pourrissent la société d’aujourd’hui, regarder des documentaires d’actualité, se retrouver, danser, se faire des potes et des amours des quatre coins du monde (…)
La fin ? Une expulsion en plein hiver, en pleine crise sanitaire, en période de couvre feu, sous une pluie battante, à devoir gueuler comme des putois enragés pour pouvoir récupérer ses biens personnels, la bouffe, les dons des personnes qui avaient compris que ce lieu méritait d’exister et d’être soutenu.
Les solutions de relogements ? Des hôtels isolés dans les fin fonds de Saumur, sans moyens de transport pour s’y rendre et nourriture sur place pris en charge.
Malgré le dégoût et la tristesse ressentis suite à cette expulsion, ayant lieu un mois après celle du Refuge des Individus Oubliés rue Desjardins, la solidarité ira au delà de ses murs et continuera à vivre en chacune des personnes qui y ont mis de leurs énergies et tous les soutiens extérieurs accumulés depuis ses débuts.
SOYONS PLUS FORT-E-S QUE CE SYSTEME POURRI, CONTINUONS D’INVENTER DES ALTERNATIVES POUR FAIRE VALOIR LE DROIT AU LOGEMENT ET A TOUTES LES LUTTES AUJOURD’HUI PLUS QUE NECESSAIRES FACE A CETTE SOCIETE IMMONDE.
Le matin du jeudi 21 janvier à 6h, c’est à coups de disqueuse dans la porte que les habitant·es du squat de la Grande Ourse ont été brutalement réveillé·es.
La Grande Ourse expulsée en pleine trêve hivernale.
Le matin du jeudi 21 janvier à 6h, c’est à coups de disqueuse dans la porte que les habitant·es du squat de la Grande Ourse ont été brutalement réveillé·es.
Sous les ordres du préfet du Maine-et-Loire, qui avait pourtant signalé à l’avocat en charge du dossier qu’il n’y aurait pas d’expulsion avant le mois de mars, une demie compagnie de CRS ainsi qu’un escadron de gendarmes mobiles sont venus expulser les habitant·es.
L’ancien bâtiment, appartenant à Bertrand Baudaire, PDG de la chaîne de restaurant La Boucherie, était inoccupé depuis 2017. Ici, les oublié·es d’une société inégalitaire avaient trouvé refuge en septembre 2019.
Demandeur·euses d’asile, réfugié·es, étudiant·es, sans-abris, personnes en situation d’exclusion sociale et militant·es politiques s’y étaient installé·es face à l’incapacité du gouvernement d’assurer un hébergement digne et décent pour tous.
Dès lors, au-delà de la proposition de logement qu’elle représentait, la Grande Ourse était rapidement devenue un espace essentiel à l’organisation des luttes locales : écologie, justice sociale, mouvement pour les sans-papiers…etc.
Les causes, aussi diverses soient-elles, s’y sont croisées, enrichies et soutenues.
Indéniablement propice à la convergence des luttes et des tactiques, le squat a également participé au développement d’actions solidaires : récupération, distribution de nourriture et de vêtements, maraudes, soirées de soutien…
Nombreuses étaient les initiatives porteuses de solidarité et vectrices de lien social.
Dans un monde aux systèmes destructeurs et autoritaires, où la justice et la liberté n’ont de cesse d’être bafouées, prendre possession de lieux vacants afin d’y faire vivre les sans-abris et les luttes politiques est de l’ordre de la raison. S’extraire d’une société dévastatrice, politiser notre manière d’habiter, penser la résilience et incarner concrètement l’alternatif sont des actes vitaux que le collectif de la Grande-Ourse s’applique à exercer sans relâche.
Parce qu’il menaçait l’ordre établi, une décision d’expulsion avait été prise à l’encontre du squat en octobre 2020, décision rejetée par la Cour d’appel d’Angers le 6 janvier 2021. Le 9 février 2021 aurait dû se tenir la Cour d’appel qui devait se pencher sur la décision d’expulsion. Le préfet n’a cependant pas attendu le feu vert de la justice pour organiser l’expulsion des habitant·es en pleine trêve hivernale. Cette décision d’expulsion prise à ce moment empêche les habitant·es de pouvoir se défendre aux yeux de la justice face à un verdict manipulé par la domination des intérêts d’une classe bourgeoise prédominante dans la ville d’Angers.
Les forces de l’ordre ont donc procédé à l’expulsion en faisant usage de la force.
Réveillé·es brutalement, mis·es à terre, parfois même tiré·es par le pantalon, les occupant·es ont été mis·es dehors tôt ce matin là, sans voir de propositions de relogement fiables pour les jours à venir.
Iels ont dû assister, impuissant·es, à la destruction de leurs meubles et de leurs lits par des gendarmes visiblement à la recherche du moindre élément pouvant permettre de mettre à mal les habitants ou les membres du collectif.
Les ordinateurs, outils et disques durs ont été volés et les matelas issus de la donation de sympathisants ou d’associations (Emmaüs entre autres) ont été éventrés. Les chambres construites ont été saccagées et les habitant·es ont découvert nombre de leurs affaires détruites ou disparues.
Un soi-disant test du Covid19 aurait été fait à la sortie de chaque habitant·es, aucun des concernés n’en a vu la couleur malgré que Ouest France l’affirme.
L’inventaire, procédure légalement obligatoire n’a également pas été respectée, ainsi les habitant·es se sont vu·es dans l’obligation de négocier et de « crier comme des putois » face aux salariés de l’entreprise chargés de vider les lieux afin de récupérer la moindre de leurs affaires.
En effet, ceux-ci engagés auprès d’une entreprise privée avaient pour mission de jeter et détruire la totalité des biens.
C’est ainsi que tous les biens matériels des occupant·es, la nourriture, les vêtements, duvets et couvertures ont tout simplement eu le même destin que les ordures, voués à la destruction.
En quelques heures, tout ce qu’ils n’ont pas pu récupérer pendant l’expulsion s’est tout simplement retrouvé jeté dans de grandes bennes avec tous les objets qui avaient entouré un quotidien commun.
Les salariés, par manque de moyen, se sont ainsi retrouvés à utiliser la même charrette qui servait pour les maraudes, pour jeter à la bennes les légumes (fournis par le RAARE, ravitaillement autonome et alimentaire réseau d’entraide) permettant de nourrir des SDF du centre-ville, ainsi que les habitant·es et les « très précaires » qui côtoyaient la Grande Ourse.
On notera que l’un des salariés a refusé de travailler ce jour là en apprenant qu’il s’agissait de l’expulsion de cette dernière.
Chaque bien appartenant à l’un·e des habitant-es a dû être négocié.
En plus de mettre ces personnes sur le trottoir, l’huissier, visiblement peu enclin à agir légalement, porte le coup de grâce en refusant à une dizaine d’habitant·es qui avaient pourtant leur nom sur la procédure de rentrer chercher leur biens.
Ce qui à alors obligé le peu de personnes qui ont pu pénétrer dans le bâtiment à sortir le plus d’affaires personnelles en plus des leurs et du matériel de valeur.
Après avoir refusé toutes les demandes de DALO (droit au logement opposable), les occupant·es se sont vu·es proposer des solutions d’hébergement temporaires (de quelques semaines) sur Saumur, Cholet et pour deux chanceux Angers. Rappelons que toutes ces personnes sont en procédure de régularisation, ce qui leur demande de venir régulièrement sur Angers alors qu’elles sont hébergées loin, souvent à plusieurs kilomètres du centre-ville ou d’un magasin, sans titre de transport ni moyen de se déplacer ou de s’alimenter.
La Grande Ourse ne pourra plus servir de lieu refuge pour les personnes précaires, pour l’organisation de maraudes ou de l’épicerie solidaire.
Pour couronner le tout, dès le lendemain matin, plusieurs voitures de la police municipale et nationale sont venues à Étincelle, lieu associatif et événementiel qui a servi de lieu de stockage et de répit après cette dure journée.
Pour enquêter sur le cambriolage du groupe d’extrême droite, arrivé quelques jours plus tôt ?
Non, mais bien pour cette fois expulser les 2 personnes qui y étaient présentes ce matin là, prétextant que la fin de la convention avait pris fin un an plus tôt.
Il est visiblement trop compliqué pour ces sbires de la bourgeoisie de lire correctement une simple date.
Ou serait-ce un coup de pression ?
Le Chabada, salle de concert située à côté de L’Etincelle, s’est ainsi retrouvé averti par la police que des « squatteurs » pourraient tenter de pénétrer dans leur locaux.
La bourgeoisie angevine aurait-elle peur ?
Parce que nous n’acceptons pas que des personnes puissent être expulsé·es de manière indigne, judiciairement douteuse en pleine crise sanitaire, par une bourgeoisie hautaine et méprisante.
Parce que nous n’acceptons pas d’être considéré·es comme de simples pions face à la haine que représente leur cheval de bataille.
Parce que nous n’acceptons pas qu’un investissement permette de jeter à la benne la dignité de simples victimes du colonialisme et d’une société de consommation et de production.
Parce que nous n’acceptons pas une société où le profit est en concurrence avec la solidarité.
Parce que nous n’acceptons pas la censure de l’expression de nos droits fondamentaux, bafoués et réprimés.
Parce que nous n’accepterons plus les injustices sans se BATTRE, nous serons là ! Pour pointer, nommer et les faire assumer l’indifférence de leurs crimes.
Demander n’a JAMAIS suffit, il faut PRENDRE ce qui nous revient de DROIT !
La Grande Ourse est d’abord un collectif, un collectif qui a donné son nom à l’ »auto-réquisition » (dénommée communément « squat ») située, avant expulsion, au 6 quai Robert Fèvre à Angers, aux abords du pont au-dessus de la Maine reliant le centre-ville au quartier ancien mais gentrifié de la Doutre.
Sa façade était visible de loin et sa banderole bravait le piètre bilan du Maire d’Angers et de la Préfecture en faveur d’un « zéro personne à la rue ».
En effet, c’est une moyenne d’environ 250 personnes qui dormiraient à la rue à Angers sans les campements divers, les dits squats, et les hébergements ponctuels notamment grâce à des réseaux d’entraide en parallèle du 115 (appellation devenue commune du centre d’hébergement d’urgence lié à la halte de nuit).
En outre, le bâtiment réquisitionné de manière libre ne servait à rien, n’avait aucune utilité depuis des années, comme tant d’autres. C’est bien là où le débat sur le droit à la propriété perd son sens quand il passe avant le droit à la dignité des humains.
La vocation du « squat » de la Grande Ourse était annoncée principalement pour l’ouverture d’abris ponctuels ou réguliers à ceux et celles qui en avaient besoin et pour la lutte pour le logement. Cette action était nécessaire parce que, dans le Maine et Loire, les Pouvoirs publics locaux et étatiques, responsable du logement et de l’hébergement, n’ont jamais démontré leur volonté de souscrire à l’objectif du : « zéro personne à la rue ! ».
Réduire le « squat » de la Grande Ourse à un seul lieu est bien trop simpliste. En effet, l’intérieur du bâtiment ne bénéficiait pas qu’à ceux & celles qui pouvaient y dormir, il permettait aussi à des personnes aux conditions sociales difficiles de pouvoir disposer de vêtements et d’apports alimentaires de manière gratuite. Cet acte politique fort était unique dans sa dimension officielle. Combien de mamans du quartier de Savary et de la Roseraie ont pu en profiter, combien de familles qui vivaient dehors ou en campement ont pu survivre grâce à cela et ce durant un confinement imposé mal organisé et dramatique dans un premier temps du point de vu humanitaire.
L’énergie bouillonnante de la Grande Ourse résistait à l’ambiance mortifère de la société en facilitant de grands moments de convivialité et de rendez-vous positifs. Ce ne sont pas certains voisin-e-s qui le démentiront quand d’autres préfèreront enfoncer le clou pour se ranger derrière l’avis orienté des institutions.
La convivialité de la Grande Ourse mettait la culture et l’art à l’honneur. Un art libre et une culture embrassant le monde dans sa dimension fraternelle. Des soirées musicales et dansantes aux fresques murales et peintures en tous genres, des colloques pertinents, sociologiques ou politiques (au sens noble du terme), des échanges linguistiques à la découverte des vies de ceux & celles qui venaient de loin, ont eu cours. Tout y était grouillant de vie et d’évolutions collectives et personnelles positives (café associatif, cinéma culturel, auto-école auto-gérée, épicerie solidaire gratuite, vestiaire et dons de vêtements, ludothèque, bibliothèque, cours d’informatique, repas cuisinés, cours de self défense et activités physiques, réseau d’agriculture basé sur le partage, garage solidaire, incubateur social et lieux de débats sociétaux, etc.). Le lieu n’avait rien d’un état délabré, au contraire, il a été réhabilité pour accueillir sa fonction polyvalente. Il était à l’image de cette féérie d’animations et d’actions en tout genre.
Bien entendu, en protection du lieu à la veille d’une expulsion, il est normal que tout soit remanié. Seul-e-s les plus réfléchi-e-s le comprennent !
La Grande Ourse bénéficiait aussi à certaines personnes en grande solitude au-delà d’un toit le temps d’une nuit ou de plusieurs jours. Ce n’était pas d’un numéro téléphonique municipal qu’elles avaient d’ailleurs besoin, mais bien d’être inscrite dans une action collective où chacun-e prenait sa place. Elles étaient accueillies comme elles étaient, pas dans la froideur et l’inhumanité d’une halte de nuit qui ne considère des gens qu’à la condition de leurs appels téléphoniques et le respect d’horaires. Non ! sans condition aucune, sans distinction, même dans leurs difficultés d’addiction pour quelqu’un-e-s seulement et sans les désavouer, les gens venaient à la Grande Ourse avec l’apport de leur vécu quel qu’il soit, avec leurs richesses d’être humain et d’humanité. Les arguments stupides et généralistes sans fondement d’accuser un lieu par les personnes qui y sont accueillies sans distinction en disent long sur l’incapacité de ces accusateurs à regarder la société en face et à s’inscrire dans la solidarité, ils trouvent mille et un prétextes pour se dédouaner. Alors que chacun-e a le droit à l’attention, à la réparation, à vivre plus qu’à survivre !
Des accusations stupides reviennent aussi sur la situation administrative de quelques hébergé-e-s à la Grande Ourse (quel intérêt d’accuser si ce n’est par xénophobie ?), notons que c’est surtout l’Etat qui fabrique aussi des sans-papiers, des sans-papiers qui sont d’abord des êtres humains, un Etat qui brise alors tout droit à la dignité. Il fallait bien un lieu pour obéir au devoir d’assistance à toute personne en danger, même si l’action de la Grande Ourse va au-delà.
En expulsant tous les gens qui vivaient à la Grande Ourse avec la double peine d’un contrôle au séjour pour un groupe différencié voir racisé, on satisfait à la logique de la droite radicale et de l’extrême droite, on satisfait un électorat. Du déjà vu même contre le secteur associatif ! D’ailleurs, n’est-ce pas une responsable de la mairie d’Angers qui a, à demi-mot, par voie de presse, relégué le fait d’héberger des « migrants » comme une circonstance pour justifier l’expulsion. Et en effet, la mairie d’Angers a voulu expulser l’association des jeunes de la Roseraie de son local. Mais l’AJR n’a jamais plié ! C’est une association de quartier populaire qui, même si elle a choisi de se distancer, œuvre toujours en cités HLM, contre l’exclusion et contre le racisme. Cet exemple, comme d’autres, indiquerait les vraies raisons à l’expulsion de la Grande Ourse sur une dimension politique avant d’être judiciaire ou policière !
Heureusement des coiffeurs, des boulanger-e-s, des cuisinier-e-s, des artistes, des heureux-ses, des menuisier-e-s, des mécaniciens, avec ou sans papiers, ont été hébergé-e-s ailleurs juste avant l’expulsion de la Grande Ourse, C’est autant de richesses humaines et de rôles dans la société. Solidarité !
Le bonheur de la dynamique du bâtiment auto-réquisitionné de la Grande Ourse centralisait aussi la rencontre entre différents mouvements de lutte pour l’égalité, pour la dignité, et pour l’urgence climatique. Le lieu était politique et c’est ce qui dérangeait !
Un lieu de convergences ou d’alliances fait souvent peur au Pouvoir politicien. Le Maire d’Angers avait d’ailleurs indiqué un positionnement arbitraire, subjectif et discriminant contre la Grande Ourse, interrogeant plus la condamnation du lieu par son opinion politique que par les règles de droit, des règles de droit qui concernaient ici le secteur privé. C’est bien le pouvoir politicien et institutionnel, dans sa déloyauté et dans son profit des moyens mis à sa disposition, qui a décidé la mise à mort d’un lieu devenu symbolique. La réalité nous donne le ressentiment d’une affaire politique plus qu’une affaire de Justice !
Les Pouvoirs dits publics ont donc juste oublié que la Grande Ourse n’était pas qu’un lieu, et que le mouvement ne s’arrêterait pas, comme il a commencé depuis Christine Brisset, depuis le CSSP 49, le CSSEA, le DAL 49, le Cercle 49, PSN49, Rroms Anjou, et le collectif Vrem Pacé.
Les institutions n’ont donc pas attendu l’appel en Justice d’une audience en février 2021 pour la Grande Ourse et son auto-réquisition, ce qui aurait été de la moindre courtoisie démocratique et judiciaire. Devant le suspensif, l’éthique n’est pas le fort de ceux & celles qui auraient peur d’une nouvelle décision de Justice risquant de contredire leur volonté politique.
Alors pour casser toute velléité de continuité à cette belle action politique, à ce beau mouvement social qu’est la Grande Ourse, quoi de mieux que d’entrer par impromptu à six heures du matin, en nombre et avec les visages cachés, en cassant l’entrée, détruisant, lançant un fumigène, en étant violent avec des gens à peine réveillés et pacifiques, les humiliant en les allongeant au sol, en les menaçant parfois, d’après des témoignages, en les empêchant de prendre toutes leurs affaires, jetant par la suite des affaires à la benne sans accord des concerné-e-s, en les dégageant comme des mal-propres. Certain-e-s ont été dehors, en plein hiver, dans le froid et à la veille d’une tempête, en pleine crise sanitaire. D’autres ont reçu une maigre proposition précaire d’hôtel à une distance très éloignée sans raccord de facilités de transport et de ravitaillement. Soutenons, en outre, le jeune interpellé qui, réveillé dans son sommeil, se serait protégé contre ces violences liées à l’expulsion.
La communication officielle, par la voix de la Préfecture, parlera d’une simple évacuation (les mots ont un sens) dans le calme…
Quoi de mieux que la déloyauté, la disproportion, quoi de mieux que de fausser une communication officielle illustrée par une photo qui ne représente en rien l’univers de la Grande Ourse, sur la même rhétorique habituelle depuis des années pour justifier d’une expulsion comme si l’insalubrité de la rue était meilleure que l’insalubrité potentielle d’un lieu,
quoi de mieux que de se poser institutionnellement en annonçant un hôtel provisoire alors que des dossiers DALO et DAHO ont été refusés auparavant, alors qu’aucune enquête sociale n’a été effectuée dans les règles. Comme d’habitude, on jouera sur la naïveté d’un public médusé. Les personnes concernées savent qu’une semaine d’hôtel éloigné à plusieurs dizaines et dizaines de kilomètres, sans lien, sans aide véritable, ne vaut rien comparé à l’hébergement proposé dans un lieu domicilié et de manière pérenne.
Si au bâtiment du 6 quai Robert Fèvre, les branchements électriques étaient si dangereux, pourquoi EDF a évalué l’opportunité d’un abonnement ? Pourquoi la Préfecture n’a pas usé de son pouvoir de réquisition pour proposer un autre lieu en bonne et due forme ?
Il suffit au propriétaire des lieux de proposer comme par magie un projet pour… annuler potentiellement le droit à réquisition des Pouvoirs publics.
Parce que la solution est là, devant chaque Pouvoir institutionnel, sans financement plus coûteux que celui de chaque expulsion, des expulsions qui ne prennent rien au budget public déjà effectif dans ses missions, si ce n’est l’évaluation d’au moins 35000€, tant des coûts salariaux d’agents dévoués à l’expulsion elle-même que des prestations d’entreprises (maçonnerie, serrurerie, déménagement, sécurité), rajout des primes des agents de forces de l’ordre, prestations d’huissiers, à chaque expulsion. Il faudra aussi interroger la sollicitation d’entreprises ou d’associations d’insertion utilisées pour débarrasser le lieu de la Grande Ourse. Saluons d’ailleurs que des employés qui ont décidé de redonner une partie des affaires ! Oui là encore, ce ne sont pas les agents de l’Etat et huissiers qui ont interrogé le sens de leur mission en adéquation avec les valeurs et principes qu’ils & elles sont censé-e-s défendre !
La loi de réquisition (initiée par l’ordonnance de 1945, articles L641 du code de la construction et de l’habitation) est le moyen facile de permettre à des bâtiments vides et inoccupés, comme celui choisi par la Grande Ourse, de servir la cause de l’humanité. Ce n’est pas sans compter sur les 6000 logements vacants qui stagnent à Angers ! En même temps, les magnats de l’immobilier organisent une spéculation dangereuse qui empêche des étudiant-e-s ou de jeunes foyers de trouver un logement au budget abordable.
Faudra-il donc que le peuple se divise entre les complices de l’abjection et les gens qui agissent pour le bien de l’humanité ?
La Grande Ourse permettait une déconstruction des manipulations et la rencontre pour favoriser la réflexion et l’union face à une problématique légitime. La Grande Ourse proposait tout simplement un autre monde !
On comprend mieux alors la répression institutionnelle féroce pour casser ce mouvement, de l’expulsion de la rue Daviers à la rue Desjardins, de la rue Desjardins au quai Robert Fèvre.
Même dans les bois, le Pouvoir étatique le surveillerait !
Que ceux & celles qui critiquent la Grande Ourse, comptent les économies financières qu’elle a réalisé à la collectivité, notent le bilan qualitatif qu’elle a réalisé en faveur de centaines de personnes dans son appui à la solidarité nationale et locale, et tant qu’à faire, qu’ils & elles critiquent aussi la sécurité sociale, ou qu’ils & elles essaient de survivre, ne serait-ce qu’une nuit, face à la dure réalité des personnes en difficultés, aujourd’hui souvent des étudiant-e-s ou des travailleurs pauvres !
Nos quartiers populaires ne sont pas exempts d’histoires de décohabitations familiales, d’expulsions par pans entiers d’immeubles en cités HLM, ne sont pas exempts de pressions institutionnelles, de réalités d’hébergements dans les caves, de carences de nourritures, de pertes d’emplois, d’annulation d’aides sociales, de pertes d’entreprises, d’augmentations immorales de loyers après une année de confinements, de coupures d’électricité, d’acharnements institutionnels, de sans-abrisme, de violences policières, de contrôles sociaux oppressants, de déscolarisation, d’humiliations parentales, de discriminations de jeunes, de racismes, mais aussi d’accueils et de solidarités avec nos propres moyens communs, avec une volonté de vivre autrement mais bien.
En cela, face au monde qui arrive, face à la société qui dérive au totalitarisme, les convergences ou les alliances sont nécessaires, manifestons notre solidarité avec la Grande Ourse !
Et comme sa devise : » Reprenons la main sur nos vies et sur nos villes ! «