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« Dans les années à venir, nous assisterons au développement des luttes dans de nombreux secteurs de l’économie. Il y a des limites à la patience et à la passivité des travailleurs. La revendication de la grève générale, massivement reprise sur les manifestations de 2003, trouvera un écho de plus en plus large dans le salariat, et, sans aucun doute, se réalisera tôt ou tard. Il pourrait s’agir, dans un premier temps, d’une grève générale de 24 ou de 48 heures. (…)

Dans tous les domaines – éducation, santé, services sociaux, logement, retraites, conditions de travail, pouvoir d’achat des salariés – les statistiques traduisent la même réalité implacable : celle d’une société en pleine régression, d’un peuple qui, à l’exception de la classe capitaliste et des diverses catégories parasitaires – y compris celle de la grande criminalité -, se trouve refoulé en arrière par le mécanisme infernal d’un système au service d’une minorité privilégiée.

(…)

Le chômage de masse est une caractéristique permanente du capitalisme contemporain. L’emploi précaire se généralise, créant une masse importante de travailleurs dont la pauvreté les rapproche, en termes de qualité de vie, des sans-emploi. Globalement, la pauvreté en France concerne 17 % de la population active. Sans les « transferts sociaux » tels que les RMI et diverses allocations, elle concernerait non pas 17 % mais 24 % de la population active. Plus d’un million d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté.

L’aggravation du chômage et les exonérations des charges accordées aux employeurs ont inévitablement déséquilibré les comptes de l’UNEDIC, ce qui a servi de prétexte à de nouvelles attaques contre les sections les plus démunies et désespérées de la population.

La « réforme » des allocations chômage – imposée par le patronat, le gouvernement,

et scandaleusement appuyée par les directions de la CFDT, de la CFTC et de la CGC –

a plongé en janvier 2004 plus de 250 000 personnes dans la misère absolue. D’ici 2005, le nombre de chômeurs qui auront subi ce sort s’élèvera sans doute à quelque 750 000.

Les retraités, comme les chômeurs, sont stigmatisés par les défenseurs du capitalisme comme autant de « fardeaux » qui coûtent « trop cher » à la société.

Les camionnettes de la « soupe populaire », associées dans la conscience collective de la population à la « Grande Dépression » des années 30, sillonnent les villes et les campagnes du pays. En France, aujourd’hui, on meurt massivement de froid ou de chaud. Parmi les 15 000 victimes de la canicule de l’été 2003 qui ont été officiellement recensées, 4 600 ont succombé dans des maisons de retraite, c’est-à-dire dans des lieux censés les protéger et répondre à leurs besoins spécifiques. Ces personnes sont mortes du fait de l’état de délabrement et du manque de personnel et d’équipement des établissements concernés. D’autres sont mortes, pour les mêmes raisons, dans des hôpitaux. Le secteur hospitalier est manifestement sous-financé, ce qui se traduit par un manque d’effectif et par une dégradation générale des conditions d’accueil et de traitement des malades. Dans les années 80, quelques 70 000 lits ont été supprimés dans les hôpitaux, et cette tendance s’est poursuivie depuis, quoique de manière moins spectaculaire (…).

Une offensive d’ampleur sans précédent…

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Concrètement, la défense des profits des capitalistes français passe par une offensive d’une ampleur sans précédent contre les salaires et les conditions de travail et de vie de la population. Les capitalistes doivent impérativement imposer la régression sociale pour tout le monde – sauf eux-mêmes – et par tous les moyens possibles. Leur objectif n’est rien moins que la destruction des acquis sociaux accumulés par le mouvement syndical, socialiste et communiste depuis la deuxième guerre mondiale – et même au-delà. Jetés sur la défensive en Europe et dans le monde, c’est dans cette voie que les représentants du capitalisme français se sont résolument engagés.

Cette stratégie ne résoudra par les contradictions du capitalisme français. Au contraire, à certains égards, elle les aggravera. En s’attaquant au niveau de vie de la masse de la population, en jetant des centaines de milliers de familles dans la précarité, en sabrant les services publics, l’emploi et les investissements dans l’infrastructure sociale du pays, les capitalistes et leurs représentants au gouvernement ne feront que réduire davantage la demande intérieure. Or, ces dernières années, et en particulier depuis 2002, le seul facteur qui a permis d’éviter une baisse absolue de la production a été la demande intérieure, qui a progressé de 1,6 % par an. Les capitalistes cherchent à contourner cette contradiction en demandant à l’Etat de soutenir la demande intérieure au moyen d’allègements fiscaux. Mais il y a des limites à ce que l’Etat peut faire dans ce domaine. Les exonérations fiscales ne peuvent avoir qu’un effet relativement marginal sur la demande. Elles se traduisent en effet par une baisse des investissements publics, et donc par la destruction d’une partie de la demande intérieure qu’elles étaient supposées stimuler, tout en tendant à aggraver l’endettement de l’Etat. Le capitalisme français est donc dans une impasse.(…).

Telles sont les prémisses économiques et sociales d’une série de confrontations majeures entre les classes. La tentative de rétablir « l’équilibre économique » du système ne pourra se faire que par l’ouverture d’une époque de profond déséquilibre social. La France se dirige vers une époque révolutionnaire, celle de la révolution socialiste. »