Comme nombre de personnes ont pu le remarquer, depuis le mois de juillet dernier, le site [grenoble.indymedia.org->grenoble.indymedia.org] rencontre de nombreuses difficultés techniques, le rendant par moment innaccessible.
Notre édito du mois de décembre (“indymedia c’est reparti”) annonçait que nous avions résolu des problèmes techniques et que l’ancien administrateur système (AS) était parti.
À cette époque, après sa décision de partir et la suppression de ses accès, nous n’étions pas totalement sûr-e-s qu’il n’ait plus accès au serveur mais estimions pouvoir lui faire confiance. Hélas, très vite après ce départ, puis semaines après semaines, nous nous rendons compte de multiples interventions de sabotage sur le site même: réécritures et disparition d’articles, injures, prise de controle sur le service caché Tor, spamages, suppression de compte de nouveaux administrateurs sur le site. Et nous nous rendons vite compte de qui est derrière tout ça : l’ancien administrateur système nous a trompé quant au retrait de ses accès, et joue maintenant les trolls contre Indymedia Grenoble.

{{{***{{Pourquoi?}}}}}
Malgré son départ et le fait qu’il ne nous ait rien dit franchement, nous supposons qu’il ne veut pas lâcher le site et estime que nous faisons mal le boulot. De plus s’ajoutent à tout ça des histoires interpersonnelles et des rencoeurs accumulées. En un mot, Indymedia est pris en otage par cet individu dans un but de vengeance personnelle.

Mais ce n’est pas aux contributrices et contributeurs, ce n’est pas aux mouvements sociaux, pas aux camarades et compagnon-e-s, pas aux visiteur-euse-s du site, de subir les petites vengeances d’une personnne. Qui plus est en raison de choses qui ne les concernent pas et qu’ils et elles n’ont pas provoqué, nous restions donc de marbre face aux attaques et corrigions scrupuleusement chaque article modifié par cet individu, jetions tous les jours, voire deux fois par jour son spamage à la poubelle, nous essayions malgré nos faibles compétences techniques d’enrailler son boulot de sapage de fond sans pour autant communiquer dessus, en espérant qu’il se lasserait ou que nous finirions par pouvoir régler ça.

Parallèlement, le fait que cet individu soit parti nous a permis de faire des choix et de les assumer COLLECTIVEMENT. Par exemple, le peu d’édito ont été validés collectivement, les réunions ont été plus régulières. Contrairement à ce que l’image du site a renvoyé ces derier temps, le collectif, lui, connaissait un renouveau dans ses pratiques collectives.

Le 26 janvier, nous avons décidé (malgré un risque de représailles que nous savions bien réel après les sabotages que le site avait déjà subi) de reprendre en main les listes et adresses mail en changeant les mots de passe et en réactualisant les destinataires. Quelques minutes après avoir supprimé le mail  de notre ancien AS de la liste interne du collectif, nous nous appercevons que le serveur est en train de s’éteindre et qu’un script de chiffrement est en train de s’effectuer. Au redémarrage du serveur, nos craintes se confirment, le mot de passe de chiffrement du serveur à été changée. Cet individu venait de fermer le site.
En gros, depuis le 26 Janvier, ni vous ni nous n’avons accès à indymedia grenoble. La remise en route du site ne dépend maintenant que de son bon vouloir. Aujourd’hui, il est seul a avoir accès au serveur, rendant ainsi inaccessibles 10 années d’archives de luttes (témoignage, tracts, analyses, revendications…) sur Indymedia Grenoble.

Le bilan de cette fin, espérons la provisoire, d’Indymedia Grenoble est triple:
   
-* Cette interruption nous rappelle que le pouvoir est un poison qui, même dans les mains de personnes en qui nous avions pleinement confiance, va tôt ou tard faire des ravages. C’est pourquoi nous nous devons de partager nos connaissances ainsi que nos compétences techniques et pratiques afin de limiter les pouvoirs individuels et de les rendres inopérants comme moyen de subordinnation. Malheureusement, par simplicité nous avons manqué à ce principe.

-*     Malgré deux autres sites sur Grenoble qui marchent bien, la diffusion d’idées anti-autoritaires, révolutionnaires et critiques semble être en perte de vitesse dans la cuvette. Là encore, on ne peut pas rejeter toute la faute sur l’internet ou sur des choix personnels. A l’origine, le réseau indymedia a été créé en plein essort de l’internet afin de ne pas laisser ce terrain aux gagnant-e-s de la mondialisation. L’idée était de créer un moyen de diffusion de l’information simple, horizontale et rapide des idées anti-autoritaire. Avec le temps, sur grenoble, un nombre croissant de militant-e-s ont délaissé nos outils de lutte (aussi bien pour leur gestion comme pour leur utilisation) au profit des Facebook, Twitter et consort. Nos présences physiques dans les luttes en cours est essentielle aussi bien pour diffuser des idées et pratiques anti-autoritaires que pour promouvoir et expliquer l’existance d’outils de communication alternatifs. La peur de la repression a notamment poussé l’équipe d’indymedia Grenoble aux cours des dernières années à l’anonymat, réduisant cette présence physique.

-*     Certain-e-s ont pu penser qu’un site tel qu’Indymedia aurait été de trop alors que plusieurs autres sites alternatifs existait déjà sur grenoble (ici-grenoble, le cric, le tamis, feu haro…). Toutefois bien que vieillissant, indymedia restait utile et non négligable du fait de ses archives, de son réseau (qui dépasse largement les frontière du pays) et surtout de la publication totalement ouverte qu’il proposait. Les visites du sites montraient qu’il était un outil important des luttes et de communication. La publication ouverte est une forme de contributions que nous estimions plus proche des valeurs anti-autoritaire, beaucoup d’autres personnes le pensent aussi, même si celle-ci implique des efforts constants de modération. La recrudescence des Facebook et Twitter dans les milieux militants est hélas peut-être en partie due à cette liberté d’écriture (formes, styles, idées…) qui ne se retrouve pas chez les autres sites alternatifs.

Aujourd’hui, en plein mouvement social, un canal de communication et d’information se ferme. La façon arbitraire dont s’est déroulée cette fermeture fait que nous ne considérons plus celui qui fut notre administrateur système comme un camarade.

La répression vient en général de l’Etat et de la police, Indymedia en a fait les frais déjà pluisieurs fois. Quelle ironie qu’elle provienne cette fois d’un ancien camarade abusant de son pouvoir, alors qu’en parallèle un jugement est rendu, donnant raison à la CNIL contre la la censure qu’avait subi Indymedia il y a plusieurs mois[[voir ici : http://cergy-pontoise.tribunal-administratif.fr/A-savoir/Communiques/Internet-premier-jugement-rendu-sur-saisine-de-la-personnalite-qualifiee-designee-par-la-CNIL]] . Cette attaque ne fait que la renforcer et rajoute des tensions et de l’épuissement chez des groupes et des personnes qui publient sur ce site, qui subissent des perquisitions, qui publient des revendications ou des analyses critiques du moment politique.

Nous ne renoncerons pas à essayer d’offrir une plateforme de publication ouverte, ouvertement en luttes contres tous les pouvoirs et engagée pour l’émancipations des personnes, des groupes et des classes opprimées. Toutefois si notre ancien camarades désire faire enfin amende honorable en remettant le site en ligne et en nous transmettant les accès, on est prenneur-euse-s.

Le collectif Indymedia Grenoble