Circulez, y’a rien à voir (témoignage sur le gazage devant la maternité de nantes)
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Catégorie : Local
Thèmes : Contrôle socialMédiasRépression
Hier [17/12/19] à Nantes, alors que le personnel soignant manifestait contre la casse de l’hôpital public, leur si cher hôpital, dans lequel ils mettent tant de cœur, d’énergie, laissent leur santé, subissent des horaires décalés, abîment leur vie familiale mais qu’ils défendent ardemment… Alors que le personnel soignant manifestait, il était rejoint par des manifestant?e?s de la matinée
Et les CRS ont gazé
On est devant le CHU
Les forces de l’ordre balancent de la lacrymo
Des femmes, dans les étages, sont gênées par les gaz
Il s’agit de la maternité
Certaines sortent de leur chambre
Certaines montent d’un étage
Le personnel soignant à l’intérieur déplace des meubles
Protège un bébé
Les faits sont insupportables autant que têtus
Mais il y a la direction du CHU qui dit à Libération : « Quelques parturientes ont été incommodées par les odeurs au passage de la manifestation. Elles sont allées dans les espaces communs et sont retournées dans leurs chambres ensuite. Mais à aucun moment il n’y a eu d’évacuation, au sens d’une sortie de l’hôpital ou d’un transfert dans un autre service. »
Libé dit que le CHU relativise
Et puis il y a la Préfecture qui dit à Libération : « Les forces de l’ordre ne sont à aucun moment entrées dans l’enceinte du centre hospitalier, ni n’ont tiré de grenades lacrymogènes dans sa direction. »
Sur place au moment des faits aussi insupportable que têtus, une aide-soignante. Elle dit à Libération : « Plusieurs patientes ont été évacuées de leur chambre et dirigées vers le hall d’entrée du troisième étage. »
Et nous voilà à débattre du niveau de gêne infligé aux femmes concernées par l’intervention des forces de l’ordre
C’est rassurant : tout le monde confirme qu’elles ont été gênées
C’est inquiétant : tout le monde confirme qu’elles ont été gênées
C’est hallucinant : tout le monde confirme qu’elles ont été gênées mais la direction du CHU dit qu’elles ont simplement été bougées de leur lit, semble sous-entendre que c’est pas bien grave, faut pas pousser mémé dans les orties
Et la Préfecture dit que c’est pas volontaire, semble sous-entendre que c’est la faute à pas d’chance, que voulez-vous ma pauv’ dame
La direction du CHU devrait soutenir le personnel et la patientèle
La Préfecture devrait tout le moins s’excuser de la gêne occasionnée
En fait, tout le monde s’en fout
Tout le monde s’est habitué
Plus rien n’a de sens
Plus rien n’est gradué
Les limites de l’acceptable sont pulvérisées
Les forces de l’ordre ont pouvoir
Pour viser des jeunes avec des LBD
Matraquer des manifestant?e?s
Fouiller tous les sacs des passant?e?s
Tirer sur des journalistes
Gazer près de la Loire la nuit
Gazer près d’un hôpital le jour
Et tant pis pour la gêne occasionnée
Tant pis pour les conséquences irréversibles
Circulez, y’a rien à voir
Sauf que voilà, les faits sont insupportables autant que têtus
Ne jamais sanctionner les excès, les abus, les violences, le zèle, ne profite pas aux forces de l’ordre
Désormais, le slogan « tout le monde déteste la police » s’installe durablement dans les têtes et dans la chair des honnêtes gens
On bascule dans un monde désagrégé. Dangereux. Hideux.
Une pluie de gaz lacrymogène, un mouvement de foule, l’agitation et la panique, puis une femme enceinte qui s’effondre en hurlant aux portes – verrouillées – de la maternité du CHU de Nantes : voici les principaux éléments d’une scène, rapportée par Roland Jaguenet telle qu’il l’a “vécue en direct”, mardi 17 décembre, en marge de la manifestation contre la réforme des retraites.
Il était environ 15 h 30, énonce l’élu CGT (syndicat majoritaire) du CHU de Nantes. La femme tombée à terre, dit-il, “se présentait selon toute vraisemblance à l’entrée de la maternité pour une consultation. Elle a trouvé porte close alors que les salves de lacrymo redoublaient. Un homme qui l’accompagnait, effrayé, a shooté dans les portes dans l’espoir de les ouvrir. Plusieurs usagers de l’hôpital se sont ainsi retrouvés piégés, bloqués devant le sas d’entrée fermé, cernés par le gaz tiré par les forces de l’ordre.”
/…/
Contactée, la direction du CHU reconnaît qu’”une femme enceinte a fait un malaise à proximité de l’entrée” de la maternité mais certifie que “l’agent de sécurité-sûreté l’a immédiatement fait entrer et qu’elle a été prise en charge”
source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/nantes-au-chu-la-lacrymo-fait-encore-tousser-daaf7bf2-226c-11ea-9bf2-8755e2dbcaca
“un autre maintien de l’ordre est possible”
euh… comment dire ?