Ne le cherchez pas, vous ne le trouverez pas ! En démocratie, il n’y a pas de sixième pouvoir. Cinq suffisent amplement pour assurer à ce système sa prééminence sur tous les autres. Pour l’ancrer dans sa certitude d’être la panacée universelle. La « pensée juste », celle qu’il faut imposer à tous. Par la force si besoin est. Le seul système politique valable, le vrai, le grand, l’unique et patati et patata. Fermez le ban !

Tout le monde est d’accord sur les trois premiers pouvoirs: exécutif, législatif et judiciaire. En démocratie, on dit qu’ils sont indépendants et séparés – ce qui est faux – et représentatifs – ce qui l’est encore plus. Mais bon ! c’est la démocratie. Les contes de fées ne sont pas réservés qu’aux enfants.
En réalité, pour ceux qui ont passé l’âge, la séparation et l’indépendance sont purement fictives. Les uns nommant les autres, les autres remerciant les uns, avec, pour rajouter au tableau, ces trois pouvoirs concentrés entre les mains d’une même catégorie socioprofessionnelle. Faut-il préciser que cette catégorie est largement minoritaire ? En d’autres temps, ce type de système politique portait un autre nom.
Quant à la représentativité… A l’aune du système actuel, il n’y aurait en France que 2,2 % d’employés et d’ouvriers, puisque c’est exactement leur taux de représentation à l’Assemblée nationale !
Mais bon ! C’est la démocratie, donc c’est bien.

Heureusement, disent les démocrates, il y a le 4ème pouvoir : les médias. Disons plutôt les journalistes. Bêtes noires des politiques, farouchement indépendants, toujours prêts à défendre « La Liberté De La Presse » qui coïncide toujours, mais juste par hasard, avec leur liberté à eux. Le drapeau du « Droit à L’Information » entre les dents, ils sont prêts à en découdre pour dire à l’opinion publique ce qu’elle doit croire, ce qu’elle doit penser. C’est la grandeur de leur mission, la force de leur engagement. Sonnez trompettes !
En réalité, quand on quitte le pays des rêves, le 4ème pouvoir oscille entre besoin économique – faut pas fâcher les annonceurs, faut bien manger – et choix politique – faut pas fâcher les (é)lecteurs et la classe politique. Ajoutez à cela une certaine paresse, parce qu’il vaut mieux interviewer des gens de droite ou de gauche, comme ça on sait déjà ce qu’ils vont dire et l’article est vite écrit.
Mais bon ! C’est la démocratie, donc c’est bien.

Que le pouvoir économique soit le 5éme pouvoir ne fait pas l’unanimité. Et pourtant ! Important, puissant, de cette vraie puissance de ceux qui ne disent rien car ils peuvent tout. De ceux qui n’ont que faire du paraître car ils sont. Banques, assurances, industries…, ils connaissent « leurs politiques » car ils les engraissent depuis si longtemps. De droite ou de gauche, qu’importe, ils planent au-dessus du panier. De crabes. Eux aussi sont indépendants. Mais à la différence des quatre autres, pour eux c’est vrai ! Ce qui est drôle c’est qu’ils ne le disent jamais. Eux.
Mais bon ! C’est la démocratie, donc c’est bien.

Et c’est à cause de ces cinq pouvoirs, qu’en démocratie, il n’y en a pas de sixième. Ce système se suffit ainsi. Cependant, même s’il ne compte pas, le sixième pouvoir existe. C’est lui qui, théoriquement, justifie le système actuel. Il devrait donc être le premier, le plus important. Mais non ! Dans ce carrosse à cinq roues qu’est la démocratie, il n’a pas sa place, même comme roue de secours.
Pourtant, le carrosse, c’est lui qui le tire.

François Amanrich.
(Porte-parole du Mouvement Clérocratique)

P.S : Se mettre à dos la fonction publique, les journalistes et le monde économique dans une même lettre, c’est vraiment de l’inconscience. Souhaitons, comme c’est les vacances, que personne ne la lira !