Pourquoi l’euro 2016 est une fête du fric et du football business
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A quelques jours du début de la compétition la plus attendue par la planète foot, des voix s’élèvent pour dénoncer une compétition rongée par l’argent et les partenariats entre des entreprises du grand capital. Outre la menace d’attentats terroristes et de bagarres entre hooligans, un appel à été diffusé par des militants contre la loi Travail pour perturber l’Euro dans la continuité du mouvement social en cours. Les sponsors de ce dernier sont notamment cités comme Adidas, Coca-Cola, le Crédit Agricole, Mc Donald’s, Continental, Orange, la Française des Jeux, l’UEFA, la FFF etc. pour justifier le texte. De même, les 42.000 policiers, 30.000 gendarmes et 13.000 vigiles mobilisés mettent en lumière un événement basé à la fois sur la financiarisation du foot et l’ultra-sécurisation de l’espace public (fan-zones et tribunes).
Des stades luxueux et très chers construits depuis 2010
Tout le monde l’a remarqué depuis la fin des années 2000 en France : les arènes de foot changent à vitesse grand V pour devenir de véritables zones multi-fonctions qui font à la fois salles de concerts, centre commerciaux et qui accessoirement reçoivent des supporters de l’équipe à domicile. Les exemples ici ne manquent pas : le stade Pierre Mauroy à Lille, le Parc OL à Lyon, l’Allianz Riviera à Nice et le Matmut Atlantique Stadium à Bordeaux, sans compter le nouveau Vélodrome à Marseille rénové en 2013. Une enquête des médias en ligne Alternatives Economiques et Basta Mag met en évidence les sommes exorbitantes lâchées par les collectivités locales françaises comme l’avaient fait les autorités brésiliennes pour la coupe du Monde 2014 où grecques pour les JO d’Athènes en 2004. Des partenariats public-privé qui coûteraient une blinde au contribuable pour payer des loyers à des investisseurs pour la prise en charge des frais à court terme de construction et d’exploitation.
Selon l’enquête, le résultat oscille entre « le mauvais et le catastrophique » et ce pour une raison simple : les stades français sont désespérément vides tout au long de l’année durant le championnat et les coupes nationales. Le manque d’intérêt pour le football dans notre pays reflète ainsi une contradiction avec la folie des grandeurs des dirigeants, qui tentent d’attirer toujours plus de consommateurs au détriment des fans qui eux goûtent de plus en plus aux interdictions de stade et restrictions de liberté en tout genre (220 arrêtés préfectoraux ont été rédigés cette année pour empêcher des déplacements de supporters, parfois même au sein de leur propre ville !). Le nouveau stade de la ville de Bordeaux a par exemple coûté 197 millions d’euros pour une utilisation uniquement dévouée au football professionnel. La mairie doit de son côté verser chaque année une somme aux alentours d’1,5 millions d’euros au gestionnaire Vinci dans le but de rentabiliser son investissement d’ici 30 ans. On retrouve le même type d’arrangement à Lille, à Nice, à Marseille et à Lyon avec pour ce dernier cas une participation intégrale de l’Olympique Lyonnais. Oui mais voilà ce projet présenté comme « ne coûtant pas un sou au contribuable » par le président de l’OL Jean-Michel Aulas sera totalement pris en charge par le département au cas où ce dernier n’arriverait pas à rembourser son emprunt de 450 millions d’euros sur 10 ans. Des investissements donc colossaux qui risqueront pourtant bien vite de se heurter à la faible fréquentation des stades une fois l’euro 2016 terminé.
Un état d’urgence renforcé et une main-d’œuvre sous payée
L’état d’urgence en vigueur en France depuis les attentats de novembre 2015 a été reconduit pour prévoir les risques d’attentats et de troubles à l’ordre public d’après Manuel Valls durant l’euro. La mesure contestée vivement par des militants politiques de tout bord met également en avant un problème de gestion de flux de supporters, avec la possibilité et même la quasi-certitude d’affrontements entre hooligans rivaux. Après le fiasco de la finale de coupe de France OM-PSG, les autorités semblent en retard par rapport aux problèmes d’ordre public qui se profilent. Les matchs Turquie-Croatie et Angleterre-Russie seront par exemple certainement très agités avec pour le premier un risque d’affrontement entre Turcs et membres du Kop Of Boulogne, le match se jouant au Parc des Princes et pour le second, un éventuel remake d’Angleterre-Tunisie à Marseille en 1998. De plus, la question des conditions de travail dans les fan-zones amène selon la revue Politis une autre preuve de l’euro comme consistant en un événement ultra-business. Les conditions spartiates d’accès pour les inspecteurs et l’impossibilité d’effectuer un contrôle avant un match en est une démonstration flagrante. L’UEFA pour couronner le tableau ne versera pas 1 centime d’impôt à l’état malgré une ardoise estimée à 1,7 milliards d’euros pour la construction des stades, routes et parkings. Un manque à gagner d’environ 200 millions qui fera certainement les beaux jours de l’instance dirigeante du foot européen.
P.-S.
L’analyse vise à mettre en avant une compétition organisée par des mafias qui profitent à la fois de l’état d’urgence et de la complicité des autorités pour faire casquer les gens qui contribuent comme ceux qui travailleront dans les fan-zones…
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