l’attrait constant de l’anti-impérialisme
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Catégorie : Global
Thèmes : Anti-impérialismeLibérations nationales
Loin de vouloir minimiser la spécificité du contexte biélorusse, il semble que cette révolte fasse écho à tant d’autres à travers le monde contre la corruption étatique et la violence qui la protège. Liban, Chili, France ou encore aux États-Unis. Là bas, l’emploi récent d’agent.e.s des polices fédérales non-identifiées qui kidnappaient aussi des gens dans les rues des villes dites-progressistes, pour terroriser les manifestant.e.s contre les meurtres policiers racistes, laissait des images similaires. Seule l’utilisation d’alphabets différents sur les uniformes permettait de les distinguer.
Et pourtant, la rhétorique anti-impérialiste refait surface. Dans ses grandes lignes, il s’agirait de dire que l’expression d’une solidarité pour une révolte serait appropriée, « à l’exception des moments où celles-ci ont lieu dans des États dont les gouvernements ne sont pas inféodés à la politique étrangère États-Unienne », auquel cas, l’expression de cette solidarité deviendrait un instrument de soutien à l’impérialisme occidental-capitaliste, et la diffusion d’informations sur ces mêmes soulèvements deviendrait un outils de désinformation destiné a déstabiliser ces régimes en faveur de l’Impérialisme. Ces mêmes argumentaires que l’on pouvait encore lire dans des torchons marxistes du printemps 2014, où il était fièrement clamé à quel point la révolution syrienne était « bourgeoise », et qu’il était « urgent de soutenir le gouvernement d’Al-Assad face à l’ingérence capitaliste-occidentale ». Une vision du monde simpliste dans laquelle l’impérialisme n’est qu’occidental et monolithique, et surtout « cohérent. » Quitte a faire des jeux-de-mots en clin d’œil à d’autres essais connus, il serait facile d’affirmer ici : « l’anti-impérialisme protège l’État ! »
Si une analyse géopolitique de la Biélorussie pourrait voir un tiraillement entre des influences russes et polonaises, dont le gouvernement notoirement nationaliste et homophobe a d’ailleurs été la première organisation « officielle » à dénoncer les sévices de l’État policier biélorusse. Faudrait-il alors taire l’arrestation violente de 48 activistes LGBT* la veille à Varsovie ? Laissons ces analyses aux apprentis sorcièr.e.s de la politique… Que ce soit en Biélorussie ou ailleurs, ma solidarité n’est pas l’expression d’une politique extérieure étatique, mais celle d’un désir de liberté que je ne voudrais voir restreindre à personne, et encore moins sur les bases douteuses d’alliances avec des gouvernements. C’est une solidarité avec les punks de Grodno, avec les skins antifascistes de Minsk qui étaient venus chanter des chansons internationalistes un premier mai sur la Plaine, et avec tou.te.s les exilé.e.s rencontré.e.s depuis. Mais c’est aussi une solidarité ouverte avec quiconque sautant dans l’inconnu et tentant ses chances, sans alliance ni programme, pour déstabiliser les États et leurs polices, et ce, même si l’Histoire est criblée d’échecs et de récupérations.
À bas l’État ! Vive la liberté !
PS :
L’Anarchist Black Cross de Biélorussie appellent a des actions en solidarité avec la révolte pour le Vendredi 14 Août. Plus d’informations sur leurs actions et comment les soutenir en anglais et russe sur https://abc-belarus.org/
Avez-vous quelque chose à dire aux « anti-impérialistes » autoproclamés de l’Ouest qui soutiennent Loukachenko ?
Pramen : Eh bien… il pourrait y avoir une longue réponse. Par exemple, nous pourrions expliquer que Loukachenko fait partie du projet impérialiste russe dans cette région. Il est soutenu par Moscou pour sa loyauté envers le Kremlin et il n’y a rien d’ »anti-impérialiste » dans un président qui est au pouvoir par la volonté de l’empire qui détient le pouvoir dans la région. Je crois que le genre de critiques que vous décrivez aiment aussi les avantages sociaux que l’Etat offrirait en Biélorussie. Cependant, si vous faites vos recherches, vous découvrirez que Loukachenko est en fait celui qui détruit les programmes sociaux dans ce pays depuis des années tout en empêchant les gens de s’engager dans une quelconque forme d’auto-organisation. Nous pourrions continuer à expliquer les choses pendant des heures et des heures.
Mais vous savez quoi ? Les gauchistes autoritaires n’entendent pas d’arguments. Ce sont des croyant.es. Ils croient en leur « vérité » de la même manière que certaines personnes croient en une religion. Peu importe le nombre de bons arguments que vous pouvez apporter, ils maintiendront leur position initiale.
Nous pouvons donc passer à la réponse courte : « Va te faire foutre ». Mais vous pouvez toujours lire des choses plus constructives sur notre site web :)
Anonyme : Si Loukachenko avait de la chance, il construirait son propre empire. Si vous pouviez comprendre ses discours, vous réaliseriez qu’il souffre d’illusions de grandeur – ou « souffre » n’est probablement pas le bon mot, car il les apprécie. Il n’y a rien d’anti-impérialiste dans cette figure politique, de quelque façon que ce soit.
Nous avons vu certains « anti-impérialistes » prétendre que le mouvement en Biélorussie est composé de fascistes. Il y a des allégations selon lesquelles le drapeau que de nombreux manifestant.es brandissent est associé à l’occupation nazie du pays, par exemple.
Anonyme : La première utilisation documentée du drapeau blanc-rouge-blanc (WRW) remonte au quatorzième siècle. Il est aujourd’hui utilisé comme symbole de l’autodétermination du Belarus, en opposition au drapeau de l’État moderne et à la Biélorussie de Loukachenko, puisque c’est lui qui a ordonné la création de ce qui est actuellement le drapeau officiel du pays.
Je comprends d’où vient l’argument associant le drapeau aux nazis. La situation était très compliquée lors de l’occupation de la Biélorussie par les fascistes allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. La Biélorussie était alors fortement opprimée par le gouvernement soviétique, qui tentait de détruire l’identité nationale biélorusse. Par exemple, en 1933, le gouvernement soviétique a imposé une réforme brutale et injustifiée de la langue biélorusse, dans laquelle l’alphabet est passé du latin (un alphabet très similaire à la langue polonaise) au cyrillique. Beaucoup de gens ont connu la répression. Dans ces conditions, alors que l’armée allemande approchait et que le gouvernement soviétique évacuait dans la panique, certain.s ont tenté de créer un soi-disant Conseil central biélorusse. C’étaient des collaborateurs, bien que leurs motivations ne soient pas de soutenir et d’accueillir les nazis allemands, mais de saisir une chance de créer une entité nationale souveraine. Le conseil a existé pendant moins de deux ans. Les personnes qui utilisent le drapeau de la WRW aujourd’hui ne sont souvent même pas au courant de ces événements historiques. Le drapeau de la WRW est un drapeau national qui a été utilisé tout au long de l’histoire pendant les différentes périodes d’oppression par de nombreux révolutionnaires et n’a rien à voir avec les nazis allemands dans l’esprit du peuple biélorusse.
Je ferais un parallèle avec le Kurdistan. Il y a le drapeau d’État de la Syrie et du régime syrien – et il y a le drapeau du Kurdistan. De la même manière, nous avons le drapeau étatique de Loukachenko – qui n’a été utilisé que pendant sa présidence, donc les gens évitent de l’utiliser, surtout dans cette lutte où tout est question de le déposer – et le drapeau national et historique, qui est blanc-rouge-blanc.
Il est certain qu’il y a dans les manifestations des gens aux opinions politiques très diverses. La plupart d’entre eux ne se définissent pas du tout politiquement. Lorsque les mineurs se mettent en grève parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le gouvernement corrompu de l’État et l’exploitation dans laquelle leurs patrons sont engagés, essayons-nous de déterminer leur identité politique exacte en tant que communistes, anarchistes ou libéraux ? Essayer de définir cette immense foule de centaines de milliers de personnes qui ont souffert d’humiliation, d’exploitation et d’oppression pendant le dernier quart de siècle me semble ridicule. Pour moi, il y a un fasciste évident : Loukachenko.
Que peuvent faire les anarchistes d’autres régions du monde pour soutenir les camarades du Belarus ? Existe-t-il des structures concrètes pour soutenir ceux qui font face à la répression maintenant ? Y a-t-il des points de pression sur lesquels la solidarité internationale pourrait se concentrer ?
Pramen : Faites des actions de solidarité. Beaucoup d’actions de solidarité. Envoyez-nous des photos de vos actions de solidarité. Le soutien de l’extérieur inspire non seulement les cœurs des anarchistes, mais aussi ceux de tous celles et ceux qui vivent dans la rue. Les gens voient qu’ils ne sont pas seuls. Après avoir lu ce texte, allez peindre une banderole très simple, rassemblez vos camarades et prenez une photo. Cela prendra deux heures maximum.
Si vous avez plus de temps et d’énergie, soyez créatif.ves. Le Belarus est un État capitaliste. Il y a beaucoup d’ambassades et d’autres points qui représentent l’Etat biélorusse. En 2010 en Russie, des anarchistes audacieux ont occupé l’ambassade. Cela peut être une des idées sur la table. Soyez créatif.ves – et grâce à votre créativité, nous saurons que vous êtes honnêtes dans votre solidarité !
Et si vous êtes doué.es pour la technologie, commencez à nous aider à résoudre les problèmes liés à l’internet. En Biélorussie, de nos jours, les gens qui ont de l’argent peuvent accéder à Internet plus facilement que les militant.es de base. Les VPN gratuits et d’autres solutions ne fonctionnent pas et nous avons besoin de beaucoup d’aide à cet égard car le manque d’internet empêche beaucoup d’efforts d’organisation.
Anonyme : Bien que peu réaliste, le meilleur soutien serait de venir et de soutenir en participant directement aux manifestations. Nous avons besoin de personnes courageuses et décisives à nos côtés. Un autre moyen est de partager des expériences et des idées avec nos manifestant.es – nous avons besoin de votre imagination et de votre créativité !
Nous avons également besoin d’un soutien informationnel – beaucoup de gens ne savent pas grand chose sur la Biélorussie et la situation réelle ici. La réalité, la mentalité et la façon de penser sont différentes dans le contexte post-soviétique qui façonne la lutte ici. Très souvent, les gens ne comprennent pas les différences entre la vie politique ici et à l’Ouest.
Enfin et surtout, vous pourriez organiser des manifestations de masse dans vos propres pays. Nous sommes tou.tes connecté.es. Ce dont nous avons besoin avant tout, à tout moment, c’est de la lutte mondiale.
Les détournements nationalistes des gauchistes autoritaires ont été viré à la source (mars info a scindé les articles et virer les trollages)
… à se poser est évidemment de savoir ce qu’est réellement l’impérialisme. Et là, il n’y a pas que les Staliniens qui ne savent pas répondre, sans parler de la question connexe du soi-disant « Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »…
« le SOI-DISANT « Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »…
le CCI a toujours préféré le « droit des révolutionnaires éclairés à disposer des peuples »
… on peut demander à l’intervenant précédent ce qu’il appelle le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; il pourra même nous faire un petit historique de ce soi-disant « droit » qui n’a jamais été qu’une revendication bourgeoise, le droit pour une bourgeoisie nationale d’exploiter « ses » prolétaires sans être embêtée par les voisins !
Marx n’a jamais soutenu cette escroquerie, qui par contre a toujours été défendue par les Staliniens ! On sait donc d’où vient l’intervenant nationaliste précédent, ce qui explique aussi qu’il déteste les internationalistes…
pour toi c’est sur, comme le peuple n’existe pas tu peux pas concevoir qu’il dispose de lui-même
comme tous les bureaucrates staliniens avant-gardistes, tu crois que ton organisation est mieux placée que les peuples que tu nies pour parler à leur place
merci pour ton cours de marxisme, mais je ne vois aucune différence entre tes positions et celles des staliniens, tous les deux vous voulez remplacer le peuple par vos intérêts politiciens
C’est intéressant de faire dire à ses contradicteurs des choses qu’ils n’ont jamais dites et qui ne font que montrer les obsessions de ceux qui les profèrent ! En tout cas, on n’a rien sur les conceptions politiques du précédent intervenant ; mais il est probable qu’elles sont inavouables !
Le peuple est une notion purement BOURGEOISE qui considère qu’il n’y a pas de classes sociales, ni de division sociale du travail, ni d’exploiteurs et d’exploités. C’est une idée purement NATIONALISTE qui a donc une origine bien particulière. Le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » sort tout droit des révolutions bourgeoises de 1848, elles n’ont rien à voir avec les revendications des exploités.
DONC, il s’agit pour ceux qui défendent cette saloperie d’attacher les exploités au char de l’État, d’empêcher tout soulèvement contre l’État et de défendre les intérêts de la bourgeoisie nationale. C’est une idéologie de défense de l’État national, et rien d’autre.
Libre à tous les bourgeois comme l’intervenant précédent de défendre leur « peuple » et leur soi-disant « droit des peuples », qui ne sont que des foutaises contre-révolutionnaires. Les révolutionnaires savent que le mot d’ordre révolutionnaires, c’est « prolétaires de tous les pays, unissez-vous »!
« Le peuple est une notion purement BOURGEOISE qui considère qu’il n’y a pas de classes sociales, ni de division sociale du travail, ni d’exploiteurs et d’exploités. »
T’as vu ça ou ? Dans la bible du CCI ?
On voit toute la confiance qu’on peut faire aux fakes propagandistes des politiciens professionnels !
prolétaires de tous les pays, unissez-vous contre les professionnels qui veulent parler à votre place