Aux États-unis, l’idée de mettre fin au financement des services de police (« defund the police ») et de les abolir a gagné beaucoup de popularité avec la révolte contre les crimes racistes commis par ceux-ci. Ces réflexions méritent leur place ici également. Oui, ici également les abus de la police ont mené à la mort de dizaines de personnes au cours des dernières années. Le profilage racial demeure une constante et nous gardons en mémoire la disparition sans véritable enquête policière de ces milliers de femmes Autochtones au Canada. Comme à leurs fondations, les corps de police de ce pays demeurent liés à des fonctions de répression des groupes de la population qui se mobilisent et s’insurgent contre l’État colonial et le Capital. Comment réduire ses agents qui commettent des bavures à des « pommes pourries » (normal qu’il y en aura toujours quelques-unes par sac nous dit-on ironiquement) alors que les corps de police sont conditionnés à maintenir un ordre inégalitaire en usant de la force. La GRC, qui a été formée dans le contexte des rébellions Autochtones et Métis dans les Prairies afin de mater celles-ci, parle aujourd’hui de « réconciliation »… et pourtant les nouvelles de personnes Autochtones assassinées par ses agent-e-s continuent de nous parvenir.

Chose certaine, la police a dans ce système pour fonction sociale de maintenir les rapports de domination en place.

On n’avance pas, on a même l’impression de régresser !

Nous l’avons bien vu lors de la lutte des Wet’suwet’en où l’État braquait sans gêne ses fusils sur la tête de manifestants et manifestantes cherchant à défendre leur territoire et faire valoir leurs droits ancestraux.

Avec des abus similaires de l’autre côté de la frontière, les manifestants et manifestantes des États-unis ont pour beaucoup compris qu’il ne suffirait pas de mettre des caméras sur les policiers pour que la situation change.

De part et d’autre de cette frontière, nous pouvons déjà observer le comportement de policier-e-s qui masquent leur numéro d’identification lors des violences policières et la déontologie policière est de leur côté. Les caméras, c’est le jujube des prises de parole des politicien-ne-s.

L’idée d’abolir la police n’est pas soulevée sans alternative au modèle actuel.

Il est question de mettre fin au financement des services de police pour à la place soutenir les services publics comme les écoles, les groupes communautaires, le filet social et mettre en place un modèle alternatif assuré par la communauté pour protéger et servir la communauté. Pour et par elle. L’idée n’est pas si nouvelle qu’il n’en paraît. Il y a plus d’un siècle, Victor Hugo écrivait déjà : « ouvrir une école, c’est fermer une prison ».

À l’heure où les budgets de la police augmentent pratiquement au même rythme que les coupures dans le filet social, nous condamnons les plus défavorisé-e-s à être entassé-e-s dans les prisons alors que les plus riches bénéficient de traitements de faveur, disons-le honnêtement, de la part des tribunaux. Ces peines ne changent en rien les individus accusé-e-s et incarcéré-e-s et ne changent en rien les conditions sociales à la racine des problèmes sociaux.

Abolir la police pour à la place accorder un financement plus viable aux organismes communautaires et aux services publics notamment ne transformera certes pas radicalement les conditions de vie des personnes les plus précaires et marginalisées. Par contre, je crois que ce serait un pas dans la bonne direction avec la diminution des abus, plus de ressources pour le communautaire et la prise en charge par les communautés de leur propre protection.

  • Une chose est certaine, il faut que ça change! Qu’en pensez-vous?