Violences policieres – suite
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Violences policières à Chalon sur Saône
A Chalon/Saône (71), dans la nuit du 30 au 31 mai 2004 à 1 h 30 du matin, mon fils et son ami fumaient tranquillement une cigarette assis sur un muret, ils ne faisaient aucun tapage nocturne, n’ennuyaient personne, non, ils étaient simplement en train de prendre l’air après une soirée entre amis. Une voiture de la police national s’est alors arrêtée à leur hauteur afin de procéder à un contrôle d’identité. Mon fils et son ami n’avaient pas leurs papiers sur eux mais ont proposé de monter à l’appartement afin de leur présenter (appartement situé à 50 mètres de là). Les trois policiers ont refusé catégoriquement ! Mon fils a alors dit la phrase suivante : “ce n’est pas un crime que de ne pas avoir ses papiers en bas de chez soi” Et c’est ainsi que tout a commencé !
Ils l’ont attrapé violemment par le tee-shirt et quasiment jeté à terre afin de le menotter. Mon fils avait dans sa main droite un briquet et est tombé le poing fermé sur le bord du trottoir (fracture du 5ème métacarpe) ! Il est pianiste et droitier… Ils l’ont ensuite bousculé brutalement dans leur véhicule où ils lui ont encore cogné ses mains immobilisées contre la vitre intérieure de la portière ! Il s’est alors rebellé en parole en proférant quelques insultes « flics ratés » et autres noms d’oiseaux plus ou moins respectueux. Son ami en tentant de le protéger (et leur demandant ce qu’ils étaient en train de faire exactement !) s’est vu hurler : “toi, la ferme sinon on t’embarque aussi”. Ce qu’ils n’ont pas manqué de faire. J’étais alors présente car je venais de sortir ma chienne avant d’aller me coucher. J’ai d’ailleurs appelé les trois policiers et bien que je n’étais qu’à une dizaine de mètres d’eux, ils n’ont pas daigné me répondre ni même se retourner ! Pourtant, ils n’ont pu que m’entendre !
Je suis remontée chez moi immédiatement afin d’appeler le commissariat et j’ai appris que mon fils et son ami étaient en garde-à-vue. Plus tard dans le matin, j’ai rappelé le commissariat afin d’avoir des nouvelles de mon fils, le policier de garde a refusé de m’en donner, précisant que ce dernier avait refusé de me téléphoner et ne souhaitait pas me donner de ses nouvelles. Ce qui m’a profondément étonné de la part de mon fils mais craignant de lui porter préjudice, je n’ai pas insisté.
Son ami est rentré en mauvais état à la maison aux alentours de 9 heures avec les traces très prononcées des menottes autour des poignets, menottes qui avaient été serrées à l’extrême et malgré ses demandes de desserrage, les policiers ont refusé d’intervenir. Idem pour mon fils. A ce moment, j’ai appris tout ce qui s’était passé lors de l’arrestation et de la garde à vue. De plus et contrairement à ce que m’avait annoncé le policier contacté, ils leur a été interdit malgré leurs demandes réitérées, de passer un seul coup de fil aux parents afin de les prévenir de leur situation, pas plus qu’il leur a été permis lors de leur sortie d’appeler afin que l’on vienne les chercher. La réponse du policier a été : « il n’y a pas de ligne téléphonique prévue pour cela » En outre, ils ont été enfermés dans des cellules ignobles de saleté dont les murs étaient couverts d’excréments et d’autres diverses déjections, sans couverture, sans endroit pour leur hygiène, etc.
Mon fils a été frappé au visage et à de nombreux endroits sur tout le corps. Par conséquent, il a des hématomes au biceps gauche, au coude droit, d’autres aux cervicales droite et gauche (base du cou)… De même, il a été maintenu quelques minutes et brutalisé de part et d’autre de la pomme d’adam : (il a eu du mal à déglutir pendant trois jours.) A cet instant encore, son ami essayant à nouveau d’intervenir a été également frappé.
Ils ont été mis à nu tous les deux. Mon fils avait six policiers autour de lui qui l’ont humilié alors qu’il était dans le plus simple appareil (ce qui n’aurait jamais du se produire), ils ont tenu des propos homophobes (mon fils est homosexuel) => discrimination. Il n’en pouvait plus, il avait honte et pleurait en demandant que cela cesse. Cela n’a pas cessé. Cela a continué de plus belle !
Un médecin a été convoqué à 3 h 05 du matin afin de confirmer que mon fils était en bonne santé pour supporter une garde à vue. Ce même médecin a donc donné son accord tout en remarquant l’état de mon fils et en en prenant note. J’ai retrouvé ce médecin qui nous a fait un certificat.
Il est sorti de garde-à-vue à 12 h le matin du 31 mai dans un état lamentable.
Nous avons fait constater les blessures par un médecin de la maison médicale d’urgences de Chalon sur Saône qui a noté les hématomes et diverses contusions ainsi que la fracture du 5ème métacarpe de la main droite !
J’ajoute qu’un agent a proposé à mon fils un jus d’orange pour le petit déjeuner, mon fils a alors dit qu’il préférait un café (les nuits sont froides dans les cellules), l’agent lui a demandé si il avait de la monnaie, ce qui bien entendu n’était pas le cas en garde à vue, et comme il n’en avait pas il lui a répondu qu’alors il n’aurait pas de café car ils n’ont qu’une machine à pièces. Mon fils entendait le café couler dans la cafetière de la pièce à côté de sa cellule.
Par ailleurs, j’ai appris au retour de mon fils, que lorsqu’il est passé devant l’inspecteur de police, un des agents qui l’avait arrêté a dit : « sa mère nous a appelés et nous a insultés, ça ne m’étonne pas qu’il soit comme ça ! » Ce qui est totalement faux. Il faudrait être complètement idiote pour agir de la sorte risquant ainsi d’aggraver le cas de mon fils !!! Lors de mes trois appels, j’ai toujours été correcte. J’ai également appris que tout de suite après leur arrestation, ils ont été conduits tous deux aux urgences de l’hôpital de Chalon sur Saône. Mon fils était maintenu genoux à terre de façon brutale sous les yeux de son ami qui demandait à ce qu’on le laisse se relever et s’est entendu répondre : tais-toi p’tit PD ! Son dos lui faisant mal ainsi que sa main, il a supplié les infirmières et infirmiers en présence de demander aux policiers de le laisser se remettre debout, aucune réponse n’a été donnée à ses suppliques. Aucun soin (malgré ses demandes réitérées) n’a été apporté à sa main qu’ils n’ont même pas pris la peine de regarder. Ayant trop mal au dos, il a esquissé un mouvement afin de se relever, malheureusement gêné dans son mouvement par la pression du policier, avec son pied, il a heurté la jambe de ce dernier et cela bien involontairement (mon fils et son ami sont des non violents, leurs passions sont le piano et la peinture pour l’un, la musique pour l’autre), ce qui fait que selon la mauvaise foi évidente des policiers, il est accusé d’outrages à agents. Ces policiers ont tout fait pour en arriver à leurs fins !
Dans le cas d’un outrage, celui-ci a été légitimement provoqué par les mauvais traitements et humiliations infligés à mon fils et à son ami, l’injustice aidant à l’expression de propos injurieux.
La déposition que mon fils a signée par lassitude au bout de 10 heures d’incarcération et de multiples réponses de sa part « non, ça ne s’est pas passé comme ça »… a été rédigée « rôles inversés » c’est-à-dire que contrairement à ce qui est écrit, sa défense verbale est venue après les coups et non avant.
Mon fils doit passer au tribunal pour “outrage à agents” en réunion et ce le 29 juin prochain. Ce qui est faux pour « en réunion » car cela stipulerait que ces deux garçons prévoyaient un mauvais coup à l’encontre des policiers alors qu’ils fumaient tranquillement une cigarette en discutant et qu’en aucun cas ils avaient prévu leur arrivée et cette arrestation arbitraire et plus que musclée, indigne de policiers civilisés exerçant leurs fonctions de protection du citoyen, honnêtement et justement.
Bien que nous n’ayons que de très faibles chances de gagner un procès tel que celui que nous désirons mettre en place, nous allons tout de même porter plainte.
Je tenais à faire ce témoignage afin de dénoncer ces violences qui n’ont pas lieu d’être. Mon fils et son ami, au moment de l’interpellation, étaient tout à fait coopératifs. La situation a dégénéré à cause de ces policiers investis d’un pouvoir qu’ils ne maîtrisent pas. Tout citoyen doit se trouver normalement en sécurité auprès des services de police. Ce qui n’est visiblement pas le cas ! Mon fils et son ami ne sont ni des malfaiteurs, ni des violeurs, ni des voleurs ou des assassins, ils n’avaient tout simplement pas leurs papiers sur eux. Cependant, ils ont été traités et humiliés lamentablement. La police cette nuit-là a brillé par ses capacités ô combien efficaces de brutalités et d’avilissement de la personne !
Sachant encore une fois que nous n’aurons aucune écoute, je souhaite recueillir des témoignages ainsi que des aides quelles qu’elles soient afin de mener à bien cette affaire.
Dans l’idéal, j’aurais souhaité qu’une manifestation ait lieu le jour de sa comparution au tribunal de Chalon sur Saône, afin de soutenir mon fils et d’éviter que ces violences gratuites se reproduisent. Comment me débrouiller pour cela, je ne connais que peu de monde.
D’avance, merci.
Cordialement.
Une mère objective et outrée !”
Bonjour, j’habite à Chalon sur Saône et je fait parti des personnes qui
soutiennent la maman, et les deux jeunes.
J’étais en réunion avec eux hier, nous nous sommes rendu compte de deux
erreurs dans le texte,
la première, les policiers n’était pas en civil, donc ce n’est pas la
BAC mais la police national Standard qui les a interpellés.
Deuxième erreurs, le jeune est poursuivi pour outrage mais pas pour
rebelion.
Merçi de corrigé dans l’article
Jérôme PERRET
AC! Chalon
Copie envoyer a Diana BAPTISTE KERBOAS