Le zoïle ne nous fera pas taire
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Catégorie : Local
Lieux : Rennes
“Tout son plaisir était de médire et son unique occupation de chercher des moyens de se faire haïr. Un homme sage lui demandait pourquoi il s’obstinait à dire du mal de tout le monde ; il répondit : Parce que je ne puis en faire. “
Début novembre, à Rennes, une personne connue pour avoir commis des agressions sexuelles à plusieurs reprises a été vue dans un cortège à la fin d’une manifestation par plusieurs d’entre nous. Nous avons alors décidé de réagir immédiatement pour le faire partir. En effet nous estimions que sa place n’était pas dans notre cortège. Alors que plusieurs se sont mises à crier pour informer les gens de ce qu’il se passait, d’autres lui ont dit de partir, et une lui a jeté une bouteille d’eau à la figure : autant dire qu’il existe autrement plus violent comme mode d’action.
Lors d’une manifestation contre la loi Macron XXL du 16 novembre dernier, l’une d’entre nous a revu cette même personne parmi les manifestant.e.s, à proximité immédiate du cortège de tête. Elle a alors décidé d’en avertir plusieurs d’entre nous, afin de discuter de ce qu’il fallait faire de sa présence dans le lieu collectif qu’est une manifestation. Quand elle a pointé du doigt l’agresseur-violeur, le Zoïle en chef s’est presque immédiatement interposé violemment, poussant les deux camarades alors que la police se préparait à charger le cortège et qu’une action était en cours. Celui-ci, accompagné de ses camarades, ne s’est pas contenté de nous pousser à plusieurs reprises, il s’est aussi fendu de hurlements déclamant haut et fort “c’est pas un violeur, c’était que des agressions sexuelles”.
Nous apprenions le lendemain qu’il distribuait le jour même un article dans lequel il expliquait que vouloir nettoyer nos cortèges s’apparentait à “une vision réactionnaire du droit”. Puis quelques jours plus tard, nous apprenions que nous avions agi avec beaucoup trop de violence pendant cette manifestation. Oublié, le Zoïle nous poussant au point de tomber par terre, oubliée, la violence de son discours. Nous avons donc affaire à une organisation politique autour de la protection d’un agresseur-violeur, contre des militantes féministes.
Le 22 mars, cette organisation refait surface sous la forme d’un service d’ordre consacré à la protection de l’agresseur-violeur. Malgré notre volonté de ne pas voir nos lieux de lutte investis par cette personne, celle-ci ne semble pas prendre en considération nos revendications féministes. Les arguments de ses chien.ne.s de garde ne sont pas renouvelés mais sont portés de manière toujours plus violente, rendant presque impossible notre accès à la personne qui était visée par notre action.
Suite aux événements et débats fumeux des derniers mois, il nous semblait approprié de répondre aux accusations qui nous ont été faites. Enfin, pas à nous bien sûr, puisque la stratégie consistant à nous invisibiliser a porté ses fruits. La critique a été commode, puisque le Zoïle préférait un groupe de mecs “violents et virilistes” à un groupe de meufs qui se sont organisées autour de cette question, ne nous laissant ainsi pas la possibilité de revendiquer notre action féministe. Oui, nous revendiquons d’avoir voulu débarrasser nos cortèges d’un agresseur. Lorsque l’on considère les réactions que nos actions ont suscitées, on peut affirmer qu’un relant de masculinisme imprègne nos manifs. Nous ne cèderont pas, nous souhaitons visibiliser les violences sexuelles, et lutter contre l’invisibilisation de nos actions, faite sous couvert d’un féminisme miasmatique utilisé par des personnes qui s’en servent pour protéger un de leurs amis, monopolisant la pensée féministe rennaise.
La question n’est pas encore de virer tous les agresseurs de toutes les manifs. Mais quand on le sait, toutes et tous, on ne peut pas rester passives, ni laisser d’autres détourner des discours féministes sous des angles masculinistes, nous empêchant de développer et de mettre en pratique nos idées du militantisme féministe. Quelle serait alors notre perception de nos propres forces si nous laissions un agresseur-violeur se promener en manif, entouré de ses chiens de garde ? Si, même avec ses cerbères, nous nous révélons capables de décrasser nos cortèges, alors il sera peut être enfin possible de voir naître une réelle organisation féministe à Rennes.
En ce qui concerne les groupes qui ont été visés par des textes, écrits par celle.ux qui défendent le droit de présence de l’agresseur-violeur dans les cortèges et lieux militants collectifs : nous n’avons jamais agi en leurs noms. Et personne n’a jamais demandé une exclusion totale de l’agresseur-violeur de tous les milieux militants. Nous nous contenterons toujours de refuser sa présence dans les lieux collectifs (manifestations & AG) où nous sommes présentes.
Notre logique est conséquente aux observations déjà faites à de nombreuses reprises : Lorsque des violences sexuelles sont commises dans un milieu militant ce sont généralement les femmes (victimes ou non) qui partent de ces milieux d’organisation, et non les hommes qui en sont les auteurs. Celles qui ne veulent pas de sa présence sont confrontées à deux choix : être assez fortes pour le virer ou partir. En tant que féministes notre objectif est donc d’empêcher ce processus et de libérer l’espace, notre espace, celui d’autres femmes en lutte, de la présence des agresseurs-violeurs. Nous considérons que le fait de garder des agresseurs-violeurs dans notre milieu est une prise de position pour que les meufs le quittent, la solidarité féministe nous place place directement du côté de l’exclusion nécessaire de ces agresseurs-violeurs.
Il est observable que les agresseurs-violeurs dans les milieux militants sont dans des positions de pouvoir. Inutile de chercher très loin pour illustrer cela : à Rennes les 4 hommes mis en cause dans des histoires de violences sexuelles dernièrement ont pris énormément de place tant dans le milieu militant que dans l’espace médiatique en 2016. Ce sont par conséquent des personnes très au courant de toutes les problématiques qui se posent dans nos milieux, notamment en ce qui concerne le sexisme et la notion de consentement. Il semble ainsi évident que les histoires de repenti, de pénitence et d’éducation ne sont pas valables.
D’autant plus qu’ils se sont amplement servi de leur position de pouvoir et de leur couverture pseudo-féministe pour approcher tranquillement leurs victimes. La critique à leur égard a toutes les raisons d’être plus sévère qu’envers des hommes qui ne seraient pas militants de longue date dans les milieux de gauche et d’ultra gauche. Que dire de personnes qui ont largement utilisé des argumentaires féministes dans leur militantisme pour arriver à cacher leurs objectifs finaux (ou leur nature profonde mais c peut-être trop moralisateur) ? Le loup revêt une peau d’agneau comme l’agresseur-violeur se protège grâce à son militantisme féministe.
Les positions de pouvoir acquises de longue date par les agresseurs-violeurs combinées à leurs capacités argumentatives sur le féminisme, ainsi qu’à leur capacité à former des groupes soudés par des liens affectif plus ou moins forts (on remarque qu’ils se renforcent sous la pression de personnes extérieures à ces groupes) autour d’eux sont les raisons pour lesquels il est toujours plus difficile de les exclure des espaces de militantisme collectif.
Chaque homme est un agresseur-violeur potentiel mais la question n’est pas de virer toutes les personnes qui sont potentiellement quelque chose ; Il est pourtant nécessaire de réagir lorsque c’est un fait public. La déshumanisation des agresseurs est dangereuse, un agresseur sexuel-violeur n’est pas un “monstre” mais bien un homme, comme on en croise tous les jours, comme on en croise des centaines en manifestation, ce pourquoi il est nécessaire de réagir lorsque l’agresseur-violeur est connu et reconnu. De plus, parler d’un monstre serait individualiser un problème qui est en réalité systémique.
Dans la critique faite à notre action, il était souvent répété qu’en l’appelant “violeur”, et qu’en voulant le virer, nous ne respections pas la “parole de la victime”.
Nous pensons que la lutte contre les agresseurs-violeurs ne doit pas être circoncise à la seule parole de la victime, la nécessité de la dépasser est évidente. Se contenter de cette parole c’est individualiser le problème posé par les violences sexuelles. Les violences faites aux femmes (au sein du couple, au travail, et toutes les violences sexuelles en général) sont des violences sexistes fondées sur la domination masculine et les inégalités de pouvoir entre les hommes et les femmes. Elles sont un marqueur du contrôle social des femmes par les hommes. Le viol fait partie de ces violences sexistes. 91% de ses victimes sont des femmes quand 96% de ses auteurs sont des hommes. Cette forme de violence se produit dans tous les milieux sociaux, et dans 80% des cas les agresseurs sont des personnes connues des victimes. Ouvrir les milieux militants collectifs aux agresseurs-violeurs c’est fermer la porte à leurs victimes et toutes les autres, tout en maintenant le risque d’une nouvelle agression, quand bien même la victime et l’agresseur ne militeraient pas dans la même ville ou le même groupe politique : nos luttes ne sont jamais circoncises à des territoires ou à des secteurs, pourquoi cela serait-il le cas lorsque la problématique est féministe ?
De notre avis les violences sexuelles sont partie pleine du système patriarcal, sont systémiques, et sont donc à appréhender de manière politique et collective : il n’est pas possible pour nous de concevoir une stratégie qui soit à la fois efficace politiquement et dans le même temps individualiste.
D’autre part, mettre entre les mains de la victime la totalité de la gestion du cas de son agresseur-violeur, c’est l’exposer à de potentielles représailles de la part de l’agresseur-violeur ou de son entourage en plus du poids psychologique que cela représente, mais aussi à d’éventuelles poursuites judiciaires pour diffamation.
Justice qui, aux dernière nouvelles, semble être plus encline à pencher du coté du violeur.
Le viol est défini dans le code pénal comme « tout acte de pénétration de quelque nature que ce soit commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise », mais nombreuses sont les organisations et militantes féministes/anti-sexistes qui considèrent que tout acte sexuel non consenti – pénétratif ou non – est un viol. En cas de désaccord avec cette affirmation il peut être nécessaire de se questionner sur la pertinence de réduire le viol à la définition qui est posée par la justice et le système judiciaire français. Quelle est la légitimité de cette définition ? En cherchant la définition du mot “viol”, on peut tomber sur d’autres : “rapport sexuel imposé à quelqu’un sans son consentement” ou “Acte par lequel une personne en force une autre à avoir des relations sexuelles avec elle, par violence”. Utiliser la définition juridique est donc un choix. Quelle est la légitimité des personnes qui ont « fait la loi » de décider de ce qui est un viol ou non ? Surtout quand on sait le nombre de cas dans lesquels des personnes portant plainte pour viol avec pénétration se voient dire que la personne qui les a violées est innocente.
On peut discuter sémantique, mais la frontière entre viol et agression n’est pas si limpide que ce qui a pu être dit, elle est même selon nous complètement nulle car elle n’est imposée que par une définition juridique et nous refusons de faire le jeu de la justice, que nous considérons ennemie de notre lutte.
Nous appelons toutes les féministes en lutte à être solidaires de notre volonté d’exclure les agresseurs-violeurs de nos lieux d’organisation collectifs.
CANIF
Collectif Autonome de Ninjas Ignominieuses et Féministes (Définition non contractuelle)
Il ya quelque chose d’effrayant et de révoltant dans cette “solidarité de classe” active ou même passive.
La majorité des violeurs potentiels comme tu dis ne passeront pas par la case viol mais leur silence donc leur consentement au viol confirmerait il une lâcheté typiquement masculine ?
J’ai le sentiment que ça n’avance pas du côté des hommes.
Auraient ils peur de perdre “quelquechose” ?
Auraient ils peur de perdre leurs “copains”?
Auraient ils peur d’être seul?
A quand un positionnement antimachiste clair?
Il est vrai que je me suis senti moins seul après la lecture du livre de Stoltenberg
http://www.crepegeorgette.com/2013/10/09/virilite-stoltenberg/
En tout cas il est clair que les “Porcs ne doivent pas connaitre de paix !
Pas de Paix pour les Porcs!
(Même, si j’ai du mal avec l’animalisation de part mon engagement au niveau de la cause animal ,je le reprends sans soucis pour être compris )
y a eu ça de posté dans les commentaires sur les milices de la zad, mais ça me semblait interessant de le remettre ici, ça parle de l’auto exclusion et de l’exclusion :
http://exanarsaigries.tumblr.com/post/145025793201/brochurehtml
j’ai pas lu tout le pavé, mais vu d’ici, je trouve ça bizarre d’un coté de dire “De plus, parler d’un monstre serait individualiser un problème qui est en réalité systémique.” et de généraliser sur ces agresseurs, limites flics infiltrés, qui avancent masqués dans le but de manipuler de pauvres victimes et enfin serrer leur proies dans leurs serres d’acier, bla, bla, blaaaaa…
quelle est la part de culture dans le comportement d’un agresseur? quelle est la part de préméditation? quelle est la part de culture dans nos actes (ou leur absence) face à des agresseurs? les psychopathes de cinema existent-ils? doit-on agir en flics de cinema pour les empécher de nuire? qu’est-ce qui fait le grand méchant loup, la taille de ses dents ou le fait que tout le monde est d’accord pour lui courrir après avec des fourches?
bref dire tout ça n’enlève rien au fait que des gens font de la merde tous les jours sans trop de conséquences pour leur vie, qu’on a un serieux manque de réflexion à propos de la justice dans notre milieu, et pas que, et qu’il faut qu’on trouve des solutions plus fines entre l’exclusion systématique des espaces sociaux (donc la mort sociale ou la fuite/bannissement) ou la défense-bas du front de tous les connards “parce qu’elles sont où les preuves, hein ?”
Gugus, merci pour le texte cité ci-dessus, on a vraiment d’affiner notre intelligence collective autour de ces questions, et ce texte est un outil précieux
En effet, ce lien est pertinent. Et cette citation parlante :
“L’ostracisme des agresseurEs comme seule réponse [aux agressions sexuelles] a été critiqué auparavant, mais nous voulons souligner qu’une telle approche sert à protéger la culture du viol en évitant une confrontation directe avec celle-ci. Les gens protègent la culture du viol en l’externalisant comme s’il s’agissait d’une entité extérieure à elleux. En projetant tout sur unE seulE agresseurE (ou sur touTEs les agresseurEs), les gens font dévier toute analyse des relations sociales produisant les agressions sexuelles, en particulier le rôle qu’illes y jouent. En mettant à l’écart quelques pommes pourries, illes distraient du fait que tout le panier est pourri.”
-Traduction libre d’un extrait de la brochure Betrayal, A Critical Analysis of Rape Culture in Anarchist Subcultures
C’est quand l’Ag féministe non-mixte comme à Bordeaux, ou comme à Toulouse il y a deux ans, ou comme à Paris pendant le mouvement contre la loi travail? C’est quand la solidarité féministe autonome qui remplace la lutte dans les groupes mixtes, défendant chacune le sien, se défendant dans le sien, au lieu de se défendre toutes? Et les groupes et manifs non-mixtes (qui existaient il y a seulement quelques années à rennes)? Portons une parole offensive commune, parce que les violeurs et agresseurs dans les milieux militants rennais sont très nombreux, et leurs copains, qui traînent maintenant tranquilles jusque dans les manifs féministes mixtes. Vivement l’AG, ouverte à toutes (pas qu’aux étudiantes) et annoncée largement. Avec des horaires variés selon les ag (et oui, il faut qu’il y en ait plusieurs!)pour permettre aux travailleuses d’être là aussi. Le féminisme, si on n’en fait pas une priorité, il passe toujours en dernier, il est temps de se solidariser et de défendre politiquement la classe des femmes, les masculinistes de gauche sont des contre-révolutionnaires qui continuent de défendre la société de classes, cela ne fait aucune doute, et c’est comme des contre-révolutionnaires qu’ils doivent être traités. A l’AG!!!! (appel aux étudiantes)
“Dans la critique faite à notre action, il était souvent répété qu’en l’appelant “violeur”, et qu’en voulant le virer, nous ne respections pas la “parole de la victime”.
Nous pensons que la lutte contre les agresseurs-violeurs ne doit pas être circoncise à la seule parole de la victime, la nécessité de la dépasser est évidente.”
Peut-être que la nécessité de respecter la parole de la survivante est aussi évidente ? Afin de ne pas rajouter une dépossession supplémentaire ?
Ce qui si on ne caricature pas volontairement ne veut pas dire uniquement circonscrire le récit à sa parole.
Pour celleux que ça intéresse et pour apporter un autre point de vue sur la situation, voilà deux textes publiés sur expansive.info en réponse.
https://expansive.info/Une-autre-lecture-feministe-de-la-situation-actuelle-932
et le 2e
https://expansive.info/Le-ver-est-dans-le-fruit-931
Ouahou, ce spectacle!!! Je commence d’abord par affirmer tout mon soutien aux auteures du canif. Je suis actuellement éloignée des milieux militants (je ne connais absolument aucune personne impliquée), et une vision extérieure me conforte dans le grand n’importe quoi des personnes qui leur répondent!! La non-mixité n’est pas censée être un habillage, mais une forme politique d’organisation contre la classe des hommes, et oui, il est évident si on est féministe que tous les agresseurs devraient être dégagés, surtout si-comme ici- ils produisent des textes pour défendre leur statut d’agresseur. Etre un agresseur sexuel, c’est comme être raciste, ou de droite, c’est quoi la différence? Si on se revendique anar, de gauche, révolutionnaire, autonome, on est censé vouloir défoncer le patriarcat, cela devrait être une base politique. Alors ok, ça fait partie de notre système, moi aussi j’en connais plein des agresseurs, et nous sommes traversées par des rapports de classe, des rapports sexistes, racistes, lesbophobes…mais si un comportement est tel qu’il empêche les opprimées d’être dans la lutte, les personnes qui les utilisent n’ont rien à faire là. Et nous n’avons pas à faire un grand questionnement collectif avec nos agresseurs. En tant qu’opprimées et oppresseurs, nous avons des intérêts opposés. Le problème c’est de distribuer des bons points aux hommes, on est effectivement pas là pour ça, mais si on sait que tel ou tel représente un danger, ou défend des idées anti-féministes, ce sont des ennemis, et la classe des opprimées est en droit de les dégager. Et puis ce cadeau fait aux hommes, des textes pour les défendre, qui s’ en prennent publiquement à d’autres féministes, ils doivent être bien contents les gars, voir les meufs s’en prendre les unes aux autres, ils doivent être bien dans leur transat au spectacle avec leur cocktail!
Alors il y a un rv en non-mixité, ça me paraît une bonne idée évidemment, mais j’espère que ce sera dans une vraie volonté non-mixte, celle de se reconnaître comme classe opprimée et comme camarades, pas pour importer le discours des mecs, mais pour les reconnaître -en tant que classe- comme ennemis et faire poids ensemble contre le système patriarcal et violeur. J’espère que les filles du canif viendront et que le but ne sera pas d’avoir raison contre elles, mais bien de se solidariser ensemble. Parce que franchement j’hallucine que des féministes voient un problème à exclure des mecs, des mecs oh, et doivent attendre la parole de la victime, mais il suffit d’ouvrir les yeux pour les voir les victimes, elles n’ont pas à être responsables du patriarcat et de la violence, c’est les agresseurs les responsables et on les vire politiquement, car ce sont des ennemis politiques!!! C’est pas encore aux victimes de porter cette responsabilité là, souvent elles ne peuvent rien dire, elles disparaissent, et bizarrement personne s’en aperçoit tiens; qu’être féministe ce soit le voir et l’empêcher, ça me paraît bien un minimum! Bon sur ce, vive le féminisme autonome, qui fait peur aux mecs!
J’apporte quelques précisions concernant les faits vu que certaines personnes se retrouvent à imaginer des choses fausses en commentaire :
– l’agresseur n’a écrit aucun texte et ne s’est pas coordonné avec le groupe mixte de personnes qui utilise cette affaire pour questionner le concept de justice en milieu militant.
– l’agresseur a été reconnu comme tel pour des actes ayant eu lieu à Paris. La victime et ses soutiens ont déjà pris en charge l’affaire là-bas et l’ont exclu des cadres militants où pourraient se produire des rencontres. Il y a déjà eu mesures donc.
– l’agresseur se pointe en manif à Rennes, dans une ville où il n’a pas d”antécédents connus. Des meufs le virent plusieurs fois et utilisent le qualificatif de viol pour les actes commis à Paris. Je vais pas pleurer sur ces actions, en fait c’est pas très grave et ca peut pas faire de mal fondamentalement.
– D’autres meufs s’interrogent sur la pertinence de cette analyse, et dénoncent une utilisation abusive de concepts et armes utiles au féminisme, en l’occurence, pouvoir qualifier un viol de viol et mettre à l’écart des violeurs et des agresseurs quand cette solution parait la plus pertinente. Elles ne rejettent pas ces solutions, elles les trouvent juste inappropriées dans ce cas PRÉCIS.
– Ces mêmes meufs font l’analyse que tout mec est un potentiel violeur ou agresseur, et que ca peut donc aussi concerner les mecs qu’elles fréquentent. des meufs du CANIF interprètent et en déduisent que ces meufs fréquentent des “violeurs/agresseurs”… Qu’en est-il de leurs fréquentations mecs? ils sont triés sur le volet et hermétiques au patriarcat?
– Au final, une grosse embrouille émerge entre meufs, pendant ce temps, des mecs prennent la parole pour donner leur avis et intervenir dans un débat qui ne les concernent pas. Il est grand temps de s’accorder et montrer un front uni entre meufs, ca passera par une plus grande écoute et un respect de la parole des victimes (qui comme dans ce cas, ont eu le soutien nécessaire pour mettre les mots appropriés et ne se sont pas retrouvées seules à gérer la merde).
Et y’a un rdv mercredi en non-mixité sur Rennes !
J’entends bien ces explications, et je salue la volonté d’un rv non-mixte. Le texte sur “le concept de justice en milieu militant” était vraiment très très problématique et j’avais tout de même l’impression qu’il n’était pas complètement déconnecté de ces problèmes. J’ai tout de même un problème avec cette petite mise au point : je ne vois pas quand ce ne serait pas indiqué d’exclure un agresseur et un violeur, je trouve que sous-entendre que cela pourrait ne pas être indiqué à certains moments est grave en fait (et là je n’imagine rien, c’est ce qui est écrit…). Cela n’empêche absolument pas de s’interroger sur la possibilité que chaque mec dans ce système puisse être un agresseur. L’un n’empêche pas l’autre, et tout de même, justement si l’on parle d’agressions et de viols (définitions à creuser d’ailleurs comme le disent les meufs du canif), il se trouve que oui, certains sont plus des violeurs que d’autres et doivent être ostracisés. Ce qui ne dédouane absolument personne, dans une pensée et une pratique féministe cohérente. Mais je perçois dans cette mise au point une meilleure prise en compte de ce qui est dit par le canif, et ça me rassure un peu, parce que jusque là les réactions étaient vraiment à mon avis très déplacées. Je souhaite vraiment que ce temps en non-mixité permette de construire un féminisme un peu plus solidaire et cohérent.
On va y arriver à ce féminisme un peu plus uni :)
Pour les moments non appropriés, je vois dans ce cas le fait que l’exclusion est déjà en cours dans la ville de la victime, et que l’ostraciser aussi à Rennes n’est pas forcément pertinent, sauf à essayer de tendre vers un milieu militant non-mixte (parce que à terme, en remuant la merde, c’est énormément de mecs qui finiront par être emmerdés par une histoire d’agression ou de viol).
C’est évidemment pas dire que faut jamais le faire, bien au contraire, mais cet outil doit rester ce qu’il est : une mesure efficace et territorialisée choisie par les personnes concernées après avoir eu tout le soutien de la communauté féministe. Par exemple ici, le choix était de limiter la mesure à Paris.
Pour terminer sur des retours d’expériences, dans d’autres villes comme Paris, la question s’est posée de ce qu’il advenait de militants ayant violé et ayant été contraint à partir ailleurs grace à la force de meufs déterminée. Une fois installé dans une autre ville, qu’est-ce qu’il devient? Et j’ai l’impression qu’autant c’est chouette que les meufs soient au courant dans la nouvelle ville (d’où l’importance des cadres non-mixtes pour faire circuler l’info), autant ca serait empêcher toute possiilité de dépassement que de l’ostraciser partout et au final, lui laisser la voie libre pour qu’il continue dans d’autres milieux, non politique et peut etre moins conscientisés sur ces questions, tout en le confortant dans sa sensation de “pleurs de mecs qui s’est fait tej partout”.
Ah oui, ça va être compliqué de se mettre d’accord, si dans le féminisme la priorité c’est pas les meufs. Croire au dépassement des agresseurs, faut quand même être un peu naïves et ne pas s’être trop penchées sur les violences sexuelles. Pour exemple un témoignage d’une copine qui bosse sur la question, en 30 ans de pratique, aucune excuse des agresseurs poursuivis au pénal (alors que c’est surtout ça que les victimes attendent). Les mecs de toutes façons ils vont chouiner hein, c’est bien pour ça que le rapport de forces est nécessaire, il y a très peu de chances qu’ils changent, à part s’ils ont peur, donc être gentilles avec eux, je vois pas bien comment ça va faire pencher le rapport de forces en notre faveur et leur faire peur…”tendre vers un milieu militant non-mixte (parce que à terme, en remuant la merde, c’est énormément de mecs qui finiront par être emmerdés par une histoire d’agression ou de viol).”, et ça, quand on est féministe, ben je vois pas le problème, 1° oui les femmes doivent passer d’abord, 2° c’est bien le but de virer tous les agresseurs; 3° voire d’abolir les hommes (et les femmes), 4°et en attendant être entre femmes, politiquement, c’est positif pour la féministe que je suis.
Je reste donc sur ma première impression, et soutiens à nouveau le canif, il y a des luttes et des personnes à prioriser. Les agresseurs ne comprennent, dans un premier temps au moins, que la force, quant aux milieux moins conscientisés… Je suis matérialiste et marxiste hein, alors la conscience dans ce sens là (idéaliste…), et vu l’ampleur des violences dans les milieux dits “conscientisés”, excusez-moi de croire que c’est pas forcément pire ailleurs, et que les femmes y ont peut-être même plus de ressources et moins de jugements sur leur manière de réagir. J’espère vraiment que ça va pouvoir se discuter en non-mixité, mais il est urgent de se rendre compte de ce truc typiquement “féminin” (au sens construit socialement)de toujours trouver plus important et opprimées qu’elles et de devoir s’occuper de tout. Nous sommes importantes, nous avons le droit de militer sans être en danger dans les espaces de lutte, l’égalité ente tou.tes est juste la base d’une possibilité révolutionnaire, en tant que processus et fin, être féministe c’est déjà être révolutionnaires, on a pas besoin de faire comme si on gérait une forme de justice, on se défend c’est tout.
“Tout homme qui assume sa part dans la domination des femmes, même la plus minime, est un ennemi mortel de la révolution à venir.”