Et si tout simplement c’était une secte ?
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une secte dans son acceptation contemporaine, est une structure qui sous couvert d’une proposition attractive de croissance personnelle, d’évolution spirituelle, ou de transformation de la société, porte atteinte aux libertés et droits de l’être humain, en faisant usage de manipulations mentales qui asservissent progressivement l’individu, afin de le soumettre au modèle défini par le ou les dirigeants. La secte se définit également par des comportements qui mettent en péril l’équilibre social.
Indymedia Paris se propose effectivement de changer la société, à l’instar de trés nombreux autres mouvements qui ne sont pas forcément des sectes. Cependant, des comportements et attitudes systématiques permettent de classer le site dans une optique sectaire qui ne fait pas de doute.
L’étude attentive de la vie du site étalé sur une période de plusieurs mois est assez révélatrice : derrière une pseudo-liberté d’expression illustrée par un déferlement d’articles et de commentaires sans aucune modération ou censure préalable – qui supposerait un investissement trés important des modérateurs devant lire les posts avant d’autoriser leur publication – , on retrouve plusieurs lignes directrices qui ne trompent pas :
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la charte d’Indymedia Paris est en effet tout ce qu’il y a de plus respectable et raisonnable, la tolérance et le respect semble être de mise sur ce site. L’internaute militant est invité à s’exprimer de manière libre, est en mesure de publier des textes et articles de nature politique ou journalistique, ce sans subir les contraintes et pressions du système marchand.
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en fait de liberté d’expression, seuls sont tolérés les textes entrant dans une catégorie idéologique très précise. Si les contributions jugées pro-système sont pratiquement immédiatement censurées – ce qui après tout serait le droit d’un mouvement se réclamant alternatif ou révolutionnaire – , le profond sectarisme des intervenants du site est illustré par la censure même qui s’exerce à l’encontre d’intervenants issus à priori du même bord que les propriétaires du site : toute contribution jugée trop modérée ou faisant appel à une analyse circonstanciée de la situation, c’est-à-dire faisant la part des choses et allant dans le sens d’une compréhension de « l’ennemi » est violemment attaquée et condamnée.
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somme toute, c’est un fonctionnement stalinien classique pourrait-on dire. L’internaute se doit de suivre la ligne imposée par Indymedia Paris. Là où le sectarisme émerge, c’est quand ce stalinisme de fait se combine à un prétention fortement revendiquée de libéralisme – dans le sens de la liberté d’agir et de dire – total. Si les mouvements d’inspiration stalinienne revendiquent clairement la chose – l’oppression et la traque des ennemis est nécessaire à l’accomplissement de la bonne cause – , les intervenants d’Indymedia Paris opèrent sans cesse un glissement sémantique entre les extrêmes, passant du fascisme primaire au libertarisme absolu, opérant de fait un brouillage du message idéologique et des positions de chacun La position type est une oscillation permanente entre divers faisceaux idéologiques dont le rôle de chacun est de permettre une réponse-type à chaque élément de critique précise.
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par là, on comprend aisément le mode de fonctionnement sectaire d’Indymedia Paris. Chaque fait, chaque information, sont analysées selon une grille de lecture ressemblant à une critique marxiste du système, mais suffisamment floue et simplifiée pour permettre une adaptation en temps réel du discours de réponse à la critique. Le terme de radicalité est employé pour magnifier et justifier cette attitude. Tout discours contradictoire construit et raisonné est soumis à un démontage rhétorique sans réelle pensée, mais offrant au contraire une panoplie toute faite de slogans incantatoires et de phrases types servant à opposer mécaniquement un argument pré-fabriqué. L’organisation et la réutilisation de ces arguments pré-fabriqués donnent des contributions d’allure et de styles variés, nécessaires à l’illusion de pluralisme et de liberté d’expression, mais portent en filigrane toujours la même posture idéologique radicale et ne servent qu’à mécaniquement annihiler le discours jugé trop différent. Un raccourci pratique consiste également à juger toute contribution contradictoire comme récupération et manipulation par le camp ennemi. C’est une alternative à la méthode classique qui consiste à décortiquer au scalpel les textes afin d’y trouver des éléments présentant des failles par lesquelles il est facile de pénétrer dans le système de raisonnement de l’autre pour le dynamiter. Il est en effet très facile de partir d’un raisonnement synthétique généraliste, de le découper en sous-arguments, puis d’opposer à chaque argument un contre-argument. Le sectarisme consiste à employer des contre-arguments flous voire contradictoires, mais de les rendre suffisament manichéens et génériques pour devoir être soumis à interprétation, et de diluer le tout dans une posture d’amalgame dite radicale qui permet tous les excès et toutes les manipulations. Tout ceci rejoint une utilisation de la rhétorique du martyr : le manipulateur se dit manipulé, l’agitateur stérile se dit opprimé.
si l’attitude sectariste de certains intervenants et des animateurs/modérateurs du site commence à être bien connue et dénoncée dans le monde des médias alternatifs, et même de la presse privée tant honnie, on peut s’interroger sur les motivations du collectif Indymedia Paris :
– Peut-être sont-ce tout simplement des gens immatures ou ignorants, qui n’ont pas vraiment compris la nature de la société moderne dans laquelle nous vivons, mais qui par désir d’exister et de faire du bruit animent une bulle extrémiste coupée de toute réalité, où quelques contributions sérieuses parviennent encore à créer l’illusion.
– Peut-être Indymedia Paris est-il tout simplement victime du syndrôme parisianiste : ils militent à Paname, capitale nationale, ville-monde, ouverte sur l’international, lieu de toutes les manifestations et revendications, siège des partis politiques, des sièges des puissants. Pris eux-mêmes dans le tourbillon, ils ont l’impression de peser sur l’histoire du monde, d’influer sur la société. La récente actualité des antipubs radicaux du métro parisien en est l’illustration, où l’on voit la création d’une bulle médiatique stérile, sans réelle avancée théorique ni débat public, un soufflé qui va retomber, une mode à destination des consommateurs de radicalité politique et fun.
– Peut-être Indymedia Paris sert-il à unifier des micro-groupuscules et à auto-entretenir une illusion de puissance et de fraternité, quand dans la réalité du terrain on constate la quasi-absence de ces mouvements.
– Peut-être Indymedia Paris est-il une pure création virtuelle de personnes voulant s’amuser à la révolution virtuelle, un gigantesque jeu vidéo.
Toutes ces questions soulèvent des pistes intéressantes : une véritable contre-enquête d’investigation par infiltration au sein de la mouvance parisienne d’Indymedia et de ses groupuscule affiliés permettrait de lever le voile sur ce « média » unaniment décrié ou presque par tout ce que le milieu militant compte d’organisations sérieuses…
En attendant, petit exercice appliqué, régalez-vous avec les réactions à ce texte.
Et allez faire un tour sur de véritables sites de contre-information militante : ils sont nombreux et de qualité. Ne seraient-ce que les sites provinciaux d’Indymedia.
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