Street medics nantes: bilan des manifs contre la loi travail
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Loi travail 2016Répression
Lieux : Nantes
Jeudi 02/06 :
12h, devant le mur anti-émeute du pont motte rouge –
Un blessé à la main à cause d’un pétard et un blessé coupure à la main
12h30-45, rue de Strasbourg –
La police a tenté de séparer la tête de cortège du reste, plusieurs personnes ont souffert (dizaine) de l’exposition prolongée aux gaz (vomissements, maux de tête, …), une personne a fait une crise de panique.
13h30, Commerce –
Gazage et LBD de la part des forces de l’ordre, une blessure LBD dans la cuisse d’un manifestant, de nombreu-ses-x gazé-e-s.
13h45-14h, nasse derrière la piscine Gloriette –
Un grand mouvement de panique a fait tomber des personnes au sol (égratignures), les 6 grenades tirées en l’espace de 45 secondes ont fait de nombreu-ses-x blessé-e-s :
Un blessé à l’arcade (hôpital, il s’en sort avec une grosse cicatrice et un énorme hématome : deux points de suture et une brûlure assez profonde du visage)
Un médic a reçu une grenade de désencerclement sur le sac, il a 3 impacts dans le dos et 2 dans le coude
Une grosse crise de panique
Un LBD dans une épaule
Un bout de grenade de désencerclement dans un bras
Une ouverture à l’arrière de la tête
Beaucoup de personnes ont beaucoup souffert du gaz (trentaine)
Un groupe de personnes a remonté la rue sur le coté de médiathèque et s’est fait énormément gazer.
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Jeudi 26/05 :
Suite aux contrôles accrus en début de manifestation, très peu de personnes de l’équipe médic ont pu entrer en manifestation avec leur matériel, ce qui fait qu’on a sûrement pas vu tou-te-s les blessé-e-s.
Vers la rue Konrad Adenauer à 16h35, une fille s’est pris un éclat de grenade de désencerclement dans le coude en voulant protéger son visage.
Entre 16h30 et 16h45, dans le parking surélevé entre le boulevard Général de Gaulle et la rue François Albert, une jeune fille s’est pris une LBD dans le coude, et une autre personne dans la cuisse. Un homme s’est pris un fragment de grenade de désencerclement dans le ventre, c’est dans ce laps de temps qu’une autre jeune fille à été blessé à l’œil, elle n’a pas de décollement de la rétine mais toujours une tache noire qui l’empêche de voir correctement. Il y a eu a ce moment tellement de gaz, de grenades et de LBD qu’on a forcément pas vu tout les blessé-e-s.
Comme toujours, nous avons eu beaucoup de personnes gazées, notamment à Aimé Delrue (une vingtaine), rue Louis Blanc (une dizaine) (+ des blessé-e-s au LBD), et encore une vingtaine après.
Notre équipe médic est toujours visée par la BAC mais l’équipe protection médic fonctionne très bien.
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Jeudi 19/05 :
15h15 –
Premier gazage, une dizaine de personnes fortement exposées aux lacrymogènes (personne ne s’attendait à des gaz aussi tôt, donc beaucoup étaient sans protection).
16h30 –
Une jeune fille de 12 ans avec un doigt brûlé à cause d’un jet de gaz lacrymogène.
17h –
Suite à la longue charge et au gazage en continu de la part des CRS, une trentaine de personnes environ ont souffert de vomissements, d’étourdissements et de sensations de brûlures au visage.
17h30 –
Une femme a reçu une balle de LBD dans le flanc.
Un blessé à l’épaule au LBD.
Et comme toujours, des dizaines et dizaines de personnes irritées voire très irritées par les lacrymogènes.
Nous avons été malheureusement débordé-e-s face aux gazages massifs, nos stocks de Maalox et de sérum phy’ ont été complètement vidés.
Lors du rassemblement de soutien aux interpellé-e-s devant Waldeck, le jeudi 26 mai au soir, et suite à la charge des CDI sur le pont, 3 personnes (dont moi malheureusement) ont été piétinées volontairement et gazées à la gazeuse à main.
Les tirs de lacrymos qui ont suivi ont également impactés une dizaine de personnes.
Je tiens à signaler que l’équipe médic est dorénavant visée par la BAC, nous avons donc instauré un système de protection.
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Mardi 17/05 :
Bonjour, il y a eu moins de blessé-e-s lors de cette manifestation, en partie grâce aux ordres de non-violence des forces de l’ordre au début. Mais nous avons constaté que le gazage était plus violent et que les flashball avaient quasiment disparus, au profit des LBD, de l’usage de nasse, ou d’un système d’encerclement d’un groupe.
Les groupes sont souvent poussés vers des barrages filtrants de CRS, desquels les membres de la team ne ressortent pas avec leur matériel au complet.
Voici en détail :
13h derrière la FNAC –
Fort gazage : 3 soigné-e-s pour exposition prolongée
Un LBD dans la cuisse d’une fille
13h15 –
Une jeune malvoyante retrouvée choquée et gazée
Une jeune fille a fait une crise de panique
14h –
3 blessé-e-s au LBD à Bouffay
14h30, nasse derrière la FNAC –
4 personnes fortement gazées, saignements de nez
16h-16h30, commerce-bouffay –
Les CRS matraquent
4 blessés matraqués
Une personne fortement matraquée au sol
Une femme enceinte poussée a terre et matraquée
16h30-17h Bouffay –
Lacrymo en tir tendu dans un tibia
LBD dans une épaule
LBD dans le haut d’une cuisse
Blessure à l’oreille suite à une grenade assourdissante
Un jeune (15 ans) blessé au nez, un palet de lacrymo lui est tombé dessus
D’autres personnes se sont faites matraquer.
17h30 Bouffay –
Un jeune infirmier a reçu des éclats de grenade de désenserclement, il a une blessure au ventre et une blessure sur le haut de la cuisse.
Il y a encore d’autres cas de panique, notamment chez des jeunes. (14-17 ans)
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Manifestation du jeudi 12/05 :
Tout d’abord je rappelle que les heures seront très approximatives, on perd très vite la notion du temps. En tout nous avons recensé 34 blessés dont 6 envoyés à l’hôpital.
Voici en détail :
15h – Préfecture/hôtel de ville
2 personnes blessé-e-s à la main.
15h30 – Charge sur les CRS à petite Hollande
Une blessure à l’arcade (hôpital)
3 blessé-e-s aux mains dont un envoyé à l’hôpital
1 blessé par flashball ou LBD dans la cuisse.
16h-16h15 – Gare SNCF et nasse qui s’en est suivie
7 personnes souffrant des effets secondaire dus aux 5 min de gazage non stop sans possibilité de partir (vomissements, crises de panique, hyperventilations, …)
1 personne a fait une crise d’asthme
2 personnes se sont jetées à l’eau
16h30 – Arrêt au château :
Une jeune fille (16 ans) fait une baisse de tension due à un état de choc (elle était dans la nasse avant) (hôpital)
17h-17h30 – Bouffay
8 blessé-e-s dus aux gaz
1 LBD dans la cuisse
1 LBD dans l’avant bras
1 LBD dans une épaule, ce qui a eu pour effet de la déboîter (hôpital)
1 dame âgée a fait un malaise dans un commerce à proximité (hôpital)
18h – CHU
1 LBD dans l’entre jambe
1 blessé à la main
18h30 – charge des CRS à Feydeau-Bouffay
1 blessé suite à une bombe de désencerclement lancée sur la personne au niveau des fesses (hôpital)
2 enfants ont été soignés de brûlures suite à des retombées de palet de lacrymo (je ne sait pas ni l’heure, ni le lieu).
Les blessé-e-s aux mains ont de multiples coupures dues aux bout de verres ou à des fragment de bombes.
Nous n’avons pas compté les personnes ayant besoin de sérum phy et/ou de Maalox suite aux gaz, nous les estimons entre 100 et 150.
La team a été menacée par un CRS dans le passage souterrain entre Baco et Feydeau, le CRS nous a visé-e-s avec son LBD à moins de 4 mètres de distance en nous disant “allez-y, avancez”, nous avons fait demi-tour. Durant toute la journée, nous avons été visé-e-s, parfois les lacrymos nous retombaient dessus, et les CRS tentaient de nous empêcher de rejoindre les groupes.
Je me demandais si il y avait des CRs de la street medic comme le fait la legal team. Maintenant j’ai ma réponse. Comme je suis pas sur facedebook, j’y avais pas accès. Ce serait chouette de les publier ici aussi, côte à côte avec ceux de la médic. Ca centraliserait (hou c’est Mal) un peu les infos.
j’ai vu ce témoignage d’un médic sur Paris Luttes infos et je sais pas s’il faut en fait un article ici mais déjà je le mets en commentaire :
http://paris-luttes.info/medics-traumas-et-acceptabilite-du-5907
extraits :
“Au fil des jours, je croise de plus en plus de personnes qui me disent qu’elles ont des bronchites qui s’éternisent, des difficultés respiratoires au quotidien ou lors d’un effort physique, et j’entends même parler de personnes hospitalisées pour des infections pulmonaires. Indéniablement, le gaz lacrymogène fait des dégâts qui se renforcent avec des expositions répétées. Certaines personnes font des malaises et crises d’asthme dès les premiers nuages et avouent que ça ne leur arrivait pas avant.”
“Face à tout cet ensemble de stigmates, les traumas, il est important de s’organiser collectivement : créer des cercles de discussion, formels ou informels entre amiEs qui font partie du groupe où une ou plusieurs personnes ont été blesséEs et prendre le temps de debrieffer la manifestation, prendre le poul du ressenti de chacunE. Sortir du virilisme de récit des exploits ou de l’endurance pour aborder le ressenti et l’émotion. S’avouer collectivement les vulnérabilités, les doutes, les malaises, les rancoeurs, les peurs peut permettre de mieux appréhender collectivement les situations à venir, de se situer les unEs par rapport aux autres dans des moments de conflit, de se sentir davantage protégéE et en accord avec le groupe dans ses mouvements et ses choix collectifs.”
“Ces réflexions me sont venues en fin de journée quand j’ai eu le sentiment d’avoir davantage entendu parler des effondrements, des pleurs, des sentiments d’isolement ou de malaise que des blessures physiques, pourtant assez impressionnantes (trous de 2 cm de diamètre et de profondeur dans la chair, causées par les désencerclement utilisées allègrement à bout portant, directement au milieu de groupes qui n’étaient pas dans une situation d’affrontement avec les flics). Ce qui me renforce vraiment dans l’idée que les armes utilisées aujourd’hui en maintien de l’ordre sont des armes de terreur dont la principale vocation est de choquer, provoquer des blessures surtout impressionnantes et intimidantes. Mais que les effets psychologiques sont assimilables à ceux que produisent des armes de guerre : on voit de véritables symptômes post-traumatiques similaires aux conflits armés.”