France : les migrants, grands oubliés des mesures de prévention contre le coronavirus
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Catégorie : Global
Thèmes : Logement/squat
Alors que le chef de l’État français a demandé à la population de se confiner et de respecter les règles d’hygiène afin de limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus, les migrants vivant dans les campements sauvages sont les grands oubliés de ces mesures. Les associations s’inquiètent et réclament des mises à l’abri.
« Je veux demander des sacrifices pour ralentir l’épidémie. Jamais ils ne doivent mettre en cause l’aide aux plus fragiles. (…) Pour les plus précaires, les plus démunis, pour les personnes isolées, nous ferons en sorte qu’ils puissent être nourris et protégés. » Ces mots sont ceux du président Macron lors de son discours à la nation lundi 16 mars demandant à la population de se confiner afin d’éviter la propagation de l’épidémie de coronavirus.
Pourtant, les associations d’aide aux migrants s’inquiètent, faute d’informations des autorités. Dans une lettre ouverte envoyée lundi aux préfets du Pas-de-Calais et du Nord ainsi qu’aux maires de Grande-Synthe et de Calais, 24 associations – dont l’Auberge des migrants et Médecins du monde – réclament notamment la mise à l’abri des migrants qui vivent dans les campements du nord de la France.
« Rien n’est prévu pour les personnes à la rue »
« On a demandé à l’État des mises à l’abri et l’installation d’une clinique mobile à proximité des camps mais rien n’a été fait », indique à InfoMigrants Antoine Nehr de l’association Utopia 56 à Calais. Même son de cloche en région parisienne : « On continue nos maraudes car rien n’est prévu pour les personnes à la rue », souffle Louis Barda de Médecins du monde (MdM) à Paris.
À Calais, les associations estiment qu’environ 800 migrants dorment dans la rue. Environ 500 autres se trouvent en bordure de Paris, principalement à Aubervilliers. « Les regroupements de plus de 100 personnes sont interdits, or ils sont beaucoup plus nombreux dans les camps de migrants et plusieurs à vivre sous une même tente », signale Louis Barda. Les mesures d’hygiène dans les campements sauvages posent aussi question. « Les autorités ont distribué dans les camps de Calais des flyers avec les gestes d’hygiène à adopter, signale Antoine Nehr. Mais il n’y a pas de point d’eau partout, ni même de savon. » Une situation également observée dans les camps parisiens.
« Un scandale sanitaire »
« C’est un scandale sanitaire ! On assiste à de graves atteintes aux droits fondamentaux. Ce n’est pas nouveau certes, mais c’est encore plus visible aujourd’hui », déplore Louis Barda.
Conséquences immédiates du coronavirus, les maraudes ont été diminuées et de nombreux accueils de jour ont dû fermer leurs portes. C’est le cas par exemple de ceux d’Utopia 56 et de MdM à Paris mais aussi de celui du Secours catholique à Calais. Le dispositif d’Utopia 56 de mise à l’abri des familles chez des particuliers ne peut, lui non plus, plus fonctionner.
Le risque est donc que les migrants soient de plus en plus isolés. D’autant que selon l’Auberge des migrants, l’association la Vie active qui distribue des repas aux migrants de Calais a fermé son espace prévu pour recharger les téléphones. « Si un migrant est malade, comment va-t-il faire pour contacter le 15 s’il n’a plus de batterie ? », s’interroge François Guennoc.Quelles réponses des autorités ? Pour l’instant très peu. La préfecture d’Ile-de-France affirme à InfoMigrants que des structures dédiées vont être mises en place pour les sans-abris malades. Et pour les autres, ceux potentiellement contagieux sans avoir de symptômes ?
Du côté de la préfecture de police de Paris, on répond à InfoMigrants « qu’à l’heure actuelle, on gère les urgences », expliquant implicitement que les migrants ne sont pas leur priorité. La préfecture du Pas-de-Calais n’est pas plus loquace : « Pour l’heure, nous n’avons aucun élément pour répondre à ces questions ».
La maire de Paris a en revanche annoncé mardi 17 mars l’ouverture d’un gymnase pour y loger les personnes à la rue. Anne Hidaldo a également proposé à l’État d’en ouvrir 14 supplémentaires dans les jours qui viennent.
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