Prendre le gouvernement à contre-pied
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Catégorie : Global
Thèmes : Retraites 2019
On aura été des milliers de personnes à manifester pour ne pas travaillez plus longtemps et pour une allocation retraite digne. Mais, quelle est cette frontière magique qui retient cette grève à mettre en discussion le temps de travail tout au long de la vie et le montant de l’allocation chômage ? Ne pas travaillez plus longtemps, n’est-ce pas aussi travaillez moins. Il serait donc utile de parler de la réduction du temps de travail et du partage du travail. Lutter pour une allocation de retraite digne, n’est-ce pas aussi lutter pour une allocation digne quand on ne travaille pas ? Pourquoi ne parle-t-on pas de l’allocation chômage, de minima sociaux, voir même d’un revenu minimum ?
Étrange frontière encore, entre la volonté de “ne pas travailler plus longtemps” et l’absence de la critique de la valeur travail. Quand des milliers de personnes luttent pour ne pas travailler plus longtemps, c’est donc que travailler, ce n’est peut-être pas si bien que ça, que le travail comme centralité se discute et que peut-être, il serait bon d’en parler. Étrange frontière aussi, entre la volonté de “ne pas travailler plus longtemps” et l’absence de critiques des formes que prend le travail.
Si beaucoup ne veulent pas travailler plus longtemps, n’est-ce pas aussi parce que leur travail n’a pas beaucoup de sens ou que la forme dans lequel il s’exerce – salariat, autoentrepreneur… – n’est peut-être pas très agréable, ou que leur travail est tout simplement pénible, nul, bête.
Bref, c’est assez étrange cette grève massive sur les retraites sans que partout ne se multiplient des meetings sur le travail et sa place dans nos vies. C’est aussi à ça qu’on mesure la richesse d’un mouvement dans sa capacité à faire avancer le dit “progrès social”. En quoi les centrales syndicales sont-elles réellement débordées par la grève en cours ? En presque rien. Car rien ne vient dans ce mouvement déborder le mouvement – non pas seulement au niveau des actions – mais au niveau des énoncés. Et ce faisant la maîtrise reste toujours du côté du gouvernement. C’est lui, qui continue d’imposer les sujets, les énoncés. Et notre imaginaire n’aura pas beaucoup bougé. Et on aura sans doute gagner à travailler moins longtemps mais on travaillera toujours davantage, et ainsi, ce qui aura été gagné là, aura immédiatement été perdu ailleurs.
Alors, toi qui dépend financièrement d’une allocation chômage ou du RSA, toi qui ne veux pas construire ta vie autour de ton travail, toi qui envisage la richesse autrement qu’en monnaie… Rejoins la grève et fais ce lien entre le montant des retraites et le montant des allocations chômage, des minima sociaux. Toi qui est en surcharge de travail, rejoins la grève et fais ce lien entre travailler moins longtemps et travailler moins. Réduire le temps de travail, augmenter les allocations, questionner le travail, questionner le revenu en dehors du travail, c’est le sujet de cette grève.
Prendre le gouvernement à contre pied, sur l’une de ces réformes, c’est l’enjeu d’une lutte. Politiser la retraite c’est déborder les centrales syndicales et se ré-approprier la grève et la lutte sociale. Et quand on aura fait le chemin qui va de la retraite à l’allocation chômage et de l’âge de la retraite à la réduction du temps de travail et qu’on sera tout aussi nombreux et peut-être même plus, alors le caractère plan plan des manifs sera bien secondaire, au regard de ce qu’on aura réussi à énoncer collectivement et à hisser à l’ordre du jour.
Gagner, c’est faire la connexion entre la retraite et le chômage. Gagner, c’est faire la connexion entre travailler moins longtemps et travaillez moins tout court. Gagner, c’est connecter ce qui est tenu séparé. C’est conquérir des droits.
Voilà un texte qui pose de bonnes questions, et qui touche du doigt le fait que la grève est menée de bout en bout par l’État : gouvernement et syndicats. Ce texte a absolument raison de dire que le fait que l’actuel mouvement se limite à UN problème est la parfaite illustration que ce ne sont pas les salariés qui le mènent.
Par conséquent, rejoindre la grève maintenant est le plus sûr moyen de participer à une défaite qui sera de plus en plus durement ressentie si le mouvement se poursuit. La préparation de la bourgeoisie a effectivement été très minutieuse, ça fait quatre mois (depuis septembre) qu’elle se prépare et ouvre le piège de la « grève interprofessionnelle reconductible » pour aboutir à l’impasse actuelle (pour les salariés).
« Politiser la retraite, c’est déborder les centrales syndicales et se ré-approprier la grève et la lutte sociale » : c’est absolument vrai. Mais on ne pourra élargir le champ des revendications et de la réflexion (ce que ce texte demande avec raison) qu’une fois qu’on se sera emparé le mouvement, c’est-à-dire qu’on aura fait en sorte que ce ne soient pas les syndicats qui le dirigent, ni les officiels, ni leurs sous-marins (coordinations et autres « collectifs » issus des syndicats « radicaux »). Ce n’est pas dans l’ordre inverse que ça fonctionne.
De la même façon que l’élargissement du mouvement doit se faire dans l’unité des secteurs en grève – et non à travers la « grève interprofessionnelle » syndicale, qui n’est qu’une forme de corporatisme -, l’auto-organisation doit se faire à travers la politisation du mouvement, en sortant du cadre strictement économique imposé par le gouvernement et les syndicats. Là, la bourgeoisie aura peur.
Ce qui n’est absolument pas le cas aujourd’hui.
“”c’est-à-dire qu’on aura fait en sorte que ce ne soient pas les syndicats qui le dirigent, ni les officiels, ni leurs sous-marins (coordinations et autres « collectifs » issus des syndicats « radicaux »””
alors c ‘est qui ?
aller en AG et vivre les AG les coordinations c ‘est justement voir que c ‘est bien là que tout se joue. que la parole et les arguments de ceux qui bossent et pas que les permanent est variée,libre et parfois contradictoire.
et les propositions d’actions,les idées directrices sont parfois plus anti état et anti systéme chez des syndiqués que chez des “autonomes”
le refus de toute conjonction des exploités quel que soit le nom(greve générale,extension,blocage de l’economie ) ne fait pas peur à la bourgeoisie au contraire c ‘est son réve.
l’instanéité des masses est le meilleur moyen (si pas d’organisation ni contrôle) d’aller vers l’echec car le jeu du pouvoir sera totalement libre.
oui c ‘est difficile de défendre ses arguments et d’être mis en minorité mais rejeter le peuple car il ne serait pas encore sur nos positions d’anti état c ‘est s’avouer vaincu pour toujours, et surtout laisser faire l’état.
greve general,extension ,blocage total sont nos armes et l bourgeoisie ne les aimes pas du tout voire toutes les atteintes à ces droits acquis.
rejeter la gréve générale au motif que les apparatchiks la défendent parfois (si peu en fait) est se tirer une blle dans le pied.