L’Usine, centre culturel autogere, est opposee a la tenue du G8 a Evian,
qu’elle juge illegitime.

C’est pourquoi, l’Usine a choisi d’accueillir le centre de presse et
d’information Indymedia ainsi que le Sommet d’Art Interventionniste pendant
la tenue de ce sommet. Nous precisons que l’Usine n’etait pas requisitionnee
comme camping ni comme sleeping. La programmation culturelle n’a pas ete
interrompue.

Samedi 31 mai au soir

A l’Usine avaient lieu deux concerts, dont un gratuit, et une piece de
theatre dans une ambiance de fete de quartier bon enfant, rassemblant
environ 1’000 personnes. Sur la place des Volontaires on pouvait compter
plusieurs centaines de personnes, plusieurs cafetiers et lieux nocturnes des
alentours etaient ouverts et le quartier semblait vivre un samedi soir de
fete.

Un lieu gratuit et non surveille etait organise pendant les concerts, afin
de permettre aux nombreuses personnes venues d’ailleurs d’y laisser leurs
affaires. Nous rappelons que l’Usine, comme tout lieu a vocation publique,
ne veut pas et n’a pas a jouer le role de la police, d’autant plus dans des
situations jugees ingerables par les autorites meme.

Vers 22h un groupe important de personnes masquees a ete vu se regroupant
autour de la place des Volontaires, pour repartir rapidement. Une heure plus
tard, des petits groupes de gens dont certains etaient masques sont revenus
sur la place des Volontaires. Quelques minutes plus tard, la police en
bloquait l’acces.

Les responsables de l’Usine essayaient de maintenir le dialogue et le calme
sur la place toujours noire de monde, les concerts se poursuivaient a
l’interieur.

Le service d’ordre de l’Usine et des membres de l’association ont essaye de
calmer des jeunes qui lancaient des bouteilles sur la police. Ces jeunes
sont revenus plus tard armes de barres de fer et ont attaques le batiment de
l’Usine. Le service d’ordre de l’Usine a du intervenir. Ces memes jeunes
sont encore revenus plus tard et ont lance deux cocktails molotovs sur des
gens assis sur la place des Volontaires. Le service d’ordre de l’Usine ainsi
que deux videurs d’une boite de nuit proche les ont mis en fuite. Une jeune
fille a eu les cheveux en feu et souffre de brulures legeres.

Les concerts termines, l’Usine a ferme a 5h du matin et plusieurs membres de
l’Usine ont spontanement decide de rester a l’interieur du batiment afin
d’assurer une permanence.

Dimanche 1er juin.

A 8 h du matin, un petit-dejeuner etait organise sur la place des
Volontaires avant le debut de la grande manifestation.

Par ailleurs, l’Usine etait ouverte au public pour acceder a Indymedia
(centre de presse) pour donner des informations tout au long de la journee.
Rien a signaler pendant la journee.

En debut de soiree, et selon certains membres de l’Usine presents sur le
toit, les forces de police auraient diriges les manifestants vers l’Usine.
Des emeutiers etaient encore a l’oeuvre sur la rue du Stand alors que la
police commencait a encercler l’Usine

Les membres de l’Usine ont essaye de connaitre les motivations de la police
a bloquer les acces a l’Usine et a l’encercler et ont appris par cette
derniere que les emeutiers y etaient attendus.

La police est restee sur les lieux pendant plus d’une heure et aurait du
constater qu’aucun groupe d’emeutieurs n’etait entre dans l’Usine. Au
contraire, la place etait calme, des gens mangeaient sur les tables disposee
sur la place des Volontaires.

Au meme moment, des membres de l’Usine etaient postes sur le toit en
observateurs. La police a lance des gaz lacrymogene aux alentours du
batiment. Les gens se sont refugies dans l’Usine.

Trente et un policiers en civils « deguises » en emeutiers, masques et casques
avec pour seule distinction des brassards oranges peu visibles marques
« police », ont penetre brutalement et sans sommation dans le batiment, en
frappant avec des matraques telescopiques les personnes de l’Usine qui
essayaient de chercher le dialogue. Un travailleur de l’Usine a ete blesse a
la tete par des coups de matraques et a du etre hospitalise.

Les policiers ont envahi le batiment en continuant a matraquer les gens sur
leur passage et en cassant les portes et acces fermes a cle, dont celles des
ateliers mis a la disposition d’artistes directement par le Departement des
Affaires Culturelles, situees au 3eet 4e etages. Hormis les portes, tres peu
de materiel a ete endommage.

Les policiers ont procede a une selection des gens presents en separant les
genevois des etrangers : verification des indentites et menottage aleatoire.
Tout au long de l’intervention, les travailleurs de l’Usine ont tenu au
courant par telephone la redaction de la TSR. Une cassette video temoigne de
ces evenements.

La police n’a rien trouve d’illegal incriminant l’Usine et, apres l’avoir
envisage, a renonce a fermer le batiment et a poser des scelles. La plupart
des personnes arretees ont ete relachees sur le champ.

Lundi 2 juin

L’Usine poursuit ses activites comme prevu.

Le sommet de l’art interventionniste (SOIA) aura bel et bien lieu les lundis
2 et mardi 3 juin a Forde Art Contemporain.

L’Usine condamne la casse gratuite qu’elle juge proprement inacceptable
comme elle condamne la criminalisation du mouvement altermondialiste.

L’accusation portee par Mme Spoerri sur « les milieux de l’Usine » et leurs
eventuels liens avec les casseurs est proprement inacceptable.

La descente violente de policiers deguises en casseurs cautionnee par Mme
Spoerri est proprement inacceptable.

Mme Spoerri a contribue a ternir l’image de l’Usine et ceci est proprement
inacceptable.

L’Usine demande sa demission.

Geneve, le 2 juin 2003.