L’organisme basque contre la torture TAR et la famille d’Amaia Urizar ont dénoncé dans une conférence de presse qu’Amaia avait été violée à la caserne de la Guardia Civil. Amaia Urizar avait été arrêtée par la Guardia Civil et gardée au secret pendant cinq jours. Voici le terrible témoignage d’Amaia Urizar.

“On m’a arrêtée le vendredi 29 octobre, à 3h du matin. J’étais chez mes parents. Au moment de l’arrestation mes parents étaient présents. On a donné des coups très forts à la porte en disant que c’était la Guardia Civil et en disant d’ouvrir la porte. Je suis devenue très nerveuse. J’étais prise de panique et je me suis enfuie dans la chambre de mes parents pour chercher une protection.

C’est ma mère qui a ouvert la porte, et tout de suite un grand nombre de gardes civils sont entrés dans la maison, l’arme au poing, bisant vers toutes les directions et en demandant après moi. A ce moment, j’ai compris que je ne pouvais pas m’échapper et le ciel m’est tombé sur la tête… je me suis présentée et je leur ai dit que c’était moi Amaia.

Ils m’ont obligé à m’asseoir sur une chaise à l’entrée de la maison. Une femme garde civile m’a lu l’ordre d’arrestation et ils m’ont dit qu’on m’arrêtait pour collaboration avec l’ETA.

Au début, ils criaient après moi, mais après ils se sont calmés. J’avais peur pour mes parents, parce que je savais qu’ils avaient en tête tout ce que la Guardia Civil pourrait me faire pendant les cinq jours que dure la mise au secret dans les commissariats… et à ce moment, ma tête a commencé à tourner, je pense que c’était à cause de la situation, elle était tellement forte…

Ils m’ont dit d’aller dans ma chambre pour commencer la perquisition. Ils ont démonté toutes les armoires, ont sorti tout le linge, les vêtements, ils ont bougé tous les livres… et ils prenaient les choses qu’ils pensaient qui pouvaient être importantes : lettres de prisonniers et prisonnières, livres pour étudier, photographies de mes amis et de la famille, cartes, agenda de téléphone… Six gardes civils faisaient la perquisition, les autres étaient avec mes parents à la porte et il y en avait aussi dans les escaliers. Ils ont laissé ma chambre toute sans dessus dessous. Quand ils en ont eu fini avec ma chambre, ils sont allés dans la chambre de mon grand frère qui se trouve en prison et ils ont fouillé superficiellement. Je leur ai dit qu’ils n’avaient pas le droit de perquisitionner dans cette chambre parce que c’était la chambre de mon frère et qu’il n’y avait que là que des choses à lui et que ce n’était pas une chambre utilisée en commun par toute la famille. Ils n’ont rien pris. Ensuite on est allé au salon. Pendant qu’ils faisaient la perquisition, je n’arrivais pas à contrôler tout ce qu’ils prenaient.

J’étais très nerveuse, mais en même temps très calme. J’étais surtout effrayée, parce que voir tous ces gardes civils cagoulés et armés dans la maison de mes parents m’impressionnait beaucoup. De temps en temps je regardais en direction de mes parents. Je pense que c’était pour qu’ils voient que j’étais calme et en même temps pour contrôler si l’attitude des gardes civils vis à vis d’eux était correcte.

Quand ils ont eu fini la fouille de la salle, ils m’ont emmenée dans la chambre de mes parents et je leur ai dit la même chose que je leur avais dit à propos de la chambre de mon frère, mais je me suis rappelée que quand ils sont entrés, ils m’ont vu sortir de la chambre de mes parents. Ils ont perquisitionné toute la chambre et ils ont pris quelques papiers.

Tandis que la Guardia Civil faisait la perquisition, j’ai eu des vertiges et une femme garde civil m’a accompagnée dans la cuisine pour prendre un peu de sucre. Quand j’ai été un peu mieux ils m’ont emmenée dans ma chambre. Ils m’ont dit de m’habiller et de prendre quelques vêtements et du linge dans un sac de voyage (culottes, tee-shirts, pantalons et quelques tampax). J’étais très nerveuse et je ne savais pas quoi prendre, je ne voulais pas sortir de ma maison et je ne voulais pas rester toute seule avec eux.

Avant de sortir de la maison, ils m’ont mis des menottes en métal avec les bras en arrière. Ils me disaient de me tranquilliser en descendant les escaliers. Avant de sortir dans la rue, ils m’ont obligée à baisser la tête et on m’a dit que si je regardais quoi que ce soit, ils me laisseraient entre les mains de deux autres hommes. Ils m’ont pris par les bras en me disant : « et maintenant tu te taies ». Ils m’ont fait entrer dans une voiture de couleur foncée. J’ai entendu les cris de ma mère me disant « courage! ». J’étais tellement effrayée, je me trouvais entre leurs mains et je ne pouvais rien faire pour m’en sortir. Je ne pouvais pas croire que tout cela était vrai… ça devait être un cauchemar.

J’entrais dans la voiture entre deux hommes avec la tête baissée. Une fois dans la voiture, un des hommes, celui de ma droite, m’a enlevé les menottes et me les a remis avec les bras en avant. Il a commencé à me parler « tu es arrêtée Amallita et tu dois l’intégrer ; pour nous cela n’a aucune importance parce que nous savons tout, mais toi tu dois nous raconter tout et tu as deux façons de le faire : de gré ou de force, et il n’est pas nécessaire que je t’explique ce que cela veut dire, n’est-ce pas? Alors, tu dois te décider maintenant, parce que je veux te donner la possibilité de commencer à parler tout de suite. Sinon, je m’endormirais et quand on arrivera, je me trouverais très reposé et si tu n’as rien dit, tu vas en chier… «. Je tremblais et j’ai eu des vertiges ; alors j’ai demandé du sucre (je savais que la femme leur avait donné du sucre). Les quatre gardes civils ont commencé à rigoler et un d’eux m’a montré le petit paquet de sucre et m’a dit qu’il avait ouvert la fenêtre et avait jeté le sucre.

Il me répétaient la même chose tout le temps, qu’il fallait que je commence à parler ou sinon il commencerait à me frapper, que j’allais rester cinq jours entre ses mains et que c’était comme ça… J’étais perdue, je ne savais pas ce qu’il voulait entendre et je suis restée silencieuse, parce que j’ai pensé qu’il me frapperait de toute façon, indépendamment de ma décision.

Je lui disais que je ne savais rien et il me disait que je commençais mal, très mal. Il m’appelait toujours « Amallita » comme le font mes proches. Cette situation me mettait mal à l’aise, parce qu’il me parlait comme pour gagner ma confiance, en jouant comme s’il était une personne proche de moi ; et cela me troublait.

Il me semblait que le voyage était long et comme la personne qui avait été arrêtée avant moi avait été emmenée à Madrid, j’ai pensé qu’ils m’emmenaient également à Madrid. J’étais persuadée que nous nous trouvions à Madrid quand la voiture s’est arrêtée une deuxième fois. Ils s’étaient arrêtés une première fois à une pompe à essence (je l’ai su par l’odeur).

Une fois arrivés à la caserne de la Guardia Civil et avant de sortir de la voiture, ils m’ont mis un masque sur les yeux. Celui qui m’avait parlé pendant le voyage m’a dit : « On est arrivé, pute, et tu ne nous as rien dit ». Et il m’a laissée dans les mains d’autres gardes civils. Ces gardes civils, parmi eux il y avait une femme, m’ont emmenée dans une salle de bain en descendant quelques marches. Ils m’ont dit de me déshabiller et de me mettre sous une douche. Ils m’ont mouillée toute entière avec de l’eau froide et après, ils m’ont laissé mon soutien gorge et mon tanga. Ils ont pris mes boucles d’oreille, les bracelets, les bagues, etc.

Ils m’ont mis une autre fois le masque sur les yeux et ils m’ont fait entrer dans une cellule. La femme m’a expliquée ce que je devais faire chaque fois qu’ils frapperaient à la porte (je me suis rendu compte que c’était la même femme qui était à la maison) : je devais rester contre le mur opposé à la porte, tournant le dos à la porte, avec les genoux un peu pliés et les bras en arrière. La cellule c’était à peu près comme les cellules de la prison. Elle était blanche, elle avait un lit avec deux couvertures très sales et une lumière en applique sur le mur, à l’intérieur d’un grillage. La porte avait un œilleton qu’ils ouvraient et fermaient constamment. Je pourrais dire que je me trouvais tranquille, mais en même temps effrayée par tout ce qui allait arriver les prochains jours, mais calme. Je n’arrêtais pas de penser à mon arrestation, à comment allaient être mes parents…

Au bout de dix minutes, ils ont frappé à la porte deux fois et j’ai fait ce qu’ils m’avaient dit de faire ; je me suis mise en tournant le dos à la porte, je tremblais de peur. La porte s’est ouverte et j’ai entendu la voix du garde civil qui me parlait pendant le voyage, qui disait à un autre garde civil qu’il appelait Garmendia, de faire ce qu’il devait faire. Il s’est jeté sur moi, me poussant sur le lit. en me prenant très fort par les bras. J’ai commencé à leur crier de me laisser tranquille et ils criaient « tais-toi, pute! ». Alors je les ai vus, ils étaient cagoulés et celui de la voiture avait les pantalons et le caleçon baissés et se dirigeait vers mois en disant : « nous allons baiser la fiancée du chef ». Il s’est jeté sur moi en se frottant contre moi. Je sentais son pénis entre mes jambes, je pleurais et luttais pour l’enlever et ils criaient qu’ils allaient me violer. La porte de la cellule était ouverte et il y avait de tas de gardes civils que criaient en riant aux éclats, qu’ils seraient les suivants. Je criais, pleurais, mais ils s’en foutaient. Celui qui était sur moi, me pelotait tout le corps avec les mains et se pressait contre mon sexe en me disant. « Qu’est qu’il dit ton fiancé quand il te baise, ” Gora ETA? ” Tu es déjà en chaleur, pute, nous allons te baiser tous et il va être dégoûté parce que nous allons jouir beaucoup avec toi…! ». Les gardes civils de la porte réclamaient leur tour et en rigolant ils disaient : « tout le monde va te baiser, jusqu’à la femme qui est avec nous ». Ils ont continué comme ça un certain temps. J’étais complètement perdue, parce les cinq jours n’avais fait que commencer. J’étais terrifiée, j’étais entre ses mains… Quand ils sont partis, j’avais tout le corps endolori, je me sentais sans forces et je n’arrêtais pas de pleurer, j’étais mouillée et je m’étais mis dans un coin de la cellule avec une couverture pour me couvrir.
Je ne sais pas combien de temps a passé jusqu’à qu’ils frappent une autre fois à la porte ; je tremblais, j’étais terrorisée et je n’avais pas la force pour me lever. Et ils m’ont criée « Lève-toi salope et mets-toi en position! ». Quand j’ai fait ce qu’ils m’ont dit de faire, la porte s’est ouverte et en rigolant ils m’ont couvert les yeux. Ils m’ont fait sortir de la cellule, avec des menottes et la tête baissée. On a descendu quelques marches, après on en est remonté, on a marché et finalement on est arrivé à une salle où ils m’ont mis dans un coin regardant vers le mur. Un homme, dont j’entendais la voix pour la première fois, a commencé à me parler. Il m’a dit qu’il savait que je n’avais rien dit d’intéressant et qu’à partir de ce moment-là, l’enfer allait commençer pour moi ; il m’a dit que j’avais eu deux options et qu’il semblait que j’avais pris la plus dure et que tout ce qu’ils me feraient à partir de ce moment serait par ma faute… sauf si je changeais d’opinion. Je n’arrêtais pas de pleurer, je tremblais et j’ai dit à cet homme que je ne savais rien, que je ne savais pas pourquoi ils m’avaient arrêté. Alors, cet homme a dit : « Bon, tu l’as choisi » et il m’a dit qu’il partait en me laissant avec ses hommes et qu’on verrait si après je continue à dire la même chose. Tout de suite, il m’a pris par un bras et m’a emmenée dans une autre salle. Cette nouvelle salle était toute en carrelages. Ils m’ont enlevé le masque et j’ai pu voir qu’il y avait cinq hommes, tous cagoulés. La lumière était blanche et tellement forte qu’elle en était douloureuse. Ils m’ont fait m’asseoir sur une chaise en me montrant tout un paquet de sacs en plastique, tandis qu’ils me demandaient si je savais à quoi ils les utilisaient. J’ai dis oui, et ils m’ont obligé à leur expliquer à quoi ils servaient. Ils n’arrêtaient pas de rire jusqu’à ce qu’un d’eux donne un coup fort à la chaise. Ils m’ont dit que j’avais perdue toute possibilité et qu’à partir de ce moment je saurais ce qu’ils appellent torture. Ils me criaient les noms de mes amis et de personnes que je connaissais et ils voulaient que je leurs dise en quoi je les connaissais et sur quoi ils travaillaient. Je leurs disais que je connaissais beaucoup d’entre eux, mais qu’ils n’avaient aucune relation avec l’ETA, selon moi. Alors ils me criaient, m’insultaient : « pute, salope, menteuse » et ils me mettaient le sac en plastique sur la tête. Ils le renfermaient par derrière. Au début je sentais de la chaleur, j’avais la figure en sueur, quand le sac bouchait ma bouche j’essayais de bouger, je ne pouvais plus respirer et je commençais à perdre connaissance. Alors j’arrivais à déchirer le sac en plastique avec les dents et à cet instant, quand je pouvais respirer à nouveau, ils me frappaient sur les oreilles avec la main ouverte. La tête tournait, je ne les entendais presque pas, je me trouvais complètement perdue, mais tout de suite, ils recommençaient à crier des noms,et comme mes réponses étaient les mêmes, ils me mettaient un autre sac en plastique sur la tête. Je ne sais pas combien de temps a duré cette première séance de torture. A un moment je suis tombée par terre avec la chaise et ma tête tournait. Ils ont ris en me disant : »lève-toi pute, c’est ça que tu supportes? » et en même temps ils donnaient des coups de pieds à la chaise… Ils m’ont obligé à boire de l’eau, tout le temps, en me disant qu’ils avaient ouvert ces bouteilles expressément pour moi.

Quand ils voyaient que j’étais un peu mieux, ils recommençaient à me crier des noms, et encore plus de noms, et toujours des noms, en me frappant avec les mains ouvertes sur les oreilles et en me mettant de sacs en plastique continuellement, l’un derrière l’autre, sans arrêt. Tout d’un coup, ils se sont arrêtés, on m’a enlevé les menottes et couvert les yeux. J’ai entendu la porte et en me prenant par les bras ils m’ont emmené en cellule.
En cellule, comme j’avais très froid , je me couvrais avec une des couvertures qui étaient là. J’étais toujours en tanga et soutien gorge. J’entendais des coups contre le mur et contre la porte, et je me levais pour me mettre dans la position. Je pensais qu’ils allaient entrer, mais personne n’entrait et quand j’allais m’asseoir, ils recommençaient à donner des coups à la porte.
J’étais fatiguée, effrayée et j’avais peur de ce qu’ils me feraient, j’avais envie de vomir et je leur ai demandé d’aller aux toilettes. Alors, un des gardes civils a répondu « si tu vomis, c’est ton problème, mais si tu le fais, tu vas te bouffer tes vomissements ». Après un certain temps, une femme est entrée et m’a donnée une bouteille d’eau. Je ne sais pas combien de temps s’est passé jusqu’à qu’ils sviennent me chercher, mais ils donnaient des coups à la porte sans arrêt. L’œilleton était ouvert et je ne pouvais pas me tranquilliser.

Ils sont venus me chercher une autre fois pour m’emmener en salle d’interrogatoires. Là se trouvait le garde civil qui était dans la voiture ; il a commencé à me parler. J’étais très nerveuse, parce que je ne pouvais pas oublier ce qu’il m’avait fait à la cellule, sa voix, son odeur… tout me rappelait ce qui s’était passé. Ils m’ont mis dans un coin, en leur tournant le dos et avec les genoux un peu pliés. J’étais très fatiguée et comme la tête me tournait, je tombais en arrière, et alors, le garde civil qui se trouvait derrière moi me poussait ver le mur, celui de la voiture me posant les questions. Il m’a dit que jusqu’à ce moment on ne m’avait vraiment rien fait, mais qu’en plus du sac en plastique, ils avaient d’autres méthodes pour me faire parler et que si je disais ce qu’ils voulaient, alors on ne me ferait plus rien, que la décision me revenait et qu’ils ne me donneraient pas une autre opportunité. Ils me disaient que la personne arrêtée avant moi avait parlé et que de ce fait j’étais là, parce qu’il m’avait vendue et que je devais faire la même chose, que tout le monde le faisait, mais que pour que personne de l’extérieur ne le sache pas, ils déclaraient avoir été torturés. Ils disaient que je devais dire ce qu’ils voulaient, qu’il fallait être un peu intelligent, sinon je sortirais du commissariat à quatre pattes. Ils disaient que cela faisait beaucoup temps que je ne dormais pas et que je n’avais rien obtenu, qu’il fallait accepter tout. Ils faisaient beaucoup de commentaires sur mon compagnon. Ils disaient qu’il était avec d’autres femmes tandis que je l’attendais comme une idiote… ils me donnaient des noms de mes amies en me disant qu’elles avaient eues des relations sexuelles avec mon compagnon. C’était un thème répétitif, ils voulaient me faire mal. Tout au long de cet interrogatoire ils n’ont fait que des choses comme ça, en disant que j’étais là à cause de lui. Cet interrogatoire a duré beaucoup de temps, je n’en pouvais plus, je tremblais, je pleurais et je transpirais. Ils disaient qu’ils aimaient mon corps. Je ne sais pas combien de gardes civils il y avait, je pense que trois. Ils disaient que le tanga m’allait très bien, mais que je serais mieux sans soutien gorge. J’ai commencé à pleurer une autre fois, j’avais peur qu’ils fassent la même chose qu’avant et qu’en plus qu’ils aillent plus loin. J’essayais de maintenir mon corps fermement, mais ils ne me laissaient pas, ils m’obligeaient à continuer dans la même position qu’au commencement. Et une nouvelle fois, ils m’ont emmenée en cellule.
Les murs étaient « peints à la goutte » et je ne sais pas pourquoi, mais je voyais des dessins qui bougeaient sur le mur. J’avais peur de devenir folle, la cellule s’agrandissait et diminuait, la porte venait vers moi ou s’éloignait, le sol bougeait aussi… Je ne savais pas si c’était ma tête ou bien si c’était parce qu’ils avaient mis quelque chose dans l’eau qu’ils m’avaient obligée à boire… je me sentais très mal… je voyais que ma tête partait et si je fermais les yeux, ma tête tournait. On a ouvert l’œilleton et un garde civil qui portait une cagoule blanche m’a dit que je ne pouvais pas regarder vers la porte et que si je le faisais encore, il me tabasserait. Il m’a dit qu’il allait entrer et je me suis mis où ils m’avaient dit. Je pensais qu’il allait me tabasser et je ne pouvais arrêter de pleurer. Il m’a couvert les yeux et ils m’ont emmené une autre fois dans la salle avec les carrelages blancs. J’ai entendu le bruit de l’eau remplissant quelque chose ; eux rigolaient tandis qu’ils me susurraient à l’oreille, « Amallita », « Amallita ». Je ne sais pas si ce fut à cause de la peur ou pourquoi, mais je me suis mise à uriner sur moi. Quelques uns on rit de moi, d’autres se sont fâchés et ils m’ont dit que maintenant j’allais nettoyer toute la pièce avec la langue. L’eau s’est arrêtée. Ils m’ont obligé à faire quelques pas en avant et à me mettre à genoux. Ils m’ont enlevé le masque, m’ont serré plus fortement les menottes (j’avais les bras dans le dos). Devant moi il y avait la baignoire… je me suis sentie très nerveuse et j’ai essayé de me rejeter en arrière, mais j’étais entourée. Je savais ce qu’ils allaient me faire. Un des gardes civils me criait des noms qui se retrouvaient dans des groups différents ; ils voulaient que j’accepte tout ce qu’ils me disaient, que j’accepte que toutes ces personnes faisaient ce qu’ils disaient. Je répétais que je n’en savais rien, que vraiment je n’en savais rien, que ces gens-là ce n’étaient que des amis ou des gens que je connaissais et que ce qu’ils me disaient était faux ou que je ne le savais pas. Alors, deux hommes m’ont pris, un par le corps et l’autre me tirant par les cheveux, m’ont mis la tête dans la baignoire très brusquement, de sorte à que la poitrine a donné un coup très fort contre la baignoire : je sentais que je me noyais, j’essayais de sortir de l’eau, mais je ne pouvais pas ; je bougeais la tête de toutes mes forces pour la sortir de l’eau, mais c’était impossible car ils ne voulaient pas. J’ai bu trop d’eau, par la bouche, par le nez, la tête tournait, je n’avais pas de forces, mais ils s’en foutaient et continuaient à crier et à dire des noms et encore des noms pour que je dise que oui, que ce qu’ils disaient était vrai. Les pleurs ne me laissaient pas parler et ils mettaient ma tête une fois, deux fois… moult fois. Ils n’attendaient aucune réponse de ma part, puisqu’ils ne me donnaient pas la possibilité de répondre, ils ne me donnaient que le temps de respirer un peu. Je ne pouvais rien faire, je pensais que je ne sortirai pas vivante de là, alors j’ai laissé mon corps comme s’il était une marionnette. Je ne résistais pas à ce qu’ils me faisaient, je voulais que tout cela finisse, et que s’ils voulaient me tuer, que cela arrive le plutôt possible… Mais, ils contrôlaient très bien ce qu’ils faisaient parce qu’ils me laissaient tout juste le temps pour respirer un peu, ils ne voulaient pas avoir aucun problème et cela, en ces moments, me tranquillisait. Pour me sortir de là, j’ai dit que j’accepterais tout ce qu’ils voulaient et alors ils m’ont emmené en cellule. Je n’avais pas la force de marcher, j’étais crevée et ils m’ont menée en cellule en me traînant. Ils m’ont laissée pas mal de temps en cellule. J’étais enveloppée dans une couverture parce que j’avais froid et que j’étais toute mouillée. Je suis restée sur le lit, dans un coin en pleurant.

Tout d’un coup, ils ont frappé à la porte et je me suis mise en position, nerveuse. Mais, ils étaient très tranquilles, ils m’ont couvert les yeux et ils m’ont dit qu’ils m’emmenaient dans la salle d’interrogatoires pour me tranquilliser. Quand on est arrivé à cette salle, ils m’ont mis contre le mur, dans un coin, sans mes menottes (presque tout le temps j’avais les menottes). Alors, j’ai entendu la voix du garde civil de la voiture. Il était calme et m’a dit que je pouvais m’asseoir. Je n’ai pas voulue parce que je ne voulais pas qu’il pense que je lui faisais confiance, parce que ne voulais pas qu’ils croient que je faisais de « différences » entre eux. Il m’a dit que j’étais très intelligente, un peu tête dure, mais que finalement, bien qu’à cause des coups, j’avais adopté la bonne attitude. Que ses hommes lui avaient dit qu’ils avaient de bonnes nouvelles pour lui et que cela signifiait que j’allais tout accepter, alors que je pouvais commencer à parler. Je n’ai rien dit, je tremblais. Il m’a dit qu’ils me diraient ce que je devrais dire à la déposition, que si je ne disais pas les choses telles qu’ils me les avaient dites, alors je savais déjà ce qui m’arriverait. Ils ont commencé à me lire les questions de la déposition et ce que je devais répondre. On est resté beaucoup de temps sur tout cela, jusqu’à que j’apprenne les réponses par cœur.

Ils m’ont rendu mon pantalon et mon tricot pour m’habiller, et une serviette pour me sécher la tête. Ils m’ont dit que pendant la déposition ils seraient en train d’écouter et que s’ils n’aimaient pas mes réponses, je savais à quoi m’attendre. Ils m’ont dit que je verrais aussi le médecin légiste, mais que je ne pouvais rien lui dire des tortures, sinon je saurais ce que sont les vraies tortures. Ils m’ont couvert les yeux et m’ont fait monter dans une salle petite. Il y avait trois personnes, une devant un ordinateur en train d’écrire, une autre qui me posait les questions et derrière moi la personne qui faisait le rôle d’avocat commis d’office. Tout juste après être entrée, une personne m’a lue mes droits, m’a dit que la personne qui était assise derrière moi était l’avocat commis d’office et que je ne pouvais ni le regarder, ni lui parler. Je me suis retournée et j’ai vu une femme assise dans un coin de la salle. J’ai vu qu’il y avait un miroir et quand j’ai regardé j’ai entendu deux coups qui venaient de derrière le miroir. Je savais que mes tortionnaires étaient derrière le miroir et écoutaient ma déposition. Celui qui m’avait lu mes droits avait entre les mains quelques papiers qui semblaient être les questions et les réponses. J’étais complètement effrayée, j’avais très peur d’être encore torturée si je ne répondais pas comme ils voulaient. Je savais que même si je disais ce qu’ils voulaient, ils ne me laisseraient pas tranquille, mais la peur a eu le dessus et j’ai essayé de répondre aux questions. J’étais très nerveuse et je ne voulais pas dénoncer mes amis et les personnes que je connaissais, en plus en sachant que tout cela étaient des mensonges. Je n’arrivais pas à bien répondre, je ne pouvais pas supporter l’idée que ces personnes seraient torturées comme je l’avais été moi-même et j’ai commencé à pleurer. Alors, j’ai entendu les coups derrière le miroir. Les deux hommes qui se trouvaient dans la salle faisaient mine de ne pas entendre les coups et m’offraient de l’eau et du tabac, mais je n’ai rien pris. Quand on a fini, ils ont imprimé ma déposition et me l’ont donnée pour la lire et la signer. Dans cette déposition il y avait tout, même des choses que j’avais oubliées de dire. Je me suis rendu compte que la déposition était préparée d’avance, qu’il y avait tout ce qu’ils voulaient que j’accepte, même des choses que je n’avais pas dites. J’ai signé la déposition.

Ils m’ont dit de me lever et m’ont couvert les yeux pour m’emmener chez le médecin légiste. On est entré dans une autre pièce et on m’a enlevé le masque. C’était une pièce petite ; au mur il y avait une armoire à pharmacie et une table. Il y avait un homme ; il m’a montré une carte et j’avais l’impression qu’il était méfiant. La première chose qu’il m’a demandée était si j’avais souffert de mauvais traitements ; en pleurant, je lui ai dit que non. Il m’a demandé si j’avais mes règles, si le corps me faisait mal et je lui ai dit d’examiner mes yeux, parce que l’œil gauche était gonflé et rouge. Il a regardé et m’a dit que ce n’était rien, que sûrement c’est quand ils m’avaient passée à la la baignoire que l’œil s’était infecté, et si je voulais un colire. Je ne pouvais pas croire ce que j’entendais, il m’avait demandé si j’avais souffert des mauvais traitements et après il me dit cette histoire de la baignoire… je n’ai pas voulu le colirium, je voulais continuer à avoir l’œil rouge pour l’audition avec le juge. Il m’a pris la tension parce que les gardes civils lui avaient dit que j’avais de baisses de sucre. Il m’a demandé quel jour on était et où nous nous trouvions, je lui ai dit que je ne le savais pas. À la question de si on m’avait donné à manger et à boire, je lui ai dit que non. Plus rien, un garde civil m’a couvert les yeux et tandis qu’il m’emmenait à la cellule, m’a dit que je l’avais fait tout très bien, la déposition et la visite au médecin.

Une fois arrivés à la cellule, on m’a dit de dormir un peu, mais quelques minutes après, ils ont frappé à la porte. Je me suis mise en position et deux gardes civils cagoulés sont entrés. Ils m’ont demandé de me mettre où il y avait un peu plus de lumière, qu’ils allaient me mettre quelques gouttes de collyre à l’œil. J’ai dit que je ne voulais pas, mais l’un d’eux m’a répondu qu’ils se foutaient de ce que je voulais ou ne voulais pas, qu’ils allaient me mettre les gouttes de collyre, de gré ou de force. Je ne sais pas ce que c’était ce liquide, mais ils m’ont mis une bonne quantité dans chaque œil. Je suis restée quelque temps dans la cellule. Ils n’arrêtaient pas d’allumer et d’éteindre la lumière et de frapper à la porte. Je n’arrivais pas à me calmer et j’avais des petits vertiges. Mais je ne voulais pas qu’ils entrent à nouveau et je suis restée assise par terre avec la tête entre les jambes, jusqu’à qu’ils viennent me chercher.

Une autre fois on m’a fait sortir de la cellule avec les yeux couverts et on m’a emmenée dans la salle d’interrogatoires. Ils m’ont mis à l’endroit habituel et l’un d’eux a commencé à me parler. Ils m’ont dit que pendant la déposition je m’étais très bien comportée, mais si une autre fois je regardais l’avocat d’office j’apprendrais ce qu’il en coûte de ne pas faire ce qu’ils me disaient. Au début, il me parlait d’un ton tranquille, mais petit à petit il a commencé à s’énerver. Il m’a dit qu’on allait me montrer des photos et que je devais dire les noms des personnes qu’y apparaissaient, où ces personnes travaillaient et leur adresses privées. Il a dit que comme ce serait une chose très longue, je pouvais m’asseoir. J’avais les bras attachés au dos de la chaise et les chevilles attachéesaux pieds de la chaise avec une espèce de menottes en corde. Dans cette position je me trouvais très faible parce que je ne pouvais pas bouger et cela m’effrayait. Un des gardes civils m’a enlevé le masque des yeux, j’étais contre le mur. A ce moment un autre garde civil cagoulé m’a mis une feuille de papier avec une photo devant moi, je ne sais pas combien de photos ils m’ont montrée… mais quand je répondais quelque chose qu’ils n’aimaient pas, ils me menaçaient avec le supplice du sac en plastique, avec celui de la baignoire et des fois ils me frappaient sur les oreilles avec les mains ouvertes. Après ces coups j’avais de vertiges. Je leur ai dit que presque toutes les personnes des photos je les connaissais du bar, mais que je ne savais pas ce qu’elles faisaient ni où elles habitaient. Ils m’ont montré des photos et encore plus de photos, jusqu’à qu’ils soient fatigués et à ce moment, celui qui faisait le rôle du chef commença à me crier : « Pute connasse, si tu n’as rien appris pendant ces jours, tu va l’apprendre maintenant! » et de choses de ce style. Il m’a dit qu’il pouvait me flinguer là comme de rien, et il m’a remis le masque sur les yeux. Il m’a demandé si ce que j’avais dit sur les personnes des photos c’était vrai et si j’avais dit tout ce que je savais. Je lui ai répondu que oui, que je ne savais plus rien sur ces personnes. J’étais terrifiée, en pleurs… il m’a dit de ne pas pleurer, qu’il savait tout et que je n’avais dit que la moitié de tout ce que je savais et que tout serait pire pour moi si c’est lui qui le disait et non moi. Que le jeu c’était fini. Il m’a enlevé un peu le masque et il m’a montré un pistolet en métal. J’ai essayé de bouger, j’étais terrorisé, je croyais qu’il allait me tuer… En riant, ils m’ont demandé si je voulais la prendre entre les mains, pour démontrer si j’avais des « couilles » comme mon frère et mon compagnon pour tirer sur eux. Je leur disais, en pleurant, que non ; je tremblais et eux me disaient des choses comme « pute traître ». Alors j’ai senti le métal entre les jambes et un garde civil m’a dit tous bas de ne pas bouger ; je pleurais, et j’ai commencé à crier comme une folle, tandis que je faisais des efforts pour fermer les jambes, mais je ne pouvais pas parce que j’avais les chevilles attachées aux pieds de la chaise… Il m’a mis le pistolet entre les jambes et avec la main, il a mis de côté le tanga ; je criais de me laisser en paix, mais lui a commencé à me donner des coups sur les oreilles avec les mains ouvertes en même temps qu’il me disait en criant de rester tranquille parce que le pistolet était chargé et qu’une balle pourrait sortir. J’ai entendu les rires des autres en disant des choses comme « salope, cochonne, pute, si tu vas aimer… ». Il m’a introduit le canon du pistolet par le vagin tandis qu’il me criait à l’oreille tout le temps : « Qu’est-ce qu’il te dit [pour mon compagnon] quand il te baise, Gora ETA?!!! ». Je ne pouvais arrêter de pleurer et je n’avais plus de forces pour crier. Il a commencé à introduire et à sortir le pistolet plus violemment, ce qui me provoquait beaucoup de douleur. Tandis qu’il me violait, il me chuchotait « si, je sais que tu aimes ça, pute », « tu ne vas pas avoir un fils de pute parce que je vais de flinguer » ; son odeur s’introduisait en moi, il me répugnait, je ne sais pas si un jour cette odeur sortira de ma tête… Tous riaient, l’un me prenait par le cou, un autre mettait et sortait le canon du pistolet de mon vagin en me pelotant les seins d’une façon très brusque, en pressant les seins avec les mains. Je sentais à l’intérieur de mon corps le froid du métal, eux répétaient que le pistolet était chargé et que si une balle s’échappait ce serait de ma faute… Je ne sais pas combien de temps s’est prolongé le viol, mais je suis restée muette, j’étais comme perdue ; dans cette salle on était en train de violer mon corps, mais à ce moment j’ai pu fuir, en sanglotant, mais j’ai pu fuir, je n’étais pas là ; je me souvenais de gens qui m’étaient proches, j’étais avec eux et avec elles, j’étais protégée… Tout d’un coup, il a brusquement enlevé le canon du pistolet de moi, de mon corps et il a dit aux autres « regardez, elle a jouit la putain », »il faudra le répéter, cette salope a bien aimé… ». Je suis retourné à la réalité, je me trouvais toute endolorie… À nouveau, ils m’ont montré des photos, l’une après l’autre, en me disant ce que j’avais dit sur chaque personne et en ajoutant ce ddont ils voulaient les accuser. Ils m’ont dit qu’il fallait apprendre par coeur pour faire la déposition… Ils ont répété beaucoup de fois que je devais le faire bien, que si je me trompais, ils me frapperaient aux oreilles avec les mains ouvertes et qu’ils me violeraient une autre fois.

Ils m’ont emmenée en cellule. Ils m’ont mis le collyre dans les yeux et ils m’ont laissée un moment jusqu’à qu’ils frappent à nouveau à la porte ; je me suis mis dans la position habituelle et ils m’ont donnée le pantalon et le tricot pour m’emmener faire la déposition policière.

C’était la même pièce que pour la déposition précédente, avec les mêmes gardes civils, mais cette fois-ci « l’avocat » était un homme, je ne l’ai pas vu, mais je l’ai entendu. Ils m’ont montré des photos, dans chaque page il y avait six ou sept photos et je devais signer sur les photos des personnes que je connaissais et dire en quoi je les connaissais. J’étais très nerveuse et je ne me souvenais de presque rien. Chaque fois que je me trompais j’entendais les coups de l’autre côté du miroir, comme pendant la déposition antérieure, pour me faire pression. Quand on a eu fini avec toutes les photographies, ils m’ont demandé de me faire un test d’ADN, et si j’étais d’accord. Comme j’avais très peur et que je n’avais plus de forces pour dire non, j’ai accepté. Ils m’ont fait un frottis à l’intérieur de la bouche avec des bâtonnets. Pour sortir de cette salle, ils m’ont couvert les yeux et ils m’ont emmenée voir le médecin légiste. Il m’a posée les mêmes questions que l’autre fois, si j’avais mes règles, si j’avais souffert de mauvais traitements, etc. Mais comme l’autre fois, il n’a rien écrit sur son cahier.

Ils m’ont fait sortir avec les yeux couverts et ils m’ont emmenée en cellule. Je suis restée là pendant des heures « tranquille », bien qu’ils frappent à la porte et ouvrent l’œilleton, mais ils n’entraient pas. Je n’arrivais pas à m’endormir parce qu’avais peur et que j’étais nerveuse. Je n’arrêtais pas de penser à tout ce qu’ils m’avaient fait… ils m’avaient même violée ; il ne pouvait m’arriver rien de pire, je me sentais sale, je me dégoûtais par le seul fait d’y penser, je ne comprenais pas pourquoi ils m’avaient violée et je ne pouvais pas arrêter de pleurer. Quand ils sont entrés pour me chercher, j’ai eu une malaise, sûrement par la peur que j’avais, et avant d’aller dans la salle d’interrogatoires, j’ai demandé à aller aux toilettes. La voix d’une femme m’a dit de me presser. Aux toilettes je me suis enlevée rapidement le tanga pour regarder si j’avais eu une déchirure ou quelque chose comme ça, parce qu’avais très mal, mais tout était « bien »… Dans la plaque en métal du chauffe-eau je me suis regardé l’œil et il n’était plus rouge, il n’y avait que des larmes qui tombaient, mais c’était mieux.

Ils m’ont dit qu’ils m’emmenaient à la salle d’interrogatoires et ils m’ont mis comme toujours. Le même garde civil me disait que j’étais là depuis deux jours et que mes camarades avaient eu le temps de fuir, qu’ils savaient ce que la Guardia Civil était capable de faire, que je pouvais finalement commencer à parler… Je leur répétais, en sanglotant, que je ne savais rien et ils ont commencé crier ; ils me parlaient de n’importe quoi, de mon compagnon, de ma famille, du travail, des études… À la fin, ils ont commencé à dire qu’ils me violeraient une autre fois, qu’ils allaient marcher sur ma tête.

À partir de ce moment tout a été plus tranquille ; ils m’ont mis le sac en plastique sur la tête deux fois ; ils le faisaient comme si c’était un jeu. Ils l’ont fait quand je ne me l’attendais pas du tout et cela m’a fait peur… Ils m’ont emmenée encore une fois dans la salle où se trouvait la baignoire et ils ont plongé encore ma tête dans l’eau une fois de plus. Mais en ce moment, j’ai souffert surtout des menaces de viol, du supplice du sac en plastique, de la baignoire, etc. Ils disaient qu’ils me le feraient à moi, mais aussi à ma famille. Ils avaient une idée fixe avec mon compagnon et ils me posaient beaucoup de questions sur lui. Ils m’ont dit qu’il fallait faire une nouvelle déposition et que les questions seraient toutes sur mon compagnon. Ce qu’ils ont fait très peu de temps après.

Une fois encore, ils m’ont emmenée en cellule avec les yeux couverts. Là, j’ai commencé à pleurer… soudain j’ai entendu la voix du garde civil de toujours me disant de me mettre à côté du mur. Je tremblais, effrayée, je n’arrivais pas à oublier ce que ce type-là m’avait fait au commencement… je pensais qu’ils allaient me faire la même chose. Je me suis mise à côté du mur, il est entré et m’a dit qu’il fallait profiter du temps pour dormir et que je pouvais commencer à penser à ce que je dirais dans l’audition avec le juge, que si je ne disais pas les mêmes choses que j’avais dit dans les dépositions policières, il irait avec moi et qu’alors je n’en sortirais pas vivante. Que je ne devais rien dire de tout ce qui c’était passé là, premièrement, parce qu’ils le sauraient et deuxièmement, parce que les gens seraient dégouttés de moi, surtout mon compagnon, parce que selon lui, il n’aurait plus envie d’être avec moi. Après avoir dit cela, il a fermé la porte et il est parti.

Peu de temps après, la femme garde civil est venue et m’a ordonnée de me mettre contre le mur, en disant qu’elle me portait un sandwich et une bouteille d’eau. J’ai vu le sandwich sur le lit, mais je n’ai pu rien manger et je n’ai pas bu l’eau parce que j’avais peur qu’ils aient mis quelque chose (une drogue) dedans et après un certain temps elle est retournée pour les reprendre.

A ce moment, j’essayais de me tranquilliser et pour cela je pensais à ma famille, je me répétais qu’ils étaient à côté de moi, je sentais une solitude très profonde… je ne savais pas depuis combien de jours j’étais là, entre les mains de mes tortionnaires et j’avais peur que ce qu’on m’avait dit, que bientôt j’irais devant le juge, ne soit pas un mensonge. Tout d’un coup, ils ont frappé à la porte très violemment et je me suis mis contre le mur, terrorisée, parce que les coups à la porte avaient été très violents. J’ai entendu que la porte s’ouvrait et deux hommes qui riaient se sont jetés sur moi en disant que cette fois-ci le viol serait un vrai viol… J’ai utilisé toutes mes forces pour les repousser, mais c’était impossible et un des gardes civils me giflait pour que j’arrête de bouger. La porte était ouverte et là il y avait un autre garde civil qui regardait vers l’extérieur de la cellule. Un de gardes civils qui était dans la cellule m’a obligée à rester sur le lit en me prenant par les bras et en descendant en même temps son pantalon. Je pleurais, désespérée, et finalement je suis restée sans bouger, je n’avais plus de forces pour m’affronter à eux. « Qu’est-ce que tu croyais, que tu allais t’en sortir? » me disait celui qui avait les pantalons baissés. Il s’est jeté sur moi et je n’ai même pas bougé, je le regardais dans les yeux avec haine et, en même temps, je ne pouvais pas arrêter de pleurer. Il frottait son corps contre le mien et me disait de cochonneries, et tout d’un coup, ils ont commencé à rigoler tous et sont partis en me laissant dans un coin du lit, tandis qu’ils disaient que je les dégoûtais. J’étais complètement déphasée, je n’en pouvais plus, je voulais être avec ma famille, je voulais sortir de cet enfer, je voulais que ce cauchemar finisse…

Ils sont venus me chercher après beaucoup de temps. C’est la femme qui est venue et elle m’a emmenée dans une salle de bains avec les yeux couverts, elle m’a obligée à prendre une douche et m’a donnée des vêtements propres. On est sorti de la salle de bains, moi avec les yeux couverts une autre fois, on a attendu un peu et la voiture de la Guardia Civil est arrivée. Ils m’ont dit que j’allais à l’audition avec le juge et que je devais tout confirmer, sinon je savais déjà ce qui m’attendait et que je ne devais rien dire sur les tortures si je ne voulais pas y retourner… Après avoir dit tout cela, ils sont partis. On m’a fait monter dans un fourgon en m’enlevant le masque des yeux, on m’a emmené à l’Audiencia Nacional. J’ai commencé à pleurer, finalement je sortais de cet enfer…”

Témoignage complete en anglais:
http://www.stoptortura.com/docs/testiweb/a.urizareng.pdf
Témoignage complete en espagnols:
http://www.stoptortura.com/docs/testiweb/a.urizaresp.pdf
Témoignage complete en français:
http://www.stoptortura.com/docs/testiweb/a.urizarfr.pdf
Témoignage complete en italian:
http://www.stoptortura.com/docs/testiweb/a.urizarit.pdf

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