Le mois dernier, Johanna Rolland, la maire de Nantes, a fait expulser violemment, après vingt-quatre heures d’occupation, l’école des beaux-arts désaffectée, réquisitionnée par diverses associations pour mettre à l’abri les “mineurs isolés étrangers” à la rue. Deux locaux de la fac ont alors été occupés. Après plusieurs menaces d’expulsions de la part du directeur et une décision du tribunal administratif, ainsi que des coupures d’eau et de chauffage, les organisations ont réussi à se maintenir sur les lieux grâce à la mobilisation populaire. Il y eu cependant quelques agressions racistes et intimidations de la BAC, suivies d’un communiqué menaçant sur un site raciste. Un autre squat est aussi menacé. Les voisins réclament l’évacuation et la maire les encourage à « saisir les services ».

A Nantes, 47 associations ont signé une lettre à la ville rappelant que 300 mineurs vivent dans des conditions précaires ou à la rue, 1 974 personnes vivent dans des bidonvilles, 4 200 personnes sont sans abri, 23 personnes sont mortes l’an dernier dans le département et 70 % des personnes réclamant un hébergement d’urgence sont refoulées lorsqu’elles parviennent à obtenir le service par téléphone. Au lieu de permettre l’accès aux sites inoccupés, la maire rédige une tribune dans le Monde réclamant plus de moyens à l’état. A Nantes, des millions d’euros sont pourtant gaspillés pour des projets somptuaires et inutiles, comme le remplacement du stade de la Beaujoire qui vient d’être réhabilité, la construction d’un second aéroport sur une zone humide habitée, le déplacement du MIN, de l’hôpital, la reconstruction de la gare, la construction d’un pont, d’un arbre aux hérons, d’un miroir d’eau, le financement de l’école privée Audencia, la destruction des espaces verts (Square Daviais, Jardin des ronces) etc. N’oublions pas l’installation d’une centaine de caméras pour 1,4 millions d’euros.

Concernant la ZAD, l’abandon du projet d’aéroport semble se profiler. Mais la volonté d’expulser par la violence ses habitants domine. Mille deux cent gendarmes pourraient intervenir fin janvier et détruire le projet écologique et alternatif en place. La presse nationale diabolise les occupant.es à travers une campagne de désinformation destinée à faire accepter les violences policières. A Nantes, la répression s’abat également sur les syndicalistes. Deux d’entre eux ont été condamnés par la justice à la suite d’une manifestation. Les psychiatrisés sont également touchés par la répression sociale, avec le décès d’un homme entre les mains de la police et une descente dans les hôpitaux avec l’interpellation d’un patient qui possédait du cannabis. Quant aux roms qui ont été expulsés avant la trêve hivernale, ils vivent dans la peur d’une nouvelle évacuation.

            A Rennes, une manifestation a eu lieu en hommage à Babacar Gueye. A Paris, les frères d’Adama Traoré, lui aussi tué par la police, ont été emprisonnés. A Angers, deux contrôleurs agressent un lycéen. A Lille, deux personnes poursuivies par la BAC décèdent sous un train. A Caen, un policier en civil blesse un homme dans un bar avec son arme. Par ailleurs, l’Etat prépare un texte destiné à qualifier les organisations d’extrême gauche de terroriste (un retour à la loi du 14 aout 1941 contre les communistes). Antonin Bernanos, soupçonné dans l’affaire de la voiture de police brulée de Valmy, a été brutalement arrêté chez lui  et incarcéré. 

Colomb demande aux préfets d’expulser plus d’étrangers. Il exige le recensement des sans-papiers dans les centres d’hébergement d’urgence (en contradiction avec la convention de Genève de 1951). Il demande leur renvoi dans leur pays de transit. A calais, 46 sites ont été détruits. Les associations prêtent le matériel, au lieu de le donner au refugié.es, pour pouvoir porter plainte contre la police pour destruction de bien d’autrui. A Ouistreham, les réfugié.es sont soumis au harcèlement quotidien des policiers. A Briançon, les réfugié.es risquent leur vie dans les montagnes enneigées. A Nice, des retraité.es sont condamné.es pour avoir aidé des réfugié.es. Des réfugiés meurent percutés par des véhicules à Grande-Synthe, Calais et sur l’A8.

Le nombre de SDF a augmenté de 50 % en 10 ans en France. 501 personnes sont mortes dans la rue en 2016. Les dispositifs pour éloigner les sans-abris se multiplient dans les villes.  Le gouvernement veut augmenter le contrôle et les sanctions contre les chômeurs.

Amnesty accuse les gouvernements européens de complicité dans les trafics humains en Libye. L’Algérie expulse les réfugiés. La Libye organise le rapatriement des réfugiés. En Allemagne, des pilotes refusent d’expulser les réfugiés.

Les ventes d’armement mondial ont augmenté de 2%. Le nombre de victimes de mines anti-personnelles est en hausse de 150 %. La France vend des avions de combat au Qatar. Nice accueille le forum d’innovation de la Direction Générale de l’Armement et Paris le salon Milipol. La France et les Etats-Unis s’apprêtent à utiliser des drones au Sahel alors qu’ils  tuent en majorité des civils. Macron soutient l’opération Barkhane au Niger dont la France dépend pour son uranium.

La ville de Nantes est représentative de ce qu’il se passe au niveau national et international en terme de répression des militant.es et oppressions des plus faibles socialement : les sans domiciles et les déplacé.es, d’Afrique, d’Europe ou d’Orient.

La lutte contre les pauvres est corrélée au développement d’une société sécuritaire et touristique du territoire à l’intention des classes aisées. Le gouvernement ne s’intéresse qu’à celles et ceux qui possèdent un pouvoir d’achat et écrase ceux qui ne représentent pas d’intérêt pour lui.

A plus grande échelle, les conflits armés sont alimentés par les pays riches pour assurer leur prospérité, au dépend des populations civiles martyrisées.