Samedi, nous irons en ville
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NOUS IRONS EN VILLE
RUE LE BASTARD
cette rue
qu’elle cache,
qu’elle organise
nous connaissons le modelage qu’elle nous impose
amicalement.
nous connaissons ses usines, sa tristesse, son travail, sa pollution, sa
frime, son mépris, sa misère quotidienne, ses coups, ses maladies, son
étrangeté, sa mort, son étouffement, ses armes,
son monde
nous, tu es de nous chaque fois que tu cesses de croire dans ce monde.
chaque fois que tu éprouves ton étrangeté
chaque fois que tu te sens dans la lumière d’une fleur.
chaque fois que ce qui doit avoir lieu n’a pas lieu.
chaque fois que les choses déraillent
chaque fois que tu te soustraits à ce qui te mutiles.
chaque fois que tu n’es plus
chaque fois que
se trouvent
rencontres d’abandons
ON s’abandonne-tu ?
le capitalisme, l’époque, la démocratie,
c’est considérer la matière comme quelque chose d’inerte,
quelque chose sans vie, sans histoire, vue
une fonction
quelque chose
comme moi, une autre chose,
pour une autre fonction
une chose dans un monde de choses
gérée
les choses ont fait leur temps,
leurs non-vies de misère avec
le monde
le saint monde
le saint monde démocratique
le monde de la distance
le monde de la distance contrainte,
de la réduction
de la distance comme étrangéisation
comme séparation
comme réification
comme marchandisation
nous n’en voulons plus, de cette distance
et nous la détruisons
une nouvelle distance,
pour une proximité
nous connaissons
aussi,
la destruction,
la joie, immense, de détruire ce qui nous détruit
la joie sans limites
la joie de faire tomber les limites
la joie d’accéder à l’instant
la joie du commun
de danser nos limites
de se les faire toucher
et toucher encore
nous connaissons la joie de jaillir, d’être là,
le deuil de soi
le communisme
dans tout ce qu’une sincère disponibilité commune exige,
prêts, à tout
NOUS NOUS RETROUVERONS
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