Le Tadjikistan… mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?

C’est un pays d’Asie Centrale, frontalier à l’est avec la Chine, au sud avec l’Afghanistan, à l’ouest avec l’Ouzbékistan et au nord avec la Kirghizie. C’est une ancienne république soviétique socialiste, la plus pauvre de toutes ! Dans ce coin là du monde on parle Tadjik (Farci) et Russe… c’est d’ailleurs le seul pays d’Asie Centrale où l’on parle une langue perse, contrairement aux autres dans lesquels on parle des langues d’obédiences Türk. De ce fait le Tadjikistan reste globalement assez coupé de ses voisins post-socialistes.
C’est au sortir de l’Union Soviétique (1992) que le pays se retrouve déchiré par une guerre civile, d’un côté les ex-communistes (de la région de Kuliab, le sud) et d’un autre les Islamistes ou Moudjahiddines (de la région de Gharm, l’est). Cette lutte clanique pour le pouvoir a plongé le pays pour les 5 ans à venir dans une terreur incroyable. En effet qu’est ce qu’il y a de pire que de penser pouvoir se faire égorger par son voisin, par son meilleur ami, qui pourrait vous soupçonner de donner votre soutien à l’un ou l’autre parti. Bref, une guerre qui a fait officieusement plus de 100 000 morts et de nombreux orphelins.
Les ex-communistes sortent victorieux des échauffourées (avec l’appuie des Russes). En 1994 un chef de guerre Kuliabiste, Rakhmanov se proclame Président de la République du Tadjkikistan. En 1997 il ne reste plus que quelques combats dans la région de Gharm (dans les montagnes) entre les opposants et l’armée. En 1999 ont lieu les élections présidentielle à parti unique, à partir desquelles bien évidement Rakhmanov devient démocratiquement parlant, le Président !
Cette année 2005, de nouvelles élections législatives, les secondes de l’histoire du Tadjikistan indépendant, vont se dérouler. Les principaux chefs de l’opposition ont déjà été arrêtés et enfermés (notamment avec l’aide des Russes… qu’ils sont fort ces Russes).
Les forces de Police battent des taux records en nombre au mètre carré… ceux-ci possédant encore les uniformes de l’union soviétique, ils sont disposés sur l’avenue principale tous les 100 mètres (l’avenue est longue de 7 km) ; bref un contrôle policier -corrompu- sur la population, omniprésent.
Le tourisme dans le pays pour l’année 2003-2004 a été de 120 personnes… mais par contre il y’a une très forte présence des Organisation internationale, non gouvernementale et étatique (OSCE, USA) . Toutes étant équipées de 4×4 coûtant plus de 250 000 francs, ils tentent de faire gober à la population qu’elles sont là pour la reconstruction de la poubelle de l’union soviétique. Notre ami l’Agha Khan (voir Gala, Paris Match) et notre ami Soros sont également présents du haut de leur fondation.
Bref, beaucoup de blancs sortant des grandes écoles de commerces ou de la haute administration qui arrosent de leur sperme les sexes autochtones (cf Noir Désir). De nombreux consultants qui expliquent ce qu’il faut faire et ne pas faire auprès des différents ministères Tadjiks, s’ils veulent continuer à toucher les subventions européennes et/ou états-uniennes.
Mais à noter aussi la présence de nombreux jeunes sortant de leurs études, cherchant à donner un peu d’eux même à ces populations, qui se font exploités en tant que bénévoles ou salariés (non respect des conventions collectives et du code du travail) par les différentes ONG qui oeuvrent soit disant pour un monde meilleur (tout le monde le sait, la précarité ça rapporte).
Dans toutes ces organisations, on parle de développement éconobeurk, de réduction de la pauvreté, de promotion de la démocratie (par les états-uniens)… de ….bon j’arrête là sinon je vais finir par vomir et vous aussi.
A savoir également qu’on a 300 bidasses à nous présents dans le pays… ils sont rassemblés à l’aéroport de Dushanbé (la capitale) moyennant payant la reconstruction de la piste d’atterrissage. Tout ça pour approvisionner les forces françaises présentes en Afghanistan (qui elles aussi reconstruisent le pays), c’est une base arrière quoi ! D’ailleurs c’est assez souvent que MAM vient voir ses enfants pour ensuite faire une petite réunion avec le ministre de la défense Tadjik pour parler affaire.

Donc en gros rassurez-vous, nos politiques et nos exopatriés s’occupent de tout pour nous reconstruire un monde meilleur, donc pas besoin d’attendre le 30 avril !
Oeuvrons pour un monde meilleur, travaillons dur, levons nous tôt le matin et rentrons tard le soir.

Je vis en ce moment au Tadjikistan depuis 5 mois et pour une année. J’ai découvert beaucoup de choses bouleversant étrangement toutes mes convictions passées sur l’Union Soviétique. J’ai définitivement compris que nos livres d’histoire étaient totalement biaisé par le Capital ! Ici il y’a l’électricité partout (même dans les coins les plus reculés, dans la montagne à plus de 4000 mètres d’altitude), il y eut un réseau de transport en commun étendu sur l’ensemble du territoire, la présence d’écoles dans le moindre village, des hôpitaux gratuits avec un nombre de lits suffisants, un salaire digne… Aujourd’hui, les Tadjiks sortent de ce que le monde occidental a qualifié de pires injures pour se réveiller dans un pays sans ressource, laissé à lui seul, bouffé par la corruption de l’héroïne, sans système éducatif, sans système de santé….bref dans la merde ! Le salaire moyen est de 3 à 4 euros par mois. Un professeur d’université gagne 5 euros par mois tout comme un infirmier, et le prix d’une bouteille d’eau potable est de 30 centimes d’euros, et le prix d’une baguette de pain 10 cents d’euros!Ca fait pas beaucoup à bouffer à la fin du mois!
Je ne fais pas l’apologie du Soviétisme qui est bien trop désagréable à mon goût pour qu’on puisse le prendre comme modèle, mais je veux juste souligner que la réalité est bien différente de ce que nos chers politiques du bloc de l’ouest nous ont enseigné ! Et pas un seul tadjik, mise à part les trafiquants et les apparatchiks, se satisfassent du système actuel… tous parlent d’une nostalgie soviétique avec la larme à l’œil ; car « comment (soit disant) penser dans la nouvelle démocratie Tadjik en ayant le ventre vide et pas l’argent pour s’acheter des livres ! »(paroles d’une amie soviétique) . Donc je n’ai qu’une chose à dire :

ПРОЛЕТАРИИ ВСЕХ СТРАН, СОЕДИНЯЙТЕСЬ !
Et cette fois-ci pour de bon…

D’un ptit coin du Tadjikistan…