Non a la constitution europeenne, non a l’ « europe » – i
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Il y a un siècle, le nationalisme des puissances impérialistes s’exprimait par
des idéologies réactionnaires adaptées à la taille des puissances de l’époque.
C’est ainsi que Paul Lafargue dénonçait la « théorie des races » dans ces termes
dans
:
{« Il est une autre théorie qui a la prétention d’expliquer les événements historiques ;
celle-là a reçu l’appui d’anthropologistes et de savants naturalistes ; bien que d’origine
césarienne, c’est la théorie des races. Certaine race dotée de qualités
spéciales serait destinée à envahir la terre et à supplanter les autres peuples.
Malheureusement les inventeurs de la théorie ne sont pas encore parvenus à
s’entendre sur le choix de cette race. Chaque théoricien croit voir dans sa
race la race prédestinée ; aussi c’est tantôt la race slave, la race
germanique, la race latine, la race mongole qui est proclamée la race
supérieure. Mais la théorie des races, qui tend à remplacer l’idée de Patrie,
devenue trop étroite, n’est que du vieux retapé, c’est la théorie biblique
dépouillée de sa poésie naïve. Ainsi, comme vous le voyez, après être partis
de l’intervention d’un Dieu, les historiens et les penseurs de la bourgeoisie
sont insensiblement revenus, avec leur dernière théorie des races, au point de
départ ; car qui aurait doté la race supérieure de ces qualités qui lui
assurent la prépondérance, si ce n’est un Dieu placé en dehors et au-dessus de
l’humanité.
(…)
Puisque des Darwiniens ont accepté le rôle des Freppel de la religion, des Gambetta du libéralisme et
des Malthus de l’économie, et qu’ils déclarent que les lois de la nature, ainsi que les lois de Dieu,
de la politique et de l’économie condamnent le travailleur à l’infériorité sociale, je dois dans
ce cours d’économie sociale critiquer la sociologie de messieurs les naturalistes, ainsi que
j’ai critiqué l’idéalisme historique et économique… »}
Rappelons, à ce sujet, que Léon Gambetta, Président du Conseil en 1881-82, nous
a légué sans point s’inspirer d’une quelconque « droite » l’ « héritage culturel » qui suit:
{{« La civilisation européenne aura à lutter un jour contre la subversion de la
race chinoise… La France doit conserver son rôle de soldat de la
civilisation. Dans le choc qui aura lieu, la civilisation latine, dont la
France est la tête, doit préparer son terrain sous peine d’être d’être
écrasée et annihilée en Asie centrale entre la race anglo-saxonne et la race
slave. Il faudra donc que la France s’établisse au Tonkin… afin de mettre la
main sur l’Annam, sur le Royaume de Siam et sur la Birmanie et d’avoir ainsi
barre sur les Indes, et d’aider la civilisation européenne contre la race
jaune. »}}
Lettre de 1882 citée par Pierre Guillen dans le volume concernant l’expansion
coloniale de la collection
editée par l’Imprimerie Nationale (à
l’usage des « élites », étudiants du corps diplomatique et autres…)
C’est cette « théorie » que Jules Ferry invoquera encore dans son sinistre discours
du 28 juillet 1885 à la Chambre des Députés:
{« Il y a des expéditions coloniales qui sont légitimes et des aventures qu’il ne faut pas craindre de courir parce que l’honneur, les intérêts, la borne renommée et l’avenir de la France y sont engagés. (…)
Quant à la (guerre) (…) engagée sur les rivages lointains de Madagascar, une immense majorité ici prise dans tous les partis, et le Gouvernement en tête proclame qu’elle est (…) véritablement la plus nationale de toutes celles qu’on a entreprises depuis de longues années. (…)
(…)
Un des reproches de l’opposition (…) est d’avoir répondu aux impertinences des peuples barbares par une trop longue condescendance, c’est d’avoir trop longtemps négocié…
(…)
…l’honneur de la France exige que l’on ne se laisse pas jouer plus longtemps par un petit peuple barbare…
(…)
Je vous défie (…) de soutenir jusqu’au bout votre thèse qui repose sur l’égalité, la liberté, l’indépendance des races inférieures. (…) Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures…
(…)
Si l’honorable M. Maigne a raison, si la déclaration des droits de l’homme a été écrite pour les noirs de l’Afrique équatoriale, alors de quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? (…) Je répète qu’il
y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures.
(…)
Quand nous sommes allés à Alger pour détruire les pirateries et assurer la liberté du commerce dans la Méditerranée, est ce que nous faisions oeuvre de forbans, de dévastateurs ? (…)
(…)
(…) [J’aborde] le côté politique de la question. Si nous ne devons plus être
qu’une puissance continentale, restreignons notre puissance maritime, (…) licencions nos
escadres (…) Cessez de calomnier la politique coloniale et d’en médire, car
c’est aussi pour notre marine que les colonies sont faites. (…) Une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface du mers, d’abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. (…) Dites-moi si ces étapes de l’Indo-Chine,
de Madagascar, de la Tunisie ne sont pas des étapes nécessaires pour la sécurité de notre navigation. (…)
Dans l’Europe tee qu’elle est faite, dans cette concurrence de tant de rivaux (…),
la politique de recueillement ou d’abstention, c’est tout simplement le grand chemin de la décadence !
(…) C’est abdiquer, (…) c’est descendre du premier rang au troisième ou quatrième.
(…) Personne, j’imagine, ne peut envisager pareille destinée pour notre pays. (…) »}
C’est ainsi que Jules Ferry posa les bases de l’
. Une doctrine que reprirent en
Angleterre Joseph Chamberlain, Cecil Rhodes… avec des discours sur
,
les
, etc… et plus tard Theodor Roosevelt aux USA sur la prétendue
mission de domination mondiale de ce pays.
A noter que les Gambetta, Ferry… disposent toujours de places, rues, avenues… dans la plupart des communes de France et de Navarre. Quant à Cecil Rhodes,
il a toujours sa place dans la galérie de « maçons célèbres » de la United Grand Lodge of England, à côté des rois d’Angleterre:
Autrement dit, jamais les « élites » européennes n’ont désavoué cette idéologie ultra-chauvine.
Dans les années 1920, Adolf Hitler remplaça ces théories racistes « nationales »,
devenues trop étroites dans le contexte impérialiste,
par celle de la « supériorité de la race aryenne » à laquelle les « savants » nazis cherchèrent à fournir une
prétendue « base scientifique ». Les nazis furent de grands partisans de l’ « Europe ».
C’est évident que, déjà à l’époque, l’échelle continentale convenait mieux aux « besoins » de l’impérialisme.
Aujourd’hui, certes, on ne nous parle plus de « races ». Mais on nous présente pudiquement
l’ « Europe »
comme une sorte d’ « unité naturelle et historique » qui, vu la composition du Conseil de l’Europe
dont la Russie fait partie, est censée s’étendre de l’Atlantique à Vladivostock. Un mot d’ordre qu’une certaine
extrême-droite européenne reprend déjà.
Si ce n’est pas un projet de méga-puissance impérialiste, il faudra nous l’expliquer.
Un projet soutenu à « droite » comme à « gauche », y compris à la « gauche de la gauche », voire même à l’ « extrême-gauche ».
Et c’est dans ce piège ultra-nationaliste qu’on tombe lorsque, pour se « justifier » de prôner
le NON à
constitution européenne, on se proclame « partisan de l’Europe », « très européen », etc… Quel
message clair peut-on, dans ces conditions, apporter aux électeurs et à l’opinion publique?
Sortir de l’Europe
sortirdeleurope@free.fr
Un bon livre pour développer ce qui est écrit ici sur l’Europe:LA VIOLENCE NAZIE,
UNE GENEALOGIE EUROPEENNE
PAR ENZO TRAVERSO.
Le problème avec un tel livre, c’est que ça fout en l’air en partie tous les discours des démocrates sincères, citoyennistes et autres « de gauche » qui ont oublié l’union Sacré de 1914, quinze ans de gestion socialiste de 81 à 95, et qui continuent à braire sur la dimension civilisatrice de l’Europe..