Dans un geste sans précédent, une trentaine de personnalités connues pour leur engagement social et politique demandent au gouvernement du Canada de rejeter la décriminalisation de la prostitution réclamée par certains groupes et de prendre des mesures immédiates pour mettre fin au harcèlement des personnes prostituées et au trafic sexuel qui se pratique au Canada. Dans une lettre rendue publique le 20 novembre, ces personnes réclament du gouvernement fédéral une étude approfondie et une vaste consultation sur tous les enjeux de la décriminalisation totale de la prostitution (ce qui inclut proxénètes et clients) avant d’entreprendre toute réforme des lois canadiennes en ce domaine.

Parmi les personnalités signataires de cet appel, on retrouve les écrivaines Louky Bersianik et Andrée Ferretti, le journaliste Michel Venne, la titulaire de la Chaire d’étude sur la condition des femmes à l’Université Laval, Pierrette Bouchard, le directeur du Centre de recherche sur la mondialisation, Michel Chossudovsky, la chercheuse et professeure de sociologie et d’études sur l’équité à l’Université de Toronto, Margrit Eichler, le pianiste et professeur, Pierre Jasmin, le vice-président de l’UFP, Amir Khadir, la coordonnatrice pour le Québec de la Marche mondiale des femmes, Diane Matte, l’écrivain et président de l’UNEQ, Bruno Roy, la sociologue Louise Vandelac, le Regroupement des groupes de femmes de la région de Québec, Céline Saint-Pierre, sociologue, Chaire Fernand-Dumont sur la culture à l’INRS et quelques dizaines d’autres signataires.

Les auteures de la lettre, Élaine Audet et Micheline Carrier éditrices du site Sisyphe), soulignent que la décriminalisation ou la légalisation de la prostitution dans certains pays a aggravé, et non amélioré, la situation des personnes prostituées, tout en entraînant une augmentation spectaculaire de la traite des femmes et des enfants. Elles réclament qu’on cesse de traiter les personnes prostituées comme des criminelles, mais elles ne voient pas la prostitution comme un «métier»: «Nous refusons que les personnes prostituées soient traitées comme des criminelles, harcelées et violentées, privées de soins et de services, alors que les véritables responsables, les proxénètes et les clients prostitueurs, sont rarement inquiétés par les services policiers. Toutefois, contrairement aux groupes qui ne luttent pas contre la prostitution mais veulent en améliorer les conditions d’exercice, nous considérons que la prostitution n’est pas un « métier » et que la décriminaliser ne mettrait pas fin à la « stigmatisation » ni à la violence contre les personnes prostituées».

La lettre souligne également, qu’à l’échelle de la planète, l’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de 13 ans et que, chaque année, la traite à des fins de prostitution fait environ 4 millions de nouvelles victimes, principalement chez les femmes et les enfants. À l’heure actuelle, plus de 40 millions de personnes dans le monde sont prostituées, la plupart contre leur gré. Les auteures invitent la population à faire connaître, à la suite des personnalités qui ont signé cette lettre, son opposition à la décriminalisation des proxénètes et des clients de la prostitution.

On peut lire ici le texte et la liste complète des signataires

Sisyphe

Dossier sur la prostitution

Dans les librairies:

Yolande Geadah: «La prostitution, un métier comme un autre?», Montréal, VLB éditeur, 2003.

Richard Poulin, «La mondialisation des industries du sexe. Prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants», Ottawa, éditions L’Interligne, 2004.