Trop tard pour mentir – appel à perturbation du sommet climat-finance
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Category: Global
Themes: Actions directesContre-sommetsRacisme
Places: Paris
Nous ne vous apprendrons rien : les derniers rapports scientifiques s’entassent pour faire état d’une destruction environnementale sans précédent : changements climatiques, sixième extinction de masse, pollutions massives, scandales sanitaires à la pelle. Ces bouleversements ont déjà de nombreux impacts sur l’équilibre de vie des populations et sur notre planète. Le lien entre ces dégradations et le modèle économique capitaliste ne peut plus être nié.
Pourtant, le 12 décembre se réuniront à l’initiative d’Emmanuel Macron, des chefs d’état, des multinationales pour discuter du changement climatique. LOL. Un énième exemple d’un greenwashing mis en oeuvre depuis son élection et son « Make The Planet Great Again ».Face à Donald Trump, Emmanuel Macron a bien compris qu’un peu de comm suffisait pour se faire passer pour un super héros du climat malgré sa politique néo-libérale décomplexée. Ses grandes annonces sur les politiques écologiques se sont notamment accompagnées du renoncement à stopper ou à renégocier l’accord climaticide de commerce et d’investissement entre le Canada et l’Union Européenne (CETA), de multiples et graves reculs sur le nucléaire (Bure, échéance pour la réduction de la part du nucléaire français à 50%), les pesticides, les énergies renouvelables et la transformation du secteur agricole (arrêt des aides au bio).
Dans le même temps, celui-ci octroyait plus de libertés aux multinationales. Sa tolérance, sinon son encouragement, envers l’évasion fiscale et son copinage avec les lobbies industriels est une affaire bien connue. Le gouvernement permet aujourd’hui à ces mêmes multinationales de continuer leurs exploitations et de développer de nouvelles activités extractives (énergies fossiles, métaux) en Europe et à l’étranger et participe même souvent à leur financement. Ces entreprises comme Total, implantées un peu partout dans le monde, sont par ailleurs l’une des faces les plus dissimulées d’un néocolonialisme toujours aussi ancré dans le système capitaliste actuel. En dépit de toutes les prétentions de ces entreprises, leurs pratiques seront toujours anti-écologiques tout comme elles seront toujours racistes et anti-sociales. C’est d’ailleurs la nature même de notre système économique que d’œuvrer en faveur des plus riches en accroissant sans cesse les inégalités entre les populations, de même qu’entre les habitant.e.s d’un pays soumis à une précarisation grandissante à coups d’ordonnances, de réformes sur le code du travail, diminution des aides aux associations, casse du logement social, suppression de l’ISF, augmentation de la CSG, et d’une répression de plus en plus forte. Le défi écologique est donc un défi hautement politique, qui ne peut être traité comme un enjeu déconnecté de l’économie capitaliste.
Ce 12 décembre, Emmanuel Macron prétend donc organiser avec ces mêmes acteur.trice.s un sommet pour verdir l’économie. Au chaud dans l’enclos de l’île Séguin, îlot des anciennes usines Renault à Boulogne-Billancourt, coupé des réalités du plus grand nombre, ces puissances se proposeront de statuer sur les solutions du futur. Les solutions qu’elles proposeront seront toujours insuffisantes, parce que parties prenantes d’un système fondamentalement basé sur la domination à tous les niveaux. Elles n’évoqueront ainsi ni la question des migrations climatiques, ni le racisme environnemental qui soumet pays et populations marginalisées et dominées aux manifestations les plus violentes des catastrophes écologiques actuelles. La question n’est pas seulement de limiter le CO2 dans l’atmosphère, dont les émissions sont reparties effectivement à la hausse, mais de s’adresser plus précisément aux multiples urgences créées par la quête d’une croissance infinie. Une transformation en profondeur de notre société ne pourra se réaliser sans une convergence des luttes.
Nous nous prononçons donc contre les violences qui émanent de ces mêmes acteurs, qu’elles soient antisociales, racistes, anti-migrants, sexistes, LGBTIphobes, … Développer ensemble un autre imaginaire, une autre vision où le bien-être humain ne se résumerait pas à l’adhésion aux principes économiques et éthiques dictés par celleux qui dirigent nos sociétés pour leurs propres bénéfices passera notamment par ces alliances. Nous appelons donc différentes organisations, groupes et individu.e.s avec leurs revendications à nous rejoindre pour penser ensemble différentes actions de perturbation de ce sommet du 12 décembre. Parce qu’il n’est jamais trop tard pour résister, échapper au marasme ambiant et pour construire ensemble des conditions d’existences collectives qui ne seraient basées ni sur la domination des êtres vivants humains et non-humains, ni celle de leur environnement. Par ailleurs cet appel s’inscrit dans la même démarche que l’appel à action autour du 6 décembre contre Nicolas Hulot, les nucléocrates et leur monde de merde ( https://manif-est.info/Bure-Appel-a-actions-decentralisees-le-6-decembre-contre-Nicolas-Hulot-les-360.html ).
Cet appel à actions de perturbation s’inscrit dans la diversité des tactiques. Il nous semble indispensable, pour que chacun.e.s se sente libre et en sécurité, que chacun.e.s respecte les limites des autres. Pour cela, nous souhaitons mettre en place un concept de répartition géographique à discuter entre les différentes formes d’action et éventuellement sensibilités de chacun.e.s.
Si vous souhaitez participer à la conception ou simplement aux actions de perturbation du 12 décembre, merci de vous inscrire ici : https://framaforms.org/participation-il-est-trop-tard-pour-mentir-12-decembre-2017-1511179292
L’inscription n’est bien sûre pas obligatoire si vous souhaitez monter votre action en autonomie mais elle est conseillée afin d’éviter que des tactiques différentes se superposent et se gênent sur un même lieu à un même endroit.
Le 12 décembre à Paris, à l’occasion du du second anniversaire de la COP 21, se tiendra un sommet international sur l’économie et la transition énergétique. Face à cette nouvelle opération de marketing vert, des habitant.e.s de territoires en lutte – de Bure à Roybon en passant par Notre Dame des Landes, des collines aveyronnaises, en passant par le plateau de Millevaches, à la ceinture maraîchère dijonnaise ou les côtes du finistère – se sont regroupé.e.s pour une déclaration commune. Il s’agit de rendre visible – avant, pendant et après le sommet – la manière dont le gouvernement Macron poursuit en réalité un ensemble de projets d’amènagement destructeurs et nuisibles. Cette déclaration met en avant la vitalité des résistances en cours face à ces projets mortifères et porte un calendrier commun tout au long du mois de décembre pour continuer à densifier ces luttes.
*Urgence dans les territoires comme dans la rue !*
Habitant.es de zones menacées ou à défendre, nous nous sommes réuni.es à plusieurs reprises pour décréter ensemble un mois d’urgence des luttes de territoire. En effet, le mois de décembre qui approche risque fort de recouvrir un sens particulier pour nous, à au moins deux titres.
D’abord, ce sera l’occasion pour le gouvernement Macron – le 12 décembre – de célébrer les deux ans de la farce tragique que fut la COP21. Nul doute que notre Banquier national se fera une joie de se revendiquer héritier de l’accord sur le climat, et de se poser en champion incontesté de la “croissance verte”, à peine un mois après avoir soutenu publiquement un projet destructeur de mine d’or en Guyane, et pris position, par la voix de son ministre, en faveur de l’enfouissement des déchets radioactifs.
De la COP 21, nous retenons pour notre part l’amertume d’avoir vu les principaux responsables du saccage climatique se rassembler impunément fin 2015 et prétendre avoir les solutions à leur propre folie, et la colère d’avoir vu nos manifestations interdites sous couvert d’état d’urgence. Mais nous nous rappelons aussi l’arrivée à Versailles et la joie débordante d’une tracto-vélo venue de Notre-Dame-des-Landes et rendant superflue commune après commune l’application stricte de ce nouveau régime d’exception…
Deux ans plus tard, le souvenir de ces convois venus de l’Ouest, mais aussi de l’Est et du sud-Est est encore bien vivace, d’autant plus que décembre 2017 pourrait bien être un mois charnière dans la lutte contre le projet d’aéroport. Il verra en effet se clore la “médiation” à l’issue de laquelle le gouvernement devrait statuer sur le sort de Notre-Dame-des-Landes. Qui sait, alors, si nous ne devrons pas retourner chercher les bâtons que nous avions plantés symboliquement près de la ferme de Bellevue en octobre 2016 pour, de nouveau, défendre la ZAD ? Qui sait si, en cas d’abandon, Notre-Dame-des-landes ne servira pas à faire mieux accepter une expulsion violente du Bois Lejuc, à Bure, ou de la forêt occupée de Roybon ? Quelque part dans ce champ de possibles, un moment historique se jouera dans tous les cas et nous nous tenons prêt.es à le saisir au vol.
*— L’heure de la convergence*
C’est donc depuis ce double contexte que nous parlons, et que nous prétendons mettre le doigt sur ce qui, au-delà de la singularité de nos luttes, nous tient ensemble et nous anime. Quoi de commun en effet entre un éco-quartier à Dijon, un aéroport à Notre-Dame, une poubelle nucléaire à Bure, un transformateur électrique à Saint-Victor, une usine à pellets sur le plateau de Millevaches, une centrale à Biomasse à Gardanne, des forages miniers en pleine forêt amazonienne, une autoroute à Strasbourg, une autre entre Saint-Étienne et Lyon, une usine à gaz à Landivisiau, des mines en Centre Bretagne, de l’extraction de sable en baie de Lannion, etc. ? Sans doute beaucoup plus qu’il n’y paraît, en réalité.
En bloquant des logiques d’aménagement capitaliste du territoire, nous partageons au moins un certain amour des bocages, des montagnes, des plateaux, des plages, de la mer et des forêts. Nous partageons aussi une volonté de réappropriation de savoir-faire divers et, à travers eux, une intuition de ce que serait une vie plus indépendante des logiques de contrôle et de profit. Enfin, nous avons en commun d’être aux prises avec un certain type de discours écologique institutionnel, tel que celui porté par la COP21 : celui-là même qui maquille l’accumulation énergétique en “transition”, qui promeut le nucléaire comme une énergie décarbonée donc “propre”, qui verdit grossièrement aéroports et Center Parcs pour les rendre acceptables, qui vend sous les termes de smart et de green une dépossession totale de nos vies par des métropoles devenues intelligentes et connectées.
C’est assez pour nous convaincre de la possibilité d’une déclaration commune et de la nécessité d’un calendrier commun. Et c’est pourquoi nous, habitant.es de divers territoires en lutte, affirmons :
• que nous ne sommes pas dupes des grand-messes environnementales et de leurs commémorations ;
• que nous lutterons partout contre la destruction des terres agricoles et des forêts, que ce soit à la campagne (comme à Bure, à Roybon, à NDDL ou sur le plateau de Millevaches), autour des villes (comme à Strasbourg ou Gonesse) ou dans leur sein même (comme à Dijon) ;
• que le gouvernement ne se débarrassera pas discrètement de la question de NDDL, et que c’est sous notre regard et à portée de nos voix qu’il devra se prononcer ;
• qu’en cas de maintien de l’aéroport, nous sommes encore prêt.es à venir défendre la ZAD depuis nos territoires respectifs ;
• qu’en cas d’abandon, celui-ci ne sera ni la pilule faisant accepter d’autres projets, ni une vitrine sympathique pour l’expulsion violente d’autres zones occupées. Nous appelons à la plus grande vigilance quant à la situation à Bure et à Roybon, tout au long de l’hiver !
Nous nous affirmons donc solidaires les un.es des autres, et prêt.es à nous soutenir mutuellement tout le long du mois de décembre et au-delà !
*/// Calendrier commun des territoires en lutte* :
– 2 décembre : Manifestation à Saint-Affrique contre le transformateur électrique RTE de Saint-Victor-et-Melvieu (plus d’infos : douze.noblogs.org)
– 6 – 12 décembre : pour la Saint-Nicolas, appel de Bure à une semaine d’actions décentralisées en réaction aux annonces d’Hulot. (plus d’infos : burestop.eu / vmc.camp)
– 9 décembre : Manifestation sur le plateau de Millevaches contre l’usine à pellets de Carbon Ingen’r Bugeat Viam (CIBV) (contact : biomassecritique@riseup.net)
16 décembre : Fête de la forêt de Roybon (plus d’infos : zadroybon.wordpress.com)
Pour des événements annoncés ultérieurement, il sera possible de consulter tout au long du mois de décembre l’agenda de zad.nadir.org , entre autre.
/// En parallèle de ce calendrier, d’autres événements organisés par ailleurs :
– 8 décembre : Journée européenne contre les Grands Projets Inutiles et Imposés (événements à Lyon, Nièvre, Toulouse, le Havre…)
– 10 décembre : Tribunal des peuples à Paris (plus d’infos : pasuneurodeplus.info)
– 12 décembre : Actions à l’occasion de l’anniversaire de l’accord de Paris : sommet climatique à l’île Seguin
/// *Premiers Signataires* :
AVEYRON = L’Amassada (cabane et mouvement de lutte contre le transfo aux mille éoliennes)
BRETAGNE = Grain de sable dans la machine (baie de Lannion) / Collectif Monts d’Arré
BURE = Plein de chouettes hiboux de Bure / Bure Stop 55 / L’EODRA (association d’élus opposés à Cigéo – Bure) / CEDRA (Collectif haut-marnais contre l’enfouissement)
CENTER PARCS = Center Parcs Ni Ici Ni Ailleurs (coordination contre les Center Parcs de Roybon, de Poligny et du Rousset) / Des habitant.es de la forêt de Roybon / comité de rédaction de De Tout Bois (revue de lutte contre le Center Parcs de Roybon) / Assemblée d’opposant.es à Center Parcs (Jura) / Collectif jurassien d’opposant.es à Center Parcs / Collectif Geai du Rousset 71 / Groupe libertaire 71 / SOS Forêt Franche-Comté /
CÉVENNES = Bogues / DIJON = Quartier libre des Lentillères /
LYON = Collectif ZAD Lyon /
MONTAGNE LIMOUSINE / PLATEAU DE MILLEVACHES = Collectif Biomasse critique /
NDDL = Des habitant.es de la zad et opposant.es à l’aéroport de nddl et son monde /
SAINT-ETIENNE = Assemblée de lutte contre l’A45 / le collectif ZAD 31 … et plus encore