L’armée s’exhibe en ville – coup de pression contre des antimilitaristes
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Category: Global
Themes: Contrôle socialFrontexGuerreImmigration/sans-papierEs/frontieresRépression
Places: Besançon
Nous avons collé en amont des affiches contre la militarisation de la société, et le mercredi en début d’après-midi, nous sommes allé.e.s à quelques-un.e.s distribuer des tracts sur les lieux.
Au bout d’une petite demi-heure, un chef bidasse -la caricature du beauf militaire, tout droit sorti des dessins de Cabu- débarque brusquement en bagnole, se précipite sur nous en nous insultant avec une attitude agressive et intimidante. De ses vociférations s’échappe même une menace de mort…
Comme de par hasard, la police arrive à peine une minute plus tard. Nous avons droit à un contrôle d’identité et nos tracts sont confisqués. Des passants assistant à la scène nous témoignent leur soutien. L’un d’eux leur crie « Elle est belle la liberté d’expression ».
Ce petit coup de pression montre à quel point l’armée elle-même ne croit pas à ses allégations d’être soutenue par la population, à la suite de l’hystérie nationale et patriotique qui s’est déchaînée en janvier dernier.
Nous ne sommes pas surpris.e.s, et plus que jamais déterminé.e.s à mettre des bâtons dans les roues de la machine militaire et étatique.
À bas la France !
Voici le tract en question :
Refusons la militarisation de nos vies !
Les 7 et 8 octobre prochains, l’armée fera une démonstration de force dans Besançon sous le nom « les armées dans la cité ». Défilés militaires, chants et fanfares militaristes, exhibition de leurs engins de mort, stands de recrutement…, la totale !
Le but de l’opération est de redorer l’image de cette institution – historiquement omniprésente à Besançon – afin d’endoctriner dans ses rangs de nouveaux jeunes (la plupart sans emploi), en plus de s’assurer du soutien continu de la population à l’armée.
Celle-ci sème tortures, bombardements et meurtres à l’encontre des civils pour maintenir les intérêts capitalistes nationaux par-delà les frontières. Ces atrocités sont inhérentes à son fonctionnement : les cas de viols d’enfants et de femmes en Centre-Afrique commis par ces soldats sont hélas récurrents lors de leurs interventions. La récente affaire timidement médiatisée et présentée comme un fait isolé ne constitue en rien une exception, mais s’inscrit parmi les multiples formes de la terreur des démocraties néo-colonialistes. La guerre d’Algérie, les exactions au Rwanda et la présence militaire française en Afrique Noire (Niger, Tchad, etc..) ont servi et servent encore au pillage de nombreuses ressources (pétrole, uranium, gaz, caoutchouc…).
A la suite des attentats de janvier 2015 à Paris, l’Etat a instauré « l’opération Sentinelle » – la version renforcée du plan ‘Vigipirate’ en application continue depuis 1995 – qui a mobilisé 10.000 militaires. Actuellement, 7000 d’entre eux sont toujours mobilisés, patrouillant essentiellement devant les lieux de culte, dans les gares mais aussi dans les centres commerciaux, ainsi que devant les sièges d’institutions économiques et politiques. 2500 postes sont prévus juste pour la période 2015/2016 et un budget de 3 milliards d’euros est versé à la ‘Défense’ pour les trois ans à venir (soit un milliard par an).
Sur le territoire français, l’armée sert à intimider, surveiller, contrôler la population et alimenter un climat de peur et d’insécurité. Tout comme la police, elle est l’ultime rempart de l’Etat contre toute tentative pour subvertir l’existant et contester l’ordre social.
Dans un contexte actuel où des gens fuient par milliers la misère, les persécutions politiques/religieuses et les guerres, l’Etat a besoin d’agrandir sa réserve pour protéger ses frontières face à l’afflux de migrants et ainsi contrôler ses portes d’entrée depuis les pays de transit. Au niveau européen, l’agence ‘Frontex’ coordonne les Etats-membres, les finance massivement et les renforce sur les plans technologiques, logistiques et humains dans le but de repousser les migrants vers la mort.
Cette démonstration militaire entend célébrer et justifier la militarisation des villes pour le « bien » de la population face à la « menace terroriste islamiste ». Depuis les attentats de janvier dernier à Paris, celle-ci est un spectre bien utile pour maintenir la ferveur et l’unité patriotique parmi les dominés et exploités contre un ennemi « commun » alors que l’Etat et les riches nous saignent toujours autant.
A Besançon, l’armée c’est 5000 emplois et 1800 foyers, de multiples bâtiments présents partout dans la ville.
Cet arsenal militaire s’additionne à l’ensemble des forces de police municipale et nationale, qui ont vu dernièrement leurs effectifs respectifs augmenter (38 policiers supplémentaires prévus : 12 de la police nationale depuis la rentrée de septembre avec un formation d’intervention anti-émeute et 26 de la police municipale qui seront progressivement créés jusqu’en 2017). Ces différentes démonstrations du maintien de l’ordre traduisent les craintes du pouvoir quant à d’éventuelles révoltes populaires.
Contre l’armée ! Opposons-nous à cette parade d’assassins en uniforme pendant ces deux jours ! Ces installations et bâtiments ne sont pas hors de portée pour qui veut exprimer sa rage contre cette société militarisée !
Des antimilitaristes anarchistes
Le lendemain matin, jeudi 8 octobre, plusieurs dizaines d’étudiants sont allé-es perturbé-es à trois reprises le bon déroulement de cet événement avec des slogans anti-militaristes et rappeler aux gens présents (essentiellement des lycéens emmenés par leurs profs lors de cette sortie extra-scolaire) la mort de Rémi Fraisse, tué il y a un an au Testet dans le Tarn lors d’affrontements avec les gendarmes.
A la fin de la manif interpro, plusieurs manifestants ont tenté à nouveau de perturber cette exhibition, mais plusieurs rangées de flics aux deux extrémités de l’esplanade de la mairie protégeaient les militaires.
C’était pas “elle est belle la liberté d’expression” mais bien “elle est belle votre liberté d’expression”, ce qui change pas mal le sens de cette phrase.