Il faut qu’il signe ! faisons plier l’etat français !
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Catégorie : Global
Thèmes : Prisons / Centres de rétention
Savamment préparée car donnée en pâture aux militants pleinement et sincèrement engagés dans ce combat, en attente d’une réponse en acte de l’État français depuis maintenant plus de 21 ans ; savamment formulée aussi par l’emploi de ce pronom personnel qui porte en lui toute l’indéfinition du sujet dont il est question : à chacun alors de se rassurer en se demandant simplement qui de Darmanin, de Dupond-Moretti ou du président lui-même sera le premier à signer ; iniquement dictée enfin quand l’assertion laisse aussi et surtout entendre que toute la solution à ce dossier résiderait dans la seule signature de Georges Abdallah, seul maître de son destin, de sa libération et seul responsable de sa détention par son refus coupable de signer.
« Il faut qu’il signe ! » : tout comme le peuple libanais est conduit à signer un chèque en blanc à l’impérialisme français pour que ce dernier -pourtant pleinement responsable et coupable de sa ruine – prenne seul les rênes du pays, assoie encore davantage sa domination dans la région et y fasse prospérer toujours plus ses intérêts, Georges Abdallah doit signer ! Signer lui aussi un chèque en blanc à l’État français ? Son engagement durant toute sa vie contre l’impérialisme, le capitalisme, le sionisme, les États réactionnaires arabes et le fascisme ; son engagement aux côtés des peuples en lutte, pour les luttes de libération nationale et en particulier pour la Palestine, pour l’émancipation et l’avènement d’un monde meilleur démontrent chaque jour l’absurdité d’une telle attente : Georges Abdallah est un combattant communiste arabe qui depuis ses premiers engagements auprès des Fractions armées révolutionnaires libanaises dans sa lutte de résistance pour la Palestine et durant ses 36 années de détention, n’a jamais rien renié de ses engagements : s’il est bien des textes qu’il signe, ce sont chacune de ses déclarations politiques où il démasque et combat sans relâche toutes les forces impérialistes, leurs plans de pillage, de domination et toutes les formes d’oppression qu’engendre le système capitaliste. Georges Abdallah persiste et signe dans son engagement, son combat et c’est bien ce qui fait de son maintien en détention un enjeu hautement politique qui conduit encore aujourd’hui l’État français à ne pas signer son acte de libération pourtant acté par le pouvoir judiciaire.
Car faut-il le rappeler ici encore ? S’il est bien une signature impérative dans ce dossier, c’est bien celle du ministre de l’Intérieur. Malgré deux libérations accordées en 2003 et en 2013 par le tribunal d’application des peines et l’affirmation écrite d’un accueil favorable au Liban, la libération de Georges Abdallah reste conditionnée à la signature d’un arrêté d’expulsion du territoire français : en janvier 2013, Emmanuel Valls, ministre de l’Intérieur, refuse de le signer ; le 5 novembre 2014, une nouvelle demande de libération est déclarée « irrecevable » au motif qu’elle n’avait pas fait préalablement l’objet d’un arrêté d’expulsion. Alors oui, aujourd’hui, s’il est une injonction à faire, c’est bien celle du président de la République ordonnant à son ministre de l’Intérieur de parapher ce document pour qu’enfin justice soit rendue et que Georges Abdallah soit libéré : « il faut qu’il signe ! »
Nombreux sont ceux qui ont déjà signé ! On ne compte plus les lettres adressées aux différents Gardes des Sceaux, aux Ministres de l’Intérieur, aux parlementaires de France et du Liban, aux présidents de la République qui se sont succédé pour faire valoir l’impératif de cette séparation des pouvoirs, de l’application du droit et l’arrêt immédiat de cette perpétuité réelle imposée à Georges Abdallah. Tous – individus, collectifs et organisations de soutien, députés et sénateurs, personnalités, journalistes – sur le plan national et international ont déjà signé – outre des lettres – des appels, des pétitions, des lettres ouvertes pour au final obtenir une fin de non-recevoir exprimée par ce pouvoir politique et judiciaire pleinement responsable et coupable ou tout du moins pour recevoir des prescriptions illusoires, grotesques, cyniques et iniques comme la dernière en date, du président Macron.
Temps est désormais venu d’assigner l’État français ! Non seulement, l’exigence de la libération de Georges Abdallah va continuer à être portée partout et par tous, au sein de toutes les luttes, dans tous les cortèges et rassemblements, sur tous les murs, dans tous nos quartiers, nos facs, en banderoles, en affiches, en tracts, par courriers, mails, diffusions mais désormais appel est aussi lancé, en parallèle des démarches entreprises par l’avocat de Georges Abdallah, pour que soit rappelé à chaque instant et à chaque déplacement de représentants de l’État français et notamment du Ministre de l’Intérieur actuel cet impératif du « il faut qu’il signe ! ». Faisons entendre le plus largement possible, chaque jour et partout, à l’image dernièrement de nos camarades du Liban, ce cri pour la liberté de Georges Abdallah et obtenons ainsi par la pression continuelle exercée, dans la diversité de nos expressions, que soit traduite en acte, par ce paraphe, la libération de notre camarade.
« Il faut qu’il signe ! » – Faisons plier l’État français !
Que mille initiatives fleurissent !
C’est ensemble et seulement ensemble que nous vaincrons !
Paris, 25 août 2020
Campagne.unitaire.gabdallah@gmail.com
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Hier, lors de la visite du président français, Emmanuel Macron à Beyrouth, plusieurs groupes de plusieurs dizaines de personnes ont chanté le nom de George Abdallah pour réclamer sa libération. Cette visite se déroule suite à la double explosion survenue dans la ville mardi 4 août. Emmanuel Macron prétend être venu apporter une aide humanitaire. Mais de nombreuses personnalités libanaises ont dénoncé un double discours néo-colonial soulignant que l’objectif de Macron est avant tout d’imposer des réformes structurelles au pays selon les besoins et les exigences du FMI. Le meilleur exemple de ce double discours est le maintien en prison par la France de Georges Abdallah. Plus d’infos ici.
https://palestinevaincra.com/2020/08/lingerence-francaise-au-liban-cest-aussi-lemprisonnement-de-georges-abdallah/?fbclid=IwAR1yCPvZw_IqpJYCrdwSSmhaWMyguxXW3_sDProugbe88WFJJxsXAIWOwH0
https://secoursrouge.org/liban-france-macron-interpelle-par-la-population-de-beyrouth-qui-reclame-la-liberation-de-george-abdallah/
Un combattant communiste
Revenons 40 ans en arrière, pendant la guerre civile du Liban. Les Palestiniens représentent alors un espoir révolutionnaire pour tous les peuples de la région. Les camps palestiniens du Liban bouillonnent de cet espoir. Les troupes israéliennes vont envahir à deux reprises le Liban pour expulser les Palestiniens, invasions qui feront des dizaines de milliers de mort.es et des destructions terribles. En même temps, les troupes occidentales (France et États-Unis) débarquent à Beyrouth (1982) et essaient d’imposer un régime fantoche dirigé par les Phalangistes, alliés d’Israël.
Dans la résistance à ces invasions, les communistes libanais combattent aux côtés de la résistance palestinienne. Un groupe, les FARL (Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises), décide de porter la guerre à l’extérieur. Il revendiquera l’exécution à Paris d’un membre du Mossad et d’un membre de la CIA. Faut-il rappeler que la déclaration universelle des droits de l’homme dit explicitement que résister à une invasion et à une occupation n’est pas seulement un droit, c’est un devoir ? Accuser les FARL de terrorisme rappelle l’Affiche Rouge où les membres du groupe Manouchian (mon père en était) étaient décrits comme l’Armée du Crime.
La libération qui aurait dû survenir depuis bien longtemps
Quand on rencontre Georges Ibrahim Abdallah dans la prison de Lannemezan, il est toujours à la fois entier et d’une grande modestie. Il est intransigeant sur la légitimité de son engagement : « il ne faut pas dire que je suis innocent ». Tout espoir des autorités qu’il « abjure » est absurde.
Arrêté à Lyon en 1984 pour détention de faux papiers, il justifiera à son procès l’action des FARL. Celui qui l’a arrêté, le préfet Yves Bonnet qui dirigeait alors la DST, n’hésite pas à dire aujourd’hui que Georges n’est pas coupable de ce pour quoi il a été condamné et que les preuves ont été fabriquées. Georges sera condamné pour « complicité » … à la prison à vie.
Les auteurs d’attentats en France liés à l’Iran ou au Hezbollah à la fin des années 80 seront vite libérés ou échangés. Au Liban, après 1990, tous les chefs de guerre aux mains ensanglantées seront blanchis ou amnistiés. Ils se partageront le pouvoir.
Mais quand on s’appelle « Abdallah », on est forcément un « terroriste islamiste ». Dans cette France « sécuritaire » et alignée sur la politique impérialiste, Georges, qui est un marxiste-léniniste né dans une famille chrétienne va payer le prix fort.
Nos dirigeants répètent à l’envi les mots « État de droit », « République », « Droits de l’Homme », termes qu’ils ne cessent pas de vider de leur sens. Ce que notre système policier et juridique va infliger à Georges est ahurissant :
– Une condamnation à perpétuité pour complicité de terrorisme quand les victimes sont des membres de services secrets de pays étrangers régulièrement coupables de terrorisme d’État.
– Celui qui l’a arrêté explique que les preuves ont été fabriquées. Et son premier avocat reconnaît avoir été recruté par les services secrets français. Il n’y aura pourtant pas de nouveau procès.
– Depuis 1999, Georges est « libérable » puisque la perpétuité réelle n’existe pas en France. Mais cette libération n’aura jamais lieu.
– La justice va pourtant prononcer cette libération à plusieurs reprises. En 2012, tout le Liban progressiste se précipite à l’aéroport pour l’accueillir puisque la libération est assortie d’une expulsion. Mais rien ne se passera. Les gouvernements israéliens et états-uniens (par la voix d’Hillary Clinton) exigent de la France son maintien en détention. Et parmi les dirigeants français, c’est l’ineffable Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, qui refusera de signer la libération et l’expulsion.
– Depuis lors, Georges refuse l’humiliation de demander une nouvelle fois sa libération. Dans le Liban déchiré et en faillite, Georges n’est plus un sujet de conflit. Le Président Aoun a officiellement demandé sa libération et son expulsion. L’ambassadeur libanais a visité Georges à Lannemezan. Mais rien n’y fait. Comme Georges l’explique lui-même : « le Liban est un petit pays, les décisions se prennent ailleurs ». Et la France qui essaie de criminaliser l’antisionisme et le BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre l’État d’Israël se comporte en allié précieux de Nétanyahou en traitant Georges comme sont traités les principaux dirigeants palestiniens.
Le militant et son humanité
On ne sort pas « indemne » d’une rencontre avec Georges. Alors que c’est lui qui combat, jour après jour, la destruction lente qu’inflige la prison éternelle, il reste le militant révolutionnaire de sa jeunesse. Il y a deux dangers en prison, martèle-t-il : ne pas garder son intégrité mentale et se croire le centre du monde. Il a su éviter ces deux écueils.
Dans la prison de Lannemezan, il a noué d’excellents rapports avec ses codétenus, notamment les militants de l’ETA condamnés eux aussi à de très longues peines. Il est respecté par ses gardiens. Il s’informe en permanence par les journaux, la radio ou la télévision. Il se lève parfois en pleine nuit pour écouter la radio soudanaise peu brouillée à cette heure-là. Il parle peu de lui, mais le dialogue avec les visiteurs lui permet d’affiner ses idées sur l’état du monde arabe, les limites du « printemps arabe », la Palestine, la révolution soudanaise, la lutte des classes, les gilets jaunes, la révolution. Malgré tout ce qu’il subit, il reste très optimiste.
Quand les prisonniers palestiniens déclenchent une grève de la faim contre leurs conditions de détention, Georges en déclenche une par solidarité. Quand une manifestation ou un meeting pour sa libération se déroulent, Georges fait lire un message. Pas pour se lamenter, mais pour analyser la situation et donner des pistes. Quand le RAID débarque violemment chez moi le 9 juin 2015 suite au piratage de ma ligne téléphonique par un sioniste d’extrême droite, un des premiers messages de solidarité que je reçois vient de Georges. Il explique que les sionistes et l’État français ne se sont pas trompés de cible, puisque je soutiens la cause palestinienne.
Sur la Palestine qui est au cœur de son engagement (rappelons qu’il a rejoint très tôt le FPLP, Front Populaire de Libération de la Palestine), Georges a des conceptions très internationalistes. Il peut se montrer très critique, vis à vis de la bourgeoisie palestinienne et d’Arafat, même s’il ne fait pas de doute que les Israéliens l’ont tué. Georges dénonce les capitulations, le départ de l’OLP du Liban, les accords d’Oslo. Il partage l’idée qu’après la défaite du sionisme, les habitants de la région devront vivre ensemble avec les mêmes droits. Il est très admiratif de ce que fait l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) qui brise les clichés communautaires et apporte une solidarité concrète aux paysans de Gaza.
Une solidarité qui doit se renforcer
Tous les ans, le 24 octobre, environ 500 personnes manifestent à Lannemezan pour sa libération. C’est significatif mais c’est trop peu. Qu’on soit révolutionnaire, pour les droits du peuple palestinien ou tout simplement pour les droits humains fondamentaux, on doit y être et il faudra être beaucoup plus nombreux en octobre prochain. Pour l’instant, l’extrême gauche est de loin la principale composante du mouvement pour sa libération.
Georges reçoit un nombre croissant de visiteurs. Il y a à présent (outre l’ambassadeur libanais) quelques élus (PC, France Insoumise). Au Liban, des manifestations se tiennent devant l’ambassade de France.
Deux films et un livre vont sortir très prochainement.
Fedayin, réalisé par des membres du comité « Palestine Vaincra » de Toulouse retrace à la fois le parcours de Georges depuis son village du Nord Liban jusqu’à son arrestation. Plusieurs interviews permettent de comprendre comment cet incroyable scandale se perpétue.
Pierre Carles a écrit dans le Monde Diplomatique d’août un article « Terroriste un jour, terroriste toujours ? » et il achève un film nommé Who wants Georges Ibrahim Abdallah in jail ?.
Saïd Bouamama va publier très prochainement un livre intitulé L’affaire Georges Ibrahim Abdallah.
Alors, il est temps de se bouger pour qu’il sorte enfin.
Pierre Stambul
https://www.ujfp.org/spip.php?article8041
Article paru dans Alternative libertaire