[rennes] appel à la constitution d’un cortège féministe autonome le 24 novembre
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Catégorie : Local
Thèmes : Genre/sexualités
Suite à l’appel pour une marche nationale lancé par #Noustoutes, y compris en Ille-et-Vilaine, concernant la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes il nous a semblé nécessaire de proposer un appel différent de ceux proposés jusqu’ici, ce pour plusieurs raisons :
-> Le choix du terme « marche » proposé par #Noustoutes est contradictoire avec la nécessité de faire de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes une journée politique, en plaçant l’événement dans une espèce de bulle apolitique sous le prétexte de vouloir réunir « toutes les femmes », comme si elles étaient universellement victimes des mêmes systèmes de domination.
-> Notre lutte s’inscrit dans une mobilisation plus globale contre les systèmes de domination et d’oppression qui interagissent avec le patriarcat. Nous nous revendiquons anti-capitalistes et intersectionnels.les, c’est-à-dire anti-racistes, anti-islamophobes, anti-classistes, anti-putophobes. Par opposition, une démarche d’union de « toutes les femmes » nous semble essentialisante : elle gomme les rapports de domination présents partout dans la société et érige en norme un certain modèle de femme aux dépens des plus dominées.
-> Dans la même logique, nous refusons de faire comme si l’ensemble des féministes pouvaient être représenté.e.s par un groupe unique portant une parole unique. Au delà du fait que la parole de Nous Toutes soit vide de revendications politiques, son mot d’ordre est de manifester sous une banderole unique, interdisant l’expression des divers groupes politiques qui pourraient être amenés à participer à un tel événement. C’est pourquoi nous ne suivrons pas les revendications imposées par Nous Toutes et refusons que les revendications d’autres groupes féministes soient étouffées par un tel positionnement.
-> La visibilisation des violences faites aux femmes est une entreprise nécessaire, mais l’accompagner d’une demande de réaction des institutions l’est, à notre sens, beaucoup moins : il n’est pas question pour nous de donner de nouveau le pouvoir sur nos corps à des extérieurs – ici à l’Etat, la police et la justice – qui savent très bien eux-mêmes comment mettre en place des violences à notre encontre.
-> Par ailleurs, se contenter de décrire les femmes comme victimes de violence (ce qui est fait dans les différents appels produits jusqu’à maintenant) ne nous semble pas propice à la constitution d’un réel rapport de force politique : les femmes peuvent être autre chose que des victimes avant tout. A l’inverse du féminisme institutionnel, nous considérons que les féministes doivent être des forces de proposition et d’action. Il paraît important de préciser que si la date du 25 novembre est éminemment symbolique concernant la question de la lutte contre les violences faites aux femmes*, notre lutte ne saurait se limiter à une date unique. Nous voulons que ces questions soient abordées de manière plus fréquentes et avec autant d’écho que lors d’une seule et unique journée annuelle. En ce sens, nous revendiquons une auto-organisation locale: dans nos lieux d’études, de travail, de lutte et de vie, pour nous défendre collectivement.
Nous appelons à rejoindre le cortège que nous allons former dans la manifestation au départ de la place de la République à 11h, le 24 novembre.
-> Ce cortège est ouvert à toute personne se retrouvant dans la nécessité d’une construction politique autour des violences faites aux femmes, en sachant qu’il ne sera en son sein pas question de phénomènes de dissociation à l’encontre des divers moyens d’action politique qui pourraient être utilisés. Si en effet il peut être pertinent de discuter des actions réalisées, il nous paraît cependant nécessaire de rappeler que tenter de s’interposer à la réalisation d’une action dans le cadre d’une manifestation, ou encore dénoncer publiquement les événements, peut être dangereux pour les auteur.rice.s de ces actions, du fait de la présence de flics et d’enquêtes possible à la suite de la manifestation. Nous appelons au contraire au soutien des différentes actions anti-sexistes menées lors de la manifestation et à participer aux actions futures qui seront organisées par nos collectifs.
CAAS X CANIF
*La date du 25 novembre a été choisie comme date internationale de lutte contre les violences faite aux femmes en référence aux sœurs Patria, Minerva et María Teresa Mirabal, opposantes politiques à Rafael Trujilo en République Dominicaine. Elles ont toutes trois été torturées, puis assassinées le 25 novembre 1960.
Ah oui je trouve ça tellement féministe de dire que la lutte contre les violences patriarcales ce n’est pas politique. En fait, on en revient aux années 70 avec les groupes militants mixtes, si on est pas anti-capitalistes, on n’est pas politiques. Le féminisme est politique, puisqu’il parle d’exploitation et de contrainte violente pour l’imposer, de remise en question radicale des genres, de liberté et d’égalité. Pour une fois, est-ce qu’on pourrait parler des femmes et de leur oppression spécifique? Oui le capitalisme, le racisme, et toutes les oppressions, tuent, mais à un moment donné est-i possible de se battre pour nous (femmes, lesbiennes) sans avoir à s’occuper des autres? Je ne vois pas bien pourquoi on ne pourrait pas dénoncer le racisme et/ou le capitalisme dans une marche féministe? Et quelle contre-sens de confondre essentialisme et exploitation sociale dans le fait de nous retrouver? Oui, nous ne subissons pas le sexisme de la même manière, mais nous le subissons toutes, et également dans les groupes anti-capitalistes ou anti-racistes. Alors, pour une fois, on voudrait manifester sur des mots d’ordre féministes, qui peuvent aussi être anti-capitalistes et antiracistes, alors s’il vous plaît faites vos manifs militantes pro-militants à un autre moment. pour une fois, on aimerait que d’autres femmes ne crachent pas sur les féministes. LE FEMINISME EST POLITIQUE (c’est bien pour ça qu’il emmerde les mecs et déchaîne tant de violence).
Et puis c’est évident, la raison de ne pas avoir de représentations d’organisations : ne pas voir toutes les orgas mixtes récupérer le truc, ça n’empêche pas d’avoir une pancarte ou une banderole intersectionnelle. J’ai l’impression d’entendre des chevaux de troie des mecs.
Quant à ce discours sur la dissociation, mais je n’en peux plus! La politique c’est justement s’engager, assumer des désaccords, pas dire « on ne se dissocie pas ». Et souvent, les pensées vont avec les actions. Alors pourquoi ne pas collectivement discuter des actions, du rapport à la violence? Non, je me sens soumise à un chantage où personne n’a le droit de critiquer vos modes d’action. Et je me pose la question de savoir si vous avez pensé une seconde aux autres femmes qui auraient un rapport à la violence compliqué pour l’avoir peut-être subi? D’autant plus venant de gens qui se dissocient justement de la manif! Et une critique des femmes victimes (ben oui vous connaissez les chiffres, non?), ce qui n’empêche pas le rapport de forces, qui est justement ce qui est recherché avec « nous toutes », vu que les exemples sont des manifs féministes de masse en Espagne, en Argentine, au Chili, ce qui est nouveau et particulièrement offensif. Mais bon, vous êtes les plus radicaux des radicaux, ça doit être ça l’important.
ben ça t’enerve peut etre parce que ça blesse là ou ça fait mal, car oui pour certaines, la marche simple et ses « revendications globales » c’est pas assez radical, certines preferent affirmer certaines choses !
bon mais t’as lu jusqu’au bout ? :
« Si en effet il peut être pertinent de discuter des actions réalisées, il nous paraît cependant nécessaire de rappeler que tenter de s’interposer à la réalisation d’une action … Nous appelons au contraire au soutien des différentes actions anti-sexistes menées lors de la manifestation et à participer aux actions futures qui seront organisées par nos collectifs. »
alors tranquille, tous va bien !
d’autres on juste besoin d’aller un peu plus loin pour agir parce que sinon les mots d’ordre plan plan ça les motiv’ pas des masse
« toutes ensemble toutes » n’existe pas car nous sommes toutes différentes. et oui parfois si différentes !!!
pas de panique
ben oui quand on prévoit un truc « »toutes ensemble ça enerve que certaines ne se sentent pas si ensemble que ça et eprouve le besoin de dire ce qui leurs va pas ou ce qu’elles veulent de différents !
c’est pas grave tu devrais t’en remettre..;
preuve en est que le « toutes ensemble » n’existe pas, tant par ta position que par les autres d’ailleurs…
on va quand même pas faire une manif a minima pour contenter celles qui veulent moins ?
toutes ensemble c’est donc accepter toutes les différences
Oui alors pas de réponse sur le fond comme d’habitude. Plus radical pour les féministes c’est plus FEMINISTE. On ne comprend pas la radicalité de la même manière. Et par exemple pendant les manifs contre la loi travail à Rennes, il y avait pas grand monde pour parler des femmes, alors là de trouver que parler des femmes CE N’EST PAS SUFFISANT il a de quoi s’énerver, donc le tone policing merci bien, mais non je ne vais pas me calmer. Ma colère est aussi une position politique, facile de ne retenir que celle-ci et non les arguments. Toutes ensembles ça veut pas dire cracher sur nous toutes. Ce n’est pas pareil d’ajouter des choses qui manquent ou différencient et de se dissocier en demandant de ne pas se dissocier. Et en ayant comme argument celui qu’on critique, celui du « toutes ensemble ».
bonjour,
produire une critique politique sur un texte « politique » (puisque tu y tiens) ce n’est pas de la dissociation, d’autant plus que la critique me semble plutôt bien argumentée. Faire de la politique c’est AUSSI accepter de se faire critiquer, et critiquer les productions des autres. Apporter des éléments supplémentaires à Noustoutes c’est pas suffisant quand les seuls trucs que cette asso apporte sont des éléments non valable aux yeux de certaines. Faire comme si toutes les féministes pouvaient se reconnaître dans un appel unique c’est au minimum de l’hypocrisie, au pire de la bêtise complète, preuve d’une méconnaissance avancée de l’état des groupes féministes qui existent de nos jours. Les personnes qu ont écrit cet appel ne sont pas les premières à avoir écrit un appel remettant en question les positionnement de Noustoutes, peut-être qu’on pourrait voir là un indice du sujet sur lequel les questions devraient se poser?
C’est original de trouver horrible de dire que toutes les femmes ne sont pas identiques et ensuite de dire « pour une fois on pourrait se contenter de s’occuper des meufs et des lesbiennes et osef des autres », ça montre une logique vraiment à toute épreuve dans ton raisonnement je trouve.
Difficile de faire une réponse assez répondante pour toi apparemment ?
Les personnes qui ont rédigé cet appel étaient dans les manifestations contre la loi travail en 2016 et ont à ce moment là largement participé au travail politique féministe dans les différents lieux d’organisation, vaudrait mieux éviter de s’exprimer sur les choses qu’on connait mal pour éviter de se confondre en ridicule comme tu as l’air de si bien savoir faire. D’ailleurs sous entendre que cet appel aurait été rédigé par des mecs alors que t’en a aucune idée c’est encore plus une preuve que tu réfléchis pas assez longtemps avant de t’exprimer ? Est ce que tu dis aussi ça des personnes qui mènent des actions trop radicales dans les manifs ? Vu ton discours ça m’étonnerait pas trop. « Bouh le radicalisme c viriliste ouin ouin », cimer. A ce que je sache Noustoutes n’a pas apppelé à une manif non mixte, vu les gens qui mènent l’organisation ça m’étonnerait d’ailleurs qu’elles y aient pensé, je vois mal les féministes institutionnelles du premier rang aller proner ce genre de discours alors qu’elles nous font chier toute l’année pour que toutes les actions « mettent à égalité les hommes et les femmes et donc gniagniagnia tout doit être mixte sinon la dictature de la femme ».
Enfin, sur la question de la critique des modes d’action, personne n’a dit qu’elle était impossible dans ce texte ? simplement qu’elle n’était pas acceptable si elle servait à mettre sur le plateau des keufs et de la justice des camarades qui ne vous ont rien demandé, en tout cas c’est comme ça que je concois la non dissociation et c’est certainement (j’en suis même sure) le cas des personnes qui ont rédigé cet appel.
Sur ceux, bonne soirée
C’est cool les féministes blanches qui se revendiquent antiracistes mais expliquent l’intersectionalité à Nous Toutes et donc aux femmes racisées qui font partie de l’organisation nationale.
Parce que au dernières nouvelles, TOUTES les femmes ça veut bien dire que les TDS, les femmes racisées, et les musulmanes sont prises en compte car elles sont elles aussi victimes de violences sexistes.
La démarche de « Nous Aussi », sur laquelle vous semblez prendre exemple est de mettre des femmes trans (oubliées de votre conception de l’intersectionalité apparement), musulmanes, racisées, TDS etc… en tête de cortège afin de rendre plus visible les féministes qui sont trop souvent releguées au second plan.
Il ne me semble pas que les militantes du CAAS et du CANIF soient racisées, excusez moi si je me trompe. Si j’ai raison, j’espère que vous vous rendez compte à quel point il est raciste et méprisant de vous servir de ces luttes comme d’un faire-valoir pour constituer votre cortège.
Ca y est on est au stade ou pour se préoccuper de racisme dans le milieu militant, il faut être racisé?
Je voudrais répondre à okvu:
Bien que je n’ai pas connaissance des membres du Caas et du Canif, il me semble un peu étrange d’avoir comme réflexion que parce qu’elles ne seraient pas concernées par le racisme, elles n’auraient pas le droit de lutter contre cette oppression ? Dans ce cas, quel est le rôle d’un.e allié.e ? Vous ne souhaitez pas qu’elles se revendiquent anti-raciste car elles n’ont apparemment pas de personnes racisées dans leurs groupes mais vous souhaitez par contre qu’elles se revendiquent anti-transphobes sans même savoir si elles ont des femmes trans dans leurs groupes? Et imaginons qu’il n’y ait pas de femmes trans dans leurs groupes, si elles avaient ajouté « anti-transphobe », qu’auriez-vous tenu comme position? Votre message me parait, de fait, se contredire sur biens des aspects…
Je crois que okvu a pas saisi que le texte défend je sûrement que « toutes les femmes » ça n’existe pas aux yeux des personnes qui ont rédigé l’appel. Je crois que c’est l’objet principal de la question. Ça va avec l’anticapiltalisme, l’anti racisme et le reste parce que ça rappelle que certaines femmes sont dans des positions dominantes ? Alors que Nous toutes évite de le rappeler. La preuve c’est que NousAussi existe et fait aussi bien passer ce mot là j’ai l’impression ?
Pour le reste les deux commentaire au dessus me semblent assez logique aussi.
Bonjour,
j’ai une question à la fois globale et personnelle à vous poser : votre cortège sera-t-il sans mecs cis?
J’ai en effet eu la très mauvaise surprise l’an dernier de me trouver devant un cortège mixte (je ne sais pas si c’était le vôtre, mais c’est possible) et d’y voir un très bon camarade (un homme militant autonome assez en vue à Rennes) d’un homme qui a abusé (au très très bas mot) de moi sexuellement.
Je pensais être à ma place dans cette manif contre les violences faites aux femmes, mais je me suis sentie très mal, alors que je n’arrive déjà pas à aller à d’autres évènements à cause de sa présence et de son réseau.
Donc j’espère que votre cortège sera sans mec cis, pouvez-vous prévenir si ce n’est pas le cas?
Salutations féministes.
Ohlàlà, ça a vite escaladé comme on dit en anglais.
Chère mmeprcss,
ma colère n’avait pas pour but de prendre qui que ce soit de haut, alors je suis un peu surprise du mépris qui s’exprime en retour. Je ferais preuve de « bêtise complète », de « méconnaissance avancée », je risquerais de me « confondre en ridicule ». Et qui plus est vous connaîtriez ma position face aux actions radicales dans les manifs. Je ne suis pas trop étonnée d’être ramenée à mon CV par des militantes à vrai dire, mais je crois que personne n’a à s’en justifier (à moins d’être un peu jeunes pour être des vieux con combattants), même si je pense que vous seriez surprise.
Bien sûr que vous avez le droit de critiquer, de vous positionner, raison pour laquelle j’ai le droit de critiquer votre appel public. Vous noterez que je m’adresse à un groupe qui affiche publiquement des positions alors que vous vous en prenez à une personne particulière. Il me semblait que si on voulait convaincre des gens, on pourrait au moins essayer de les respecter de base un minimum quand on ne les connaît pas.
Je n’ai jamais dit que des hommes avaient écrit cet appel, je sais très bien que non, j’ai dit que je pensais que ce genre de positionnement leur ouvrait la porte pour s’opposer au féminisme, puisqu’il permettait de considérer qu’il était toujours plus important de se mobiliser sur autre chose (ce n’était pas très clair j’avoue).
En effet, vous reprochez à « nous toutes » de vouloir que les femmes soient toutes les mêmes. Je crois que personne de sain d’esprit ne prétendrait cela de toutes les femmes qu’elles souhaitent rassembler. Nous serons évidemment toutes différentes, mais rassemblées pour une fois sur un sujet normalement consensuel. Cela n’a jamais été le but poursuivi, mais bien de dépasser les divergences nombreuses qui existent entre groupes féministes (que je connais très bien merci) pour adresser le problème de la violence, qui est la face la plus spectaculaire d’un continuum de discriminations et d’agressions. C’est pour cela que l’organisation a été ouverte très largement, cherchant à dépasser notamment le clivage sur la prostitution.
Pourquoi cela est-il anticapitaliste? Parce que les femmes sont globalement plus pauvres que les hommes, qu’elles travaillent dans des secteurs dévalorisés, qu’elles subissent les temps partiels, qu’elles effectuent encore la grande majorité du travail domestique, alors il y a peu de chances qu’il y ait une majorité de bourgeoises.
Pourquoi cela subvertit le genre? Parce que, à part les différentialistes, lorsque des féministes critiquent leur place et celle des mecs, elles s’opposent à la hiérarchie de genre.
A Paris, « nous aussi » a effectivement voulu que des femmes qui subissent des oppressions multiples, dont celle du racisme qui n’est pas soluble dans le féminisme, soient plus visibles. Mais je ne crois pas qu’elles remettent en cause le fait d’être ensemble pour dénoncer les violences. Et je suis d’accord avec le commentaire qui fait une différence entre les femmes racisées et en profiter juste pour affirmer pour on ne sait pas trop quelle raison (intériorisation de posture militante?) sa différence à tout prix. (et être allié, normalement ce qu’on demande aux gars, c’est savoir se mettre en retrait parfois, et ne pas prendre la place).
Excusez-moi de trouver un peu choquant que vous considériez qu’autour de la journée contre les violences faites aux femmes, il faille parler d’autre chose et que vous critiquiez le fait qu’on en parle. Euh, en fait faut pas juste traverser la rue pour ne plus les subir hein… Nous toutes c’est justement la volonté d’une mobilisation massive, qui évidemment a pour but de poser un rapport de force, comme le font toutes les femmes qui ont le courage de témoigner.
Quand je parlais des manifs de la loi travail (j’y étais aussi, hein), je voulais dire qu’à ce moment là, contrairement à Paris notamment, à Rennes aucun appel à cortège précisément sur la place des femmes dans le travail n’avait existé, donc oui cela me semble un peu deux poids deux mesures. Ce qui n’empêche pas que je sais que des féministes étaient là, qu’elles ont créé des banderoles, investi les tribunes et les actions.
Sur la dissociation, terme qui n’a que quelques années, avant on parlait de ne pas diviser des « bons » et mauvais » manifestants, on revendiquait d’être tous des casseurs, il faut je pense être dans un certain entre-soi ou de mauvaise foi pour ne pas comprendre les problèmes qu’il pose. Il met dans un même mot le fait d’isoler certains manifestants, et le fait de ne pas pouvoir discuter avant des modes d’action, sous prétexte de ne pas se dissocier. Or oui m’adresser un « ouin ouin le virilisme », quand on est féministe je trouve cela tout de même un peu court (c’est une phrase de groupe fermé, ou un tweet). Je suis favorable à beaucoup de formes d’action radicales, la seule chose c’est qu’avant tout je suis favorable à la prise en compte d’un maximum de meufs, donc oui je pense que ça se discute, et on réfléchit à des femmes comme je l’ai dit qui ont pu subir des violences, pour qui le bris même d’objets renvoie à des situations familiales violentes. Est-ce qu’on veut que les victimes non militantes de violence puissent se sentir bien? Ça ne veut pas dire ne rien faire, ça veut dire en parler en amont, ça peut être sur le lieu de la manif d’ailleurs. M’enfin si on est pas dans un monde isolé, le « virilisme » ou la construction de la masculinité et de la féminité c’est un problème hein. Dépasser les constructions ne va pas de soi et n’est pas donné en manif pour celles qui n’ont pas la chance d’avoir un réseau, d’être dans des groupes, d’avoir l’expérience de la confrontation. Ça se construit, alors oui je trouve qu’un appel 3 jours avant, c’est pas terrible. Et puis pourquoi lors de cette manif là précisément? Vous dites bien que (comme nous toutes hein) vous ne souhaitez pas que les actions se limitent à 2 journées par an.
Alors oui parlant de dissociation, je pense que vous vous dissociez. Parce que les mecs, c’est les flics du patriarcat. C’est ça les violences hein, bien nous dire où est notre place. Alors vous auriez pu critiquer « nous toutes » en reconnaissant quand même qu’elles avaient raison de se mobiliser, en ne critiquant pas le fait qu’elles ne souhaitent pas que des orgas soient présentes, pour que le message ne soit pas détourné vers des orgas mixtes et souvent très masculines (partis, syndicats…), en ne critiquant pas les femmes qui ont besoin d’être reconnues comme victimes. Vous auriez pu être un peu plus solidaires, au lieu de ne faire que critiquer, car les militants mecs vous en seront reconnaissants, c’est une évidence. Donc personnellement, je pense que votre discours sert les flics du patriarcat.
Franchement, j’aimerais que vous me lisiez et que vous essayiez de me comprendre, peut-être de comprendre comment votre texte peut être pris (je veux pas dire comprendre intellectuellement, hein, ça je sais que vous pouvez) plutôt que vous braquer sur vos positions, vos modes d’action désormais rodés et habituels, ou de vous arrêter aux quelques phrases que vous pourriez mal prendre. Parce que tout cela s’est déjà produit, tout ça exactement. En revanche, « nous toutes », non.